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 "Le Frérisme et ses réseaux " de Florence Bergeaud Blackler
Pierre Lemaignen
Florence Bergeaud Blackler est docteur en sociologie, chargée de recherche au CNRS, professeur à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), directrice du conseil scientifique de l’Observatoire des fondamentalisme, et est une spécialiste reconnue en France sur l’Islam. Elle a écrit de nombreux ouvrages sur l’Islam et en particulier le marché Halal. Elle publie aujourd'hui cet ouvrage « Le Frérisme et ses réseaux » avec une préface de Gilles Kepel (responsable de la chaire Moyen Orient-Méditerranée à l’ENS). Cet ouvrage sur les Frères Musulmans a reçu le prix de la Revue des Deux Mondes, le jury soulignant « la qualité d’un ouvrage fouillé et érudit sur le mouvement frériste ainsi que le courage d’une femme menacée pour ses recherches ». Depuis la publication de cet ouvrage, elle fait en effet l’objet d’attaques diverses du milieu islamo-gauchiste (y compris parfois de certains de ses collègues au CNRS), voire de menaces de mort et est contrainte de vivre sous protection policière.

Le mouvement des Frères Musulmans est un mouvement né dans les années 1920 sur les bases d’une fidélité à une vision historique  d’un Islam authentique, total et intégral avec très rapidement l’objectif de s’implanter dans des pays sans tradition islamique. L’objectif est constant au fil des ans : rassembler les mouvements islamiques au niveau mondial dans le cadre de plans coordonnés. Son implantation en France est assez ancienne mais ne se formalise réellement qu'en 1983 avec la fondation de l’UOIF. Une nouvelle étape est passée en 2003 lorsque l'UOIF devient membre du CFCM. Il aura alors ses heures de gloire avec des personnages comme Tariq Ramadan.

Malgré un format de travail universitaire parfois assez ardu, ce livre est passionnant à lire pour mieux comprendre l’histoire très ancienne du mouvement des Frères Musulmans et comment il a réussi à tisser un réseau extrêmement efficace au sein d’une multitude d’associations ou d’institutions politiques au sein du monde occidental et en particulier en Europe. On découvre la très grande influence du mouvement au niveau européen (Commission européenne et parlement) sous couvert d’anti racisme, d’inclusion, de promotion de la diversité, etc …

L’intérêt de l’ouvrage de Florence Bergeaud Blackler est de bien comprendre la stratégie évolutive de développement des Frères Musulmans de manière toujours très adaptée au contexte autour de projets permettant de fédérer un maximum d'intervenants (principe du juste milieu) :

- de manière très discrète par entrisme dans des associations sans lien formels avec les Frères Musulmans (surtout quand il s’agit de tâches incompatibles avec une posture publique ou quand l’environnement est hostile conformément à la pratique de la taqiya ou l'art de la dissimulation),  

- ou de manière plus formelle, officielle et visible dans l’espace public quand l’environnement devient plus favorable.

Les sympathisants sont appelés et formés pour participer activement à la vie politique locale et dans tous les lieux d’influence (recherche, éducation, syndicats, médias, …) pour mieux lutter activement contre toute forme d’islamophobie et faire évoluer la vie politique vers une société plus charia-compatible. Le double langage est quasi systématique : on parlera d’éthique au lieu de Charia, on fera abondamment référence à la charte des droits de l’homme (pas celle de 1948 … mais la version, à laquelle Frères Musulmans ont largement contribué, signée au Caire en 1990 par les pays de l’OCI (Organisation de la coopération islamique, mini « ONU » du monde musulman), voir le livre de Jean-Frédéric Poisson « L’Islam à la conquête de l’occident » et l’analyse très détaillée du document officiel de l’OCI "Action islamique culturelle à l’extérieur du monde islamique", véritable stratégie détaillée et financée pour tuer dans l’œuf toute forme d’assimilation et favoriser le développement d'un islam rigoriste en Europe)

L’usage de la force ne sera pas recommandé quand le rapport de force n’est pas favorable. Les attaques djihadistes seront même réprouvées (mais pas formellement condamnées) si elles peuvent générer une prise de conscience et des réactions qui ne seraient pas favorables. Mais la violence sera utilisée si nécessaire au cas par cas (Cf affaire Rushdie qui donnera lieu à plusieurs tentatives d’assassinat de Salman Rushdie et la mort de plusieurs de ses collaborateurs). Mais l’arme la plus recommandée sera l’usage contre nos démocraties du droit, des institutions internationales et de l’opinion publique au nom d’une lutte paranoïaque contre ce concept flou d’lslamophobie en sur-abusant de l’indignation morale permanente. Cette lutte internationale va passer un cap important en 2007 avec la création par l’OCI de l’ «Observatoire de l’islamophobie». Ce type d’organisme de promotion du frérisme (tout comme le Femyso, l’ENAR, etc …) trouveront dans nos institutions un accueil très favorable en particulier auprès du Conseil de l’Europe ou de l’Union Européenne chez qui la lutte contre l’islamophobie deviendra petit à petit un leitmotiv (cf la campagne de promotion du voile islamique intitulée ‘La liberté dans le Hijab » fin  2021 par la commission européenne à laquelle se sont fort heureusement opposés avec succès certains députés européens comme François Xavier Bellamy).

Cette lutte effrénée et irrationnelle contre l’islamophobie permet même de rallier des mouvements altermondialistes, indigénistes, décoloniaux, antiracistes et wokistes en tous genres totalement inconscients d’œuvrer à l’implantation de l’islam.

Le frérisme a trouvé encore d'autres alliés inattendus dans le monde de la criminalité ! Les passerelles entre djihadisme et criminalité sont nombreuses.  Même les trafiquants de drogue des cités l’ont bien compris, ne s’attaquent jamais aux mosquées et préfèrent idéalement sinon travailler pour les Frères, du moins faire en sorte de ne pas les gêner ….

 Un livre indispensable à lire pour bien comprendre les Frères musulmans


« Le Frérisme et ses réseaux » Florence Bergeaud Blackler Editions Odile Jacob 25 €


 "Le temps des loups" d'Olivier Maulin
Kevin K. Dick
Olivier Maulin, né en Alsace en 1969 a déjà publié quatorze romans. Les différents métiers qu'il a exercé,  avant de devenir le journaliste et écrivain primé d'aujourd'hui, sont autant d'expériences qui rendent si vivants les personnages de ses histoires.
Son dernier titre paru, "Le temps des loups " a reçu le prix des Hussards 2023 : 
"Club d'esprits libres les jurés des Hussards n'aiment rien tant de se laisser décoiffer par un souffle littéraire, pour peu que ce ne soit pas celui de l'air du temps." Eric Neaulleau, Jean Des Cars ou encore Yves Thréard sont parmi les membres du jury de ce prix.
 
"Le temps des loups" a toute sa place dans la collection Bordeline où sont publiés des livres "...qui se ficheront de froisser qui que ce soit. Des fictions sans précautions, sans le filtre des nouveaux catéchismes ou l'intervention des sensitivity readers...Des ouvrages qui s'adresseront à tous les lecteurs avides de vigueur, de bonne santé, d'insolence et de liberté."
Cela tombe bien car on retrouve toute la vigueur et l'humour d'un Michel Audiard chez Maulin. Ses personnages sont bruts de décoffrages, hauts en couleurs et leurs aventures sont jubilatoires. Dans une interview du Hors  Série n°35 de Valeurs Actuelles consacré à l'âge d'or du rire français il déclare : "...Même décrire le monde avec légèreté et bonne humeur devient rare. Notre époque est lourde, militante, revendicatrice et geignarde. La plupart des romanciers se servent du roman pour faire passer un discours ou prouver qu'ils sont dans les clous idéologiques. Le vrai rire est subversif; il nait de l'excès, de la moquerie, du retournement carnavalesque des valeurs, toutes choses condamnées par les nouveaux puritains qui traquent partout la micro-agression et l'injustice."
 
L'intrigue du Temps des loups démarre avec trois frères, des sortes de pieds nickelés, qui ont hérité de la ferme auberge de leurs parents au fin fond de la campagne vosgienne. Dans le village voisin a lieu un salon du livre modeste mais qui cette année gagne en notoriété avec la venue de la guest star américaine Samantha-Sun Lopez, une bimbo chanteuse qui à 22 ans publie son ... autobiographie. Le plus abruti des trois frères entraîne les deux autres dans un projet rocambolesque : celui de kidnapper la star. Évidemment rien ne va se passer comme prévu, mais le livre vous conduit de rebondissements en rebondissements dans un tourbillon délirant et hilarant. C'est Rabelais ivre de bons vins, de bons mets et de bons mots qui croiserait des Tontons flingueurs poètes aux cœurs  tendres, un romancier parisien en mal d'inspiration attaqué par une horde de féministes en furie, des cas sociaux affreux sales et méchants, des paysans et bucherons amoureux de leur pays, un colonel en fauteuil roulant, un ado simplet qui monte sur son poney en se prenant pour un preux chevalier et une blonde sublime, Blanche,  venue de la ville, Mulhouse, et qui va avoir de coup de foudre pour la ferme auberge des frangins.
 
Je ne vais pas vous raconter le Temps des loups, c'est mieux de vous laisser le plaisir de la découverte. Vous serez portés à la fois par l'histoire, palpitante, et par la plume d'Oliviers Maulin au style irrésistible. Le roman, quand il est bien écrit par des esprits libres et clairvoyants sur l'état du monde et plus précisément sur celui de la société française, le roman donc, éclairé et vivifiant est un ami précieux qui vous accompagne et vous réconforte.
Dans un monde artistique, intellectuel, médiatique, scolaire et associatif dominé par les bien-pensants, auto-proclamés défenseurs du camp du bien, dans ce monde de terrorisme intellectuel il est bon d'entendre des voix  comme celles d'un Laurent Obertone ou d'un Olivier Maulin (entre autres).
 
Dans une scène qui a pour cadre le café d'un petit village vosgien, le maire du village, brave entrepreneur, dialogue avec la fougueuse Blanche. L'alsacienne parle avec ses tripes et son cœur, elle défend son cher pays, la France. Ses mots sonnent si bien et si justes que je ne résiste pas au plaisir de vous livrer des extraits de cette conversation réjouissante !
 
"... Le maire intervint :
___ ... Vous n'allez pas nous dire que vous êtes contre la liberté, quand même ?...
___ ... Vous avez vu où elle nous a mené votre liberté ? A des pères qui sont des mamans, des femmes qui se font greffer des verges, des grand-mères qui sucent au cap d'Agde ! A des programmes pour mongoliens à la télé, les enfants gavés par les hamburgers, hypnotisés par les écrans, crétins obèses et couillons, dégénérés mais libres !... Sans compter la liberté de migrer qui est en train de faire de la France une terre africaine !
___ Terre africaine ? Oh, oh ! Attention à ce que vous dites, mademoiselle ! C'est une accusation gravissime !
___ ... Mais ouvrez les yeux, bon sang ! Les conquérants sont dans les murs, choyés des collabos, des lâches et des dhimmmis ! Votre République tombe en en lambeaux, comme atteinte par la gale ! Les banlieues font sécession les unes après les autres…
___ ...Allons, allons, vous dîtes des horreurs, je suis sûr que vous ne les pensez pas...Et puis vous exagérez, certains s'intègrent...
___ ...Heureusement que certains s'intègrent !...  Mais ne rêvez pas, ils sont l'exception, la plupart viennent en ennemis; ils nous méprisent et nous détestent...
___ ... Mmmh ... Vous savez ce qui vous manque, mademoiselle, c'est un peu de générosité ...
___ Générosité ? Vous me parlez de générosité ?  Et si votre générosité se termine par des fleuves de sang, ce sera toujours de la générosité ? …Et générosité pour qui d'abord ?  Pour les gamins français obligés de baisser la tête tous les jours devant l'occupant ? Les petits Blancs passés à tabac ? Les femmes violées par les migrants ? Les curés égorgés ? Les profs décapités ? Les victimes du Bataclan ? Les amateurs de feux d'artifice sur la promenade des Anglais ? Alors ça ne vous suffit pas ? Vous en voulez encore, de la générosité ? Vous attendez le gaz sarin dans le métro, l'attaque d'une maternelle à la kalachnikov ?..."
 
Dans son intégralité la parole de Blanche est encore plus puissante !  Si vous faites partie d'un club de lecteurs je vous suggère d'y lire des extraits des livres d'Olivier Maulin : effet choc et succès garantis ! Vous trouverez aussi bien des passages politisés comme celui de Blanche que d'autres marqués par une tendresse bienfaisante, par une loufoquerie poétique, par des garnements qui dans leurs paroles ou faits et gestes vous feront tordre de rire.
 
La lecture de tels livres sont autant de parenthèses enchantées dans ce monde de brutes. C'est un plaisir qui peut rester solitaire mais gagne à être partagée. On ne dit jamais assez aux écrivains qu'on aime combien on les aime !


"Le temps des loups" Edition Le Cherche Midi. Collection Borderline. 15€


 "David Lisnard, le réveil de la droite"
de Quentin Hoster
Pierre Lemaignen
Quentin Hoster, Rédacteur en chef de Valeurs Actuelles Régions, nous propose le portrait haut en couleur d'un maire un peu punk, fan des Clash et de la sobriété fiscale. Dès 2021, avant même la primaire de la droite, et alors que Lisnard vient de créer son nouveau parti "Nouvelle Energie", Hoster repère ce jeune maire encore presque inconnu de grand public (en dehors de la région de Cannes où il s'est fait élire maire brillamment en 2014 avec 59% puis en 2020 dès le premier tour avec 80%), comme une des potentielles figures montantes de la droite : un homme agile, pragmatique, capable d'anticiper (Cannes aura par exemple toujours eu un coup d'avance tout au long de la crise du Covid pour trouver des masques, assurer la coopération des hôpitaux et des cliniques mettre en place les premiers centres de vaccination, souvent au grand dam de l'ARS ...)
A travers de multiples rencontres avec David Lisnard et avec des proches, Hoster nous décrit dans une première partie du livre le cheminement d'un homme qui commence alors à se faire connaître par quelques coups d'éclats comme sa tribune dans le Figaro en novembre 2020 sur la folie bureaucratique française (qui trouvera beaucoup d'échos) ou son élection comme président de l'AMF en novembre 2021 malgré tous les obstacles.
La seconde partie du livre est la retranscription d'un entretien avec David Lisnard sous forme de questions/réponses sur les sujets les plus divers.
A l'image de ses goûts éclectiques, ses amitiés en politique s'avèrent très diverses (même s'il ne cache pas sa fibre libérale-conservatrice, son admiration de Pompidou, sa détestation du wokisme et ses liens étroits avec les équipes de François Fillon dont il aura été un des plus fidèles soutiens). David Lisnard se révèle très attaché aux principes et aux valeurs, mais plus encore à leurs mises en œuvre.
Sur le terrain, c'est un excellent gestionnaire : depuis 2014 il a réussi à faire de sa ville (Cannes qui ne fait pourtant pas partie des villes les plus favorisées) une des mieux gérées de France en maintenant les investissements et une politique sociale ambitieuse, tout en réduisant de manière spectaculaire l'endettement !
Quelques sujets méritent d'être soulignés et en particulier  son approche de l'écologie qui peut se résumer en quelques mots : sanctionner les pollueurs et donner des objectifs, mais laisser chacun vivre comme il le veut et laisser chacun être libre sur les moyens de les atteindre, laisser par ailleurs l'innovation et le progrès résoudre les problèmes liés à la crise environnementale ! Il souligne par exemple l'absurdité de certaines mesures comme la suppression de certaines lignes aériennes régionales : si le service ferroviaire fonctionnait correctement, ces lignes ne devraient spontanément d'après lui même pas exister. Cette interdiction ne fait donc qu'entretenir un monopole et les dysfonctionnements de la SNCF ...
Autre sujets majeurs largement abordés :
-  la sécurité, l'immigration et la lutte contre l'islamisme avec des propositions courageuses et pragmatiques sans tomber ni dans le manichéisme (ce qu'il reproche à Eric Zemmour) ni dans le laxisme,
- le progressisme qui ne doit en aucun cas faire du progrès une finalité (reprenant à son compte la question de Bernanos : "Allez vite, mais allez où ?" et le besoin impératif d'avoir une réflexion sur le temps long)
- la lutte contre le wokisme avec comme message central l'idée que la transmission est ce qui fonde une civilisation, et qu'on ne peut régénérer notre modèle de société qu'en puisant dans notre héritage historique et notre culture judéo chrétienne.
On découvre un fil de la lecture un personnage très polyvalent, extrêmement travailleur, capable de mettre les mains dans le cambouis, mais également doué d'une grande culture et capable d'une réelle réflexion philosophique, citant allègrement François Xavier Bellamy, Michel Onfray, Mathieu Bock-Coté, Bernanos, Hannah Arendt ou Saint François d'Assise
Bref, un ouvrage passionnant pour tous les sympathisants de droite pour retrouver une certaine espérance et pour découvrir un personnage qui jouera un rôle majeur au sein de la droite française dans les années à venir.

"David Lisnard, le réveil de la droite". Editions Télémaque. 21,00€


 "Je n'ai pas dit mon dernier mot"
d'Eric Zemmour
Kevin K. Dick

En cette année électorale 2022 Eric Zemmour aura été à la fois la plus grande surprise, le plus bel espoir et la plus grosse déception. Cette folle aventure est encore présente dans nos cœurs et nos esprits. Nous l'avons vécu en direct, sur le terrain pour les militants, dans les médias et sur les réseaux sociaux pour les sympathisants. Avoir le point de vue de son principal acteur est une chance inédite jusque là pour tous passionné de politique et d'infos.

Du 5 septembre 2021 au 10 janvier 2023 le Z part d'une anecdote, un fait concret et précis à partir duquel il va nous livrer son ressenti et son analyse politique. Il va même, pour la première fois, jusqu’à psychologiser son propos.  Le premier chapitre parle d'une cravate rouge qu'il a bien du mal à nouer autour de son col de chemise. De son apparence vestimentaire il passe à sa mue présidentielle qu'i aurait soit disant du mal à réaliser. Les journalistes, éditorialistes et experts divers le préfèrent dans ses anciens habits d'intellectuel, d'écrivain, de "polémiste" exerçant avec succès ses talents dans la presse écrite ou audiovisuelle. Pour eux la mutation en homme politique aurait du mal à se réaliser. Il est vrai qu'il n'a rien en commun avec les professionnels d'une politique politicienne cumulant magouilles et coups bas en douce. Sa vie était bien plus confortable avant. Sa forte notoriété lui permettait de mener le combat des idées et d'influencer sur l'avis des gens. En passant à l'action avec Reconquête ! il peut désormais changer la vie des gens. Certes, les résultats concrets sont encore trop peu nombreux. La vie de l'ensemble des français n'a pas changé. Mais ce n'est qu'un début.

Il nous donne des exemples de manipulations opérées par les médias dont il avait sous-estimé le pouvoir de nuisance. A la fin d'une journée consacrée à l'école il est interpellé par une institutrice qui lui confie son désarroi face au manque de moyens et de soutiens nécessaires pour ses élèves, en particulier handicapés. Il lui répond qu'elle pâtit, elle aussi, de "l’obsession de l'inclusion" qu'il venait de décrire quelques minutes plus tôt. Cette obsession complique considérablement le travail des enseignants et elle est injuste pour les élèves qui n'ont pas le même rythme, qu'ils soient handicapés ou non. Dés le lendemain c'est l'attaque en règle contre ses propos. BFM s'empare d'une dépêche de l'AFP citant ses propos hors de leur contexte, Damien Abad, lui même handicapé, lance l'offensive sur twitter. Tout le monde va s'y mettre avec mention spéciale pour France 2 qui lance son sujet au JT précédé d'un commentaire tout en nuance et délicatesse : "Aujourd'hui, Eric Zemmour a tenu des propos monstrueux sur les enfants handicapés". Il aura beau expliquer que des enfants légèrement handicapés peuvent en effet s'inclure dans des classes avec les autres élèves mais que pour les handicaps lourds une structure spécialisée est mieux adaptée, il aura beau avoir le soutien de nombreux parents et enseignants mais rien n'y fait : la caricature ne s'encombre pas de nuance ou de bon sens. Le but n'est pas d'informer mais de démontrer que Zemmour est une brute, un monstre, un sans cœur. C'est l'émotion manipulée à la place de la réflexion.

Après les propos cités hors contexte et déformés nous avons un autre grand classique de manipulation : la technique de l'arbre qui cache la forêt, quand le rien devient le tout, quand un détail insignifiant va être monté et mis en avant de manière parfaitement et délibérément exagérée. Du meeting de Villepinte on ne retiendra que l'incident minime d'une jeune militante d'SOS Racisme bousculée. Elle refusera les soins proposés par les équipes sur place, un peu de sang est bien meilleur pour son image de victime de la brutalité fasciste… Du meeting au Trocadéro on ne retiendra que la poignée de militants exprimant leur enthousiasme d'une façon un peu brusque et excessive au cris de "Macron assassin". Cela manque de finesse et d’élégance. C'est un non-événement, quelques secondes d'exaltation exagérée au milieu d'une splendide journée de fête. Mais ce sera surtout une occasion à saisir pour créer une indignation artificielle et ne surtout na pas parler du fond, de la teneur du discours, que l'on soit d'accord ou pas n'est même pas la question, il faut cacher le succès de ce meeting historique, ne pas débattre des idées, tous les prétextes sont bons pour dénigrer, décrédibiliser, diaboliser Eric Zemmour et ses troupes.
Au début était le qualificatif "extrême droite". Il suffit de répéter, encore et toujours, années après années, qu'Eric Zemmour, Marine Le Pen et tant d'autres sont d'extrême droite. La gauche avec sa complaisance, sa complicité, son indulgence pour l'extrême-gauche domine l'espace médiatique, les milieux intellectuels, artistiques, universitaires et associatifs. Il n'y a plus en France de fasciste ou de nazi depuis belle lurette, mais il convient de toujours dénoncer la violence de l'extrême droite. Le pays est mis à feu et à sang par des bandes de zadistes, des antifas, des écolo terroristes, des casseurs tout de noir vêtus. La racaille et l'ultra-gauche sèment le chaos et la violence dans nos villes et nos campagnes. Que faire ? Rétablir l'ordre ? Retrouver la paix ? Que nenni ! Il faut combattre la fachosphère et son représentant le plus infâme, Eric Zemmour. Puisqu'on vous dit qu'il est d'extrême droite, que vous faut-il de plus ?

Au fil des pages bien des sujets seront abordés : l'histoire, la démocratie, les sondages, l'école, l'économie, les juges, l'Etat de droit, la guerre... Nous croiserons de nombreux personnages : Jean-Luc Mélenchon, Michel Onfray, Robert Ménard, Philippe de Villiers, Sarah Knafo, Olivier Ubéda, Marine Le Pen et bien d'autres. Terminons avec ceux par qui tout a commencé, la jeunesse, Génération Z. Ils sont l'espoir qui nous pousse à mener le combat pour sauver la France en la mémoire de nos morts et pour l'avenir des nos enfants et petits enfants. Pour eux, pour nous, pour que vive la droite et surtout, pour que vive la France!

"Je n'ai pas dit mon dernier mot". Editions Rubempré. 21,90€



 "Guerilla"
3 tomes :  "Le jour où tout s'embrasera", "Le temps des barbares" et "Le dernier combat" de Laurent Obertone
Kevin K. Dick

Laurent Obertone est né dans le Jura en 1984. On peut y voir un signe du destin : 1984, de George Orwell, est une des plus célèbres dystopies, un sous-genre de la science-fiction. Dans les librairies Guérilla se trouve au rayon livres policiers. Cette saga en trois tomes est avant tout un roman d'anticipation, une grande oeuvre littéraire, du Houellebecq en mode trash. Obertone a accompagné son ainé à l'Elysée, invités par Nicolas Sarkozy à l'occasion du Goncourt de "La carte et le territoire".
Obertone a débuté sa carrière de journaliste à la rubrique faits divers d'un journal du Nord. Il se fait remarquer dés la parution de son premier livre "La France Orange Mécanique" (2013). Cet essai nous montre bien que l'accumulation de fait divers ne constitue plus des faits divers mais bel et bien un fait de société majeur.
 
Combien de fois n'avons nous pas vu ou entendu les expressions "ça ne peut plus durer comme ça", "ça va exploser" et autres "tout va péter". Dans le premier tome de "Guérilla : le jour où tout s'embrasera" Obertone nous décrit le chaos dans lequel le pays va sombrer en seulement trois jours. Dans un style ultra realiste il nous raconte une série d'événements découpés en chapitres courts et concis. Son écriture est très fluide, rythmée, tonique et avec des pointes d'humour irrésistibles. Tout commence en Seine Saint Denis dans la cité Taubira! Au cours d'une banale ronde un policier va perdre son sang froid et tirer sur tout ce qui bouge après le meurtre d'un de ses collègues. Personne ne parle du policier tué, mais tout le monde, du ministère du "très-très-bien-vivre-ensemble" en passant par les médias, les communiquants de tous poils et les politiques, tout le monde dénonce cet horrible carnage par une police qui tue nos frères bien-aimés dans une banlieue déjà victime de racisme, d'intolérance et de discriminations à longueur de journées.
Les enfants de bourgeois des beaux quartiers, antifas, wokistes, écoloféministes, progressistes et autres déconstructeurs veulent aller à la rencontre de leurs amis opprimés dans un grand élan de solidarité. Quand la racaille les voit débarquer sur ses terres, elle va les massacrer, les dépouiller et les violer comme de vulgaires gaulois, de vulgaires kouffars (mécréants).
 
Dans "Guérilla #2  Le temps des barbares" il ne reste plus que du sang et des larmes. Les pilleurs et les tueurs sévissent dans tous les coins. Obertone décrit la lutte pour la survie de toute une galerie de personnages hauts en couleurs, des plus détestables aux plus sympathiques. Ils sont tous crédibles, tous terriblement vivants. Paysans, médecins, guerrier solitaire, militaires, hommes rebelles ou soumis, jeune fille abandonnée, caïds cruels, ivrognes, ménagères, combattants du califat redoutables et/ou stupides évoluent sous nos yeux ébahis. Nous vivons une multitude de scènes comme si nous y étions.
 
"Guérilla #3 Le dernier combat" reprend le récit après 27 jours d'émeutes et d'enfer. Un semblant d'Etat tente de se reconstruire. L'eau courante, l'électricité et la télévision sont rétablis.  Des milices citoyennes sont crées et transforment chaque individu en potentiel chien ou chienne de garde du camp du bien. Le réel vient de vous exploser à la gueule mais chut ! Il est toujours interdit de voir ce que vous voyez, c'est toujours la même chanson : tais toi, ceux qui savent, savent mieux que toi. Mais le grand endoctrinement et les armes ne suffisent pas à faire rentrer toute la population dans le rang. Papy ne fait pas de la résilience, il préfère la résistance.
Comment cela va-t-il finir ? Pour le savoir il faut lire Guérilla et croyez moi ce n'est pas une corvée mais une lecture saine et jouissive!
 
Guérilla #1 Le jour où tout s'embrasera. Editions Magnus. 21€
Guérilla #2 Le temps des barbares. Editions Magnus. 21€
Guérilla #3 Le dernier combat. Editions Magnus. 21€



 « Le monde sans fin » de Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici
Pierre Lemaignen
Une fois n'est pas coutume, c'est une bande dessinée que nous vous proposons aujourd'hui ! Cette BD est née d'une rencontre entre un auteur et illustrateur de BD, Christophe Blain, et un des meilleurs spécialiste français des questions énergétiques et de l'impact sur le climat, inventeur du concept du bilan carbone : Jean-Marc Jancovici, ingénieur de formation et véritable écologiste.  
Christophe Blain a synthétisé en image une bonne part des travaux de  Jean-Marc Jancovici. Le résultat est intelligent, limpide, et explique avec beaucoup d'humour et de pédagogie les grands changements que notre planète vit actuellement et leurs conséquences.
Une excellente BD pour comprendre la complexité de ces sujets, et en particulier les idées reçues sur les énergies renouvelables, l'intérêt du nucléaire, les avantages et les inconvénients des différentes types de mode de vie, d'alimentation, de transport, etc ...
C'est accessible absolument à tous, même aux non scientifiques !
Bonne lecture.


"Le monde sans fin", Edition Dargaud 27 €


 « Apocalypse Zéro» de Michael Shellenberger
Pierre Lemaignen
Un témoignage tout à fait exceptionnel de Michael Shellenberger, militant écologiste de longue date. Né dans une famille américaine hippie, il devient, adolescent, militant politique et humanitaire, voyage et travaille en Amérique latine dans les années 1980 et 1990, puis revient aux Etats Unis pour travailler pour la très progressiste ONG "Global Exchange".

L'auteur présente dans cet ouvrage  son cheminement sur l'écologie. Il commence par remettre en cause certaines idée reçues concernant l'écologie qui ont essaimé de manière absurde dans notre société moderne. Quelques exemples piochés au fil de l'eau :

- le nombre de morts liés au réchauffement climatique (le nombre de morts dus aux catastrophes naturelles en un siècle a été diminué d'un facteur 10 alors que la population était multipliée par 4)

- les soit disant bienfaits des panneaux solaires (qui nécessitent pourtant 16 fois plus de matériaux et génèrent 3 fois plus de déchets qu'une centrale nucléaire au kWh)

- l'absurdité de nos politiques concernant le solaire et l'éolien (la France depuis 10 ans a investi dans ce domaine 33 milliards de dollars avec pour effet une augmentation de notre consommation de gaz, une hausse des prix de l'électricité ... et une électricité de plus en plus carboné !)

- la promotion d'une agriculture extensive (Elle contribue pourtant largement à la déforestation dans les pays en voie de développement. Et c'est justement grâce à un élevage intensif que les États-Unis ont réussi depuis 1960 à doubler leur production de viande tout en réduisant de 11% sur la même période les émissions de gaz à effet de serre dues au bétail)   

Il retrace ensuite l'histoire du mouvement vert, et, comment depuis les années 60, une écologie très idéologue a réussi à s'imposer en particulier dans la lutte contre le nucléaire et les barrages hydrauliques (allant jusqu'à faire interdire des aides pour la construction d'infrastructures dans les pays développés), ceci à travers des campagnes médiatiques et politiques tout à fait démagogiques et paradoxalement souvent subventionnées par des magnats du pétrole ou du gaz !

De manière très claire et structurée (toutes les références étant citées très précisément), il met en évidence la dualité de l'écologie, entre une écologie  malthusienne et apocalyptique, et une écologie humaniste et raisonnée, focalisée sur le développement humain, en illustrant son propos, avec un regard très touchant, sur certaines personnes avec qui il a eu l'occasion de travailler aux quatre coins du monde dans des pays en développement.

En conclusion un ouvrage à lire absolument par tous ceux qui s'intéresse à l'écologie.

Apocalypse Zéro, Edition l'Artilleur 23 €


 « Confessions d’un repenti de Greenpeace – pour une écologie scientifique et durable » de Patrick Moore
Nicolas Bonleux
Patrick Moore est l’un des fondateurs de Greenpeace. Il fait partie de la poignée d’activistes qui, dans les années soixante-dix, à bord d’un zodiac et d’un vieux chalutier, luttent contre la pêche industrielle à la baleine et le massacre des bébés-phoques. Leur audace et leur sens de la communication parviennent à assurer rapidement à leur initiative la sympathie des médias et d’une partie de l’opinion publique mondiale.

A mesure que l’audience de Greenpeace grandit, et avec elle les substantiels moyens financiers issus des levées de fonds, l’organisation se structure et élargit son champ d’action, notamment au combat contre les essais nucléaires militaires.

Patrick Moore explique dans ce récit autobiographique comment l’organisation Greenpeace a au fil du temps développé sur un ensemble de sujets une vision dogmatique, essentiellement basée sur des postures militantes. Le besoin de frapper les esprits par médias interposés et d’adopter des positionnements sans nuances afin d’assurer un flux continu de revenus financiers à travers les levées de fonds a conduit Greenpeace à perdre de vue la prise en compte des besoins de l’espèce humaine, voire parfois de notre planète elle-même, dans ses doctrines.

Patrick Moore démontre ainsi que sur de nombreux sujets, la position de Greenpeace n’est pas fondée sur une analyse objective des intérêts de l’espèce humaine ni de l’environnement. Deux exemples sont particulièrement frappants : l’agroforesterie et l’énergie nucléaire . Alors qu’une agroforesterie raisonnée et respectueuse de l’environnement est sans nul doute le meilleur moyen d’assurer à la fois la croissance des forêts et la fourniture à l’homme d’une matière première –le bois- qui lui est indispensable, Greenpeace a décidé de la condamner sans nuance. Pareillement, alors que l’énergie nucléaire constitue la façon la plus économique –y compris du point de vue environnemental- de subvenir aux besoins de l’humanité en énergie électrique, Greenpeace a décidé de la combattre.

L’auteur s’appuie sur son passé de bûcheron et d’éleveur de saumons dans l’ouest canadien et sur sa connaissance des sciences –il a obtenu un doctorat de chimie- pour expliquer de façon tout-à-fait convaincante les différentes possibilités de développement harmonieux et respectueux qui s’offrent à l’espèce humaine. Il explique également combien des discussions sur de tels sujets sont graduellement devenues impossibles au sein de Greenpeace, justement parce que le totalitarisme idéologique qui y règne ne tolère aucune controverse. C’est finalement ce qui l’a conduit –ainsi que de nombreux autres- à se séparer de cette organisation. Au passage, il explique avec talent combien le principe de précaution, argument favori des activistes comme Greenpeace, est mortifère pour le développement harmonieux de l’humanité – comme quoi il n’est pas dangereux que pour notre société française !

Cet ouvrage illustre à merveille le processus à l’œuvre au sein des ONG comme Greenpeace où les enjeux de puissance de frappe médiatique et financière ont pris le pas sur la vocation affichée. Du fait de leur approche extrémiste qui ne tolère pas le débat, ni en interne ni en externe, ces ONG ne sont pas capables d’apporter à la réflexion sur le développement de l’humanité la contribution qu’elles prétendent. Elles se sont vouées à une approche totalitariste qui, si elle est en ligne avec la culture diversitaire anglo-saxonne du moment, les condamne à l’ignorance et à l’impuissance – ce qui ne signifie pas qu’elles ne sont pas en mesure de commettre, aujourd’hui comme demain, d’énormes dommages si elles ne sont pas maintenues à leur juste place.


 "L'équilibre est un courage" du Général Pierre de Villiers
Eric Estrème

Après quarante-trois années d'une carrière militaire qui l'a conduit à devenir chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers est remercié par le président de la république française E. Macron (à peine installé à l'Elysée!)
Alors président d'une société de conseil en stratégie, il écrit deux premiers livres , Servir (2017) et Qu'est ce qu'un chef? (2018)

Ensuite, le général Pierre de Villiers a pris le temps d'une plongée passionnante dans la France, celle des Gilets jaunes, des habitants des villes et des banlieues.
Il y a vu une nation profondément divisée et menacée par ses tensions internes, mais aussi par les ruptures d'un monde instable et dangereux. Il y a rencontré des femmes et des hommes partagés entre angoisse et envie de s'en sortir.
L'union nationale ne va plus de soi. Les Français ressentent à l'unisson qu'ils sont à un point de bascule, et que vient le moment du courage, d'un équilibre entre ceux qui exercent l'autorité et ceux qui doivent la respecter, entre humanité et fermeté, entre droits et devoirs.
C'est ainsi que nous pourrons nous réconcilier au-delà de nos différences, sur le chemin de l'unité et de l'espérance. Il y a urgence.

C'est l'ouvrage passionnant, inspirant à bien des égards pour les candidats putatifs de la droite républicaine à l'élection présidentielle, que je vous propose de découvrir: "l'ÉQUILIBRE EST UN COURAGE", du Général d'Armée Pierre de Villiers.


"L'équilibre est un courage" du Général Pierre de Villiers (Edition Fayard, 22,5€)


 "Le temps des gens ordinaires" de Christophe Guilluy
Pierre Lemaignen
Le point commun entre l'élection de Trump, le Brexit,  la révolte des Gilets Jaunes, les héros de la crise du Covid ? Pour Christophe Guilluy, tous ces événements trouvent leurs racines dans un même mouvement de révolte des "gens ordinaires", des classes populaires, du peuple ... Ils veulent être entendus face à la "doxa", ne veulent pas disparaître dans un melting-pot multiculturel, ils veulent résister contre une globalisation et un multiculturalisme qui se développent au détriment de tous les principes de solidarité qui structurent historiquement nos sociétés et nos institutions. Ils veulent enfin remettre l'économie au service de la société et non pas l'inverse.

A travers tout un tas d'exemples et d'idées préconçues sur la mobilité, la démographie, l'absurdité de certaines formes d'écologie,  sur la guerre contre la voiture (indispensable pour les classes populaires mais rejetées par les bobos des grandes villes qui n'en ont pas besoin qui sont en fait les plus grands pollueurs), sur l'idéologie woke, le soit disant féminisme, l'ascenseur social à plusieurs vitesses (avec des chances bien plus grandes en Seine Saint Denis que dans l'Indre ou la Creuse), Christophe Guilluy nous donne à travers cet ouvrage un brillant éclairage pour comprendre le divorce entre les élites et le peuple, pour redonner la parole à cette majorité silencieuse et souvent méprisée, ringardisée car pas assez "progressiste", voire carrément pestiférée :

« La délégitimation, voire la fascisation, des classes populaires, des représentants ou des intellectuels qui les défendent, est un exercice dans lequel excellent les prescripteurs d’opinions. Quand ils n’utilisent pas l’argument d’autorité, ils ont recours au rayon paralysant du populisme, du racisme ou du fascisme supposé de l’adversaire, lequel est alors contraint de répondre à des accusations sans rapport avec son argumentaire »

"Depuis qu’elle existe, la bourgeoisie a toujours utilisé des codes pour se reconnaître mais aussi pour se distinguer des classes populaires. Les codes du progressisme tenaient à distance des gens ordinaires considérés comme intrinsèquement intolérants, misogynes ou pollueurs. Mais le progressisme de pacotille des élites n’était qu'un vernis idéologique qui visait à masquer une position de classe. L’antiracisme, l’écologisme ou le féminisme ne sont en réalité que des codes culturels. Et l’essentiel est ailleurs : il faut préserver son patrimoine, faire de l'argent, garder le pouvoir.

Mais aujourd’hui, les gens ordinaires se moquent des injonctions à moins consommer ou à moins polluer dictées par ceux qui brûlent du kérosène en avion tous les mois en dépassant le bilan carbone de mille vies ordinaires. Ils décodent aussi parfaitement les intentions de ceux qui ponctuent toutes leurs phrases de diversité mais passent leur temps à éviter l’Autre, ou d’une classe politique qui instaure l’égalité de représentations entre hommes et femmes, pour ne promouvoir que des femmes de la bourgeoisie. C’est le paradoxe. L’idéologie dite progressiste n’a jamais été aussi hégémonique dans le monde d’en haut et aussi contestée en bas."

Cette ouvrage permet aussi d'apporter un regard neuf et enthousiasmant (mais peut être un peu trop militant) sur le mouvement des gilets jaunes et plus généralement sur les mouvements sociétaux taxés de populisme.  Il donne des pistes très intéressantes pour redonner de la cohérence à la société et arriver à concilier social et conservatisme. Certains candidats pour les élections de 2022 devraient sans doute s'inspirer de cet ouvrage !

"Le temps des gens ordinaires", de Christophe Guilluy (Edition Flammarion, 19€)


 "Pour Napoléon" de Thierry Lentz
Nicolas Bonleux
Dans ce court ouvrage précis, argumenté et construit, l’auteur nous présente une vision qu’il s’attache à rendre équilibrée de la formidable personnalité politique qu’était Napoléon. Reprenant point par point les différents procès que lui dresse la bien-pensance depuis plusieurs décennies, il livre son analyse de l’héritage qu’a laissé Napoléon à notre pays : non seulement le système administratif et juridique, qui dans une large mesure prévaut encore aujourd’hui, mais également son sens de l’Etat, de la France et de notre peuple qui a guidé sa façon d’exercer le pouvoir.

Intérêt général, unité de la Nation, grandeur de l’Etat, conception de la place de la France dans l’Europe -c’est-à-dire le monde d’alors, piliers du développement de la société française, ces points fondamentaux -ainsi que d’autres- sont passés au crible des critiques des idéologies qui aujourd’hui oeuvrent à déconstruire l’histoire et à ôter à la France la fierté d’être ce qu’elle est.

Car c’est bien un combat culturel qui est engagé contre l’esprit de notre Nation que celui que livrent les tenants de la repentance et des communautarismes contre Napoléon. L’auteur ne s’y est pas trompé qui est exposé, dans son rôle de directeur de la Fondation Napoléon, à l’entrisme chaque jour plus revendiqué des initiatives visant à faire disparaître Napoléon de l’histoire politiquement correcte qu’elles visent à réécrire.

Comme toujours, l’action d’un homme se situe à une époque et dans un contexte donnés, et comme toujours, ceux qui travaillent à ruiner la mémoire de Napoléon s’attachent à ignorer ce contexte et cette époque. Comprendre l’histoire requiert un effort de mise en situation que les nouveaux bien-pensants s’autorisent à éviter puisque leur but est simplement de condamner, et certainement pas de juger équitablement, et encore moins de discuter.

T. Lentz livre dans cet ouvrage une analyse sans illusion sur les buts et l’influence croissante des nouveaux censeurs, et les dommages immenses qu’ils causent à notre Nation, notamment en ayant fait disparaître Napoléon des programmes d’histoire. Cette lucidité ne l’empêche pas d’identifier les chemins qui permettront à notre société française de défendre sa culture et de rétablir le goût de notre peuple pour l’élaboration d’un avenir commun – le premier chemin de ce combat étant celui de porter inlassablement la voix de la raison chaque fois qu’elle est piétinée !

Voici quelques phrases capturées au fil des pages qui donnent une idée de la clairvoyance de l’analyse :

« Napoléon a toujours été un produit indémodable aux rayons du déboulonnage des statues et des diverses formes de répudiation du passé dans lesquelles nous aimons tant nous complaire ».

« Et de même que (dans l’interprétation désincarnée du passé qu’ils promeuvent) il n’y a plus de grande date ou de grands récits mais des « phénomènes » dont les déconstructeurs-globalisateurs sont évidemment les seuls à avoir compris les contours et la majesté, il n’y a pas, il n’y a jamais eu, il n’y aura jamais de grand homme et pas même d’individu qui, par son action et sa volonté, aurait pu influencer la marche de son temps, être à la fois, comme le fut justement Napoléon, l’effet et la cause d’une époque particulière. »

« (….) Ils rejettent à travers lui (Napoléon) ce qu’ils détesten : l’autorité de l’Etat, la primauté de l’intérêt général, l’unité nationale, l’ordre public, les « hiérarchies » -même celles découlant du mérite puisque ceux qui n’en ont aucun doivent naturellement leur échec à l’oppression sociale et non à leur refus de l’effort. «

« Peut-on renier un homme qui eut comme programme l’ordre public, l’égalité civile et la reconnaissance du mérite ? »

« La décentralisation est devenue une panacée et une fuite en avant. Pour l’imposer, ses thuriféraires n’hésitèrent pas à saper l’Etat en le rendant responsable de tous les maux et de tous les retards de la société. Il fallait démonter l’Etat napoléonien pour assurer le triomphe de la « société ». Est alors revenu le temps de l’émiettement et des gaspillages, d’une nouvelle féodalité générant l’éclatement de l’autorité et la fuite en avant des dépenses publiques. »

« Chaque étage (du mille-feuilles administratif) exige et finit pas être doté de compétences, de moyens et de postes prestigieux, cultive de prétendues spécificités (toujours au prix d’une communication coûteuse) et complique d’autant la prise de décision qui s’apparente à une course d’obstacles.(…) Voici venu le temps de la « différenciation territoriale » dans une France « unie et plurielle ». Difficile de trouver un verbiage plus creux et imprécis, porte ouverte sur tous les bricolages. »

« Nous devons aussi faire face à la judiciarisation de la connaissance, dans le sillage des lois mémorielles, qui ouvrent la possibilité de poursuivre quiconque paraîtrait, non les mettre en doute, mais les étudier librement.(…) Le juge rôde autour de l’histoire et la digue qui le retient est fragile. Il n’y a aucune raison pour que la magistrature, issue d’un cursus où la culture générale est bannie, formée dans une école aux choix idéologiques marqués, ne finisse pas par suivre une pente dangereuse pour les libertés dont elle est en principe défenseur ».

« Et que dire de nos gouvernants tétanisés par des groupes qui se sont fait une spécialité des amalgames et des contrevérités historiques pou rimposer leur « agenda », accuser leur pays d’avoir « assassiné «  des catégories entières, souiller les lieux publics ou appeler à l’émeute ? Rien n’a été fait ni pou rprévenir, ni pour contenir la fièvre iconoclaste venues des Etats-Unis, après la mort tragique de George Floyd. Rien n’est fait pour remettre à leur place des groupuscules comme la lugubre ligue de défense noire africaine qui, prétendant lutter contre notre « racisme systémique », brûle notre drapeau, annonce son projet d’aller cracher sur la tombe de nos hommes célèbres et insulte sans risque ses contradicteurs ».

"Pour Napoléon", de Thierry Lentz (Edition Perrin, 15€)


 Un coupable presque parfait, de Pascal Bruckner
Nicolas Bonleux

L’auteur analyse en détail le nouveau racisme issue de l’ "antiracisme raciste" qui, par un incroyable retournement dont l’histoire a parfois le secret, en arrive à recréer le racisme dans un pays comme la France où des siècles de lutte politique avaient réussi à l’éradiquer des lois de la République. Ce nouveau racisme importé des Etats-Unis et directement enfanté par les idéologies racialistes et diversitaires soixante-huitardes représente un danger d’autant plus insidieux pour notre démocratie qu’il en sape les fondements : il vise à réintroduire la notion de race dans les relations sociales, c’est-à-dire à nier les bases sur lesquelles nous avons construit notre système politique –l’un des plus harmonieux du monde- depuis deux-cent cinquante ans.

Outre l’ombre de la destruction qu’il porte sur notre belle démocratie, ce nouveau racisme est d’autant plus inacceptable qu’il est historiquement erroné car, ainsi que l’écrit très justement l’auteur, « l’Europe n’a pas inventé l’esclavage, elle a inventé l’abolition ». Par ailleurs, l’Occident reconnaît ses crimes et sa responsabilité, ce qui n’est pas le cas des autres pays de la part desquels nous n’avons aucune leçon à recevoir en la matière, comme par exemple, pour prendre un exemple récent, la Turquie d’Erdogan.

P. Bruckner démontre ainsi comme cette idéologie, à l’instar de toutes les idéologies totalitaires, s’appuie sur une analyse biaisée de la réalité historique qu’elle tord aux fins de justifier la violence de ses buts.

Voici quelques phrases extraites de cet ouvrage :

« La culpabilisation des peuples (…) a déjà en partie réussi en Europe occidentale, où l’on tente d’inculquer aux individus le déshonneur d’être ce qu’ils sont. Une vaste entreprise de rééducation est en marche, à l’université, dans les médias, qui demande à ceux qu’on appelle « les Blancs » de se renier. »

« L’Amérique défie le racisme dans les termes même du racisme en renvoyant chacun à sa couleur de peau, au mépris de toute analyse sociale ».

« Autre paradoxe : c’est dans les démocraties occidentales, où les droits des minorités et des femmes sont les mieux respectés, que l’on proteste le plus contre la violation des libertés fondamentales. La conscience des iniquités s’accroît à mesure que ces iniquités s’effacent. »

« Avec ce mécanisme archaïque (de désignation d’un bouc émissaire) ressuscité sous forme de racialisme, on a quitté l’espace universaliste de la gauche, on braconne sur les terres de l’extrême-droite en pensant la combattre puisqu’on partage avec elle  la même haine des Lumières, de la croyance dans l’unité du genre humain. »

"Un coupable presque parfait : La construction du bouc-émissaire blanc", de Pascal Bruckner


"Demain la France – Tombeaux de Mauriac, Michelet, de Gaulle" de Xavier Patier
Nicolas Bonleux
 Xavier Patier se remémore 1970, lorsque trois grands hommes français –Mauriac, Michelet, de Gaulle- meurent à quelques semaines d’intervalle. Les trois grands hommes incarnent à ses yeux les vertus théologales de la foi, de l’espérance et de la charité, placées au service du développement de la France. Avec une lucidité pénétrante, l’auteur analyse combien l’abandon de ces trois vertus théologales par les grandes voix politiques françaises, après mai 68, a permis un mouvement de dépérissement de notre société qui aboutit désormais à l’étroitesse de notre projet collectif. Mouvement d’autant plus douloureux que la France avait réussi à construire, au long des millénaires qui l’ont façonnée, l’une des sociétés les plus ouvertes, les plus empreintes de respect mutuel, les plus emplies d’espoir de son temps.
L’odieux mécanisme de démembrement qui allait enfanter les monstres que sont le racialisme, la communautarisation de notre corps social et l’individualisme outrancier à l’anglo-saxonne était enclenché, qui devait aboutir dans les déchirements sociaux que nous connaissons aujourd’hui.
Cet essai livre également les clés qui rendraient possibles un renouveau du projet de société français : renouer en politique avec un discours basé sur les vertus théologales peut être la solution pour réconcilier le peuple français avec l’amour de soi-même et le respect de son prochain, éléments essentiels et fondateurs pour notre avenir.

Voici quelques extraits particulièrement marquants de ce texte d’une grande finesse :
« La déconstruction frappe la vertu gaulliste d’espérance. Le sucre lent introduit par mai 68 n’en finissait pas de diffuser ses effets, qui n’étaient pas ceux qu’on avait annoncés. La mort de Dieu avait donné à l’homme tous les droits, à commencer par celui d’être désenchanté (…) Après la fin de la révolution de mai, qui fut un brutal retour à la réalité, tout espoir était devenu suspect. Pour être entendu, les intellectuels devaient se faire collapsologues. »
« Les grandes voix s’étaient tues (…) Un couvercle de tintamarre s’imposa. Tout le monde parlait, on n’entendait plus rien (…) Quand on se méfie du futur, on ne peut pas être charitable. »
« La liberté de la foi céda la place au déterminisme de l’identité située dans le « système » (…) Foucaud nous avertissait que la mort de la foi préparait le retour des communautés, des races, des genres et des catégories. La France, en se déchristianisant, se préparait à entrer dans l’ère des quotas ».
« La misère s’installait. Ce n’était pas la pauvreté de jadis qui revenait, mais une pauvreté nouvelle qui naissait, misère morale exhibée dans des émissions de télévision où des adolescents tatoués étaient livrés en spectacle. Etait-ce l’aboutissement du rêve de mai ? L’action publique cessa d’être déterminante (…) la politique renonçait à sa vocation de charité. »
« Nous avons vu E. Macron, gendre idéal façonné par le meilleur de notre système éducatif, se montrer davantage choqué par ce qui lui semblait irrationnel ou inefficace que par ce qui est arbitraire ou inhumain (…) Le macronisme avait assez de force morale pour supporter la détresse des autres, mais perdait contenance face à l’irrationalité ».
« L’écologie et la mixité étaient des préoccupations nouvelles : elles devinrent des angoisses exclusives. Elles étaient des enjeux politiques : elles virèrent aux querelles religieuses. Elles appelaient des politiques : elles engendrèrent des anathèmes. (…) Déversés par tombereaux sur le marché planétaire des âmes, les bons sentiments sur la biodiversité et la mixité ont tout écrasé ».

 Xavier Patier : Demain la France – Tombeaux de Mauriac, Michelet, de Gaulle
Editions du Cerf

"Les déracinés" de Maurice Barrès
Nicolas Bonleux
Ce roman paru en 1897 reste d’une éclatante actualité. Le grand écrivain Maurice Barrès y décrit, dans un style d’une élégance rare et d’une concision remarquable, le déracinement des forces vives de la province française attirées à Paris par les promesses de la modernité cosmopolite.

Alors que leur province natale leur offre l’ensemble des atouts qui leur permettrait de vivre une vie pleinement épanouie, en même temps qu’elle leur permettrait de jouer un rôle éminent dans le développement de ses villes et de ses campagnes, les personnages centraux du roman choisissent de se donner à la vie parisienne où, rencontrant des succès divers, ils ne rendront jamais à leur patrie les services qu’ils auraient pu lui rendre s’ils étaient restés dans leur terre natale. L'ambition parisienne de ne laisser dans l'éducation des jeunes Français aucune place à l'amour pour le coin de France qui les a nourris les vide en réalité de leur capacité à apporter le meilleur de leur jeune vigueur et de leur jeune ambition à la construction de leur pays.

Même la réussite sociale que certains d’entre eux parviendront à atteindre, encombrée des tendances du moment visant à détruire les traditions et le corps social de notre pays, ne les dotera pas du bonheur que leur province leur aurait offert de vivre dans le prolongement de ce qu’avaient construit leurs ancêtres et qu’ils auraient eux-mêmes contribué à passer aux générations suivantes. Les puissants mouvements de fond du relativisme, du cosmopolitisme et du modernisme dénaturent l’ambition qu’ils avaient poursuivi dans le journalisme, le droit ou la politique.

Barrès exprime avec le plus grand talent ses doutes devant le monde moderne et les ravages du déracinement su rl'individu comme sue la collectivité, comme en confèrent les quelques passages suivants collectés au détour de très belles pages:

« Le mépris de l’individu a de l’allure, mais nulle fécondité. (…) Pour que les hommes aient de l’âme, un bon moyen, c’est que le chef leur en prête ».

« La plus forte besogne de négation dans notre société n’aura pas été faite par ses ennemis affichés ; auprès des grands philosophes admis par les pouvoirs officiels, les nihilistes révolutionnaires sont de naïfs idéalistes ».

« A manier la matière électorale, on perd toute illusion (…) Un homme de comité, à force de raisonner les moyens, arrive à se complaire en eux plus que dans leur objet. (…) Voilà comment on peut être un politique sans avoir l’esprit de gouvernement, et avoir plus de goût pour l’intrigue que pour le pouvoir .»

"Les déracinés" de Maurice Barrès






Cartel des fraudes de Charles Pratz
Pierre Lemaignen
Sur un sujet pourtant très technique, Charles Prats, magistrat et spécialiste de la fraude, résume de manière très claire et très compréhensible 10 ans de travail liés à sa propre activité professionnelle mais aussi aux travaux de la Cour des Comptes et des différentes commissions parlementaires qui ont essayé de s’attaquer au problème tout au long de ces années. La principale difficulté qu’il souligne est en fait le manque flagrant de coopération et de transparence  de certaines administrations, souvent  aidées par des politiques frileux d’aborder ce type de sujet politiquement sensibles et soucieux face à l’ampleur du phénomène de ne pas faire monter les extrêmes à l’approche des échéances électorales.

Les dernières données obtenues depuis l’été 2020 (aboutissement des travaux en commission d’enquête sur la fraude aux prestations sociales par la sénatrice UDI Nathalie Goulet et la député LREM Carole Grandjean) permettent d’évaluer aujourd’hui le montant des fraudes sociales à plus de 50 milliards d’euros chaque année. Charles Prats dresse par ailleurs le portait d’organismes de prestations sociales dépassés par les évènements et plus soucieux de cacher l’ampleur du phénomène de la fraude que d’essayer d’y faire face.

Charles Pratz est un spécialiste du sujet. Actuellement vice-président chargé des fonctions de juge des libertés et de la détention à la cour d'appel de Paris, il a à maintes reprises été confronté à ces sujets et en est devenu un des principaux experts en France   
-    2008 - 2012 : membre de la DNLF (délégation nationale à la lutte contre la fraude)
-    2010 – 2019 : membre du Conseil scientifique du Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégiques (CSFRS)
-    Actuellement : membre de l'Institut de recherche économique et fiscale Vauban ainsi que délégué de l'Association professionnelle des magistrats.

Un livre très facile à lire qui permet de mieux comprendre les enjeux et qui débouche sur des propositions concrètes inspirées de solutions déjà en place chez nos partenaires européens. La France devrait s’en inspirer de toute urgence, surtout quand on sait que ces fraudes alimentent entre autres le terrorisme djihadiste ou le trafic de produits stupéfiants comme le Subutex (trafic spécifique à la France et dont même l’ONU a souligné l’importance au niveau mondial).

Cartel des fraudes de Charles Pratz
Edition Ring 18€





L’Archipel Français de Jérome Fourquet
Pierre Lemaignen
En 1998, la France fêtait d’une seule voix la victoire de la coupe du Monde autour de l’équipe de Zidane. La victoire de 2018 avec l’équipe de Mbappé n’en a été qu’une pâle copie … Entre ces deux dates,  vingt années se sont écoulées marquées par une immigration massive et émaillées par les émeutes de 2005, les attentats islamiques, un retrait identitaire de certains quartiers, la révolte des gilets jaunes et plus généralement un éclatement flagrant entre les classes les plus aisées et celles plus populaires.

En 1998, une majorité de France croyait encore en la capacité intégratrice de la société française. En 2018, les plus hauts dirigeants de la France admettaient leur échec à maintenir l’unité nationale. Interrogé par les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme Francois Hollande déclarait : « Comment peut-on éviter la partition ? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition ». 2 ans plus tard, Gérard Collomb  lors de la passation de ses pouvoirs avec Christophe Castaner soulignait : « En Franceil y a un séparatisme. Il y a des quartiers qui sont sous la loi des narcotraficants et des islamistes. Aujourd’hui les Français vivent côte à côte, demain ils pourraient vivre face à face ».

Dans un ouvrage riche et dense, mais remarquablement  illustré par de nombreuses cartes et graphiques, Jérome Fourquet analyse ces évolutions qui ont marqué la société française depuis la 2nde guerre mondiale. Il analyse plus finement la recomposition du paysage idéologique et électoral pendant ces dernières années qui débouchent sur  l’arrivée au pouvoir, finalement assez logique, d’Emmanuel Macron, victoire du parti des premiers de cordée, et sur le retour du clivage de classe. Le grand intérêt de cet ouvrage et de mieux comprendre les lignes directrices sur le long terme avec un zoom sur quelques dates clés : 1983 (tournant de la rigueur, ralliement des socialistes à l’économie de marché, et l'émergence visible de l’immigration avec la création de SOS racisme d’une part, et l’émergence du FN d’autre part), jusqu’à nos jours, 2005 avec le référendum européen pour finir par les islamiques 2012-2015.

Jérome Fourquet, directeur du département Opnions à l’IFOP  nous propose avec cette étude sociologique très pédagogique un véritable ouvrage de référence.

L’Archipel Français de Jérome Fourquet
Edition du Seuil 22 €
Prix du livre politique 2019




La Haine – Les années Sarko (mai 2019) / Apocalypse – Les années Fillon (janvier 2020)
Fabienne Lopez
En mai 2007, Nicolas Sarkozy est élu Président de la République et choisit François Fillon pour conduire son gouvernement. Ce choix, malgré la qualité de l’attelage ainsi constitué, sera véritablement le point de départ d’une lente descente aux enfers pour la droite française qui n’aura de cesse de se confronter à une lutte fratricide entre ses protagonistes. Le couple Sarkozy-Fillon va finalement exacerber une cacophonie idéologique alors que pourtant, 2007-2008 était une période charnière marquée par une grave crise financière que Nicolas Sarkozy a su maîtriser et qui indéniablement fera de lui un chef de fil reconnu, combattif et rassembleur. Les années de présidence qui ont suivi auraient dû être les révélatrices du fait que sans la droite, notre pays n’aurait pas pu se relever d’une telle crise. Au lieu de cela, on retiendra de ce quinquennat ces jeux de guerre internes qui aboutiront à l’élection de François Hollande puis à l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017.
Les années « de haine et d’apocalypse » (2007-2017) qui ont conduit à cette situation, sont décrites dans les 2 ouvrages de Gérard Davet et Fabrice Lhomme* qui racontent tel un roman tragique comment la droite a été assommée, à travers les mésententes et combats de l’ombre. Chaque sympathisant de droite, mais aussi chacun de nos représentants, devraient lire cette « histoire secrète de la droite française » et faire se réveiller notre parti une bonne fois pour toutes afin de se relancer tous ensemble dans un engagement constructif !
On ne peut pas continuer en vain à s’appuyer sur un espoir de retour de Nicolas Sarkozy pour relever  les défis d’aujourd’hui et de demain. Et d’ailleurs, pourquoi personne d’autre que lui ne fait plus rêver au sein de la droite ? On doit se poser cette question fondamentale. Mais on doit surtout retrouver la confiance en nos valeurs et nos idées et une nouvelle tête de pont qui réunira les troupes se révèlera naturellement.
Malheureusement, les élections municipales ont sonné le glas pour bon nombre de nos candidats qui justement se sont perdus dans le trouble idéologique semé par Emmanuel Macron. Alors que son monde nouveau est à bout de souffle, marqué par le mouvement des gilets jaunes et des réformes insensées, et que la crise économique qui attend notre pays est sans précédent, la droite doit refonder son action autour d’une colonne vertébrale solide sans se fourvoyer dans toutes les directions, faisant ainsi le bonheur de ses opposants et des extrémistes de tous bords, et déstabilisant son électorat.
Réveillons-nous et cela dès maintenant pour le second tour des élections municipales – il est encore temps –, au risque de nous éparpiller à nouveau dans les mois et les années à venir. La droite a plus que jamais sa place dans le paysage de France et est la seule à pouvoir, comme en 2008, nous faire sortir la tête haute de la crise mondiale qui nous fait face.

Editions Favard

L'empire du politiquement correct
Nicolas BONLEUX
Voici un ouvrage salutaire qui permet de sortir pour quelques heures la tête hors du politiquement correct où nous plongent les médias éperonnés par la gauche activiste et les minorités revendicatives.

Mathieu Bock Côté analyse et explique dans le détail comment les revendications des minorités, qu’il nomme le «processus diversitaire», sont devenues une fin en soi du système démocratique, destinée in fine à le détruire mais sous couvert du masque perpétuellement mis en avant du progrès démocratique.

La perception aiguisée par l’auteur de ce phénomène au Canada –où il est encore plus avancé qu’en France- permet de rétablir quelques vérités et et le bon sens qu’aucune de nos sociétés ne devrait jamais avoir abandonné. Cet ouvrage tire également la sonnette d’alarme en rappelant que le danger de basculer dans une dictature des minorités est bien réel, ainsi que l’Europe de l’est et la Russie en ont fait la douloureuse expérience dans les décennies juste écoulées. Ce danger passe en particulier par la redoutable maîtrise du nouveau langage politiquement correct que les médias se sont accaparés.
Plutôt que de paraphraser l’auteur, permettez-moi de citer certaines phrases à l’éloquence et à la clarté sans appel (parmi de nombreuses autres !) :

«Depuis un demi-siècle, dans la plupart de nos sociétés occidentales, le système médiatique a peu à peu transformé la conversation démographique en un monologue progressiste.»

«Le système médiatique présente favorablement les revendications qui brandissent l’étendard victimaire en les inscrivant dans la dynamique des droits de l’homme (…) : de la dissolution des nations à l’abolition des frontières, de la déconstruction des appartenances traditionnelles à l’indifférenciation entre les sexes, de la désincarnation du père et de la mère à leur transformation en interchangeables parent 1 et parent 2, il ébauche un programme qui est celui d’un changement de civilisation.»

«La modernité se déploie comme un processus irrésistible déconstruisant étape par étape toutes les grandes formes anthropologiques et historiques.»

«Il y a (dans la question du voile islamique) une forme de provocation répétée, qui consiste à imposer dans l’espace public un symbole identitaire qui heurte les mœurs communes tout en dénonçant vivement ceux qui le remarquent et ceux qui ne font pas semblant qu’il est déjà normalisé».

«Le politiquement correct revendique non seulement le monopole du bien, mais pousse la chose plus loin en revendiquant aussi le monopole de la santé mentale, en assimilant les résistances qu’il suscite à l’univers de la phobie. De la xénophobie à l’islamophobie à l’homophobie et à la transphobie, et on pourrait ajouter d’autres phobies à la liste, on comprend que toute forme d’attachement marqué à ce qui passe pour le monde d’hier relève désormais du désordre psychique».

Enfin M. Bock-Côté nous propose une sortie par le haut à cette évolution mortifère de notre civilisation. Cette sortie est offerte par un authentique débat démocratique qui fonctionne, c’est-à-dire où les médias jouent leur rôle et où les citoyens s’engagent activement dans la vie de la cité.

Les Editions du Cerf, 304 pages, 20 €

Refondation, Bruno Retailleau
Nicolas BONLEUX
Cet ouvrage paru très récemment (mars 2019) constitue une analyse d’une brûlante actualité sur l’état politique de la droite française, et propose des pistes pour le projet qui lui permettrait de recouvrer le rôle qu’elle a perdu dans le paysage national depuis 2017.
Au terme d’une analyse sans complaisance sur les impasses des positionnements de la droite ces dernières années, mais également d’une lecture sans concessions des raisons qui ont conduit E. Macron à la magistrature suprême (“le moment suprême de l’émancipation et de l’individualisation de notre société”) et sur la vision politique de notre Président de la République (l’homme du “capitalisme soixante-huitard”, du “social-individualisme” et de la “machine à communautarisme”), il livre sa vision des échecs de la gauche, convertie au multiculturalisme et devenue “nomade et tribale”, ayant abandonné sa vocation sociale pour une approche sociétale.
Ce diagnostic, appuyé sur une structure conceptuelle robuste et une expérience d’élu de terrain, lui permet d’explorer quelques pistes très fécondes pour refonder la droite autour d’idées-forces et de ses valeurs fondatrices pour lutter contre “la dépossession culturelle et le déclassement économique, le dyptique de la crise française”. Des thèmes centraux et récurrents dans le malaise français tels la mondialisation sauvage, l’influence démesurée du multi-culturalisme anglo-saxon, les errements de l’Union européenne ou l’entrisme mal contenu de l’islam politique font l’objet de propositions concrètes et prometteuses.
Une droite ferme et fière, mais aux positions mesurées et applicables, toujours guidées par l’intérêt général, se dessine à travers ces lignes don’t nous nous prenons à rêver qu’elle trouvera les dirigeants de la qualité nécessaire pour la mener sur cette belle voie d’avenir !

Editions de l'Observatoire

"L'Islam à la conquête de l'Occident: La stratégie dévoilée" Jean-Frédéric Poisson
Pierre Lemaignen
Jean-Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien Démocrate (PCD) est aussi écrivain à ses heures et a publié de nombreux ouvrages avec des thèmes récurrents comme l'éthique, la bioéthique, la dignité humaine, et l'humanisme. Dans ce nouvel ouvrage publié en novembre 2018, il s'intéresse aux communautés musulmanes au sein de l'occident, et en particulier en Europe.

En novembre 2000 à Doha, l'OCI (Organisation de la coopération islamique) publie la "Stratégie de l'action culturelle islamique à l'extérieur du monde islamique". L'OCI créée en 1969 regroupe les 57 principaux pays musulmans de la planète, et est la seule organisation confessionnelle dans le monde dont les membres signataires soient des États.

Ce texte est consultable en ligne sur le site de l'Isesco (Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture) : 

La "stratégie" est l'aboutissement d'une réflexion de plusieurs années marquée en particulier par l'adoption en 1990 de la "déclaration islamique des droits de l'homme" (pendant islamique de la "déclaration universelle des droits de l'homme" adoptée par l'ONU en 1948, mais qui révèle en fait une conception des droits de l'homme  sous le regard de la charia bien différente de nos valeurs occidentales, et qui ne peut donc s'appliquer qu'aux musulmans ... ou à ceux qui s'y sont soumis !)
La "stratégie" est un texte élaboré par les organes les plus officiels et les plus élevés du monde musulman. Il a été adopté officiellement et publiquement par les gouvernements de l'ensemble des états membres de l'OCI (malgré parfois des différents importants en sein de ses membres, en particulier entre sunnites et chiites).

Bien qu'il ait été publié officiellement en plusieurs langues dont le français, et malgré l'importance de son contenu, de son orientation pratique et concrète à l'attention de tous les états musulmans, et des responsables associatifs musulmans implantés en Occident, ce document est resté confidentiel et méconnu en France. C'est pourtant un plan d'action complet, concerté, concret et détaillé dont certains aspects se sont effectivement concrétisés pendant ces 20 dernières années. Il révèle aussi une revendication permanente d'une supériorité de la civilisation islamique sur toutes les autres civilisations et culture.   

L'analyse de ce texte par Jean-Frédéric Poisson est faite sans idéologie et de manière très pragmatique, et se révèle extrêmement intéressante pour comprendre les dérives communautaristes de notre société, certaines qui ont fait la une de l'actualité (revendications répétées sur le port du voile, horaires de piscines réservées à des femmes musulmanes, "hidjab de running" de Décathlon, etc ...), beaucoup d'autres plus insidieuses et discrètes. A lire de toute urgence, en particulier par certains de nos hommes politiques trop souvent tentés par le clientélisme vis à vis des communautés musulmanes.

"L'Islam à la conquête de l'Occident", Edition du Rocher 19€

"Demeure ! Pour échapper à l'ère du mouvement perpétuel"
Pierre Lemaignen
Normalien, agrégé de philosophie, François Xavier Bellamy fait partie de ces jeunes intellectuels comme Eugénie Bastié ou Mathieu Bock-Côté,  qui tente de redonner un souffle à la droite française. Intellectuel, c'est aussi un homme de terrain qui a enseigné la philosophie dans des lycéess en zones difficiles et qui sait mettre les mains dans le cambouis en tant qu'est élu local à Versailles. Très apprécié par Laurent Wauquiez (Bellamy a été en particulier cité comme possible tête de liste pour les prochaines élections Européennes), il était il y a encore peu, l'invité des Républicains pour le "Rendez vous des idées" le 6 décembre (Replay accessible ici, évènement très intéressant, dont la fédérations des Républicains 31, si prompte d'habitude à relayer les évènement Facebook des Républicains, n'a curieusement pas beaucoup parlé ...). 
Dans un premier ouvrage ("Les déshérités" Plon, 2014), François-Xavier Bellamy avait analysé les origines de la crise de transmission qui mine la culture française. Il aborde avec ce nouvel ouvrage cet impératif de notre société moderne, soumise à la religion du "progrès", d'être en permanence «en marche». Ce paradigme voudrait opposer ceux qui voudraient "avancer", avec plus ou moins de hâte, vers un avenir déjà écrit, et ceux qui voudraient "reculer" ... sans qu'il ne nous soit jamais permis de savoir  dans quelle direction nous voulons aller ! Sans être aucunement opposé par principe au changement, Bellamy dans la tradition conservatrice souligne l'importance d'avoir une vrai réflexion sur ce qui mérite d'être conservé ou sur ce qu'il faut reformer.
"Une telle perspective constitue un empêchement de penser, une manière de fuir la responsabilité politique. En effet si l'avenir est écrit d'avance, nous ne sommes que les rouages plus ou moins efficaces de sa réalisation; mais aucun effort de discernement aucun travail pour peser le pour et le contre, aucune hésitation quant au but n'est nécessaire ni même pensable" 
"Si avancer est bien et ne pas avancer est mal, la politique n'est plus qu'une affaire de marche à suivre, de modes d'emploi, de processus à parcourir"
"La vraie question politique n'est donc pas : faut il avancer vers l'avenir ou préférer le passé ? Faut _il aller de l'avant ou rester immobiles ? - Non, la vraie question politique est : quelle direction devons nous prendre ? Quel avenir voulons- nous ? Selon quel choix allons -nous le préparer ? En poursuivant quels buts ?" 
Avec parfois beaucoup de malice, François-Xavier Bellamy relie son propos à l'actualité et rappelle par exemple les propos d'Emmanuel Macron : "La France est un pays irréformable. Mais nous ne proposons  pas de la réformer. Nous proposons une transformation complète" (L'Express 29 août 2017) sans qu'il définisse jamais le but de ce changement promis ...
Ce livre est une magnifique réflexion sur l'histoire de la modernité avec des références très variées : entre autres Platon, Machiavel, Copernic, Galilée, ou Saint Exupery (à découvrir en particulier un texte méconnu de Saint Exupery : "Lettre au général X")

Une idée pour un magnifique cadeau de Noël !!!
Edition Grasset 19 €


"Une brève histoire des crises financières / Des tulipes aux subprimes" de Christian Chavagneux
Pierre Lemaignen
Christian Chavagneux est éditorialiste à Alternatives économiques, chroniqueur de livre dans l'émission "La librairie de l'éco" sur BFMBusiness et il participe à l'émission "On n'arrête pas l'éco" sur France Inter, où il débat tous les samedis avec Emmanuel Lechypre. Il est un spécialiste reconnu des questions macroéconomiques, de la mondialisation, en particulier des paradis fiscaux et de la régulation des banques et de la finance, sujets sur lesquels il a écrit plusieurs ouvrages.

Dans ce dernier livre, Christian Chavagneux retrace dans une 1ère partie l'histoire de quelques unes des grandes crises économiques : 
  • la fameuse bulle des tulipes dans la Hollande du XVIIe siècle (qui est restée célèbre même si elle était finalement très anecdotique de par son ampleur),  
  • a bulle boursière créée par John Law dans la France du début du XVIIIe siècle, 
  • la crise financière de 1907 à l'origine de la création de la banque centrale des Etats Unis, 
  • la crise de 1929 qui allait permettre à Roosevelt d'imposer une forte régulation, peut être à l'origine de plusieurs décennies de stabilité et de prospérité, 
  • enfin la grande crise de 2008 qu'on rattache de manière trop simpliste aux subprimes mais dont les fondements étaient bien évidemment beaucoup plus profonds et dont les conséquences sont encore aujourd'hui très vives, en particulier sur la dette des états. 
Dans une 2e partie, Christian Chavagneux analyse ce que le G20, le FMI et autres institutions financières ont tenté de mettre en place pour éviter une nouvelle crise similaire. De manière très pédagogique, sans remettre en cause l'intérêt du système financier au service de l'économie et sans tomber dans la démagogie, il arrive à identifier certains points communs à toutes ces crises et souligne que la situation a finalement peu évolué depuis 2008.

Christian Chavagneux est partisan d'une régulation publique de l'économie. Il soutient notamment des politiques de relance par l'investissement public. Il est ainsi contesté par les partisans d'une économie plus libérale. Malgré tout, son point de vue mérite d'être entendu car, au delà de ce passionnant cours d'histoire économique, cette mise en perspective met en évidence de manière claire le besoin d'un minimum de régulation dans un monde de la finance trop souvent axé sur une course au profit donnant lieu à une mauvaise gouvernance économique, à la spéculation, voire à des fraudes systémiques.

"Une brève histoire des crises financières / Des tulipes aux subprimes" Edition La Découverte 10,9 €

Corps en miettes
de Sylviane Agacinski

Anne Borriello
En peu de pages, avec une clarté, une simplicité qui rend le propos accessible à tous, Sylviane Agacinski expose ses arguments contre la GPA.

Elle met des mots, là où on nous met des initiales rassurantes : Derrière la GPA, ( « ces trois lettres semblent faites pour inspirer confiance, comme le sigle d’une compagnie d’assurance » !!) parlons de dignité ; de marchandisation ; d’abandon; de misère économique.
Elle rappelle que mettre un enfant au monde, ce n’est pas juste une gestation: c’est un échange de neuf mois entre une femme et le bébé qu’elle porte, suivi d’un accouchement, qui n’est pas une simple formalité : les femmes ne sont pas des fours à pain !

Elle souligne la perversité du mot « autrui », qui cherche à « parer du dévouement et du cœur la location du ventre »: comme si les malheureuses indiennes parquées dans des usines à bébé n’avaient que le bonheur des riches occidentaux en tête! Derrière le mot « indemnisation » se cache la réalité de la marchandisation d’un être humain, de la vente d’un bébé, ni plus ni moins.

Dans la gestation pour autrui, pas de référence à l’abandon de l’enfant: il disparaît. La violence de cet abandon, tant pour la mère que pour l’enfant , est totalement occultée.

Notre humanité « privilégie la puissance technique et la demande individuelle. Certaines techniques permettent de confectionner des enfants, et il y a des individus qui « demandent »à utiliser ces moyens : on s’en tient là. » 

À lire absolument.

Radicalisons-nous ! 
La politique par la racine. 
de Gaultier Bès

Pierre Lemaignen
"Quel est le rapport entre un djihadiste et une carotte ? Aucun. On ne peut pas faire plus dissemblable. Elle nourrit, il détruit. Elle se récolte de mai à décembre; il sévit toute l'année. Elle a des vertus médicinales, il n'a que des vices morbides. Elle croît en profondeur; il ne croit qu'en surface. Bref, c'est une racine; il n'en a pas. Et pourtant, on dit de lui qu'il s'est radicalisé, c'est à dire étymologiquement, qu'il a pris racine, lui, le déraciné."

Cet ouvrage n'est bien sûr ni un traité d'agriculture biologique, ni un essai sur le fanatisme, mais offre de belles réflexions sur l'importance de nos racines. Véritable traité politique sur la place que doit avoir la politique, il souligne le paradoxe suivant : non, les tenants de l'enracinement ne sont pas, comme certains voudraient le faire croire, d'affreux xénophobes ou de dangereux utopistes qui s'obstinent à croire, à l'heure de la mondialisation, que la démocratie a encore un lien avec un territoire. C'est au contraire en puisant dans nos racines que nous pouvons échapper aux extrémismes et à l'immobilisme. Se radicaliser c'est revenir à la racine, c'est repenser la politique. C'est aussi reprendre en main la question écologique que beaucoup ont malheureusement dévoyée.

Gaultier Bès de Berc, né en 1988, est cofondateur de la revue Limite (fondée en septembre 2015, et sous-titrée Revue d'écologie intégrale). Ancien élève de l'École normale supérieure de Lyon, il est agrégé de lettres modernes, écrivain et journaliste français, et enseignant en lycée. Il faut partie avec Eugénie Bastié des figures françaises de l'écologie intégrale. C'est un convaincu du « besoin d’une alternative radicale à la mondialisation libérale, destructrice des sociétés comme des écosystèmes ».

"Radicalisons-nous ! La politique par la racine" Edition Première Partie / 7 €

La compagnie des ombres - 
A quoi sert l'histoire? 
de Michel De Jaeghere

Anne Borriello
Aux éditions Les Belles Lettres est paru en 2016 un très bel ouvrage de Michel De Jaeghere. 

Sous forme de nombreux et courts chapitres, l’auteur nous présente un panorama, nécessairement subjectif, de grandes figures de l’histoire, d’événements fondateurs, des premiers pharaons à nos jours. L’objet de cet essai est de nous rappeler combien l’histoire est, non seulement importante, mais essentielle pour comprendre notre présent et préparer notre futur.

Certes, il s’agit d’un lieu commun, mais il n’a peut-être jamais été aussi urgent de le rappeler. En notre époque dominée par une immédiateté, une réactivité dans l’émotivité, un « complexe de supériorité de la modernité triomphante », le recul, la distance imposée de l’histoire n’en est que plus nécessaire. Et Michel de Jaeghere remplit parfaitement la mission qu’il s’est assignée.
Il rappelle en préambule que nous sommes le fruit, les héritiers de ceux qui nous ont précédés. Puis, d‘Egypte en Grèce, de Massada à Aix la Chapelle, des Borgia aux premiers hommes sur la lune, il remonte lentement le temps, nous rappelant sans cesse ce que nous devons à tous, tirant des enseignements de chacune de ces époques. 
Il nous rappelle que les conquérants de l’Egypte ancienne, Libyens, nubiens, assyriens ou perses, loin de la dominer ou l’anéantir, se sont coulés dans le moule de cette civilisation qu’ils avaient, certes vaincus, mais dont ils reconnaissaient la supériorité. « Dans un monde désormais sans frontières, l’Egypte avait subi de multiples influences étrangères : elle avait résisté à la tentation du cosmopolitisme. Elle était restée profondément égyptienne ».
Nous écoutons en 399 de notre ère, un jeune ambassadeur de Cyrène, introduit devant l’empereur d’Orient, lui faire un réquisitoire contre l’infiltration des barbares dans l’Empire romain : « Ce n’est pas avec des intentions hostiles qu’ils sont venus chez nous, mais bien en suppliants, au cours d’une nouvelle émigration. Et dans la douceur de notre accueil, ils n’eurent pas affaire avec les armes de Rome..[…] Dès ce premier instant, jusqu’à l’heure présente, ils nous ont jugés ridicules, conscients tout à la fois de ce qu’ils avaient mérités et des mérites que nous leur avions reconnus. Le bruit s’en est répandu chez leurs voisins, les engageant à venir chez nous. » Les IIIème et IVème siècles de l’empire romain sont une mine d’enseignement : arrivés réfugiés dans l’empire, les Goths par exemple, se rebellent, s’installent en armes « sans que soient disloqués leurs solidarités tribales ; sans que leur soit imposé le moule de la vie civique , par quoi Rome avait assuré jusqu’alors, la romanisation des peuples qu’elle avait vaincus ». On connait la chute…
En 14-18, nous nous sentons petits, devant des hommes éreintés, épuisés, mais résistants, animés par un « désir de revanche, de piété filiale et d’attachement à la terre de leurs ancêtres » : le patriotisme !
Dans ce voyage en compagnie de Thucydide, de Polybe, de Salluste, mais surtout, en compagnie des ombres, Michel de Jaeghere nous parle, tout simplement, de nous.

Cette France qu’on oublie d’aimer
D’Andreï Makine

Anne Borriello
Quel bonheur de lire Andrei Makine.

Pourtant , à la lecture de ce petit essai de moins de 100 pages, il nous viendrait presque un sentiment de honte. Car c’est à un russe de naissance qu’il revient de nous rappeler à quel point notre pays mérite d’être aimé. Et combien nous, Français, l’aimons parfois peu, et mal. Makine nous parle simplement, avec talent, de ces églises dans nos campagnes, de ces soldats oubliés sur nos monuments aux morts.

Puis, avec subtilité, il s’aventure sur un terrain plus dérangeant, loin du politiquement correct auquel nous sommes désormais habitués- voire condamnés : Avec humour, il dépeint ces intellectuels de gauche vivant dans le XVIème arrondissement, devenus spécialistes de la crise des banlieues et admirateurs de Mao. Sans langue de bois, il évoque une immigration qui pour la « première fois dans l’histoire de ce pays devient un échec », ce « dépérissement de la francité ». Sans tabou, il parle de communauté nationale, de discrimination positive, de responsabilité individuelle. 

Puis, brutalement, comme une gifle, ces mots. : 
« Les Français qui découvrent (il était temps) que toute une partie de la population dite française les hait...[..] On les hait parce qu’ils sont blancs, vaguement chrétiens, censément riches. On les hait parce qu’ils sont affaiblis, incertains de leur identité, enclins à la perpétuelle autoflagellation.[....]. On rejette la laïcité que les Français ont conquise dans d’âpres luttes. On se moque d’eux, car n’est-ce pas comique d’accueillir dans sa patrie, nourrir, loger, soigner ceux qui vous haïssent et vous méprisent ? ».

Non, ces phrases prophétiques ne datent pas de l’après Charlie. Elles ont été écrites en 2006. Qu’avons-nous fait depuis ? 
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