1. Que signifie pour vous « être de droite » ?
La droite est réactionnaire. La vraie droite. C'est sa vertu : la gauche (macroniste ou non) est si ennuyeuse et vaniteuse. Avec cette manie de croire que la Science est le début et la fin de l'humanité. Avec cette obsession de rationaliser les comportements humains, et, sans la moindre cohérence, de bâtir une église sans Dieu, avec ses dogmes, ses excommunications, ses saints, ses fêtes et sa liturgie. Et cette prétention d’incarner le progrès !
Le comble n'est pas que la gauche s'arroge le monopole de l'intelligence et de la morale ; de ce qui se dit, en somme, et de ce qui s'écrit. Mais c'est qu'on la croit ! Parfois, pour s'exciter et sortir de l'ordre moral, la gauche devient révolutionnaire : pas longtemps. Elle n'a jamais cultivé le courage et les vertus de l'homme de caractère : elle se réfugie dans les mouvements populaires et ne se donne à un chef que lorsqu’elle n’a pas le choix.
Les girondins se soumettent à Danton, Danton à l'argent, et tout le monde à Bonaparte. Pour faire comme les vrais, on s'encanaille à l'Odéon et l'on conspue les flics à distance. Ce n'est pas un hasard si certains d’entre nous ont honoré les seuls authentiques héros de la gauche : au mur des Fédérés.
Au fond nous avons beaucoup de raisons de ne pas aimer la gauche et d'être de droite.
Je n'ai pas dit « à droite ». Il ne faut pas confondre l'essence avec la situation géographique, les racines avec le statut du locataire.
Etre « de droite », c'est d'abord ne pas oublier. Avoir une filiation. Même si l'on ne connaît pas tous ses ancêtres. A gauche, on descend du singe. Toujours le scientisme ! A droite, comme l’écrit Tillinac, « des preux et des laboureurs ».
Je ne me suis jamais senti dans la peau d'un singe, mais enfant j'ai rêvé des cathares et des corsaires ; j'ai pleuré en apprenant l'humiliation de Vercingétorix et la victoire de Giap à Diên-Biên-Phu. Parlementaire ou maire, je n’ai jamais commémoré un 19 mars [1] honteux et tragique.
A droite, il est vrai, le souvenir se mêle au goût de la tragédie : mieux vaut un bel échec qu'une triste victoire. Car on n'oublie pas les héros disparus : « heureux les épis mûrs et les blés moissonnés ». Que nous disent ceux qui sont rentrés ? « Nous sommes là. Parmi les vivants. Comme vous, chez qui suinte l’ennui. »
Etre de droite, c'est cultiver l'émotion. Notre ivresse ne naît pas des systèmes : il faut être snob comme un homme de gauche pour se pâmer à la lecture de la Contribution à la critique de l'économie politique de Marx…
Les paysages de nos terroirs et la certitude que la France est un pays unique, aimé du monde entier, c'est sans doute pour cela que l'on ne peut être de droite sans être Français. Avez-vous entendu parler d'une droite anglaise ? Non ! Là-bas, on est conservateur ! Aux Etats-Unis ? Pas plus. Ce sont des républicains !
Au Maroc ? Impossible ! Ceux qui sont de gauche sont chez nous... Au Cambodge ? S'il y en a avait eu, il n'y en a plus...
La droite est donc d'abord française. La gauche ? Elle appartient plus souvent au « Monde ». La droite aime les vins de Loire - quand on est fauché, on se contente de Cheverny - les jardins à la française, le granit du Sidobre, la forêt d'Orléans.
Elle trouve son inspiration en de « hauts lieux où souffle l'esprit ». Elle cherche son axe en Corrèze plutôt qu’au Zambèze, et n'aime pas la Côte d'Azur.
Enracinée. Emotive : la droite est aussi ludique. « Que ferais-tu ? demandait-on à Saint François, si tu apprenais ta mort prochaine ? Je continuerai à jouer à la balle. ».
Qui l'eut crû ? Saint François était des nôtres.
La droite n'aime pas les bien-pensants : elle préfère les bienheureux. La droite, je le répète, la vraie, est rebelle dans l'âme et fidèle à la France : elle l'aime comme la « passante » de Baudelaire : « un éclair, puis la nuit, fugitive beauté dont le regard m'a fait soudainement renaître, ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?».
L'enthousiasme n'est jamais loin de la déception. Mais à la fin, à droite, on rit ! On rit de ceux qui croient au Progrès. Lisez Céline. On rit des riches. On rit avec le peuple. Le peuple sans majuscule : ce n'est pas un concept. On rit avec le peuple quand le peuple rit des malheurs des possédants.
La droite ne peut être consensuelle : elle trouve que le mot commence trop mal. Quand on n'a plus d'idées, on cherche le consensus. Cela évite de se battre pour rien. La gauche est experte à fabriquer du consensus lorsque cela l'arrange. Voyez le culte de Jaurès. Surtout dans le Tarn : ici, on n'a pas le droit de discuter son autorité morale. Célébré pompeusement à Carmaux par ses héritiers géographiques, il est même amoureusement fleuri, à date fixe, par les conservateurs de Castres.
Il est vrai que chez nous, on a toujours eu le culte de la parole. On oublie pudiquement le mot de Clemenceau : « je n'ai jamais connu un homme qui ait dit si peu de choses en autant de mots. » Gambetta et Clemenceau, à l'inverse, dérangent la gauche : ils ont trop le sens de l'Etat pour ne pas lui faire peur. Et puis Jaurès est un exclu, comme Marx : de sa propre société. Dans les « Sept femmes de la Barbe Bleue », Anatole France décrit Jaurès sous les traits de Jeronimo : « il ne se console pas de manquer d'aristocratie et d'élégance. Il n'est pas heureux ». Jaurès est un « piège à consensus ». L'instrument admirable d'une vieille propagande qui culpabilise ceux qui ne sont pas du même camp. Le cas n'est pas unique. Mais la méthode est toujours la même : avant de gagner les élections, la gauche dégoûte la droite du combat. Elle la prive de ses défenses quand elle ne s'approprie pas nos propres valeurs : l'émotion, la fête, l'enracinement, les libertés. En position de force, elle attire la droite sur son terrain et lui impose ses mots, ses codes, sa hiérarchie des valeurs. Mais qu'elle soit en position de faiblesse, et elle renoue avec les vertus du consensus.
La droite ne doit pas être consensuelle : elle se nourrit de « l'insécurité et de l'inquiétude, de la tourmente et de la bagarre [2] ».
La droite dans le fond incarne la noblesse du caractère et de la vie.
On conseillait, sous la Révolution, à la duchesse de Berry, de se cacher en ville, fondue dans l'anonymat : « paysanne, tant que vous voudrez, bourgeoise jamais ! »
Vous l'avez compris ? Elle aussi, était des nôtres ...
2. Pourquoi vous êtes-vous engagé en politique ? Quels rêves/idéaux vous animent ? Quelle lignes voudriez-vous faire bouger ?
Pour servir mon pays et mon terroir !
J’ai hérité de ma famille l’amour de la France et le respect admiratif de ses grands hommes : Clovis, Saint-Louis, Louis XIV, Colbert, Bonaparte, de Gaulle.
De ses nobles figures : Bayard et d’Estienne d’Orves. Et lorsque je confronte notre passé avec notre présent, j’ai le sentiment d’avoir changé de pays. Et pourtant, c’est le même pays. Nous ne sommes pas voués à subir ce qui est, à proprement parler, une douce décadence. Le gaullisme est la colonne vertébrale de la France. Je suis convaincu qu’une génération de rebelles et de résistants est en train de se lever sans se résumer à une droite qui serait « de droite ». Rassembler ceux qui n’en peuvent plus des soumissions de notre pays ; rassembler les français qui se sentent étrangers dans leur propre pays. Rassembler ceux qui savent que la souveraineté de notre pays est la clé de tout : et en particulier du droit à notre continuité historique.
3. Quels constats faites-vous sur le climat politique en général en France ? Quelles sont vos peurs ? Vos espoirs ?
Quand la médiocrité morale, l’amateurisme et l’arrogance se conjuguent, cela donne le macronisme, ultime avatar du socialisme mâtiné de faux libéralisme et de vrai esprit libertaire.
Il doit rester un accident de l’histoire. Cinq ans, c’est déjà trop. Pour la paix civile, il faut construire l’alternance.
« Il n’y a pas de fatalité de l’histoire » disait de Gaulle, « un mot, un geste, et le cours de l’histoire est détourné ».
Pour les amateurs de cuisine politique, « les carottes sont cuites » : « autant aider Emmanuel Macron, il n’y en a pas d’autres ». Mais qui le connaissait en 2016 ? Connaissons-nous celui qui doit lui succéder ? Ce n’est pas sûr. Je le répète : le temps est aux rebelles.
[1] Date du cessez-le-feu en Algérie, à partir duquel commencent en Algérie les massacres commis par le FLN, des harkis, des pieds noirs et des soldats métropolitains.
[2] Extrait de la « Prière du parachutiste », André Zirnheld, 1942.
Si l’idée de dualité droite-gauche semble depuis les dernières élections présidentielles et législatives, remise en question, il faut noter que la « droite » existe encore grâce à des valeurs communes et intemporelles, héritées du Général de Gaulle en 1958, et qui lui ont permis de façonner une France forte, fière de ses divers talents et de son aura historique.
Selon moi, être de droite s’articule autour de 4 grands axes :
Être de droite c’est aimer ses compatriotes et son prochain, d’où qu’il vienne, permettant de créer une véritable solidarité, synonyme d’une fraternité solide, tant à l’échelle nationale qu’européenne et internationale.
Être de droite c’est aussi l’amour du travail et le goût de l’effort, qui permettent l’ascension sociale et la création de relations humaines indispensables pour s’épanouir, mais aussi contribuent à la création de richesses collectives.
Être de droite c’est aussi aimer protéger, notamment les plus vulnérables en priorité.
Enfin être de droite, c’est aimer la liberté ; respecter les choix des autres, tout en respectant le choix de tous : appartenir à une communauté nationale, riche d’une diversité territoriale. Aimer la liberté c’est donc être fier de notre Démocratie ouverte sur le monde, et dont le régime républicain protège la liberté d’expression, la liberté d’aller et venir, et l’accessibilité à ce qui est juste : la Justice.
Pourquoi vous êtes-vous engagée en politique ? Quels rêves et quels idéaux vous animent ? Quelles lignes voudriez-vous faire bouger ?
Je me suis engagée en politique en 1983, pour la première campagne municipale de Dominique Baudis à Toulouse, pour répondre à une exigence de servir les autres. Elle m’anime toujours aujourd’hui en tant que conseillère municipale, ancienne adjointe au Maire en charge des seniors, et en tant que Sénatrice.
La réponse est au cœur de mon engagement politique. J’aime les toulousains, j’aime les haut-garonnais et j’aime aller à leur rencontre, pour les écouter, échanger, et prendre le pouls de la réalité de leur quotidien.
C’est aussi ce qui guide mon action au sein du Conseil municipal de Toulouse. Travailler aux côtés de Jean-Luc Moudenc, Maire de Toulouse, et Président de Toulouse Métropole, ainsi que pour ma circonscription est un moteur qui fait partie intégrante de moi et à l’origine des projets que j’ai conduits. Le fil rouge de mon investissement et de mon travail réside dans l’assurance de bonnes conditions de travail pour nos petits haut-garonnais, mais aussi dans l’accompagnement de nos seniors au quotidien. Protéger des plus jeunes aux plus anciens, avec une attention particulière pour les personnes en situation de handicap, guide toute l’action pour laquelle je me suis investie.
Pour ce qui est des lignes à faire bouger, il me semble, dans un premier temps, qu’il convient de redonner à nos enfants l’envie et le goût de travailler. Mais il faut aussi créer des conditions de vie de qualité pour nos seniors, ce qui passe par une revalorisation des salaires et une plus grande considération portée à l’ensemble des personnels mobilisé pour nos ainés, dans les EHPAD et les services d’aide à domicile.
Quels constats faites-vous sur le climat politique en général en France ? Quelles sont vos peurs et vos espoirs ?
Cette question me sensibilise particulièrement en ces temps difficiles où la France doit faire face à un problème de santé publique jamais vu, avec de lourdes conséquences économiques, sociétales et culturelles.
Concernant la santé, la situation, révélée au grand jour récemment, des personnels soignants, doit être améliorée. Cette crise a confirmé que l’Hôpital public manquait de moyens. Il faut y remédier. La Commission des affaires sociales dont je suis membre au Sénat a, à plusieurs reprises, alerté sur ce sujet.
S’agissant du contexte économique, c’est tout un système qui est altéré. La dette publique est beaucoup trop importante, et la fiscalité beaucoup trop forte ! Faire partie des pays les plus endettés d’Europe et les plus fiscalisés n’est plus supportable pour les français.
Relativement aux problèmes sociétal et culturel, de trop nombreux territoires sont en marge de notre pays, et ne partagent malheureusement que trop peu les principes que j’ai détaillés auparavant. Il faut lutter contre l’insécurité, le trafic de stupéfiants et toute forme de radicalisation, qui menacent nos valeurs. Il faut redonner espoir aux territoires perdus de la République. Il faut une Justice plus ferme, une remise en place des peines planchers, une aide pour les jeunes qui ont décroché du système scolaire…
Mes craintes résident dans un manque de réactivité face à tous les problèmes énoncés, et mes espoirs, quant à eux, sont fondés sur les solutions qui intègrent un travail de fond en concertation avec les territoires.
Nouvel interview très intéressant autour de nos 3 questions avec Patrick Beissel, conseiller municipal et métropolitain de Tournefeuille, et délégué départemental de Force Républicaine
Que signifie pour vous « être de droite »?
D’abord je n’ai pas honte d’être de droite et de l’afficher. Combien de fois, et encore aujourd’hui, reconnaitre que l’on est de droite vous fait passer illico pour un extrémiste.
En vrac, être de droite c’est : Reconnaitre le mérite. Respecter les choix issus des urnes. Aider plus qu’assister. Accueillir ceux qui souhaitent vivre chez nous s’ils adoptent nos règles de vie. Arrêter de s’auto-flageller parce que, vues d’aujourd’hui, des décisions anciennes ne seraient plus acceptables. Etre pour un Etat fort dans ses missions régaliennes. Refuser le « politiquement correct ». Responsabiliser les gens de leurs actes et ce dès l’école. Mettre fin aux incivilités quotidiennes. Refuser la présence de zones de non-droit sur notre territoire.
Bref, tout ce qui ne se fait plus beaucoup aujourd’hui.
Pourquoi vous êtes-vous engagés en politique ? Quels rêves/quels idéaux vous animent ? Quelles lignes voudriez-vous faire bouger?
Je n’ai jamais été engagé politiquement de manière active. J’ai passé la plus grande partie de ma carrière professionnelle à l’étranger, ce qui rendait la chose difficile. Ce qui ne m’a jamais empêché d’avoir des convictions et de les défendre .Je m’étais toujours dit qu’à la retraite, j’essaierais d’avoir un rôle dans la commune où je résiderais. C’est venu plus tôt que prévu en 2007, lors de la Campagne Sarkozy. Elu à Tournefeuille en 2008, puis en 2014, et toujours dans l’opposition. J’ai pris une part très active à la campagne Fillon.
J’avais une vision un peu naïve de la politique communale. Je pensais que les clivages Droite-Gauche pouvaient être mis de côté quand il s’agissait de décisions très locales. Mission impossible, il est d’ailleurs singulier qu’à chaque fois qu’un maire est interrogé par les médias sur une décision purement locale, on indique son appartenance politique, comme si cela pouvait avoir une influence.
Cet exercice est d’autant plus difficile que Tournefeuille revêt un poids politique important dans la stratégie métropolitaine et on ne peut être, et dans l’opposition, et prendre une part active aux décisions relatives à la commune. Certains ont essayés, sans succès. Les décisions locales sont parfois contradictoires avec les décisions métropolitaines. Il nous est arrivé, élus de la majorité comme de l’opposition, de devoir voter différemment en Conseil Municipal et en Conseil Métropolitain.
Ce que je déplore, et surtout à l’approche des échéances électorales, c’est le côté systématique des postures. « Vous n’êtes pas de mon camp, dès lors vous vous trompez ». On le constate aujourd’hui avec la crise du coronavirus. Certes le gouvernement n’a pas toujours été cohérent dans la gestion. Mais ceux qui critiquent auraient-ils été meilleurs ? On a critiqué Roselyne Bachelot qui avait commandé trop de vaccins…. Et aujourd’hui elle est encensée.
Au plan national, on ne peut éviter clivage droit-gauche. Il
y a des différences fondamentales entre les deux approches. Mais le discours de
droite doit être plus clair. Il s’est au cours des années trop imprégné de
discours centristes qui l’éloignent de ses valeurs première. A force de ne pas
vouloir répondre, en les niant, aux
questions soulevées par les plus
extrêmes parmi les gens de droite, on a complétement perdu notre âme.
Quels constats faites-vous sur le climat politique en général en France? Quelles sont vos peurs? Vos espoirs?
En 2012 nous devions avoir une campagne « Sarkozy - Strauss Kahn », on a eu Hollande. En 2017, nous devions avoir une campagne « Fillon - Le Pen », on a eu Macron. L’homme, ou la femme que l’on attend, n’est pas au rendez-vous. A chaque fois pour des éléments annexes, même si on ne doit pas les cautionner.
De Gaulle disait déjà que la France était un pays difficile à gouverner. J’ai le sentiment aujourd’hui que cela devient de plus en plus impossible. Quelle que soit la décision prise, il y a toujours une minorité agissante pour contrecarrer et faire basculer la décision. Les syndicats, les gilets jaunes, les zadistes… et cela dans la rue et non plus dans les urnes. Les élus et le gouvernement n’ont plus aucune autorité. Forcé de rendre des comptes au quotidien, tantôt critiqué par l’un, tantôt par l’autre, aucune action sur le long terme ne peut être menée. On gère au jour le jour. Les médias, surtout les chaines d’info continue, ne filtrent plus aucune information et laissent parler n’importe qui sur des sujets qu’ils ne maîtrisent pas et qui deviennent une vérité première parce que « Vu à la télé »
Personne ne fait plus confiance aux politiques. Cela se traduit dans les urnes par des taux d’abstention de plus en plus importants.
La droite est devenue peureuse et tente le compromis permanent. Elle en oublie ses valeurs. Trop de voix discordantes au sein des LR, refus de prendre en compte les raisons pour lesquelles une grande partie de notre peuple se tourne vers d’autres horizons.
J’attends l’homme providentiel. C’est dans les gênes de la droite que d’avoir un patron « naturel » comme l’était Nicola Sarkozy. Les primaires ne servent qu’à semer la zizanie.
Faire de la politique ce n’est pas à mes yeux plaire aux électeurs du prochain vote, mais avoir une vision à long terme, même si cela doit faire mal.
Les prochains mois seront intéressants à vivre. Quand je pense que nos ainés n’ont pas hésité à partir en guerre et rentrer en résistance alors que le souci de la plupart des gens est aujourd’hui de savoir si l’on va pouvoir se promener sur les plages.
Suite de notre série d'interviewsavec Jean-Marie Belin, personnalité politique de la droite toulousaine : journaliste, candidat aux législatives en 2007, 4ème de la liste UMP dans le Sud-Ouest aux Européennes de 2014, responsable régional des équipes de François Fillon en 2017 et, depuis 2017, vice président d'Objectif France auprès de Rafik Smati et Bertrand Soubelet.
1. Que signifie pour vous « être de droite » ?
Cette question m’interpelle. J’ignore si je suis de droite. Ou alors, n’étant pas de gauche, par opposition, suis-je de droite ? Ces concepts sont éculés. Quand j’ai milité pour l’abolition de la peine de mort, où étais-je ? Je me sens profondément conservateur pour les valeurs, attaché à mes racines rhénanes et chrétiennes ; et libéral pour l’économie, en privilégiant l’entreprise. Je donne la priorité à la France avant la République. Je me sens l’héritier d’une tradition, d’une richesse ; il me revient de les améliorer ; puis de les transmettre. Je mets en avant la personne et non l’individu. J’aime l’ordre pour que la vie de tous soit plus facile et l’autorité pour le faire respecter, dans une société qui doit vivre en paix.
En répondant par les contraires, je ne suis ni déraciné, ni mondialiste, ce qui, à mes yeux, ne veut rien dire ! Dans le domaine moral ou religieux, je déteste le relativisme, posture de tous les abandons et toutes les facilités… Si je devais aller chercher des comparaisons, disons que je préfère Pompidou à de Gaulle et Jean-Paul II, voire Benoit XVI, au Pape François. L’engagement libéral (authentique et non dévoyé comme il l’est aujourd’hui par de pseudo-libéraux qui, n’y croyant pas eux-mêmes, s’appellent des néo-libéraux !) est à mes yeux le seul garant contre le retour des totalitarismes, et en premier l’islamisme.
2. Pourquoi vous êtes-vous engagés en politique / dans le syndicalisme ? Quels rêves / idéaux vous animent ? quelles lignes voudriez-vous faire bouger ?
Mon métier, le journalisme, m’a conduit à observer, à rencontrer, à interviewer bien des femmes et des hommes politiques, en France et en Europe. Parler de ceux qui “font“ m’a donné envie à mon tour de “faire“. Observer est, à la longue, un peu trop confortable, et facile. Mais c’était imprudent et osé : les journalistes avaient (et ont toujours…) les engagements, militants même, faciles à gauche ; j’ai voulu faire preuve d’originalité, casser le moule, et mal m’en a pris, mais j’ai poursuivi malgré tout. Etre marginal a du charme…
Au-delà de l’anecdote, une rencontre, suivie d’autres, m’avait marqué. Un homme m’avait séduit par son intelligence et sa vision de la France et de l’Europe. Je l’ai suivi, du début des années 80 jusqu’à sa mort. C’était Raymond Barre. J’avais pour lui du respect, de l’admiration puis de l’affection. Mon entourage la partageait. Décider de suivre cet homme d’Etat revenait à écouter la raison ; le cœur a très vite complété la raison… Mon engagement politique sérieux date de ces rencontres là. J’ai été fier de le servir. Mes engagements éphémères d’étudiant n’avaient pas à être reniés : avec Pierre Mendes-France (avec qui j’ai correspondu !) puis Michel Rocard, c’étaient les prémisses de la même intelligence politique, une lignée de sérieux qu’eux-mêmes ne reniaient pas. J’ai eu la chance aussi d’être “adopté“ par une femme exceptionnelle qui m’a beaucoup appris, Madame Simone Veil. C’est elle qui m’a convaincu qu’il ne fallait pas choisir un camp, mais des idées et les défendre. Elle était libérale et se disait elle-même proche de la gauche pour certaines idées, de la droite pour d’autres. D’avoir fait partie de ceux, pas très nombreux, qui ont contribué à acheter l’épée d’académicienne de Madame Simone Veil est une profonde fierté. Ces deux grandes figures se respectaient mais n’étaient pas d’un amour débordant l’une pour l’autre ; j’ai eu l’immense honneur et le très grand plaisir de les réunir autour de moi, tous les deux, ensemble, pour une cérémonie au Quai d’Orsay. De l’un comme de l’autre, je garde des remarques personnelles, des réflexions, des conseils, des manuscrits et des écrits qui me tiennent compagnie encore aujourd’hui. Ils sont pour moi, très au-dessus du lot, tout en haut de la montagne, là où l’air est plus pur.
Dans la méthode de travail, dans la qualité et le sérieux du programme de François Fillon, j’avais trouvé des analogies. Je l’ai suivi et je ne renie pas cet engagement qui fut passionnant. Je crois que le temps lui rendra justice et raison. Les complots et les bassesses de sa propre famille, les ambitions stupides d’une pseudo extrême droite opportuniste, ont privé le pays d’un homme d’expérience et de grand talent. Il était le seul à pouvoir faire la synthèse indispensable des trois droites républicaines qui ont traversé la France : la droite bonapartiste autoritaire, l'orléaniste libérale et modernisatrice, et la légitimiste, conservatrice. Son programme était à la fois conservateur, libéral et national, sans aucune concession au centre et à l’extrême droite. Son succès massif à la primaire s’expliquait par la cohérence du projet dans lequel toutes les familles de la droite d’alors se reconnaissaient. Nul ne peut aujourd’hui les incarner toutes à la fois, et nul ne s’en annonce capable dans les années à venir. C’est donc hors de ce champ partisan que viendra la solution…
3. Quels constats faites-vous sur le climat politique en général en France ? Quelles sont vos peurs ? Vos espoirs ?
La peur est mauvaise conseillère et l’espoir est le plus fort. La crise vient de ce que le pays, la France, a une colonne vertébrale infiniment plus solide que ceux qui la gouvernent, notamment depuis huit ans. Le hiatus devient criant. La colère aujourd’hui me parait très profonde et sourde, au cœur du peuple, et les politiques ne la perçoivent pas tant ils sont obnubilés par la conquête ou la conservation du pouvoir. Ils seront surpris de la violence de son expression qui me parait inéluctable. Il faudra bâtir autre chose et avec d’autres. Ecouter les gens de terrain responsables, les entrepreneurs en premier, les chercheurs, les professeurs, les intermédiaires, les “sachants de la vraie vie“ qui n’est pas celle des palais de la République ou des mairies de grandes villes, pas celle des sièges politiques ou syndicaux, et faire comme ils l’auront décidé ou indiqué. Redonner sa place à la société civile, pleine et entière. Il faudra aussi réfléchir, et assez vite et assez tôt, non à notre démocratie, mais à son système électoral qui peut conduire à cette situation inacceptable, certes légale, mais point légitime, de l’exercice solitaire par le Président de la République, d’un pouvoir arrogant, autoritaire et régalien, monarchique presque, alors qu’il a été choisi par 18,6 % des électeurs inscrits dans le pays, et donc non désiré ou souhaité par plus de 4 électeurs sur 5 ! Ce sont peut-être eux, à ses yeux, ces « gens qui ne sont rien », alors qu’ils sont l’essentiel et que rien ne se fera de bien sans eux…
Il faudra inventer… Je crois le conservatisme moderne, créatif, décoiffant, décomplexé, possible dans ce pays. Il n’est pas tourné vers le passé, il ne signifie pas immobilisme, ni retour à la tradition même s’il récuse le progressisme si appauvrissant. Qu’il rejette la mondialisation destructrice des identités devrait rassurer dans ce monde des valeurs relatives. Le conservateur moderne est le vrai adversaire du progressiste mondialiste à la mode Macron, alors que les populistes et les nationalistes de tout poil font son jeu. Le mariage difficile à réaliser, mais si prometteur, sera celui du conservatisme et du libéralisme, qui correspond à l’attente profonde d’une bonne partie de Français, un bon quart probablement… N’oublions pas que, malgré les “affaires“, le socle de Fillon est demeuré à 20% de l’électorat ; il faut le retrouver. Dans le parti Objectif France, nous entendons bien cette phrase qui résumait la ligne conservatrice de Casimir Périer : « A l’intérieur l’ordre, sans sacrifice pour la liberté. A l’extérieur la paix, sans qu’il en coûte à l’honneur. ». Adaptés au XXIème siècle, nos préceptes d’ordre et d’autorité sont primordiaux, tant à l’intérieur, France et UE, qu’à l’extérieur. Nous adapter à notre temps pour transmettre dans un pays en paix avec lui-même (qu’on en est loin !), nos valeurs, nos acquis, nos richesses, et aujourd’hui les avancées pour l’environnement et la planète, c’est bien plus qu’une utopie, c’est un projet qui est déjà le fondement du programme d’Objectif France.
Nous poursuivons cette série d'interviews avec Olivier Arsac
, adjoint au maire à Toulouse en charge de la prévention et de la sécurité, sans étiquette maisfier de ses valeurs de droite(une qualité rare au sein du conseil municipal toulousain !).
Olivier Arsac, que signifie pour vous « Etre de Droite » ?
Bien sûr, et heureusement, un certain nombre de valeurs sont communes à la Gauche et à la Droite, constituant ainsi le creuset national républicain. Cependant, il me semble que les gens de Droite, plus que les gens de Gauche, ont un attachement très fort à l’indépendance Nationale et au contrôle de l’immigration. Ils sont pour l’assimilation des immigrés tandis que les gens de gauche se contentent de leur intégration.
De plus, les gens de Droite ne supportent pas le désordre. C’est la raison pour laquelle ils ont un attachement particulier à l’autorité l’Etat. Plus que les gens de gauche, qui eux se sentent citoyen du monde, ils sont attachés à la grandeur de la France qui ne peut pas, d’après eux, se fondre dans des grands ensembles tels que l’OTAN ou l’Europe, parce qu’ils sont d’abord citoyens de la France.
Bien sûr, au sein même de la Droite, il y a plusieurs nuances et vous l’avez compris, moi-même je m’inscris dans la tradition Gaulliste, parfois dit-on aussi Souverainiste. Pour moi, le principe de liberté doit primer, en tout cas sur le plan micro-économique. L’excès de règles et de normes qui entravent les PME est très pénible. Mais en même temps cette liberté doit être encadrée sur le plan macro-économique. En quelque sorte, je suis Colbertiste sur le plan macro-économique. J’adhère assez facilement à l’idée que l’économie soit régulée à travers les grands leviers, les grandes institutions bancaires et industrielles, le contrôle des flux, et dirigée par l’Etat.
Enfin, comme tout Gaulliste, j’ai une fibre sociale. Mais il y a social et social. Pour moi, le vrai social c’est la qualité des services publics et non pas distribuer inconsidérément de l’argent à des gens qui ne travaillent pas. Les gens de Droite sont attachés au social mais détestent l’assistanat.
Telle est mon identité politique.
Pourquoi vous êtes-vous engagé en politique ?
Enfant, j’étais tellement passionné par l’Histoire de France, qu’il en découla rapidement l’envie d’un engagement politique aux côtés de ceux qui étaient le plus attachés à la grandeur de la France et c’est ainsi que je m’orientai vers les mouvements Gaullistes.
Ma première campagne électorale était la campagne pour le « Non » au traité de Maastricht. J’ai ensuite poursuivi au RPR, tendance Pasqua/Seguin, puis aux côtés de Charles Pasqua. J’ai également soutenu Jean-Pierre Chevènement à l’époque où il se posait comme l’homme de la Nation. Plus récemment, Nicolas Dupont-Aignan, pour son combat valeureux, eut mon soutien. Aujourd’hui, j’observe quelques jeunes Députés, tel que Julien Aubert, porter encore la flamme…
Quelle ligne voudriez-vous faire bouger ?
Plus qu’une ligne à faire bouger, je rêve d’un renversement total de la politique nationale depuis Giscard. La France s’oriente toujours plus vers une financiarisation, vers une ouverture des frontières, vers un affaiblissement de l’Etat et vers plus d’immigration tandis que la qualité des services publics, et l’immigration n’y est pas étrangère, s’affaisse.
Je rêve d’un retour aux sources où l’Etat s’occupe des choses essentielles et pour cela je suis conscient qu’il faudra un jour renverser la table et revenir sur des engagements que trop de personnes n’osent pas, aujourd’hui, remettre en cause. A titre d’exemple, sortons de l’OTAN, sortons de l’Euro !
Sortir de l’OTAN pour retrouver une grandeur diplomatique, sortir de l’Euro pour retrouver des marges économiques et les vertus de la dévaluation compétitive, sont des solutions que l’on a oubliées et qui, pourtant, avaient fait leurs preuves.
De même, affecter l’argent aux domaines régaliens et aux grands services publics, ou abreuver le peuple en aides sociales nombreuses et généreuses, il faudra choisir !
Quel constat faites-vous sur le climat politique en général ? Quels sont vos peurs et vos espoirs ?
Pour moi, le Président Macron est le Président du néant.
Il n’a pas de colonne vertébrale ni d’ambition. Son règne est le règne du tout et de son contraire. Il est capable d’aller en Vendée célébrer l’histoire de France et d’aller en Algérie célébrer la repentance. Il est capable, en pleine crise sanitaire du Coronavirus, de souhaiter le retour de la souveraineté industrielle alors que, quand il était conseiller du Président Hollande, il a organisé la vente des turbines nucléaires d’Alstom aux Américains.
Comment lui faire confiance ?
De même, si par le passé, la Gauche s’honorait de compter dans ses rangs des personnes brillantes comme Chevènement, il n’y a plus aujourd’hui qu’une gauche mondialiste et des minorités, et une gauche de l’écologie utopique qui rejette le progrès et la science. Cette gauche utopique qui sera celle des coupures d’électricité et des collusions avec l’islamisme.
A Droite, je me désole que LR soit sans ligne politique et sans leader.
Plus à Droite encore, le Rassemblement National qui tient le même discours que le RPR d’il y a trente ans mais parce qu’il s’appelle Rassemblement National et est dirigé par la famille Le Pen, empêche la Droite de s’unir et d’apporter une alternative. Se faisant, le Rassemblement National sert le système plus qu’il ne le combat.
Évidemment, tout cela est déprimant et la perspective d’un second tour Macron/Le Pen pour 2022 désole le corps électoral. Et pourtant, j’observe que la fracture sociale est toujours là à laquelle s’est ajoutée une fracture géographique, une fracture politique et même une fracture ethnico-religieuse que le président lui-même résume par l’expression « séparatisme islamique ».
Mais la France a régulièrement connu ce genre de périodes. Souvenons-nous que la période révolutionnaire de 1789/1799 fut une période de grands tumultes et de grands désordres. Souvenons-nous que Richelieu part à la conquête des places fortes protestantes parce que les régions protestantes n’obéissent plus au roi de France et que le royaume est au bord de la scission.
A chaque fois, ces périodes ont toujours fait émerger des grands hommes qui ont rétabli l’ordre, la puissance de l’Etat, l’harmonie et le progrès. Richelieu d’une part, Bonaparte d’autre part. Plus récemment, le Général de Gaulle.
L’espoir n’est donc pas tout à fait mort pour que la France reste éternelle.