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Irresponsabilité pénale ou irresponsabilité ministérielle ?

  • par Natacha Gray
  • 20 juin, 2019

Nicole Belloubet, Garde des Sceaux, vient de faire part de son intention de fixer le seuil de l’irresponsabilité pénale à treize ans, déclenchant quelques prises de position favorables, notamment de membres du Syndicat de la Magistrature dont on connaît les engagements très à gauche, mais avant tout un torrent de protestations, surtout à droite. 

Qu’en est-il exactement ? L’article ci-dessous fait le point longuement sur l’état très inquiétant de la délinquance des mineurs qui justifiait, jusqu’à présent, un certain consensus sur la nécessité de faire évoluer l’ordonnance de 1945, jugée inadaptée à la situation actuelle, dans le sens d’un durcissement. A contre-courant de la tendance générale, le projet Belloubet se dirige a contrario vers l’irresponsabilité pénale des mineurs de moins de treize ans, dont la part dans la délinquance des jeunes est pourtant en progression inquiétante. Même si dans les faits cette mesure ne va pas changer grand-chose à la situation, un enfant n’allant jamais en prison et les peines prononcées, quand il y en a, étant strictement éducatives, c’est pour beaucoup, sur le plan symbolique, un très mauvais signal, celui d’une impunité renforcée et d’une totale invisibilité de l’acte délictueux, que l’on donne d’une part à de jeunes délinquants souvent récidivistes qui défient déjà en permanence, conscients de ne pas craindre grand-chose, l’autorité parentale, policière, judiciaire, professorale, d’autre part aux réseaux crapuleux qui utilisent déjà de plus en plus fréquemment ces « intouchables » en raison, précisément, de leur impunité.

Pourquoi cet article sur Lignes Droites ? D’une part parce que la droite peut, au moins sur ce sujet précis, se rattraper de la négligence dans laquelle, dans un contexte national entièrement monopolisé par la crise des Gilets Jaunes, elle a laissé adopter en décembre dernier une réforme judiciaire de grande ampleur, votée dans l’indifférence générale, à l’exception des principaux intéressés (collectifs d’avocats, de magistrats, de greffiers dénonçant, entre autres, une Justice déshumanisée, privatisée et ubérisée). Mais au-delà des arguments apportés au moulin de ceux qui se dressent contre le projet Belloubet, il s’agit de pointer en quoi l’évolution envisagée est l’archétype d’une certaine gauche et, en tous cas, le modèle de tout ce que n’est pas, ne doit pas être, la droite. A l’heure où celle-ci, du moins ceux qui dans ses rangs n’ont pas rejoint la majorité présidentielle, cherche aujourd’hui, dans la débâcle électorale, à se définir quelque part entre la République en marche et le Rassemblement national, il est sans doute possible de trouver, au travers de cet exemple éloquent, matière à tracer les contours de ce que la « vraie » droite n’est pas et ne devra jamais être, que ce soit en termes de méthodes, d’idées ou de valeurs. Et de se souvenir, ce faisant, de ses fondamentaux indissociables : liberté, responsabilité, pragmatisme.

Le lecteur qui souhaite trouver matière à comprendre et à se faire un avis sur la question pénale pourra s’informer en parcourant les premiers chapitres (1. Le constat ; 2. Une délinquance aux causes multiples ; 3. … dopée par le sentiment d’impunité ; 4. Un projet irresponsable et à contre-courant).

Celui qui s’intéresse avant tout aux enseignements à tirer pour la droite en reconstruction peut directement se référer au dernier chapitre : 5. De quoi Nicole Belloubet est-elle le nom ?

 

1.   Le constat : la délinquance des mineurs, un fléau en constante augmentation

La délinquance des mineurs, et plus généralement de ceux que les médias appellent pudiquement les « jeunes », même lorsqu’ils n’ont plus l’excuse de minorité, est un fléau en inquiétante augmentation. Ils sont même les principaux responsables des dégradations, agressions, violences et du climat de terreur qui règnent sur certains quartiers de jour et de nuit. Les statistiques (Chancellerie et Infostats Justice) et témoignages de terrain sont sans appel, même si elles sont considérablement minorées par rapport à la réalité: les chiffres officiels ne prennent en effet en compte que les affaires élucidées dont les auteurs ont été identifiés, ce qui ne se prête guère à la délinquance de rue (bandes mobiles, pas toujours identifiables ou refus d’identification de la part de victimes terrorisées par les menaces de représailles…). Encore faut-il qu’une plainte ait été déposée, ce qui exclut, comme d’ailleurs pour les faits de sexisme, d’homophobie, d’antisémitisme, la majorité des délits de petite, voire de grande, délinquance par peur d’une réaction de l’agresseur, certitude d’une démarche que l’on sait d’avance inutile car on ne retrouvera pas les coupables ou parce que l’on sait qu’ils resteront impunis.

Si l’on ne s’attache qu’aux mineurs parmi ces délinquants, le premier constat est qu’ils sont de plus en plus nombreux à commettre des délits, et de plus en plus violents, y compris entre eux. Ils se sont également féminisés. Et ils sont de plus en plus actifs : les faits qui leur sont reprochés ont bondi de plus de 50% en vingt ans, avec une nette accélération ces cinq dernières années. Leurs exactions sont aussi de plus en plus graves : aux « bêtises » traditionnelles (qui ont parfois, surtout en matière d’incendie, des conséquences mortelles!) comme les tags sur les murs, feux de poubelle, vandalisme sur le mobilier urbain, les incendies de voitures, les vols à l’arrachée, le trafic de stupéfiant, se sont ajoutés ce que la Chancellerie nomme des « faits particulièrement graves » et qui, selon les statistiques (sources de 2015) ont bondi de 58% en dix ans : dégradations à grande échelle (destruction de stades, mise à sac d’écoles), cambriolages non opportunistes –i.e programmés-, vols avec armes, généralement un couteau même si les armes à feu circulent aussi dans les zones de non-droit, augmentation significative des violences physiques non crapuleuses (en clair , les coups et blessures dits « gratuits »), les agressions sexuelles qui concernaient déjà, il y a quatre ans, 21% des mineurs interpellés pour des délits , et même des crimes (vengeances et assassinats entre adolescents pour un regard, une rivalité amoureuse, une dispute, une volonté d’appropriation d’un bien…). En 2019, 57% des infractions commises par les mineurs sont des atteintes violentes aux personnes !

Ils sont aussi de plus en plus jeunes : dans ce contexte d’explosion de la délinquance des mineurs, celle qui touche les moins de 13 ans augmente plus rapidement que dans les autres tranches d’âge. Si l’on cherche par exemple sur Internet la liste des écoles incendiées ou vandalisées, on tombe sur des listes interminables à la lecture desquelles on apprend que les auteurs, une fois identifiés, se révèlent être souvent des jeunes de 9 à 13 ans. C’est pourquoi de nombreux maires ont été contraints de mettre en place des couvre-feux pour les mineurs (comme celui de Marmande en octobre dernier), le dernier en date étant celui de Mazingarbe (juin 2019), près de Lens, explicitement destiné à empêcher les enfants de moins de 13 ans de traîner dans les rues entre 23h et 6 h du matin et mettre fin au climat de terreur dénoncé par les habitants (violences physiques, vols, feux de poubelles, mobilier urbain dégradé, représailles en cas de résistance…). Ajoutons que les très jeunes, en raison de leur impunité pénale, sont notamment utilisés par les dealers ou des réseaux pour le trafic de stupéfiant ou les vols.

 

2.   Une délinquance aux causes multiples

Il n’est pas question ici de s’enfoncer dans le maquis des causes de cette augmentation exponentielle de la délinquance des jeunes, et notamment des très jeunes, qui s’inscrivent d’ailleurs d’une part dans un constat d’ensauvagement de la société française, d’hystérisation des rapports entre individus dont ces enfants et adolescents violents ne sont, finalement, que le reflet, d’autre part dans la multiplication des zones de non-droit, « territoires perdus de la République » où enfants et pré-adolescents sont largement utilisés par des réseaux crapuleux.

 Emissions violentes, jeux-vidéos, réseaux sociaux, sexualité dépersonnalisée et ostentatoire, tout concourt à banaliser la violence voire l’éradication de celui qui gêne. L’enfant n’est plus un enfant : grâce aux films, aux jeux, à Internet, il connaît ses droits, qui sont immenses par rapport à ses devoirs, la loi, le moyen de la contourner, il sait et voit la violence du monde, à commencer celle d’autres enfants-soldats médiatisés que certains prennent comme modèles, il n’ignore rien de ce que l’on appelait « la vie », notamment en termes de sexualité, d’image stéréotypée de la virilité ou de la femme, et il tente à son tour de s’y conformer.

Les flux de migrants que la République n’intègre ni n’assimile plus, faute de moyens d’un côté, d’une réelle volonté d’assimilation pour certains de l’autre, ont ajouté un nouveau paramètre, surtout lorsqu’il s’inscrit, comme dans les autres cas, dans un phénomène de bande et d’affirmation de soi face au groupe.

Ces jeunes, notamment dans les quartiers dits difficiles, s’ils ne tombent pas d’eux-mêmes dans la délinquance, par imitation, envie d’appropriation, problème psychologique, sont de plus en plus sollicités par les grands frères et des bandes organisées, voire par de véritables réseaux crapuleux dont certains donnent leurs ordres depuis l’étranger car l’enfant de moins de 13 ans ne peut être poursuivi pénalement, ni être mis en garde à vue. Un article récent du Figaro témoignait du phénomène des « mineurs marocains » (dont très peu sont marocains, environ 1 sur 6, et encore moins sont réellement mineurs), qui agissent en bande au cœur de certaines grandes villes qu’ils écument (vols avec violence, agressions au couteau), ne parlant que peu le français mais parfaitement au courant de leurs droits et de leur impunité « en tant que mineurs », qu’ils récitent comme une fiche apprise par cœur, probablement briefés à l’avance par les personnes qui les manipulent et les utilisent au sein de ces filières organisées. Le même phénomène est connu depuis longtemps avec les enfants liés à des réseaux de Roms d’Europe de l’Est qui les envoient sur des vols à l’étalage, à l’arrachée, à la roulotte.

Il faut également prendre en compte l’islamisme radical qui, dans certains quartiers, en liant habilement les trafics illégaux et la question identitaire, justifie les agressions contre des mécréants et dresse des jeunes esprits manipulables contre la société française, et, au-delà, sa législation et ceux qui sont chargés de faire respecter les règles.

Dans les mêmes quartiers mais également dans des zones plus huppées, sont également à considérer l’effondrement des valeurs et le désengagement de parents dépassés ou négligents qui se reposent sur l’Ecole qui n’instruit plus mais est censée « éduquer » leurs gosses et pallier les carences parentales. Sauf que cette mission-là, l’’Ecole-nounou n’est plus en mesure de l’exercer correctement non plus.

Car à l’amont de la délinquance juvénile, on trouve évidemment l’échec de l’Education Nationale où les enseignants, dépouillés de toute autorité, voire discrédités et moqués, souvent méprisés et calomniés, longtemps soumis aux théories pédagogistes qui avaient envahi cabinets ministériels et Rectorats et qui dissimulent l’impuissance sous le beau nom de « bienveillance » (ne pas punir, ne pas contrarier, ne pas ennuyer l’élève, l’amuser, ne pas lui demander d’effort et surtout lui éviter toute frustration), n’ont plus les moyens d’instruire et encore moins d’éduquer des enfants-roi à qui l’on a donné tous les droits sans jamais exiger d’eux aucun devoir.

Le sentiment d’impunité s’acquiert tôt, de la famille démissionnaire ou contaminée par la bienveillance et l’égalitarisme (l’enfant est l’égal de l’adulte) à l’Ecole désarmée où, à l’inverse de leurs usagers, les enseignants sont désormais systématiquement soumis, par les parents et leur administration obnubilée par le « pas de vagues », à la « présomption de culpabilité ». Et c’est bien là que réside, dans leur impunité, et le fait qu’ils en ont parfaitement conscience, le principal problème qui empêche de regarder en face la question de la délinquance des mineurs.

 

3.   Une délinquance dopée par le sentiment d’impunité.

A dire vrai cette impunité, plus qu’un sentiment, est une réalité juridique dont les conséquences sont désastreuses.

La majorité pénale est fixée à 18 ans, âge à partir duquel les prévenus sont jugés selon des procédures de droit commun. Pour les mineurs, depuis l’ordonnance de 1945, les infractions, voire crimes et délits, sont jugés selon une procédure spécifique par des juges et tribunaux pour enfants. Cette Justice des mineurs privilégie les réponses éducatives à l’action pénale, en d’autres termes c’est une sorte d’action sociale judiciarisée qui considère le délinquant comme une victime à rééduquer. Et pour les moins de 13 ans, l’incarcération est impossible et ils ne peuvent pas être mis en garde à vue. Ceci dit, pour les plus de 13 ans, la détention, généralement provisoire, reste également une mesure grave et exceptionnelle.

Il n’y a pas, pour l’instant, d’«irresponsabilité pénale » pour autant: un juge peut aujourd’hui mettre l’enfant en examen et examiner les faits en fonction de la capacité de discernement du jeune délinquant que des spécialistes et lui-même sont chargés d’évaluer (et que la plupart des experts situent entre 7 et 8 ans) . Avant dix ans la sanction consiste exclusivement en mesures éducatives : remise aux parents, services d’assistance à l’enfance, placement dans un établissement spécialisé…. Entre 10 et 13 ans des sanctions peuvent s’appliquer : interdiction de fréquenter certaines personnes, travaux scolaires, confiscation d’objets, stages de formation civique …. Entre 13 et 18 ans des peines plus lourdes sont possibles, dont la prison qui reste une mesure très rarement appliquée, ne serait-ce que faute de moyens (voir ci-dessous).

L’année dernière on a ainsi pu voir un juge mettre en examen un enfant de dix ans, coupable d’avoir volontairement incendié une tour à Aubervilliers et qui avait causé le décès d’une mère et de ses trois enfants. La sanction a été une mesure d’éloignement. Cette sanction peut paraître dérisoire mais elle n’a été possible, justement, que parce qu’il n’y a pas à ce jour d’irresponsabilité pénale des mineurs.

 

Le problème toutefois est que même les mesures éducatives (sanctions que l’on peut considérer comme « soft ») sont rarement mises en œuvre lorsqu’elles sont prescrites. Parfois même le délinquant en est exempté et ressort avec un énième rappel à la loi. Pour les vols simples, c’est le cas 7 fois sur 10, même en cas de récidive : c’est en toute impunité que le jeune délinquant peut ainsi collectionner ces mises en garde répétées, épées de Damoclès purement fictives, qui deviennent des trophées auprès de ses camarades. Il faut voir dans cette clémence certes la marque de l’idéologie partisane de certains juges laxistes qui se contenteront d’admonestations sans lendemain (dont les prévenus se contrefichent), mais plus souvent encore la conséquence d’un dramatique manque de moyens. En novembre 2018, 15 magistrats du Tribunal pour enfants de Bobigny lançaient un véritable signal d’alarme et appel au secours dans une tribune publiée dans Le Monde : ils y expliquaient que, faute d’être appliquées, les mesures qu’ils prennent restent « fictives » ; il dénonçaient la dégradation accélérée des dispositifs de protection de l’enfance, pointaient des délais de prise en charge « inacceptables » pour les mesures d’assistance éducative (900 familles désespérées étaient alors en attente), le manque de personnel, le sous-effectif des éducateurs au département ou dans les milieux associatifs, et même chez les greffiers du Tribunal totalement submergés ; ils prévenaient que cette impunité de fait provoquerait à l’âge adulte davantage de passages à l’acte criminel faute de rééducation par un suivi éducatif ou la possibilité d’un placement.

Cette insuffisance des moyens constitue donc un véritable casse-tête pour éducateurs, enseignants et policiers qui s’évertuent à faire respecter la loi à des jeunes parfaitement conscients qu’ils ne craignent rien. Témoignage confirmé l’autre jour à la radio par une mère dont l’enfant aujourd’hui majeur est tombé dans la délinquance depuis l’âge de douze ans. Cette femme criait sa colère et son désespoir : depuis des années elle avait frappé à toutes les portes pour obtenir de l’aide, en vain, que ce soit en raison d’une législation inadaptée (pas de possibilité de réponse pénale), de délais trop longs pour espérer une aide par les structures éducatives débordées, du manque de psychologues, du refus d’examiner la demande parentale de lui infliger au moins des travaux d’utilité générale, de la violence d’un mineur baraqué qui menace physiquement ses parents, éclate de rire devant les policiers en répétant qu’il ne risque rien en tant que mineur, qui n’a en 6 ans écopé que d’un seul rappel à la loi mais qui est allé jusqu’à porter plainte au commissariat au nom des droits de l’enfant lorsque son père, ne sachant plus comment lui faire entendre raison, a fini un jour par lui donner une claque.

 

Tout ceci entretient un sentiment, pire une certitude, d’impunité totalement délétère. Comme précisé plus haut, cela commence très tôt, dès l’école maternelle. Car ces jeunes se savent pratiquement intouchables, eux que l’enseignante et essayiste Barbara Lefebvre appelle la génération « j’ai le droit » : ils connaissent à l’école l’interdiction pour l’adulte de les toucher, de leur répondre, de les frapper, voire même de se défendre, usent fréquemment avec perversité de la provocation, voire de l’agression, puis de l’inversion accusatoire qui mettra en cause la parole de l’enseignant ou du policier (qui ont commencé, qui n’avaient pas qu’à les poursuivre, ou à les empêcher de …) et ils récitent leurs droits sitôt qu’ils se retrouvent dans la position de l’accusé. Il y a quelques années les chiffres de la Chancellerie montraient ainsi qu’un délinquant mineur de moins de 13 ans présentait 1,6 fois plus de risques de repasser à l’acte qu’un jeune condamné de 15 à 25 ans, et 2,3 fois plus qu’un délinquant condamné entre 30 et 39 ans. En clair, plus l’impunité et les risques sont réduits, plus on recommence. C’est cette impunité des mineurs qui est précisément utilisée par réseaux et filières pour accomplir leurs basses œuvres.

C’est pourquoi, depuis une vingtaine d’années un consensus s’était établi sur le fait que l’ordonnance de 1945, qui privilégiait des mesures éducatives plutôt que des réponses pénales, devait être profondément revue et modifiée et ne pouvait l’être que dans un sens qui amplifierait le répressif, aujourd’hui quasiment absent, au détriment de l’éducatif, qui ne fonctionne plus sur les générations nouvelles, réfractaires à l’autorité, sur des mineurs violents et parfaitement conscients de ce qu’ils font et de ce à quoi ils s’exposeraient s’ils étaient majeurs. Beaucoup réclamaient même l’abaissement à 16 ans, voire moins, de la majorité pénale à partir de laquelle des crimes et délits de droit commun sont jugés selon une procédure de droit commun et en encourant des sanctions de droit commun. Plusieurs projets de durcissement de la loi de 1945 ont ainsi vu le jour. Et même des réalisations, comme les Tribunaux correctionnels pour les mineurs récidivistes de 16 à 18 ans créées en 2011 mais supprimés, malgré une efficacité reconnue, dès 2013 par la Garde des Sceaux Christiane Taubira (suppression effective 2017).

 

4.   Un projet irresponsable et à contre-courant !

Et voilà que dans ce triple contexte (la hausse inquiétante de la délinquance des moins de 13 ans, en particulier sur des faits graves ; la quasi impossibilité de la juguler compte tenu d’une législation inadaptée et d’un sentiment d’impunité de la part des fautifs ; la réflexion collective menée sur le durcissement de l’ordonnance de 1945), la Ministre de la Justice annonce dans les médias un projet personnel, déjà présenté en novembre et qui avait provoqué une levée de boucliers dans les milieux spécialisés, concocté sans concertation avec les parlementaires, visant à fixer cette fois le seuil de l’irresponsabilité pénale à 13 ans. Loin d’aller vers davantage de répression, comme demandé par de nombreux acteurs, on se dirige donc vers une dé-judiciarisation des délits, y compris les plus graves.

Officiellement, on avance qu’il faut se mettre en conformité avec la CIDE (Commission Internationale des Droits de l’Enfant) et avec les recommandations des experts de l’ONU qui demandent à ce que soit retenu un âge butoir.

Dans ce cas pourquoi 13 ans ? Les psychologues fixent l’âge du discernement, sauf cas particulier étudiés au cas par cas, entre 7 et 8 ans. Pour l’âge de responsabilité pénale, la Grèce a retenu 7 ans, l’Angleterre, le Pays de Galles, la Suisse 10 ans. Seules l’Espagne, le Portugal (16 ans) et l’Allemagne (14) sont au-dessus. Généralement il apparaît que cet âge a été fixé dans les différents pays en tenant compte du terrain et des réalités de la délinquance juvénile. Quelle réponse apportera-t-on aux enfants de moins de 13 ans qui feront bêtise sur bêtise si la justice n’intervient plus ? Pense-t-on les orienter vers l’ASE (Aide sociale à l’Enfance) et vers les services sociaux des départements déjà surchargés et exsangues ?

            Pourquoi maintenant ? Comme l’ont déjà fait remarquer en novembre les parlementaires, députés et sénateurs, dont des commissions travaillent sur le sujet depuis des mois, alors que la Garde des Sceaux manifestait son intention de faire passer ces mesures de façon unilatérale par ordonnance, il y a « non-urgence ». Quel intérêt y a-t-il donc pour jeter ainsi sur la place publique un sujet d’experts que l’on sait clivant et que rien n’oblige à précipiter ? Comme pour la PMA, ne s’agit-il pas pour la Garde des Sceaux d’une volonté égotique de marquer la Justice de sa réforme mais en même temps d’une énième manœuvre politique pour détourner opinion des autres mesures impopulaires ? On sait que les questions sociétales sont le meilleur outil pour faire en sorte que les Français se déchirent et se polarisent sur des débats clivants, même lorsque ceux-ci ne concernent qu’une poignée d’individus et, par conséquent, qu’ils délaissent les autres questions.

            Un autre argument avancé est le besoin de réduire le délai entre la faute et le traitement de la faute. En effet les délais sont longs (en moyenne huit mois) entre la constatation des faits et la décision d’un Tribunal. Le prévenu, souvent, n’a plus véritablement le souvenir de sa faute (surtout si, récidiviste, il a ajouté plusieurs délits entre temps), ce qui lui donne un sentiment d’incompréhension, voire d’injustice. Découpler ainsi pénal (qui disparaîtrait) et réponse éducative permettrait (en théorie) de réduire ce délai. En théorie car il faut qu’il y ait cette réponse éducative et l’on voit qu’aujourd’hui elle est déjà souvent, presque systématiquement, « oubliée » faute de pouvoir être appliquée. Au-delà du fait que pour de nombreux magistrats ce délai est au contraire nécessaire (examen des faits, préparation de la défense mais également temps nécessaire pour la victime pour se remettre, éventuellement s’éloigner, recherche de la meilleure solution éducative, puisqu’il n’en est pas de pénale stricto sensu), on se rend compte qu’une fois encore, pour ne pas voir la maladie, on casse le thermomètre, alors qu’il faudrait au contraire renforcer les moyens de la Justice des mineurs, et des structures éducatives qui interviennent dans le traitement de la délinquance (sanction ou prévention) si l’on veut réduire ledit délai. Pas faire disparaître purement et simplement la possibilité d’intervenir ! Effectivement s’il y a irresponsabilité pénale, il n’y a plus de jugement, donc plus de sanction, donc la question du délai ne se pose plus. Il fallait y penser !

Mais, au-delà, il y a cette insupportable culture de l’irresponsabilité, de l’inversion de culpabilité et de la culpabilisation de l’autre portée par une certaine gauche bien-pensante, droitdelhommiste, pédagogiste et donneuse de leçons dont la Ministre de la Justice est l’incarnation: le coupable, c’est l’adulte, la société, ou celui qui possédait ce que l’enfant n’avait pas. Le mineur délinquant n’est considéré que comme un « enfant en danger ». En danger pour lui-même, il l’est assurément. Mais il est aussi, et même avant tout, un danger pour autrui. Quant au qualificatif d’enfant, l’est-on encore totalement, au-delà de l’âge que mentionne l’état civil, quand on traîne la nuit à 3h du matin en bandes, que l’on incendie volontairement les biens d’autrui, que l’on agresse sexuellement un autre enfant, que l’on programme des guets-apens parfois avec intention de tuer, que l’on parle de sexe et de virilité comme un adulte et que l’on récite des fiches législatives prouvant que l’on est parfaitement conscient de l’absence de risques encourus ? Sans compter que les jeunes d’aujourd’hui présentent souvent de nos jours, très tôt, un physique et un comportement d’homme ou de femme, du moins une attitude en conformité avec les stéréotypes véhiculés par les médias !

Alors certes on trouvera toujours, comme pour toute cause, des experts, ici des psychologues de l’enfance, pour valider la cause que l’on prétend juste, souvent déconnectés du terrain, comme les pédagogistes dans l’Education nationale dont on a pu constater les effets pervers de leurs théories bienveillantes. A l’exception des satisfecits prodigués au projet par des membres du Syndicat de la Magistrature, que l’on sait très à gauche et souvent accusé d’obéir à des intentions plus militantes qu’à des considérations juridiques, les réactions politiques, judiciaires, éducatives au projet Belloubet, en novembre comme ces jours-ci, sont majoritairement hostiles, voire scandalisées et inquiètes. La plupart rejoignent au moins la Garde des Sceaux pour reconnaître que toute transgression implique une réaction la plus rapide possible. Mais aucun ne propose de supprimer la responsabilité pénale pour autant, juste de trouver les moyens, qui sont avant tout financiers, de réduire les délais entre le délit et la réaction judiciaire.

Il ne s’agit évidemment pas de mettre des enfants en prison. A moins de 13 ans, aujourd’hui, ils n’y vont pas, et les réponses, quand toutefois elles existent, sont uniquement éducatives. Mais même plus âgés, même majeurs, ils y vont rarement. Certes ces enfants sont des « victimes », mais il ne faut pas oublier qu’ils sont avant tout coupables de transgressions et que, comme le montrait déjà un rapport alarmiste du Sénat en 2002, un grand nombre de leurs victimes sont d’autres mineurs, qu’il s’agit de protéger aussi et dont la résilience dépend aussi de la reconnaissance de la culpabilité de l’agresseur et d’une forme de sanction. Si on veut les faire progresser, leur redonner des valeurs citoyennes, les faire « grandir », il serait irresponsable de leur enlever leur part de responsabilité. Lorsque l’on fuit la police, que l’on fait tout pour dissimuler ses actes, que l’on prétend, même pris sur le fait, n’avoir aucune responsabilité, que l’on ment sur son identité et son âge, c’est que l’on est conscient d’avoir mal agi et de s’exposer à une sanction, ne serait-ce que parentale. Pourquoi la société ne serait-elle pas habilitée à s’autoriser, pour se défendre et se protéger, ce que tout parent responsable est incité à faire devant les désobéissances de ses enfants : interdire, fixer des limites, avertir, menacer de punition, puis punir en cas de transgression ? La menace et la certitude que la punition aura lieu, l’expérience aussi si l’on a déjà été sanctionné, suffisent d’ordinaire à dissuader l’enfant intelligent de franchir la ligne rouge qu’il connaît parfaitement. A contrario les parents qui sont en permanence dans l’avertissement sans passage à l’acte, la renonciation, la discussion d’égal à égal avec leur enfant, sont généralement débordés. Pourquoi cette exigence de responsabilisation de l’enfant ne s’appliquerait-elle pas hors de la sphère parentale, dans la Justice ?

Pour les éducateurs, les parents d’enfants délinquants, les enseignants, les policiers, il s’agit donc d’un très mauvais signal qui fera des primo-délinquants déclarés irresponsables pénalement, des multirécidivistes puis de véritables caïds à 18 ans, habitués à l’impunité. Car le sentiment d’impunité des jeunes déviants n’en sera que davantage renforcé. En outre cela risque de faire tomber plus encore les très jeunes, désormais intouchables pénalement, dans le réseau de la délinquance.

 

5.   Mais de quoi Nicole Belloubet est-elle le nom ?

Elle représente assurément une certaine gauche, bien présente dans le gouvernement Philippe, tant sur le plan des méthodes que des idées.

Elle est l’archétype de cette gauche doctrinaire qui manque de pragmatisme, celle qui ne part jamais du réel mais de ses idées, qui plaque sur des réalités éprouvantes des concepts totalement inadaptés et qui tente ensuite de faire entrer le réel de force dans la doxa. Elle représente le gauchisme culturel dominant depuis mai 1968, qui défend une culture de l’irresponsabilité, de l’inversion de culpabilité, du procès d’intention et de l’excuse victimaire. Son irénisme, sa bonne conscience sur le dos des victimes, malheureusement ne colle plus, et de moins en moins, avec l’évolution de la société, des nouvelles générations et de ces « enfants » qui, justement, quittent l’enfance de plus en plus tôt.

 

Irresponsable parce que déconnectée de la réalité, l’ancienne rectrice de l’académie de Toulouse laisse transparaître dans ce projet une idéologie à la fois gauchiste et pédagogiste, une naïveté partisane et une vision compassionnelle de la Justice que l’on retrouve aussi à l’œuvre dans le Syndicat de la Magistrature. On peut y lire également le typique aveuglement de classe, celui des privilégiés qui n’ont jamais été confrontés à la délinquance violente, généralement en bandes et qui prennent pour des « fachos » sans cœur et des bourreaux d’enfants les gens qui osent réclamer davantage de sévérité (au moins un peu plus qu’un rappel à la loi) pour des voyous, même en culotte courte… Contrairement à ce que croit cette gauche, la sévérité n’est pas le totalitarisme et la liberté n’est pas celle de tout se permettre ni l’impunité. Parler de sécurité n’est pas antidémocratique, garantir celle des personnes et des biens est même la première mission de l’Etat.

 

Mais il y a évidemment une autre raison, qui tient du court-termisme, de l’électoralisme et de petits calculs budgétaires et d’une forme d’irresponsabilité ministérielle. La raison majeure de la mansuétude de la justice, surtout de gauche, envers les « jeunes », mineurs ou pas, tient en effet à la rencontre entre une idéologie compassionnelle et l’insuffisance des moyens : difficultés des services de police, limités juridiquement ainsi qu’en termes d’effectifs et de moyens face à des jeunes prêts à se victimiser, à chercher l’affrontement ou la blessure puis à hurler aux violences policières ; insuffisances de la Justice, également en termes de moyens mais aussi en raison d’une législation devenue inadéquate ; manquements des services d’accompagnement (pas assez de psychologues, de structures adaptées…).

Ne pas poursuivre des mineurs de plus de 13 ans ou de jeunes majeurs, c’est également lutter contre la surpopulation carcérale que l’on ne s’est pas donné les moyens de réduire autrement. Rappelons que sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy avait été lancé un plan de rattrapage dans la construction de prisons que Christiane Taubira s’est empressée d’annuler dès son arrivée place Vendôme. Son successeur, Jean-Jacques Urvoas, en homme d’Etat soucieux de la continuité de la fonction au-delà des alternances politiques, avait budgétisé avant son départ et pour son successeur un peu moins de la moitié des places de ce qui était jugé urgent (soit 30 000 places sur les 75 000 à construire), plan à nouveau annulé par N. Belloubet, E.Macron annonçant qu’on en construirait finalement…9000 ! L’argent prévu a certainement été utilisé pour renflouer les caisses trop rapidement entamées par les premiers cadeaux fiscaux du gouvernement.

 

Comme s’était évertué à le faire François Hollande par simple esprit partisan, il s’agit aussi pour cette gauche revancharde, intolérante et manichéenne de détruire ce qui marche parce que cela a été mis en place par les adversaires politiques. Ainsi en fut-il de la défiscalisation des heures supplémentaires, ou sur le plan judiciaire du « plan prisons », et cela à deux reprises, par Ch. Taubira puis par N. Belloubet, la première ayant de surcroît supprimé, entre autres, par une simple circulaire et sans concertation, comme mentionné ci-dessus, les tribunaux correctionnels pour les mineurs récidivistes de 16 à 18 ans créés en 2011.

Il s’agit également d’une manœuvre désormais parfaitement rodée : dès qu’il y a difficulté en vue pour le gouvernement, cette gauche, dont N. Belloubet a toujours fait partie sur son aile la plus dure, sort du chapeau telle ou telle réforme sociétale qu’elle sait clivante et qui occupera la scène médiatique et les débats pendant que le « reste » passera plus facilement. Cela s’accompagne, comme de bien entendu, d’un discours catastrophiste ou prétextant l’urgence, et d’une rhétorique compassionnelle, doublée de procès d’intention, qui fait passer toute critique du projet pour un manque de bienveillance, voire une tendance autoritaire.

La méthode employée également est révélatrice : il y a les sachants, le camp du Bien, qui sait et peut imposer ses décisions à tous puisque cela sera dans l’intérêt de ceux que l’on présente comme des victimes. Ces tentations totalitaires ne sont pas nouvelles. En novembre les parlementaires, qui travaillaient de longue date dans deux commissions, au Sénat et à l’Assemblée Nationale, sur la question de la prévention et du traitement de la délinquance des mineurs, ont eu la désagréable surprise de se voir présenter les projets de réforme de la Justice sans avoir été consultés, dans une démarche verticale et autoritaire top-down, modifications qui devaient leur être imposées par ordonnances et sur lesquelles ils n’étaient appelés qu’à donner un avis. Les événements concomitants liés à la fronde des Gilets Jaunes ont néanmoins différé l’actuel projet. Echaudée par les réactions d’alors, sa conceptrice le remet aujourd’hui sur la table, de façon plus souple, puisqu’on donnera cette fois aux parlementaires du temps pour le discuter, voire proposer des amendements.

Comme d’habitude à gauche, quand il y a un problème on casse le thermomètre. Cela commence dès l’école, que Belloubet a eue en charge dans l’Académie de Toulouse : on ne sait plus gérer des enfants de plus en plus agités, réfractaires à l’autorité ? On invente le concept de classe vivante (certains inspecteurs allant même aujourd’hui jusqu’à sanctionner les enseignants « à l’ancienne » qui tiennent trop leur classe !). On n’écoute plus le Maître, on est incapable de se concentrer ? On met en œuvre la classe inversée, où l’élève devient le professeur. Il y a du bordel ? On développe le concept de « bruit pédagogique ». De plus en plus d’enfants présentent des lacunes immenses en langue française et ne comprennent plus le sens des mots. On allège par conséquent les programmes de français, on simplifie la grammaire, on valorise l’oral, on enjoint de ne plus sanctionner l’orthographe, on réécrit la littérature jeunesse en expulsant adjectifs compliqués, adverbes, et temps du passé, tout en ayant au préalable jeté aux oubliettes les textes littéraires classiques jugés exigeants pour les remplacer par une sous-littérature correspondant aux goûts et au vocabulaire, aux tics de langage de jeunes illettrés. Il faut également saper l’autorité du professeur qui ne pourra plus sévir. Si l’on ne sévit plus, c’est qu’il n’y a pas de problème. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

 

La suite est dans la même logique. On ne sait pas traiter la délinquance des mineurs ? On fait alors en sorte qu’on ne puisse plus parler de délinquance des mineurs. Pénalement irresponsables, ces mineurs feront des « bêtises », de plus en plus graves, de plus en plus nombreuses, de plus en plus violentes, mais elles seront désormais invisibles car volontairement invisibilisées, hors statistiques. Rappelons-nous que cette gauche, la gauche en général d’ailleurs, est nominaliste : seul existe ce que l’on peut nommer. Ce que l’on ne nomme pas n’existe donc plus. Inversement, en mettant un nom sur ce qui n’est pas (facho, populiste, danger, urgence …), on donne corps et réalité aux fantasmes et procès d’intention.

 

Qu’on ne prétende pas que Macron est à droite. Il le devient partiellement sur le plan économique mais il est pleinement de gauche sur le plan sociétal, à l’image de la ministre de la Justice qui semble une incarnation de cette gauche doctrinaire et déresponsabilisante. Aujourd’hui, dans la débâcle actuelle et l’effacement de ce qui pourtant se situe quelque part entre la République en marche et le Rassemblement National, beaucoup se demandent ce qu’est la droite, si ceux qui s’en réclament peuvent encore parvenir à se rassembler sur des fondamentaux communs en dépit de sensibilités différentes. Il n’est sans doute pas facile de dessiner les contours de ce qui reste à reconstruire. Mais comme dans toute définition, il est toujours possible de commencer par cerner une notion en éliminant ce qu’elle n’est pas. Et la droite n’est pas, ne doit pas être, tout ce qui a été décrit ci-dessus : peu pragmatique, doctrinaire, déconnectée du terrain, irresponsable, victimaire, dans une démarche autoritaire top down qui fait fi de la concertation, obsédée par la table rase, droitdelhommmiste et bien-pensante. Et s’il y a deux notions inséparables qui la caractérisent mais que la gauche ne sait pas conjuguer, c’est bien d’abord la liberté, dans le sens que lui donnaient les philosophes des Lumières, limitée pour chacun à l’endroit où commence celle du voisin, balisée par des limites et des sanctions, dans l’acceptation des règles du jeu collectif qui garantissent les droits, la sécurité, l’autorité de ceux qui en sont les dépositaires. Le second principe est celui de la responsabilité, qui devrait être le quatrième pilier, invisible, du Temple républicain. Et la seule méthode possible doit rester le pragmatisme, ancré dans la réalité et dans l’écoute des personnes concernées, loin de tout dogmatisme. La gauche part des idées, la droite doit s’ancrer sur le terrain et élaborer des solutions à partir de ses constatations. Devant les bêtises dangereuses de la gauche doctrinaire et déconnectée des réalités, la droite sait au moins ce qu’elle ne doit pas devenir et de quoi elle ne doit, en aucun cas, se montrer complice.

 

Annexes

L’ ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 relative à l'enfance délinquante ainsi que ses principales modifications jusqu’en 2019 (il y en a eu 39)


 https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006069158

 

L’article 122.8 sur la responsabilité pénale pour les mineurs capables de discernement (2002) . En résumé, les mineurs capables de discernement sont pénalement responsables, sans limite d’âge même si en principe, les mineurs âgés de moins de 10 ans sont considérés comme irresponsables.https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006417222&cidTexte=LEGITEXT000006070719

 

Comparaison : le droit pénal des mineurs en Europe

http://www.justice.gouv.fr/europe-et-international-10045/etudes-de-droit-compare-10285/le-droit-penal-des-mineurs-en-europe-12987.html

 

Loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice

https://www.vie-publique.fr/actualite/panorama/texte-discussion/projet-loi-programmation-2018-2022-reforme-pour-justice.html

 

La CIDE (Convention Internationale des Droits de l’Enfant), qui demande à ce que les pays signataires fixent un âge butoir pour la responsabilité pénale. https://www.vie-publique.fr/focus/decrypter-actualite/convention-internationale-droits-enfant-cide-1989.html

Le Tribunal correctionnel pour mineurs (2012-2017)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tribunal_correctionnel_pour_mineurs

 

Chaîne pénale (simplifiée) pour les mineurs http://www.justice.gouv.fr/art_pix/chainepen.pdf

 

par William Thay 2 novembre 2024
"L’exemple de la Grèce nous montre ce qui nous attend si rien n’est fait. Elle a sombré dans une crise économique majeure en raison de déficits publics incontrôlés, une dette croissante et des réformes structurelles sans cesse repoussées. Cet exemple montre que lorsqu’un État n’est plus jugé compétent pour s’occuper de prérogatives régaliennes (la protection des frontières pour les Grecs), les peuples refusent les réformes structurelles ou les économies pourtant nécessaires pour se redresser."

Une tribune de William Thay à lire sur le site Valeurs Actuelles : 
par Nicolas Baverez 2 novembre 2024
Une réflexion très intéressante de Nicolas Baverez publiée dans le Figaro le 21 octobre sur les impasses de la stratégie énergétique européenne :

CHRONIQUE - La stratégie de décarbonation de l’UE est une faillite qui contraste avec les succès des États-Unis et de la Chine dans ce domaine.
L’accélération du changement climatique s’est confirmée en 2023. L’année a établi un nouvel et inquiétant record de température de la planète, avec une hausse de 1,45 degré Celsius au-dessus de la période préindustrielle. Les phénomènes climatiques extrêmes se sont multipliés. Ils ont provoqué 74.000 décès et 250 milliards de dollars de dommages. Simultanément s’amplifie l’effondrement de la biodiversité avec une chute de 73 % des populations d’animaux sauvages au cours des cinquante dernières années.
À la veille de la COP 29 qui se réunit en novembre à Bakou - ce qui ne peut manquer de susciter le scepticisme -, l’urgence climatique est avérée. L’Union européenne, qui a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 32 % depuis 1990, a pris une longueur d’avance dans la conduite de sa transition. Mais la brutale embardée déclenchée en décembre 2019 après la poussée des partis écologistes se révèle destructrice pour sa compétitivité, pour sa sécurité et pour sa souveraineté. Le «Green Deal » se transforme en « green death ».
Le «Green Deal » entend instaurer la neutralité carbone dans l’Union en 2050 et obtenir une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. Au travers d’une soixantaine de textes, il bouleverse le modèle économique de nombreux secteurs - tels l’agriculture (« From farm to fork »), l’énergie, les transports ou la finance -, et soumet l’ensemble des entreprises à de nouvelles contraintes réglementaires très contraignantes et coûteuses via les directives CRDS (comptabilité extra-financière) et CS3D (devoir de vigilance) ou encore la taxonomie qui définit les activités dites « vertes ».
L'Union européenne a décidé de formater a priori l'offre et la demande des secteurs clés à l'horizon de 2050 et d'obliger les entreprises à s'y conformer à travers un carcan de normes, de taxes et de pénalités. Et ce sans aucune évaluation de leur impact économique, social, écologique et stratégique
Au lieu d’élaborer un cadre pour la décarbonation de l’économie en confiant aux acteurs économiques et sociaux le soin de s’y adapter, l’Union européenne a décidé de formater a priori l’offre et la demande des secteurs clés à l’horizon de 2050 et d’obliger les entreprises à s’y conformer à travers un carcan de normes, de taxes et de pénalités. Et ce sans aucune évaluation de leur impact économique, social, écologique et stratégique. Cette planification arbitraire, autoritaire et centralisée conduit l’Europe à la faillite, tout aussi sûrement qu’elle a provoqué l’effondrement de l’Union soviétique.
Faillite énergétique. L’Union, sous la pression de l’Allemagne, n’a pas fait le choix d’une énergie décarbonée associé à une neutralité des technologies, mais d’une priorité absolue en faveur des renouvelables - ce qui implique la sortie du nucléaire civil mais aussi militaire qui en est indissociable. Elle organise ainsi une pénurie structurelle d’énergie, qui a pour corollaire des coûts cinq fois supérieurs à ceux des États-Unis et deux à trois fois à ceux de l’Asie. Elle fragilise les réseaux d’électricité et crée des risques de black-out en éliminant les sources d’énergie pilotables au profit des intermittentes. Enfin, elle bride l’innovation utile pour subventionner des chimères, comme l’avion, le train ou la voiture à hydrogène.
Faillite économique. Le «Green Deal » planifie l’euthanasie des pôles d’excellence européens, dans la continuité de la liquidation du secteur des télécommunications qui dominait le monde en 2000. « Farm to fork », en prévoyant de réduire de 50 % le recours aux pesticides et de 20 % les engrais chimiques d’ici à 2030, en mettant en jachère 10 % des terres, en obligeant à faire progresser la part de la production biologique de 8,5 % à 25 % alors qu’elle n’a pas de marché, détruit l’agriculture européenne et organise la dépendance vis-à-vis d’importations qui n’appliquent aucune des normes européennes. L’interdiction du moteur thermique en 2035 programme la ruine des 17 000 entreprises de l’industrie automobile européenne qui emploient 13,8 millions de personnes, soit 8 % des emplois de l’Union. Elles devront verser 15 milliards de pénalités dès 2025 ou baisser leur production de 25 % pour se conformer à l’obligation de fabriquer 20 % de véhicules électriques - et ce alors qu’ils ne représentent que 12,5 % du marché et que les ventes ont reculé de 11 % sur un an en raison de leur faible autonomie, de leur fiabilité douteuse, de l’absence de réseau de recharge et de leur coût prohibitif.
Faillite stratégique. Le «Green Deal » organise la délocalisation de l’agriculture vers les grands émergents et celle de l’industrie vers les États-Unis, comme on le constate dans la chimie. Il offre les marchés de l’énergie et de l’automobile à la Chine qui, grâce à des aides publiques massives, a construit des positions de quasi-monopole dans le véhicule électrique, les batteries, les renouvelables, les matériaux critiques et leur raffinage.
Faillite politique. Comme on l’a constaté avec l’insurrection des agriculteurs, le «Green Deal » fonctionne comme une machine à détruire l’offre et l’emploi européens ainsi qu’à paupériser la population. Il constitue désormais, après l’immigration, le plus puissant vecteur du vote d’extrême droite sur notre continent.

Cesser de confondre la fin et les moyens

La dérive de la transition écologique en Europe contraste avec les succès des États-Unis et de la Chine. L’IRA, en stimulant l’offre par le bas, conjugue réindustrialisation, soutien de l’innovation, transition climatique et stabilisation de la classe moyenne. La Chine a marié compétitivité et impérialisme en planifiant depuis vingt ans la dépendance du reste du monde à sa production de produits, de matières premières et d’équipements vitaux pour la décarbonation de l’économie.
La transition écologique demeure un impératif et un atout potentiel pour l’Union. Mais à la condition de la repenser, comme le recommande Mario Draghi, du côté de l’offre, de l’investissement et de l’innovation. En la repositionnant dans la compétition des blocs qui structurent le système géopolitique. En réalignant États, entreprises et citoyens. En rompant avec les objectifs et les calendriers irréalistes. En réintroduisant la flexibilité dans les choix technologiques. En libérant les financements grâce à la révision de Bale 3, Solvabilité 2, des directives CSRD et CS3D et de la taxonomie - dont la défense doit être exemptée. En évaluant et compensant ses coûts économiques et sociaux. En la soumettant à l’impératif de la souveraineté de l’Europe et de la défense de la liberté. Bref, en cessant de confondre la fin et les moyens pour réconcilier enfin l’écologie avec la compétitivité, la solidarité et la sécurité.




par Othman Nasrou 29 octobre 2024

Dans Valeurs Actuelles, Othman Nasrou, le secrétaire d'État chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les discriminations revient sur la radicalisation musulmane et dénonce la responsabilité de La France insoumise dans l'explosion de l'antisémitisme :





Valeurs actuelles . Les 13 et 16 octobre, nous commémorions les assassinats de Dominique Bernard et Samuel Paty ; 78 incidents ont été recensés lors des minutes de silence leur rendant hommage, indique l’Éducation nationale. Comment interprétez-vous ces chiffres ?
Othman Nasrou. Nos remontées ont malheureusement conduit à revoir ces chiffres à la hausse. On parle désormais de 119 incidents, avec des cas concrets extrêmement révélateurs du climat qui pèse sur notre pays. Dans un lycée d’Indre-et-Loire, un parent d’élève a demandé que sa fille n’assiste pas à la minute de silence.

Ce parent a cédé parce que la direction a tenu bon et le moment de recueillement s’est déroulé sans accroc. Théoriquement, il n’y a pas eu d’incident, mais je considère qu’il faut faire preuve de transparence et donc inclure ce type de comportements dans nos rapports. Aucune atteinte à la laïcité ne doit être banalisée. Le “pas de vague”, c’est terminé. On nomme les choses, on les caractérise, on les mesure, on les rend publiques et on les combat.

Alors nommons-les. Quelle est la typologie de ceux qui ont perturbé, voire refusé, ces minutes de silence ?
Nous assistons à des revendications identitaires qui visent à séparer ceux qui les expriment du reste de la société. La montée du communautarisme participe directement à ces atteintes à la laïcité et à la cohésion nationale. C’est une véritable guerre que nous devons mener en ne laissant passer aucune situation. Le temps joue contre nous.

Un communautarisme qui est essentiellement islamique ? On parle rarement de communautarisme protestant…
L’islamisme politique est aujourd’hui le premier ennemi de la laïcité. Cette idéologie progresse partout dans notre société et tout particulièrement chez les jeunes générations. Certaines données qui nous reviennent sont saisissantes.

En 2024, 21 % des mis en cause pour association de malfaiteurs à caractère terroriste sont des mineurs radicalisés. C’était 1 % en 2022 ! Une partie de cette jeunesse est aujourd’hui susceptible de rompre avec la République. Notre tâche est immense.

Il existe une responsabilité très lourde d’une partie de la gauche, qui insuffle dans les esprits l’idée que la France serait islamophobe.

Comment sanctionner plus sévèrement ces atteintes ?
En milieu scolaire, je souhaite que chaque signalement caractérisé d’atteinte à la laïcité et d’agression contre un membre de la communauté éducative donne lieu à un signalement pénal. Je sais que ma collègue Anne Genetet y veille. Notre main ne doit pas trembler et nous devons nous réarmer.

Le Premier ministre a ouvert la voie à l’instauration de courtes peines. Le garde des Sceaux a évoqué des exceptions à l’excuse de minorité. Avec Bruno Retailleau, nous estimons que les atteintes à la laïcité peuvent intégrer ces dispositifs.

Un individu qui aurait commis une atteinte à la laïcité pourrait donc, en théorie, passer quelques semaines en prison ?
Sur les faits les plus graves, c’est en tout cas mon souhait, oui. Frédéric Péchenard, l’ancien directeur général de la Police nationale, me parlait souvent en reprenant cette citation : « Ce qui compte, ce n’est pas tant la sévérité de la peine que sa certitude. »

Selon un sondage Ifop publié en décembre 2023, 78 % des Français musulmans estiment que « la laïcité telle qu’elle est appliquée aujourd’hui par les pouvoirs publics est discriminatoire envers les musulmans » . La question de la compatibilité entre l’islam et la laïcité doit-elle se poser ?
Je fais une différence nette entre nos concitoyens français de tradition, de culture et de confession musulmane et ceux qui veulent les séparer de la République. Je serai intransigeant sur la distinction entre une religion, l’islam, et une idéologie, l’islamisme, qui prend aussi une forme politique. Les citoyens musulmans qui respectent les règles doivent être respectés, les islamistes doivent être combattus.

Il existe également une responsabilité très lourde d’une partie de la gauche, qui insuffle dans les esprits l’idée que la France serait islamophobe et la laïcité incompatible avec l’islam. Tous ceux qui laissent croire cela le font à dessein pour obtenir un carburant électoral, notamment dans un certain nombre de quartiers. Ce discours vient évidemment donner du crédit aux thèses séparatistes. C’est extrêmement dangereux.

Contrairement à ce qu’affirme Jean-Luc Mélenchon, l’antisémitisme en France est tout sauf « résiduel » .

Jean-Michel Blanquer affirmait qu’une société où les femmes sont voilées n’était tout simplement pas souhaitable. Qu’en pensez-vous ?
La mixité entre les femmes et les hommes, l’égalité entre les femmes et les hommes, sont des principes non négociables. Concernant les tenues vestimentaires, nous devons aller au bout de ce qui est prévu dans nos textes : préserver les écoles et le service public des signes religieux et de l’entrisme. Nous avons aussi à faire appliquer jusqu’au bout la loi de 2010 sur le voile intégral.

Voile, qamis, les tenues vestimentaires sont-elles les signaux faibles du séparatisme ?
À l’école, elles sont pour moi au contraire des signaux forts. Gabriel Attal a eu raison de prendre une circulaire pour réaffirmer l’interdiction de l’abaya. Cette interdiction, contestée au départ, avec plus de 1 000 contestations signalées par les établissements au moment de son entrée en vigueur, est aujourd’hui entrée dans les mœurs.

Avec de la volonté politique, il est possible de réaffirmer nos principes. Mais il ne faut pas se tromper de débat : la question du séparatisme n’est pas qu’une simple question vestimentaire. L’école de la République doit inculquer les principes républicains à tous les enfants. Et ce que l’école apprend ne doit pas être déconstruit le soir par des parents ou des “grands frères”. Le rôle des familles est là aussi crucial.

Les actes antisémites sont en hausse de 1 000 % depuis l’attaque du 7 octobre. Qui en sont les responsables ?
La France insoumise a directement ouvert la voie à cette explosion de l’anti sémitisme. Il faut avoir le courage de le dire. Ce sont des chiffres qui devraient tous nous alarmer. La haine anti sémite se répand sur tout le territoire. Sur la dernière année, on parle de 1 600 actes répertoriés, 95 départements sont concernés.

Contrairement à ce qu’affirme Jean-Luc Mélenchon, l’antisémitisme en France est tout sauf « résiduel » .

Selon une étude de la Fondapol, 56 % des Français musulmans estiment que les juifs « utilisent dans leur propre intérêt leur statut de victimes du génocide nazi » . C’est 29 points de plus que dans le reste de la population…
Personne ne peut aujourd’hui nier le fait que l’islamisme politique, couplé à la rhétorique de l’extrême gauche, est le premier moteur de l’anti sémitisme dans notre pays. Ce sont des idées nauséabondes. La République ne connaît que des Français, égaux en droits et en devoirs et libres de croire ou non.

Les sénateurs Les Républicains Stéphane Le Rudulier et Roger Karoutchi ont déposé, le 1er octobre, une proposition de loi visant à pénaliser l’antisionisme. Qu’en pensez-vous ?
Sous couvert d’antisionisme, certains commentateurs versent évidemment dans l’antisémitisme le plus total. Des failles demeurent dans la législation actuelle. Nous signalerons à la justice chaque acte, chaque déclaration qui franchirait la ligne rouge et qui ferait de nos compatriotes de confession juive des cibles.

Je vois bien que ceux, à l’extrême gauche, qui font preuve de complaisance vis-à-vis de l’islamisme politique n’hésitent pas en revanche à prendre pour cible les chrétiens.

Quelles différences de mentalité établissez-vous entre l’ancienne génération d’immigrés et la génération actuelle ?
Le moteur de l’intégration est cassé. La France a renoncé à expliquer qu’elle était le fruit d’une longue histoire, riche et complexe dont on peut être fier. Elle a préféré marteler que le pays découlait d’une page blanche. Sous la pression d’une partie de la gauche, la France a peu à peu fait le choix de la “désassimilation”.

On a incité ceux qui arrivaient à se réclamer uniquement et exclusivement de leur pays d’origine, car on avait consciemment fait disparaître le socle commun national.

L’immigration est-elle une chance pour la France ?
Les flux non contrôlés ne peuvent pas être une chance. J’ai toujours pensé que l’immigration devait être choisie, à l’instar de ce que pratiquent certains pays européens.

Polémique autour de la vraie-fausse parodie de la Cène aux JO, Complément d’enquête sur l’établissement catholique Stanislas, flambée d’actes antichrétiens… Assiste-t-on, en France, à une vague de christianophobie ?
Les chrétiens sont aujourd’hui quotidiennement pris pour cible. Il n’y a pas de raison d’occulter ces actes, qui sont tout aussi inacceptables que les autres. Je vois bien que ceux, à l’extrême gauche, qui font preuve de complaisance vis-à-vis de l’islamisme politique n’hésitent pas en revanche à prendre pour cible les chrétiens.

Il est temps qu’on retrouve la force de défendre nos principes républicains, de manière universelle, sans outrance mais sans compromission.



par Samuel-Frédéric Servière 17 octobre 2024
Le budget qui nous est proposé est un budget en trompe l'oeil qui se base encore une fois essentiellement sur des hausses d’impôts ....

"Les 40 milliards d'économies affichées sont donc sans doute un peu gonflés pour contrer un tendanciel surestimé. Il est impossible de donner des ordres de grandeurs, mais dans la mesure où la dépense publique elle-même baisserait en volume de 0,5 point entre 2024 et 2025, on peut en déduire que les seuls vrais efforts en dépenses seront de 15 milliards d'euros par rapport à une dépense évoluant au même rythme que le PIB en valeur (soit +3% en 2025). Ainsi, contrairement à l’affichage de l’effort réalisé, il nous semble que les économies réellement effectuées permettant d’améliorer le solde public par rapport à celui de 2024 ne représenteraient pas 2/3 de l’ajustement proposé mais sans doute beaucoup moins, sans doute 15 milliards soit ¼ des efforts affichés"

A analyse détaillée à lire sur le site de l'IFRAP :
par Le bureau de Lignes Droites 17 octobre 2024


La conférence organisée par Lignes Droites le 10 octobre sur le sujet de l’indépendance de la presse a réuni plus de cinquante personnes autour de notre conférencier Monsieur Nicolas Boutin.

M. Boutin a livré une analyse synthétique et passionnante du métier de sa journaliste et de sa condition relative à son indépendance à l’égard de ses actionnaires, de ses sources et des influences politiques.

A l’aide d’exemples précis et documentés, et mû par une volonté de mesure et d’objectivité, M. Boutin a permis à l’audience de plonger au cœur du métier de journaliste, de ses contraintes et de ses doutes, aussi bien que de sa grandeur – en particulier pour ce qui concerne l’étape essentielle de la validation de l’information avant sa publication, le journaliste devant être avant tout respectueux de la vérité, droit primordial du lecteur.

Il a notamment illustré de façon singulièrement convaincante combien les choix éditoriaux ou les angles d’attaque permettent de placer la relation d’un fait au service d’une ligne éditoriale ou d’un message politique.

La séance très intense d’échanges avec la salle a ensuite permis d’étudier le sujet de la prédominance des médias de gauche dans le paysage politique ; cette prédominance, pour être un fait aujourd’hui, ne constitue aucunement une fatalité et les moyens de la contrer sont nombreux : augmentation des abonnements à la presse écrite de la part du public de droite, augmentation des interactions des citoyens de droite avec les journalistes afin de fournir des sources de droite aux journalistes, amélioration des conditions d’emploi des journalistes en début de carrière.

La conférence a également été l’occasion par M. Boutin de nous partager un vrai plaidoyer pour la presse, de nous transmettre un message d’optimisme au peuple de droite, et en particulier sur le fait que le paysage médiatique a amorcé un virage (Valeurs Actuelles, CNews, ParisMatch, Europe1, ...) qui lui permettra graduellement de secouer la mainmise des idéologies de gauche sur la ligne éditoriale de la plupart des médias. Mais il a souligné que l'information était désormais trop souvent gratuite, et de qualité déplorable .... et qu'il était donc essentiel d'éduquer nos jeunes à l'importance de soutenir les "vrais" journalistes, de faire l'effort de ne pas se contenter d'une information gratuite mais superficielle, de lire les articles de fond et de rechercher une information de qualité (en y mettant le prix), étape essentiel pour se construire un avis de citoyen réellement pertinent et éclairé.

Nous vous attendons nombreux pour nos prochaines conférences.

    Le bureau de Lignes Droites


par Bruno Retailleau 3 octobre 2024

Une interview de Bruno Retailleau dans le Figaro
Par Carl Meeus, Guillaume Roquette et Judith Waintraub , pour Le Figaro Magazine

LE FIGARO. - Pour Nicolas Sarkozy, «une triple erreur politique, administrative et judiciaire» a conduit au meurtre de la jeune Philippine. Partagez-vous son analyse   ?


Bruno RETAILLEAU. - Il y a eu à l'évidence des dysfonctionnements, qui ne sont pas nouveaux et qui se répètent. J'ai eu personnellement un ami assassiné par un homme qui s'était maintenu irrégulièrement sur le sol français malgré trois OQTF. En 2020, il avait incendié la cathédrale de Nantes. Au bout d'un an de détention provisoire, son état mental s'étant détérioré, il avait été libéré sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention, puis avait tué mon ami prêtre, qui l'hébergeait. À l'époque, les beaux esprits m'avaient expliqué que toutes les règles, toutes les procédures avaient été correctement respectées. Il s'est passé exactement la même chose avec ce Tunisien incarcéré en août parce que suspecté d'enlèvement, de séquestration et de viol.

Placé en centre de rétention administrative (CRA) à Nîmes, il avait été libéré en moins de 48 heures par le juge des libertés pour raison médicale : il devait être opéré pour une rupture des ligaments croisés, une intervention qui n'a rien de vital. Et c'est là qu'il aurait commis ces crimes. Quand le droit ne protège plus, il faut le changer. Dans l'affaire Philippine, on retrouve également toutes ces carences juridiques qui finissent par désarmer l'État. Concernant les CRA, j'ai demandé à l'inspection générale de ma propre administration de me faire un point sur cette question. Comme Michel Barnier l'a annoncé, nous allons prolonger les délais de rétention.

Ils sont actuellement de 90 jours…

La directive européenne fixe un délai de six mois, c'est-à-dire 180 jours, qui peut être prolongé de 12 mois. Pour les actes terroristes la loi française prévoit déjà un délai pouvant aller jusqu'à 210 jours. Pour les crimes les plus graves, notre main ne doit pas trembler : il faut aller jusqu'à 180 jours, voire 210 jours. Pourquoi la France s'interdirait de faire ce que d'autres font pour protéger leurs populations alors que ces personnes sont, en plus, en situation irrégulière ? Bien sûr, cela nécessite le vote d'une loi mais chacun prendra ses responsabilités devant le peuple. Je souhaite que l'on agisse par tous les moyens. Je vais ainsi demander aux préfets qu'ils fassent systématiquement appel de la libération d'un CRA, même si cet appel n'est pas suspensif.

La juge des libertés avait-elle été informée par les services compétents de l'imminence de la délivrance du laissez-passer consulaire   ?

L'enquête que j'ai demandée à l'inspection générale le dira. Mais on ne peut que constater que le meurtrier présumé de Philippine a été libéré du CRA le 3 septembre et que le laissez-passer du Maroc est arrivé le lendemain. De même, les troubles graves à l'ordre public et notamment le risque de réitération doivent être des critères mieux appréciés lors de l'examen des dossiers. Je voudrais aussi que l'État soit plus exigeant vis-à-vis des associations qui interviennent en CRA. De même, je considère que le conseil juridique et social aux personnes retenues dans les CRA relève de l'OFII (Office français de l'immigration et de l'intégration) et non des associations, qui sont juge et partie.

Associations financées par l'État…

Oui, et qui, à ce titre, doivent agir en cohérence avec l'État.

Quel est le montant des subventions versées à ces associations   ?

Un milliard d'euros pour toutes les associations chargées d'accueillir et d'assister les migrants.

Le meurtre de Philippine soulève aussi la question de la justice des mineurs…

Oui, bien sûr. Son assassin présumé a été condamné à seulement sept ans de détention pour viol, grâce à l'excuse de minorité. Pour un majeur, c'est le double. Il faut sans doute inverser la logique pour faire de l'excuse de minorité l'exception, motivée par le juge, et non plus la règle. Ce qui requiert, là aussi, une loi.

Pour mettre davantage d'étrangers en situation irrégulière en CRA, il faut créer des places et recruter des agents. Le gouvernement est-il décidé à y mettre les moyens   ?

Oui, nous avons un programme de construction qui nous permettra d'atteindre 3000 places de CRA à l'horizon 2027. Il doit impérativement être tenu. Nous en avons besoin, notamment pour les individus les plus dangereux. Certains peuvent d'ailleurs être transférés dans leur pays d'origine pour y purger leur peine, sans passer par un CRA. La procédure de transfèrement existe, mais elle n'est pas suffisamment utilisée. Il faut intensifier le dialogue avec les pays d'origine. Prenons l'exemple du Maroc : en 2023, nous lui avons donné 238.750 visas et nous n'avons obtenu que 725 laissez-passer et réalisé 865 départs forcés. La semaine dernière, j'ai eu mon homologue marocain. Nous allons travailler ensemble à améliorer la réponse aux demandes de laissez-passer.

Gérald Darmanin a tenté un bras-de-fer avec le Maroc sur les visas, sans succès. Pourquoi réussiriez-vous là où votre prédécesseur a échoué   ?

Je compte utiliser trois leviers qui sont à notre disposition. Il faut assumer de conditionner notre politique de visas à la délivrance des laissez-passer, comme l'a dit le premier ministre, ce dont je me félicite. J'ai la compétence en matière de visas, je dialoguerai avec mon collègue ministre des Affaires étrangères pour que nous coordonnions nos efforts. Nous sommes très – trop – généreux, sans être payés de retour. En 2023, l'Algérie a obtenu 205.853 visas, et elle n'a repris que 2191 de ses ressortissants, dont 1680 en éloignement forcé. Ce n'est pas acceptable. Le deuxième levier, c'est la coopération et notamment l'aide au développement. C'est un outil fondamental, qui doit être utilisé. Nous devons exiger des contreparties à l'aide que nous accordons.

Enfin, un mécanisme de préférence commerciale, autrement dit de droits de douane, est actuellement en renégociation à Bruxelles : c'est une opportunité historique d'exiger la réciprocité sur des domaines qui sont importants pour les Européens. La clé de l'efficacité, c'est de ne rien négliger et d'agir dans le cadre d'une réponse globale cohérente. Car il n'y a pas de mesure miracle pour reprendre le contrôle de notre politique migratoire. Il faut utiliser tous les leviers, à partir de deux idées simples. D'abord, la France ne doit pas être plus attractive que les autres pays européens. Il faut revoir toutes nos règles pour faire en sorte de ne jamais être au-dessus de la moyenne européenne, qu'il s'agisse des aides, des soins ou du regroupement familial. Ensuite, il faut essayer de juguler les entrées.

Comment   ?

Il y a quelques mois, à l'initiative du Danemark, quinze pays européens ont envoyé une lettre à Bruxelles pour revoir la liste des pays sûrs pour les demandeurs d'asile, c'est-à-dire qui répondent à des exigences de protection des droits et des libertés individuelles. L'idée est que la demande d'asile soit examinée dans des pays sûrs hors de l'Union européenne. Cela nécessiterait une révision de la Constitution. Surtout, je souhaite que l'on négocie rapidement des accords avec ces pays tiers pour leur renvoyer des étrangers en situation irrégulière dès lors qu'on a la preuve qu'ils y ont transité ou qu'ils y ont des liens familiaux, même quand ces pays ne sont pas d'origine. Cela est permis par la directive Retour. Je pense, par exemple, au Kazakhstan ou à l'Ouzbékistan pour les Afghans. Je nommerai dans les semaines à venir une personnalité chargée de dialoguer avec ces pays pour préparer ces accords. C'est une voie qui a été trop peu explorée.

Au niveau européen, faut-il renégocier la directive Retour ? C'est un impératif. D'ailleurs, sa révision est en chantier depuis 2018 mais rien n'a avancé. Nous avons, là encore, une opportunité à saisir car de plus en d'États veulent la modifier, que leurs gouvernements soient conservateurs ou sociaux-démocrates, comme celui d'Olaf Scholz en Allemagne. Telle qu'elle est rédigée aujourd'hui, la directive Retour rend quasiment impossible les retours. D'autant plus que la jurisprudence de la Cour de justice de l'Union européenne a non seulement interprété plus restrictivement les dispositions de la directive en imposant d'accorder aux clandestins un délai d'un mois pour repartir volontairement. Résultat : ils s'évaporent dans la nature ! Il faut également renverser la charge de la preuve : si l'étranger n'est pas capable de justifier qu'il a droit à l'asile ou au séjour, il doit être placé en rétention ou en centre d'attente pour être ensuite éloigné. De ce point de vue, le Pacte asile et immigration nous fournit un outil juridique qui peut nous aider, puisqu'il considère qu'un étranger arrivant aux frontières de l'Europe n'est pas juridiquement sur le sol européen, ce qui permet de le placer en zone d'attente. L'Europe doit reprendre le contrôle de ses frontières.

L'Allemagne les a rétablies alors que la directive Retour est toujours en vigueur…

Ce qu'ont fait les Allemands, nous le faisons depuis l'attentat du Bataclan en 2015. Tous les six mois, une prolongation de cette dérogation au principe de libre circulation est demandée. Dans quelques jours, je vais signer la 18e demande de dérogation. Nous allons renforcer les contrôles aux frontières, notamment sur des points névralgiques. La difficulté, c'est que contrairement à la plupart des partenaires européens, nous n'avons pas de corps unifié de garde-frontière ; nous allons y remédier. Mais encore une fois, c'est dans les pays d'origine que beaucoup se joue. L'Italie a diminué de 65 % le nombre de clandestins arrivant sur ses côtes grâce aux accords qu'elle a pu nouer avec la Tunisie et avec l'Égypte.

Et sur le plan national   ?

Tous les décrets de mise en œuvre de la loi immigration n'ont pas encore été pris et d'autres mesures peuvent être prises au niveau réglementaire. J'attacherai beaucoup d'importance à ce que très vite, l'ensemble de l'arsenal soit effectif. Je vais aussi donner des instructions aux préfets pour resserrer les conditions du regroupement familial. Elles doivent être plus restrictives.

Il suffit d'une circulaire   ?

Oui, pour partie. Pour le reste, il faudra passer par la loi. Mais trop souvent, l'administration ne va pas au maximum de ce que le droit autorise. Par exemple, sur les protections dont bénéficient les étrangers condamnés pour leur expulsion. J'avais fait adopter au Sénat un amendement sur la levée de ces protections lors de l'examen du texte de loi sur l'immigration. Je veux être bien certain que les préfets les mettent en œuvre et nous en ferons ensemble le suivi. De même, nous avons la possibilité de prendre des mesures de rétention en vue de l'éloignement des demandeurs d'asile qui ne font pas leur demande à un guichet unique. Pourquoi n'est-elle pas utilisée systématiquement ?

Si vous passez par de nouvelles lois, vous aurez besoin du soutien des députés macronistes. Seront-ils tous d'accord pour les voter   ?

J'ai été nommé pour répondre à une aspiration majoritaire des Français : remettre de l'ordre, en matière de sécurité comme en matière d'immigration. Aujourd'hui, quelles que soient leurs sensibilités, y compris dans l'électorat LFI, les Français exigent majoritairement une reprise de contrôle. Il faut entendre ce message et y répondre, sans sectarisme, mais sans démagogie. Car je ne raconterai pas d'histoire aux Français. Je leur tiendrai un langage de vérité, comme l'a demandé le premier ministre. La seule chose qui compte pour moi, c'est d'obtenir des résultats. Car s'ils ne viennent pas, alors nous ouvrirons la porte aux démagogues et aux populistes.

Êtes-vous prêt à restaurer le délit de séjour irrégulier   ?

Il faut évidemment le rétablir. Quand quelqu'un pénètre chez vous, par une fenêtre, c'est un délit, mais quand un étranger pénètre par effraction sur le sol français, ce ne serait pas un délit ? Je considère que violer une frontière, c'est violer la loi. Par ailleurs, le rétablissement de ce délit donnera de nouveaux pouvoirs d'enquête à nos policiers et à nos gendarmes.

Ça ne risque pas de poser un problème, dans la mesure où ce serait contraire à une directive européenne   ?

La seule chose qui serait contraire au droit européen serait une peine d'emprisonnement. D'autres pays européens ont d'ailleurs mis en place le délit de séjour irrégulier. C'est d'ailleurs un point sur lequel nous sommes d'accord avec une majorité d'États européens dans le cadre de la révision de la directive Retour. Mais la remise à niveau de notre droit ne s'arrête pas là. Par exemple, les prises d'empreintes sous contraintes pour les irréguliers existent dans d'autres pays, mais pas en France. Même chose pour l'AME  : l'écrasante majorité de nos voisins n'offrent pas un tel panier de soins. Sur le regroupement familial, il est également possible de rehausser encore les durées de séjour, les conditions de ressources ou de logement décent. Globalement, en Europe, nous sommes moins exigeants ou mieux-disant suivant les cas que les autres. Ce que je demande, ce n'est rien de plus que de mettre la France au niveau de la moyenne des pays européens pour ne pas être plus attractif en raison du bénéfice de davantage de droits sociaux.

Qu'allez-vous faire pour diminuer l'immigration légale   ?

Pourquoi le gouvernement danois, dirigé par des sociaux-démocrates, a-t-il considérablement durci sa politique migratoire ? Parce que les Danois tiennent à l'État providence, ils ont compris qu'ils devaient faire un choix : préserver leur modèle social ou laisser les frontières ouvertes. Pour moi, une aide sociale n'est pas un dû : elle est le fruit des cotisations de ceux qui ont travaillé. Je reste favorable aux délais de carence sur les aides. Comme je suis partisan de subordonner la délivrance d'un titre de séjour à un étudiant au caractère réel et sérieux de ses études. Ces mesures ont été censurées, sur la forme, par le Conseil constitutionnel. Il faudra y revenir par une loi.

Et pour limiter le nombre d'immigrés par quotas   ?

Pour les quotas, il faut une révision de la Constitution. Dans le contexte actuel, il n'y a pas au parlement de majorité des 3/5e pour la faire adopter.

Reste le référendum…

Comme le disait le général de Gaulle, en France, la Cour suprême, c'est le peuple. L'immigration est sans doute le phénomène qui a le plus bouleversé la société française depuis un demi-siècle et pourtant, jamais les Français n'ont eu leur mot à dire sur cet enjeu vital. Prenez le regroupement familial, autorisé par un simple décret en 1976 : quand un gouvernement a voulu revenir dessus, le Conseil d'État a dit non. Il n'y a eu sur cette question fondamentale aucun vote des Français ni de leurs représentants. Je suis évidemment favorable à un référendum sur l'immigration mais cela nécessite, là aussi, une révision de notre Constitution, pour élargir les domaines référendaires.

Le Conseil d'État comme le Conseil constitutionnel doivent-ils prendre conscience davantage de cette demande et ne pas uniquement juger en fonction des principes généraux du droit   ?

La démocratie libérale, c'est à la fois l'État de droit et la souveraineté du peuple. Mais il ne faut pas confondre l'État de droit, qui fixe des grandes exigences en termes de liberté et de dignité, avec l'état du droit, qui varie selon les contextes, parce qu'ils doivent correspondre aux demandes des citoyens. C'est le principe même de la démocratie : élire des représentants pour qu'ils fassent la Loi ! Face aux désordres, il faut trouver le bon point d'équilibre entre la protection des libertés individuelles et la protection de la société. Quand la CEDH nous interdit d'expulser des Tchétchènes qui avaient commis des crimes de sang, alors le curseur n'est plus au bon endroit puisqu'on protège davantage les droits des individus dangereux que ceux des victimes.

Sur la sécurité, vous voulez «rétablir l'ordre». Comment comptez-vous vous y prendre   ?

D'abord en parlant clair. Certains expliquent qu'il n'y aurait qu'un « sentiment d'insécurité ». Aujourd'hui, les chiffres montrent le contraire. La France connaît un véritable ensauvagement. Toutes les vingt minutes, il y a un refus d'obtempérer. Toutes les heures, une attaque avec arme. Et tous les jours, un millier d'agressions. Derrière ces froides statistiques, il y a des corps brisés, des existences mutilées et des vies volées. L'État doit aux citoyens une juste fermeté car s'il ne le fait pas, il se rend complice.

Oui, mais comment   ?

D'abord en apportant un soutien indéfectible aux forces de l'ordre. Sur ce point, mon prédécesseur, Gérald Darmanin, s'est toujours tenu à leurs côtés. Pour cela, je lui rends hommage et je veux dire à nos policiers, nos gendarmes, nos pompiers, que pour eux je ne tolèrerai rien : aucune offense, aucune atteinte ni à leur intégrité physique ni à leur intégrité morale. Ceux qui, par des discours irresponsables, placent une cible dans le dos de nos forces de l'ordre me trouveront sur leur route.

Vous êtes donc favorable à la mise en place de la présomption d'innocence pour les policiers   ?

J'y suis favorable, mais il faut étudier les conditions juridiques. Tirons également les leçons des Jeux olympiques. Car la visibilité des forces de l'ordre a eu un véritable impact. Enfin, l'une de mes priorités sera la lutte contre le narcotrafic qui est à l'origine de multiples crimes et délits, et qui représente aujourd'hui entre 3 et 6 milliards d'euros. Nous ne pouvons pas avoir, dans certains quartiers, de petits « narco-États ».

Continuerez-vous les opérations «places nettes XXL»   ?

J'attends un retour d'expérience sur ces opérations. Une chose est sûre : nous obtenons de meilleurs résultats quand il existe une étroite coopération entre les forces de l'ordre, les magistrats et les douanes. Mais ce n'est pas suffisant. J'avais moi-même diligenté une commission d'enquête au Sénat sur le narcotrafic, présidée par un sénateur socialiste, Jérôme Durain, et dont le rapporteur était le sénateur LR Étienne Blanc. C'est la preuve que nous pouvons aborder ces questions de manière transpartisane. Je suis persuadé qu'il existe une majorité pour adopter de nouvelles mesures, pour mieux protéger les indics, accorder un statut aux repentis, systématiser les enquêtes de patrimoine et la saisie des biens également. Car je vous rappelle qu'Al Capone est tombé sur une enquête fiscale…

Rétablir la sécurité passe aussi par la justice…

Je ne veux pas déborder de mon champ de compétence. Mais si nous voulons obtenir collectivement des résultats, il faut une réponse pénale très ferme. Car il ne sert à rien d'interpeller les délinquants si le délit n'est pas sévèrement puni. C'est aussi ce que nous demandent les forces de l'ordre. Mon premier déplacement, je l'ai fait au commissariat de La Courneuve où j'ai rencontré et vu un policier, pris à partie par un mineur, qui a eu la main brisée et 42 jours d'ITT. Ce mineur avait 33 antécédents, dont l'un de vol avec acte de torture. Il n'a pas écopé d'une seule journée de prison. Est-ce normal ? J'aurai, très régulièrement, des réunions avec le Garde des Sceaux, Didier Migaud.

Après la mort de Philippine, il s'est dit ouvert à examiner des évolutions de notre arsenal législatif. Je m'en félicite. Ces évolutions sont nécessaires. Car les alternatives à la prison, privilégiées depuis des années, ne marchent pas : non seulement la sanction ne dissuade plus mais la surpopulation carcérale ne cesse d'augmenter. En réalité, on incarcère trop tard. Les Pays-Bas ont fait le choix inverse, avec de courtes peines de prison dès les premiers délits graves. L'effet, dissuasif, permet de briser les parcours délinquants, et donc de diminuer la population carcérale. C'est une réussite dont nous devons nous inspirer, comme l'a souhaité le premier ministre lors de sa déclaration de politique générale.

Êtes-vous favorable à la suppression de l'excuse de minorité, au retour des peines planchers   ?

J'ai quelques idées sur ces sujets, mais ce n'est pas à moi qu'il revient de faire la politique pénale. Je pense qu'il faut redonner du sens à la sanction, et pour cela qu'elle soit certaine et rapide.

Comment comptez-vous lutter contre l'islam politique   ?

Il faut mener une guerre totale au totalitarisme islamiste et pour cela, agir dans deux directions. La première, c'est de conforter nos moyens sécuritaires, notamment pour mieux suivre les islamistes sortant de prison qui arrivent en fin de peine. Je veux d'ailleurs rendre hommage à nos services anti-terroristes qui, régulièrement, déjouent des attentats, sauvent des vies. Le second enjeu, c'est de reconstruire nos défenses immunitaires, c'est-à-dire de réaffirmer nos valeurs, nos principes. Pas d'accommodements déraisonnables. Ensuite nous devons passer d'une lutte contre le séparatisme vers une lutte contre l'islam politique, en particulier contre le frérisme. Notre laïcité n'est pas négociable, et nos lois non plus : les Français peuvent être sûrs que pour fermer des mosquées islamistes, expulser des prêcheurs de haine ou dissoudre des groupes séparatistes, ma main ne tremblera pas. Nous devons avoir cette fermeté, et d'abord pour nos compatriotes musulmans dont la foi est défigurée par l'islamisme.

Aurez-vous le soutien du président de la République   ?

Nous sommes dans une situation totalement inédite. Elle nous oblige les uns et les autres. Comme gaulliste, je suis respectueux de la fonction présidentielle. Mais je suis également attaché à notre Constitution qui affirme, dans son article 20, que le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. Chacun doit donc être dans son rôle même si, naturellement, il faut du dialogue, du respect, de la coopération, notamment sur les questions internationales où le président de la République a un rôle clé. Dans ce moment de tous les dangers, nous devons collectivement incarner l'union des bonnes volontés. Ma seule obsession, c'est d'être utile à la France, d'obtenir des résultats pour les Français. C'est, pour moi, la seule chose qui compte.




par Le Figaro avec AFP 1 octobre 2024

«L'immigration n'est pas une chance», «l’État de droit n’est pas intangible» : Retailleau s’attire les critiques de la gauche et de macronistes

"Bruno Retailleau persiste et signe. Interrogé sur de précédents propos dans lesquels il jugeait qu'une «société multiculturelle» était une «impasse» et «conflictuelle» , le nouveau ministre LR a estimé sur LCI dimanche soir «qu'une société multiculturelle comporte des risques de devenir aussi une société multiraciste». «Je pèse mes mots» , a-t-il lancé sur la chaîne d’information."

A lire dans le Figaro :
 



par Mathieu Bock-Côté dans FigaroVox 21 septembre 2024

Une analyse sans concession de Mathieu Bock-Côté sur la composition en cours du gouvernement Barnier :

CHRONIQUE - Le gouvernement de Michel Barnier devrait être une version remaniée de l’ancien, sans que ne s’y greffent des éléments trop «conservateurs». Une classe politique en fin de parcours qui parvient, encore, à se maintenir aux affaires.

En l’espace de quelques jours, la droite qui se croyait de retour au pouvoir, a compris qu’elle ne l’était pas vraiment. Certes, Michel Barnier semble installé à Matignon. Mais il n’a pu former son gouvernement qu’en deux temps, et multiplier les contorsions pour y parvenir, l’Élysée, d’abord, et les résidus parlementaires du bloc central, ensuite, jugeant sa première proposition trop LR. Michel Barnier n’avait finalement pas les mains libres. Le nouveau gouvernement sera, pour l’essentiel, une version remaniée de l’ancien, sans que ne s’y greffent des éléments trop « conservateurs ». Le gouvernement Barnier se présente moins comme un recours pour réparer et réunifier autant qu’il le peut un pays politiquement fragmenté qu’à la manière du dernier spasme d’un régime agonisant, et qui sait l’être.

C’est une classe politique en fin de parcours qui se révèle, et nous oblige à revenir à 2017, au moment du premier macronisme, triomphant. On se souvient peut-être, à moins qu’on ne se souvienne plus, que le macronisme est moins né d’un élan populaire que d’une ruse élitaire, qui a vu une caste liquider le président sortant et exécuter celui qui était appelé à lui succéder, par une manœuvre juridico-médiatique relevant du coup de force maquillé en sursaut éthique. Il fallait empêcher le candidat d’une droite décomplexée d’arriver au pouvoir. L’oligarchie qui coopta alors Emmanuel Macron réussit un coup de maître : un système agonisant se ripolinait la façade en lui donnant un coup de jeune. Une classe politique venait de se sauver en criant révolution.

Macron, un président claudicant dès les premiers jours

Mais bien qu’on continue de le nier aujourd’hui, Emmanuel Macron fut un président claudicant dès les premiers jours. D’abord parce qu’au deuxième tour de 2017, il fut moins porté par une majorité d’adhésion que par le carnaval de l’antifascisme involontairement parodique. Le front républicain se voulait déjà de retour. Il s’accompagne toutefois toujours d’une forme de légitimité négative : il conduit moins au pouvoir des hommes et un programme qu’il n’a pour fonction d’empêcher à tout prix une force politique médiatiquement disqualifiée d’y parvenir. Cette légitimité n’est pas une d’adhésion, et on ne peut pas vraiment s’appuyer sur elle pour engager une grande transformation politique. La procédure démocratique est sauve, l’esprit démocratique n’est plus là.

Des élites usées mais s’accrochant rageusement à leurs privilèges et redoutant une insurrection populaire, qu’elles materont à tout prix, ont privatisé la république.

D’ailleurs, la crise n’allait pas tarder, avec la révolte des «gilets jaunes », authentique mobilisation populaire, avant son détournement par l’ultragauche. Les profondeurs du pays larguées par le nouvel élan mondialiste et européiste se révoltaient. Emmanuel Macron fera par ailleurs tout en son pouvoir pour installer durablement un clivage entre le bloc central et les nationalistes – avant de le retraduire en un affrontement entre les républicains et les extrêmes. Il s’agissait de disqualifier toute forme d’alternance ou d’alternative véritable, en fédérant tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, tirent avantage de ce qu’est devenu l’ordre établi, et de faire peur aux autres en leur parlant du grand retour de la bête immonde – ou de les intimider en leur promettant la mauvaise réputation s’ils ne répétaient pas les bons slogans.

La même séquence s’est produite en 2022. On oublie, aujourd’hui, l’enthousiasme des voix les plus importantes du système quand se répandit la rumeur voulant que ni Le Pen, ni Mélenchon, ni Zemmour, qui totalisaient alors entre 45 % et 50 % d’appuis, n’obtiendraient leurs signatures pour participer à la présidentielle, parce qu’ils ne seraient pas « républicains ». Comprenaient-elles, alors, qu’elles décrétaient la moitié des Français factieux ? La même histoire s’est reproduite en 2024 au moment des législatives, le système électoral étant cette fois détourné par une grossière manœuvre pour produire des résultats contraires aux préférences populaires. La légitimité négative arrivait alors à son point culminant. La France est devenue politiquement ingouvernable avec une classe politique concassée, qui ne parvient plus à dissimuler sa médiocrité.

En 2017, comme en 2022 puis en 2024, les Français furent privés d’un véritable exercice démocratique. Des élites usées, mais s’accrochant rageusement à leurs privilèges et redoutant une insurrection populaire, qu’elles materont à tout prix, ont privatisé la république. On appelle désormais cela l’État de droit. Le peuple vote mal, se rend coupable de populisme, et n’est plus pour cela le bienvenu en démocratie. Il le sera à nouveau quand il se sera calmé, rééduqué ou submergé. Entre-temps, le système politique tourne en rond, incapable désormais d’engendrer un gouvernement qui tiendra, qui saura vraiment piloter le pays, alors qu’il est confronté, avec la crise migratoire et l’insécurité généralisée, à sa plus grave crise depuis la guerre d’Algérie. C’est ce qu’on appelle une crise de régime.



par Eric Ciotti 28 juillet 2024

Dans un courrier envoyé ce lundi (voir ci dessous), le président contesté des LR appelle ses adhérents à choisir entre «l'intégration des LR dans le camp macroniste» ou «l'alliance des droites dans l'indépendance⁠».Les adhérents vont donc être appelés à décider de la ligne politique des Républicains.

 

 

"Chers compagnons,

Notre pays traverse une crise politique majeure. L’inconséquence et l’impuissance du Président Macron ont précipité la France dans le chaos.

Dans cette tempête institutionnelle inédite, j’ai pris mes responsabilités en toute transparence pour enrayer le déclin national.

Depuis le 11 juin, je vous ai parlé en vérité. Oui, j’ai voulu une alliance claire à droite, pour que la France soit gouvernée à droite. C’est pour cela que j’ai voulu que nous participions à une grande coalition électorale de tous ceux qui se retrouvent dans la défense des idées nationales.

Pourquoi la gauche pourrait-elle s’unir avec les Insoumis, qui représentent le pire danger pour la République, mais les droites ne pourraient pas se rassembler, comme elles le font partout en Europe ? J’ai voulu dénoncer ce paradoxe et briser ce tabou.

J’assume ce choix qui m'a valu des attaques d’une violence inouïe. J’assume de vouloir préserver notre indépendance tout en nouant des accords à droite pour gagner. Ceux qui vous disent que nous pouvons gagner seuls vous trompent et nouent une alliance avec les macronistes fossoyeurs de notre pays.

Je mesure chaque jour un peu plus l’adhésion majoritaire et le nombre croissant de militants qui rejoignent ma démarche. Je sais qu’elle a pu surprendre certains de vous. Je sais aussi que d’autres n’y ont pas adhéré. Je respecte naturellement ces positions. Mais je veux dire à ceux qui doutent que les événements nous donnent raison.

Aujourd’hui les masques sont tombés ! Les dirigeants des Républicains qui ont le plus violemment critiqué l’union des droites, faite dans la clarté et devant les Français, ont noué dans l’obscurité une alliance avec la macronie.

Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand et leurs amis bâtissent aujourd’hui une alliance officielle avec Emmanuel Macron.

Vous avez été dupés par une manœuvre insincère et hypocrite. Au premier tour des législatives, plus de 50% de leurs candidats n’avaient pas de candidats macronistes contre eux.

Pire, au second tour, ils ont conclu d’indécentes alliances avec la gauche et l’extrême-gauche, et participé à la coalition des contraires construite par Emmanuel Macron et Mélenchon pour entraver l’expression du peuple !

Plus de 50% de leurs candidats ont bénéficié d’un désistement de la gauche et de l’extrême gauche. Ils ont même soutenu le communiste Stéphane Jumel et l’Insoumis François Ruffin.

Ils ont choisi le macronisme et la gauche contre le peuple, ils se sont unis pour faire perdre la droite.

Ils ont poursuivi leur stratégie en négociant des postes et des places à l’Assemblée nationale avec Emmanuel Macron, recevant ainsi la rançon de leurs compromissions en se partageant le butin électoral.

À travers ces accords de la honte, ils s’inscrivent dans la majorité présidentielle et méprisent les 11 millions de Français qui ont voté pour l’union des droites.

Les mêmes proposent aujourd’hui un Pacte législatif qui accouchera d'une coalition avec le macronisme ou sera condamné à n'être que communication. Une marche de plus pour devenir les supplétifs d’Emmanuel Macron, et continuer le partage des postes et des places en préparant le gouvernement. Ils prétendent lutter contre l'extrême gauche qu'ils ont participé à faire élire et dont ils ont bénéficié des voix au second tour. Ils ont collaboré avec la gauche dans les urnes et combattu la droite.

Ces choix marquent une trahison majeure et inédite. Une rupture. Vous avez été trompés et trahis. C’est toute la droite qui a été bafouée par ces basses manœuvres.

Moi, je ne pactise pas avec ceux qui ont tant abîmé notre pays. Le macronisme c’est une France à terre. Une faillite budgétaire, l’explosion de la violence, le chaos migratoire, le déclassement des ménages, la perte d’influence européenne et internationale.

Comment peut-on donner du crédit à ce pouvoir, qui a tant abaissé la France, et oser s’allier avec lui ? C’est non seulement trahir la droite mais surtout trahir la France.

Plus que jamais, j’ai besoin de vous pour faire triompher notre démarche d’union des droites. J’appelle donc tous les militants des Républicains à se lever et à agir. Je connais votre loyauté à notre famille, et je sais que vous détestez ces trahisons.

Je vous propose la seule ligne possible : une ligne droite. Je vous invite pour cela à me suivre et à vous rassembler, en nous retrouvant à l’occasion de notre grande rentrée politique, le 31 août, à Levens, dans les Alpes-Maritimes.

Je suis et je reste président des Républicains, élu par vos suffrages en 2022. Ma légitimité je ne la tiens que de vous. Pour effacer la trahison des chapeaux à plume, je m’en remets aujourd’hui, comme je l’ai toujours annoncé, au choix souverain des militants.

Je vous annonce que je vous consulterai à travers un vote dans les prochaines semaines sur un choix clair entre deux lignes opposées.

Soit la dissolution des Républicains dans le camp macroniste qui se dessine aujourd’hui, avec Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand.

Soit le rassemblement des droites que j’ai initié pour relever la France, en gardant notre indépendance et nos valeurs.

Je veux mener ce combat au sein de notre famille politique, ensemble. Aucune alternative n’est possible. Je vous propose une ligne de courage, de responsabilité et d’indépendance, pour ouvrir, à droite, une voie d’espérance.

Je m’engage avec vous à défendre une droite forte, au service de la France du travail par la débureaucratisation, la diminution des normes, la baisse de la fiscalité et la hausse des salaires. Une droite garante de l’équilibre des comptes publics par la baisse des dépenses publiques, une droite favorable à la liberté économique et d’entreprise, gage de prospérité pour tous. Une droite garante de l'identité et de la sécurité.

Ne soyons ni les béquilles, ni les supplétifs de Monsieur Macron. Bâtissons la victoire de la droite dans l’indépendance et le courage de l’union !

N’ayez pas peur ! Levez-vous. Ne baissez plus les yeux. Brisez les chaînes du politiquement correct et refusez la soumission au macronisme.

Rassemblés, nous pouvons sauver la France du déclin et faire refleurir l’avenir de notre grande nation.

Avec l’assurance de toute ma détermination.

Fidèlement,

Éric Ciotti

Président des Républicains"











par Natacha Gray 24 juillet 2024

Une (longue) tribune d'une de nos plus fidèles adhérentes !


La vérité sur les élections au Royaume Uni

Les leçons à tirer, pour la droite française.


En dépit des apparences, il y a beaucoup de points communs entre nos deux pays de part et d’autre de la Manche. Et pas simplement dans le contexte des récentes élections législatives anticipées, décidées par le Président de la République en France, par le chef du gouvernement au Royaume Uni, mais par la victoire en sièges (mais minoritaire en voix) des gauches françaises et britanniques, l’effondrement (en sièges et en voix) du parti conservateur et la progression inexorable et révélatrice d’un troisième bloc qualifié naturellement d’extrême-droite (far-right) par ses adversaires et par les médias mainstream mais qui se définit comme le vrai conservatisme, fondé sur des valeurs et objectifs abandonnés par ceux qui, au pouvoir depuis 14 ans, étaient censés les promouvoir.

Par idéologie, incompétence ou ignorance, ou peut-être tout simplement par indifférence à ce qui se passe au-delà de nos frontières, nos médias se sont contentés d’annoncer l’écrasante victoire de la gauche britannique en se focalisant sur le nombre de sièges obtenus. Les enseignements sont infiniment plus complexes que cela et, de l’autre côté du Channel, on insiste plutôt aujourd’hui sur l’inadéquation entre un système électoral dépassé (1) qui voit la gauche triompher bien au-delà de ce qu’elle représente dans le pays réel où elle reste minoritaire (2), sur les raisons de l’effondrement de l’ancien grand parti conservateur (3) mais surtout l’extraordinaire progression d’autres droites, et notamment celle de Reform.uk (4), qui entre au Parlement, et de celui qui apparaît comme son nouveau leader, Nigel Farage, le chef de file des forces du Brexit qui a récupéré en quelques semaines de campagne une partie des voix ayant déserté les Tories. Précisons que le reste de ces voix conservatrices déçues se répartissent moins sur quelques votes de rétorsion à gauche que sur une abstention sans précédent depuis les années 1880 ou sur d’autres petites forces de droite et du centre comme les Libéraux Démocrates, LibDem.

La situation en France nous étant bien mieux connue, cette analyse se concentrera sur la situation britannique que le lecteur pourra comparer par lui-même avec le paysage politique post-électoral français. Il y a d’importantes leçons à en tirer pour la droite, ou les droites, française(s) en particulier, les droites européennes en général.


1. Dissolution et système électoral

En France comme au Royaume Uni les citoyens ont dû se rendre en effet dans les bureaux de vote pour des élections anticipées que personne n’attendait. Les élections à la Chambre des communes devaient avoir lieu cet automne mais le Premier Ministre Rishi Sunak a pris tout le monde de court (comme le président français) en dissolvant l’Assemblée le 30 mai dernier, espérant peut-être conforter sa majorité alors que son gouvernement, très critiqué, bénéficiait toujours d’une majorité absolue à Westminster ! Ces élections majoritaires à un tour ont eu lieu le 4 juillet dernier. Comme en France, pris de court, les partis, et notamment les petits et moyens, ont dû dans l’urgence élaborer un programme et surtout trouver des candidats présentables. Ainsi le parti Reform a-t-il été accusé, à tort, de présenter des candidats qui n’existaient pas car, tenant à être présent dans 609 constituencies (circonscriptions électorales) sur 650 (car il y a eu quelques rares accord pour ne pas défavoriser un autre candidat de droite), ce qui permet de compter ses soutiens en voix, nombre de ceux qui ont été trouvés dans l’urgence n’avaient aucun passé politique, aucune visibilité numérique, aucun site de campagne. Le même parti a même été contraint de retirer son investiture à des candidats dénichés à la va-vite et qui se sont avérés coupables, dans la présente campagne ou par le passé, de propos racistes. Comme Le RN en France.

Le système électoral est différent du nôtre mais présente le même type d’aberration, il ne rend absolument plus compte de la réalité des votes dans le pays et ne peut que susciter frustrations et mécontentement. C’est un scrutin uninominal majoritaire à un tour, appelé aussi FPTP ou FPP, c’est-à-dire First-past-the-post, en clair « le premier qui passe le poteau (la ligne d’arrivée) » a gagné. Il présente un certain nombre d’avantages, d’abord financièrement (un seul tour à organiser), pas de tractations contre-nature entre deux tours comme dans le mode de scrutin français, et une interprétation très simple des résultats. En outre il convenait plutôt bien à la situation politique qui prévalait encore au siècle dernier, c’est-à-dire un bipartisme net entre une droite conservatrice (les Tories) et une gauche travailliste (Labour) qui alternaient au pouvoir régulièrement.


Mais aujourd’hui, si la gauche reste globalement uniforme malgré le cavalier seul des Verts, la droite a éclaté en une multitude de tendances rivales. L’inconvénient est que le candidat qui a obtenu le plus de voix, qui remporte donc l’élection immédiatement à la majorité relative, peut être très minoritaire dans sa circonscription, par exemple (et le cas s’est présenté maintes fois cette fois-ci) si tous les autres candidats sont dans l’opposition. Le Labour rassemble en effet toutes les gauches, de la vieille gauche patriote à la gauche wokiste, internationaliste, indigéniste, antisémite et immigrationniste, en passant par des écologistes les plus radicaux, même si le parti des Greens (les Verts) envoie aussi des candidats séparément. En face l’opposition de droite des Tories (LR en quelque sorte), LibDem (un centre droit que l’on pourrait comparer au MoDem) et Reform (la droite nationale) sont allés à l’élection en ordre dispersé. Le résultat est qu’ils sont dans le pays toujours majoritaires en voix mais que le Labour a remporté la majorité absolue des sièges.


Le décalage entre nombre de voix pour la droite, majoritaire comme en France, et nombre de sièges obtenus est encore plus spectaculaire que chez nous : Avec 33,69% des voix les travaillistes (Labour) ont obtenu 411 sièges à la Chambre des communes, soit 176 sièges de plus que la majorité absolue, raison pour laquelle les médias nous présentent cette victoire comme écrasante, omettant de décrire une situation beaucoup plus complexe. On peut y ajouter les 6,74% des Verts, soit 4 sièges. Les droites réunies représentent 23,70% pour les Conservateurs (121 sièges), 12,22%, soit 72 sièges pour le Centre droit (LibDem) et 14,22%, soit 5 sièges pour la droite de Reform (qui se veulent les vrais conservateurs). Ainsi la gauche (Labour + Green) représente-t-elle 40,43% des électeurs s’étant exprimé et la droite 50,14%. Le reste se partageant entre le parti indépendantiste écossais (SNP, 2,52%) et des partis « autres » en inquiétante progression, car il s’agit la plupart du temps de partis communautaristes représentant l’islam radical.

Notons donc pour commencer quelques aberrations : Reform qui a obtenu plus de 14% des voix n’a que 5 sièges alors que LibDem, avec à peine plus de 12% en remporte 72 ! Et la droite avec plus de 50% des voix n’obtient que 198 sièges contre 415 pour la gauche.

On peut aussi exprimer cette injustice, puisque le système électoral ne représente plus le pays réel, en convertissant ces résultats en nombre de voix nécessaires pour obtenir un siège à Westminster :

1 député Labour : 23 405 votes

1 LibDem : 49 504 votes

1 Conservative/ 57 285 votes

1 SNP : 83 279 votes

1 Green 476 730

1 Reform : 1 000 912 votes.

On comprend que dans ces circonstances, de plus en plus de voix s’élèvent au Royaume Uni pour demander la fin du FPTP et l’instauration d’un système proportionnel.


2. La gauche travailliste (Labour) est loin d’avoir gagné

La gauche de Keir Starmer a gagné largement en termes de sièges, la plus large victoire depuis 1997 avec une majorité absolue de 176 sièges, mais avec moins de 34% du vote national, elle obtient moins que Jeremy Corbyn en 2017 et moins que Tony Blair à chaque fois.


En clair le Labour a remporté l’élection non pas en raison de nouveaux électeurs mais grâce à une abstention spectaculaire à droite, la pire depuis … 1880 ! Car, comme en France, alors que la droite s’abstient devant des candidats qui ne la satisfont pas entièrement, la gauche se mobilise. En voix la gauche a stagné en Angleterre (+ 0,6%), a fortement décliné au Pays de Galles (où elle est représentée au pouvoir par la nouvelle gauche woke mettant en pratique dans de nouvelles lois discriminatoires, son racisme anti-Blancs, son obsession racialiste et les théories du genre). Elle n’a clairement augmenté (+20% en sièges) qu’en Ecosse mais cela était prévu par tous les observateurs, car elle y a pris la place (et une grande partie des sièges) du SNP, le parti national écossais, indépendantiste, largement discrédité aujourd’hui par la politique wokiste de Nicola Sturgeon (qui y a perdu sa place de Premier Ministre) et de son successeur Humza Yousaf (remplacé depuis mai par John Swinney) et des scandales financiers à répétition touchant le parti et son équipe dirigeante.


Cette gauche largement majoritaire en siège va néanmoins vers d’importantes difficultés futures : moins parce qu’elle ne représente pas le pays réel car son opposition de droite, comme en France, n’est pas connue pour fomenter blocages, émeutes, refus d’obéir ; mais parce qu’elle est, comme le Nouveau Front Populaire, constituée de gauches inconciliables, d’une extrême gauche puissante jusqu’aux socio-démocrates. Nos médias vantent, à tort, la métamorphose des Travaillistes. Mais quelle métamorphose ? Certes ils ont éliminé aujourd’hui les plus antisémites de leurs leaders comme Jéremy Corbyn. Mais cette gauche a constamment soutenu l’immigration sans frontières et les affirmations communautaristes religieuses, toléré les pratiques chariatiques, encouragé les blocages de Londres et d’autres grandes villes britanniques chaque samedi depuis le 7 octobre par des foules pro-palestiniennes et même pro-Hamas, hurlant des slogans antisémites, arrachant les drapeaux britanniques des monuments officiels pour y accrocher ceux de Daesh et de la Palestine, histoire comme en France de se constituer un nouvel électorat. Et, comme en France, elle diabolise les opposants et qualifie toute protestation de « raciste » et « islamophobe ». Mais, comme signalé plus haut, le retour de bâton est qu’elle a perdu un certain nombre de circonscriptions qui lui étaient acquises au profit de ses anciens protégés qui ont présenté des candidats communautaristes indépendants (comme Corbyn qui a rejoint un parti pro-Gaza) dans des circonscriptions à majorité musulmane et ont obtenu 15 sièges à l’Assemblée. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Ainsi dans ce « nouveau » parti travailliste, la vieille gauche (old left) est-elle réduite à l’état de survivante, l’essentiel des nouvelles troupes alliant des tendances communautaristes, les écologistes radicaux, les wokistes le plus débridés au point que l’on a vu Keir Starmer, le nouveau PM, répondre gêné à un journaliste lui demandant de définir « what a woman is » et si une femme pouvait avoir un pénis : « oui, enfin la majorité des femmes non mais quelques-unes oui » pour ne pas s’aliéner sa majorité wokiste dont le cheval de bataille est la transidentité. Alors oui, s’il y a eu métamorphose, c’est que cette gauche, par conviction ou stratégie, a totalement absorbé les revendications wokistes, racialistes, communautaristes.

C’est ainsi qu’une des premières mesures des Travaillistes désormais au gouvernement a été d’annuler le Plan Rwanda (qui consistait, comme d’autres pays le font, de faire examiner par ce pays tiers toutes les demandes d’asile avant acceptation, ou non, sur le sol britannique, donc d’y expédier tout migrant clandestin arrivant sur les côtes par les small boats) ; puis d’inventer une nouvelle taxe (sur les véhicules électriques, ce qui va le mettre en porte à faux avec sa branche écologiste) et de donner des gages à sa majorité wokiste en réintroduisant dans les programmes scolaires dès l’école primaire les leçons sur les identités de genre que le gouvernement conservateur, sur la pression populaire, venait de limiter pour les mineurs.

Donc des mesures à l’encontre de ce à quoi aspirent, selon tous les sondages et le succès d’immenses rassemblement patriotes pacifiques (le prochain est le 27 juillet), une immense majorité de Britanniques. Ainsi, si la gauche a gagné, ce n’est pas pour elle-même, mais parce que la droite des Tories s’est effondrée.



3. La droite conservatrice « officielle » des Tories s’est effondrée


Comment le parti conservateur, qui avait bénéficié d’une victoire historique en 2019, avec 80 sièges de majorité, a-t-il pu subir un tel désastre électoral 5 ans plus tard ?  Comme on l’a vu en première partie, la droite reste majoritaire en voix dans le pays mais le parti qui l’avait toujours incarnée, les Tories ou Conservatives, ont obtenu le pire résultat de leur histoire. Le grand parti disparaît, au profit de partis périphériques. Les chiffres sont éloquents, les Tories ont perdu 190 sièges.

Ce n’est pas une surprise, car cette droite est constamment accusée d’avoir trahi ses promesses, son programme, c’est-à-dire les fondamentaux d’un parti de droite, depuis des années mais plus encore depuis l’arrivée de Rishi Sunak au poste de Premier Ministre (non élu mais désigné en interne après vote des adhérents pour remplacer Liz Truss, démissionnaire, elle-même remplaçant Boris Johnson, démissionnaire). En effet, à de rares exceptions près (Liz Truss pendant pendant un mois et 19 jours où elle fut en poste au 10 Downing Street ; et quelques récentes mesures du gouvernement Sunak, trop tardives contre les théories du genre et la propagande des activistes trans à l’école), cette droite a échoué à contrôler les frontières et à faire baisser l’immigration, à prendre des mesures contre l’insécurité, à faire baisser les taxes et le poids de l’Etat. Parallèlement, avec un pouvoir d’achat en berne, face à la crise de l’énergie, une pression fiscale accrue, les Britanniques ont constaté l’effondrement de la qualité et de l’efficacité de leurs services publics, notamment de santé (la NHS : National Health Service). Les conservateurs ont échoué à combattre le wokisme dans les médias, dans les services publics et dans l’Education, et ont laissé s’installer les théories du genre et la sexualisation précoce des enfants à l’école. Pire, soumis aux accusations de la Gauche, de peur de sembler raciste, islamophobe, transphobe, ils ont soutenu les activistes et diabolisé (voire exclu des rangs des Tories) au Parlement les députés qui pointaient ces promesses non tenues, ces trahisons répétées en rupture avec le programme initial, les dangers identitaires et les attentes de la population. Sunak a même fini par renvoyer le ministre de l’Intérieur, une vrai conservatrice, Suella Braveman, initiatrice du Plan Rwanda, parce qu’elle demandait la sortie du Royaume Uni de l’ECHR (la CEDH, la Cour Européenne des Droits de l’Homme), responsable de la plupart des blocages dans la lutte contre l’immigration illégale.


Mais pour quelles raisons cette droite conservatrice a-t-elle gouverné dans l’oubli total des promesses qui l’avaient portée au pouvoir, au point qu’une expression circule qualifiant Labour et Tories de two cheeks or the same arse (les deux fesses d’un même postérieur). Certes, au pouvoir pendant les confinements à répétition (Lockdowns), elle a mécontenté une grande partie de son électorat libéral, et cela d’autant plus que plusieurs scandales (certes artificiellement amplifiés par les médias dominants, dont la BBC, soutiens indéfectibles et partiaux de la gauche) ont montré que ses leaders ne s’appliquaient pas les mêmes restrictions (Party Gate). Mais l’essentiel est ailleurs, une soumission aux préconisations du Forum Economique Mondial (WEF) qui l’a rendue plus globaliste que préoccupée par les intérêts nationaux, une incapacité totale à régler les problèmes liés à l’immigration (question qui était pourtant au cœur du vote pro-Brexit) en raison de son refus de sortir de la CEDH, une sorte de complexe face à une gauche braillarde et accusatrice de peur de sembler raciste, islamophobe, transphobe et de susciter des mouvements de foule qu’elle ne saurait contrôler.


Mais on doit aussi s’interroger sur les démisions successives qui l’ont fragilisée et discréditée : tous ceux qui ont tenté d’être de vrais conservateurs parmi les Premiers Ministres, les Ministres et députés) ont été poussés vers la sortie par des scandales orchestrés par l’ensemble des médias suivis par les réseaux, campagnes de calomnies, d’accusations diverses, d’indignations portées par des meutes numériques, menant à la « cancellation » (l’annulation, la disparition de la scène publique) notamment autour des chaînes de désinformation publiques comme la BBC à côté de laquelle France Inter semblerait presque un média d’extrême-droite ! J’exagère à peine. La cancel culture (ou culture du bâillon) est véritablement un fléau outre-Manche et tous les médias publics sont de gauche. Quant aux médias privés, ils sont sous la coupe d’un régulateur nommé OfCom (l’équivalent de notre ArCom mais en encore plus hémiplégique), ce qui réduit les chaînes véritablement conservatrices, opposées à cette idéologie internationaliste et woke incarnée à la fois par le Labour et les Tories, à se montrer dans une opposition très contrôlée. L’OfCom veille et sévit (amendes, demande du retrait de l’antenne de journalistes trop disruptifs par rapport au narratif officiel). GBNews, la petite sœur de CNews, en sait quelque chose et s’est beaucoup « assagie » à force d’amendes menaçant sa survie et de mises en garde de la part du régulateur que la droite appelle parfois « l’OfCommunist ». A côté la BBC et d’autres peuvent désinformer, mentir, insulter, laisser des journalistes ou invités racialistes cracher leur racisme anti-Blancs (race-baiting : obsession de la race, culpabilisation de l’Occidental, victimisation), leur soutien aux émeutes, et même les appels à assassinat (sur Trump) en toute tranquillité. L’OfCom est borgne et ne tape que sur la droite. Et la droite n’a pas trouvé la force, ou suffisamment de conviction, ou tout simplement de courage pour s’affirmer envers et contre tout. Il est vrai que les droites, quelles qu’elles soient, partent avec un handicap qui est aussi à leur honneur : les gens de droite ne dénoncent pas, ne se vautrent pas dans le djihad judiciaire, ne font pas de liste de déviants à éliminer, ne hurlent pas en meute contre un opposant qui les contredit, ne menacent pas de bloquer le pays ou les institutions. Mais elle s’est soumise à l’idéologie dominante et s’est contentée, au mieux, de reconnaître des problèmes et de promettre de tenter d’y remédier enfin. L’attitude de Rishi Sunak après la défaite est révélatrice, il ne cesse de s’excuser (I apologise), envers son parti, envers le pays, de n’avoir pas fait ceci ni cela.


4. La montée extraordinaire et inattendue du parti Reform.UK


Alors où sont passées les voix de droite qui ne se sont pas réfugiées dans l’abstention ? Une minorité s’est tournée vers le centre droit, les Libéraux-Démocrates, ou Lib-Dem. Beaucoup, on l’a dit, se sont réfugiés dans l’abstention. Mais la surprise est venue de la progression spectaculaire d’un petit parti sans députés, Reform.uk, qui a attiré l’essentiel des électeurs de droite qui se sont exprimés. L’ancien leader du Brexit Party, Nigel Farage, retiré de la politique et devenu depuis présentateur d’une émission à succès sur GBNews, s’est relancé contre toute attente dans la bataille des urnes qu’il annonçait quelques semaines auparavant ne plus vouloir mener pour lui-même. C’est ainsi que les Tories ont perdu 180 sièges à cause de Reform que les électeurs ont préféré, ce qui a divisé les votes de droite et conduit à la victoire de la gauche. A noter que d’autres micro-partis, comme The Reclaim Party, n’ont pas présenté de candidat et se sont ralliés explicitement à Reform. Comme dit son leader Laurence Fox : « peu importe qui se voit attribuer le mérite (take the credit), l’important est le résultat et que nos idées progressent ».


Reform était un petit parti conservateur sans député, il a augmenté en moins d’un mois de campagne, avec l’arrivée de Farage, de 13 points ! Il est passé de 0 à 5 sièges (dont un pour un ancien Tory exclu de son groupe parlementaire pour avoir dénoncé l’islamisation de Londres), a failli à quelques voix près en emporter une dizaine de plus car il est souvent arrivé deuxième dans les circonscriptions, loin devant les Tories. Il est ainsi devenu la principale force d’opposition sur les terres dévolues à la gauche britannique. Comme le dit son leader, « nous avons ouvert un front dans les Tories, on vient maintenant pour les Labour », confirmant sa nouvelle volonté d’engagement sur les deux flancs qu’il présente comme les deux faces d’une même politique.


Les enquêtes ont montré qu’un grand nombre d’électeurs des Tories sont passés à Reform.uk car le programme (le Manifesto) du parti correspond à ce qui est attendu par cette droite britannique : l’arrêt des migrations par la Manche (small boats), la sortie de l’ECHR (la CEDH), une baisse drastique de l’immigration, la lutte contre l’insécurité, moins de taxes, moins de régulation, moins de wokisme, moins de chaos et un respect de l’Histoire et des traditions britanniques, en d’autres termes des préoccupations identitaires. Selon le leit-motiv du présentateur TV Nigel Farage depuis des années : « England is broken ». Il s’agit à présent de le reconnaître et de la reconstruire.

Nigel Farage a longtemps soutenu Marine Le Pen dans une perspective d’union des droites en France depuis la fondation du Rassemblement National. Mais il est à noter qu’il l’a très sévèrement critiquée en juin dernier et a pris ses distances avec la droite nationale française en raison d’un programme économique jugé dispendieux et irréaliste. Car Farage, comme Reform, défendent des idées conservatrices classiques mais une économie libérale.


Le succès de Reform est d’autant plus spectaculaire et significatif que, comme de bien entendu, le parti a été diabolisé pendant la campagne, par ses adversaires mais essentiellement par les médias mainstream, par une partie des députés conservateurs aussi, accusé d’être « far-right » (d’extrême droite), raciste, islamophobe, transphobe etc. Comme il parlait ouvertement d’identité britannique, d’assimilation, de frontière à contrôler, et d’insécurité, on a eu droit au retour de la bête immonde, aux bruits de bottes, à des références à la seconde guerre mondiale, aux nazis et toute la sémantique habituelle à laquelle plus personne ne croit. Et comme partout ailleurs aux fantasmes sur un parti de l’étranger, soutenu par les Russes, parce que Nigel Farage n’a jamais caché une position « trumpiste » sur la guerre en Ukraine, sur les responsabilités partagées, et la recherche d’une troisième voie n’isolant pas totalement la Russie et recentrant ressources et investissement sur le Royaume-Uni (make Britain great again). Le pire est sans doute le terrible mépris de classe incarné par les politiques et les médias, vent debout contre Reform, comme ils le furent contre les brexiters (les partisans du Brexit) se moquant de ses nouveaux électeurs présentés comme racistes, inéduqués, stupides, aveugles ou apeurés, alors qu’il s’agit de classes moyennes et populaires profondément patriotes. C’est d’ailleurs dans ces circonscriptions abandonnées par les Travaillistes et méprisées par les Conservateurs que Reform a fait ses meilleurs résultats.

 

Alors quel avenir pour la droite britannique ?  

Si le grand parti Tories, qui fut pour le Royaume-Uni l’équivalent de ce que furent l’UMP puis les LR, souhaite se reconstruire au cours des cinq ans à venir de l’actuelle législature et déjà reconquérir son cœur de cible, perdu au profit de Reform, il semble évident qu’il doit prendre en compte les volontés de ceux qu’il a abandonnés, écouter leurs doléances, traiter ses électeurs actuels et anciens avec plus de respect, réinstaurer le débat au sein du parti et pas seulement imposer la vision globaliste de ses élites mondialisées et déconnectées du terrain. C’est ce que souhaiteraient des anciens ministres et députés comme Suella Braveman, Kémi Badenoch, Jacob Rees-Mogg dont on évoque, souvent, le possible départ vers Reform si le parti échoue à se reconstruire autour de vraies valeurs de droite.


Hélas, c’est l’inverse qui semble se produire, le parti depuis la défaite étant en train de se purger en excluant tout ceux qui contestent le leadership des centristes. Les élites veulent retourner au centre (ou il y a déjà les LibDem) et, de toute évidence, préserver un électorat communautariste, notamment musulman, en hausse et qui se déplace pour voter : mais cet électorat est déjà soit gagné au Labour, soit s’organise par ses propres moyens et avec ses propres mouvements. Il en est de même pour l’électorat urbain gagné par le wokisme est qui est le cœur de cible de la gauche actuelle. Il est peu probable que cet électorat se téléporte vers la droite. La voie centrale est un mirage dangereux.


Il faudrait aux Tories réinventer totalement le parti, son idéologie, son programme, retrouver une identité de droite, conservatrice, patriote et se défaire de sa soumission/culpabilisation face aux attaques de la gauche. Diabolisé par les médias, Reform est resté droit dans ses bottes, il y a gagné en crédibilité, en voix, en sièges, devenant, dans bien des circonscriptions, la seconde force du pays. Si les Tories ne le font pas, Nigel Farage le fera.

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