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Je suis de droite parce que ...

  • par Natacha Gray
  • 18 août, 2019

Ceci est le sous-titre de votre nouveau post

1 - Je ne suis plus de gauche

Longtemps je me suis crue de gauche.

Parce que mes parents l’étaient, et mes grands-parents aussi, et mes arrière-grands-parents, et qu’à gauche, à l’époque, c’était comme pour les professeurs, on l’était de génération en génération. Ou alors c’est que nos parents avaient raté quelque chose dans notre éducation militante, qu’ils pensaient citoyenne, et qu’ils avaient engendré un traître, un jaune, un nanti…

De gauche, je devais l’être aussi par conformité au groupe, puisqu’apparemment tous mes collègues, comme ceux de mes parents autrefois, étaient aussi dans le camp du Bien, vent debout contre celui du Mal, les exploiteurs, les capitalistes, les riches, les possédants, bref tout ce que nous n’étions pas, à l’exception de quelques originaux ou vieux grognons marginalisés. Du moins est-ce ainsi que, dans mon milieu professionnel, la majorité non silencieuse décrivait ceux ou celles qui sortaient de la norme et s’excluaient de facto du groupe. J’ai en effet travaillé comme enseignante dans une autre vie. Autant dire que, chez ces gens-là, monsieur, on n’était pas vraiment de droite !

De gauche, je l’étais aussi nécessairement, puisque j’avais bon cœur, bien qu’un président de droite eût prétendu, quand je n’avais pas encore le droit de vote, lors d’un débat avec notre champion d’alors, que nous n’en avions pas le monopole. Je maîtrisais en effet les éléments de langage qui vont bien, je prônais la solidarité avec les plus faibles, le partage avec les plus démunis, j’étais pour la paix, l’amour, contre la guerre et le racisme, pour l’immigration sans contrôle et l’accueil sans conditions, je n’étais donc pas du côté des égoïstes, mais des généreux, héritière des idéaux des héros et martyres qui donnèrent jadis leur sang pour nos libertés et nos acquis sociaux. La gauche, nous le savions tous, de manière innée, sans même avoir besoin de le démontrer, c’était le camp des gentils, d’ailleurs je l’avais appris à l’école, puis plus tard dans mes études d’Histoire dans le supérieur, et cela m’était même désormais confirmé par les médias soudain devenus très critiques envers la droite après l’avènement d’une alternance tant attendue.

Et puis surtout, il n’était pas possible d’être dans le camp d’en face, puisqu’a contrario la droite c’était méchant, égoïste, rempli de vilains patrons nécessairement exploiteurs, d’infames capitalistes comme ceux qui, un siècle auparavant, faisaient trimer les ouvriers sans droit au repos et demandaient à la maréchaussée de tirer sur la foule quand les exploités osaient se regrouper et demander de meilleures conditions de travail. D’ailleurs la droite c’était si terrible qu’on ne pouvait pas dire son nom dans une conversation sans une moue de dégoût ou d’appréhension : il faut dire que ces gens-là, dans le camp d’en face, étaient fort puissants, car vous pensez bien, ils avaient entre leurs griffes les commandes des finances du monde et magouillaient entre eux pour trouver le moyen de soutirer au travailleur honteusement exploité le plus de pognon possible gagné à la sueur de son front. La droite, bien assise sur ses rentes et faisant trimer les autres, ne transpirait pas, elle, ni du front, ni d’ailleurs. Les sonorités-même du mot disaient bien ce qu’elles voulaient dire : les deux premières consonnes, si dures, suivies d’une sonorité rauque et traînante : la drrrroâte, rien qu’à prononcer son nom, c’était quasiment « le vol noir des corbeaux sur nos plaines ». Pour certain c’était l’infâmie suprême, le noyau de la cerise qui reste sur le gâteau pourri (« c’est vraiment une sale personne. En plus, elle est de droite »), ou au contraire la vilaine tâche sur le joli costume, la précision que l’on ajoutait en baissant la voix, gêné de reconnaître que l’on trouvait quelque qualité à l’un ou l’autre de ces exploiteurs (« je m’entends bien avec lui, pourtant on m’a dit qu’il est de droite »).



La preuve que nous ne nous trompions pas (quoiqu’à l’époque, confortablement installée dans mes certitudes - car à gauche, on ne doute pas - je n’avais donc nul besoin de la moindre confirmation), c’est que la droite elle-même semblait avoir honte d’être ce qu’elle était.

Quasiment personne dans notre entourage ne disait voter à droite, alors que les résultats des élections prouvaient que le camp d’en face avait autant de sympathisants que nous, parfois un peu plus, parfois un peu moins, même dans nos quartiers ou villages où nous nous connaissions tous. Cette droite, à l’exception de ses porte-parole médiatiques qui représentaient les appareils de parti, était donc sans visage. S’il est vrai qu’à gauche on évolue beaucoup dans l’entre-soi, ce qui donne peu d’occasions de se frotter à la contradiction, aux différences réelles, et encore moins à l’adversaire politique perçu comme l’ennemi traditionnel dans une éternelle lutte des classes, il n’en reste pas moins que les électeurs de droite paraissaient se terrer, comme conscients d’être ce qu’ils étaient : des méchants, des égoïstes, des riches qui ne voulaient pas qu’on sache qu’ils étaient riches. Ah les riches, autre qualificatif maudit, ils étaient nécessairement méchants, donc de droite, et vice-versa. Nous on travaillait dur et pourtant on peinait à boucler les fins de mois, donc eux, comme il n’était pas possible de travailler davantage que la plupart d’entre nous ou que nos parents que l’on avait vu revenir exténués, c’est qu’ils le volaient , leur pognon. Dans nos poches qu’ils le prenaient, ces infâmes rentiers ! Pas étonnant qu’ils soient tous de drrrrroâte.

Et puis leurs élus, quand ils sont revenus au pouvoir, avaient tellement honte et peur qu’on leur mette le nez dans leur infâmie, qu’ils se sont mis à faire une politique de gauche, ou en tous cas à ménager la chèvre et le chou, et qu’ils ont renoncé à tous ces trucs de droite qu’ils promettaient auparavant à leur électeurs, passant leur temps à donner à l’opinion publique sur le plan national, à leurs administrés sur le plan local, des gages prouvant qu’ils n’étaient ni racistes, ni sécuritaires, ni islamophobes, ni contre l’immigration même illégale, ni trop liés à l’Église catholique et à des mœurs que la Bien-pensance du temps présent jugeait rétrogrades, ni trop attachés au passé (car les valeurs, l’Histoire, c’était déjà « réac »), ni anti-service public, ni contre l’impôt redistributif évidemment dont il n’était donc plus question de desserrer l’étreinte .

Toute cette droite qui n’osait plus prononcer son propre nom (on y était « plutôt conservateur », « pas vraiment à gauche ») s’était mise, comme la gauche avant elle, à oublier de parler France, grand récit national, valeurs, fierté, frontières, laïcité, Marseillaise, élitisme républicain, langue et littérature françaises, drapeau puisqu’en face on disait que c’était « réac » puis plus tard « facho », voire « raciste » (puisque cela « stigmatisait » ceux qui n’étaient pas nés français). Pour la petite histoire, c’est d’ailleurs à ce moment-là qu’un parti encore un peu maigrichon, qui vivait alors une seconde naissance et que l’on disait à l’époque à l’extrême droite de la droite, ramassa par terre tout ce bazar abandonné et ces symboles oubliés dont personne ne voulait plus (le drapeau, l’hymne national, l’Histoire, la patrie, les frontières…) et les fit utilement fructifier à son profit. Plus tard, les négligents de droite et de gauche prétendirent qu’il les avait confisqués. Que nenni, la gauche les abandonna et les méprisa, la droite alors à la remorque de son ennemie jurée à qui elle s’efforçait néanmoins de ressembler lui emboîta le pas en se pinçant le nez. Le FN recueillit donc et adopta ces orphelins. Bien lui en prit. Il connût dès lors une progression régulière car si les « élites » des différents partis et de la sphère médiatique s’en étaient totalement désintéressés, une portion croissante du corps électoral français regrettait ces valeurs qui fondaient l’identité collective de la Nation et un certain art de vivre « à la française ». Le parti qui avait ramassé les symboles et les valeurs perdus commençait à parler d’un système UMPS où c’était bonnet blanc et blanc bonnet, puisque l’une donnait le tempo et que l’autre dansait sur la même musique. Et les électeurs, de fait, ne voyaient plus très bien la différence entre les deux. Mais c’est là une autre histoire.

Bref, fut un temps, un temps long, où la gauche était fière et la droite honteuse. En aucun cas, même si je m’étais alors interrogée sur mon engagement, je n’aurais été parmi les perdants sans honneur qui faisaient tout pour montrer à la gauche, dominante culturellement, qu’ils n’étaient pas ce que l’on prétendait qu’ils étaient. La droite me faisait penser à ces enfants mal aimés, qui restent des adultes toujours aussi mal aimés, et qui font des pieds et des mains toute leur vie pour se faire accepter de parents peu aimants, quémandant servilement un peu d’attention et de reconnaissance : peine perdue, quoi qu’ils fassent, ils resteront toujours les vilains petits canards de la famille. Pour moi l’honneur était de proposer, et il fut un temps où la gauche le faisait (ce qui est loin de sous-entendre que les idées furent bonnes, encore moins qu’elles n’eurent pas, à moyen et long terme, des conséquences fâcheuses, mais au moins on osa et on tenta). Or la droite, pardon je veux dire les libéraux, les conservateurs, les « pas de gauche « , les « réalistes », les « pragmatiques » …, ceux qui n’osaient même plus prononcer le nom de leur camp politique, se contentaient de singer la gauche sur le plan sociétal ou de réagir au coup par coup en passant le temps à se justifier d’un air péteux, voire à s’excuser… C’est bien qu’elle avait quelque chose à se reprocher…



Mais, progressivement, il me fut de plus en plus impossible de me dire de gauche. Et je finis par admettre que, si j’étais quelque part, ce serait « plutôt à droite ».

La gauche en effet m’avait déçue, entre les effets à court et moyen termes des politiques entreprises et la politique de l’autruche, l’incapacité de reconnaître ses erreurs, jusqu’aux dénis de réalité. Et j’étais loin d’être la seule. Comme les militants, sympathisants et électeurs désertaient, on allait racoler ailleurs, dans les cités, chez une nouvelle clientèle, les personnes issues de l’immigration, en adaptant le discours à ces nouvelles cibles, ou en y laissant en toute impunité des propagandistes allogènes récrire l’Histoire, diffuser la haine et les récriminations, quitte à jeter aux oubliettes la laïcité (incapable de s’accommoder d’un multiculturalisme ayant sombré dans le communautarisme revanchard et victimaire). Pour ne pas « stigmatiser » les électeurs de remplacement, on transformait l’égalité des droits, et son corollaire l’élitisme républicain (apte depuis toujours à tirer vers le haut les plus défavorisés grâce à l’effort, au travail, à la persévérance et à l’École républicaine exigeante), en égalitarisme nivelant vers le bas, soucieux de ne voir dépasser aucune tête pour préserver la paix sociale. On transformait ainsi l’École pour qu’elle se mette au niveau des plus faibles (ou des plus fainéants), on sapait toutes les bases de l’autorité. À l’humanisme des Lumières se substituaient à la fois une Bien-pensance donneuse de leçons et un paternalisme quelque peu méprisant envers une clientèle issue de l’immigration suspectée à tort de ne pas être capable du même effort et de la même capacité d’adaptation que ses prédécesseurs. Le pire à mes yeux était de voir cette gauche, où le débat fut vif en interne dans les années 1980 et le début des années 1990, refuser toute remise en cause, tout échange, toute discussion, toute énonciation d’une opposition, et s’enfoncer dans les procès d’intention, la criminalisation de l’adversaire, le terrorisme intellectuel dont le seul objectif était de donner mauvaise conscience au contradicteur et le faire taire dans une forme d’autocensure quasi-automatique.
Cette hystérisation volontaire de l’échange politique, cette criminalisation de la divergence d’opinion, tiennent de l’absence d’arguments et, probablement, de la prise de conscience par certains à gauche que les faits (crise économique, chômage et désindustrialisation, effondrement de l’École républicaine, mise en cause tous azimuts de l’autorité, problèmes sécuritaires, éclatement de la société française sous les coups de boutoirs des minorités et des revendications individuelles, montée de l’islamisme, perte de souveraineté, euroscepticisme croissant) remettaient ostensiblement en cause tout ce à quoi on avait cru depuis des décennies. La doxa socialiste et communiste prenait l’eau de toutes parts. Plutôt que de risquer la contradiction, on choisissait donc de criminaliser toute opinion divergente et de répandre cette terreur intellectuelle qui faisait taire l’adversaire avant tout débat de peur de se faire à son tour stigmatiser et traiter de « facho » par les nouveaux fascistes qui osaient encore parler de liberté de conscience et d’expression. Liberté, il est vrai à usage exclusif de leur nouvelle clientèle électorale. Et voilà la gauche, en position dominante dans les médias, tombant dans le deux poids deux mesures et devenant la championne du déni de réalité et du terrorisme intellectuel dans des dénonciations et mises au pilori d’intellectuels dissidents, renouant avec la tradition, mais cette fois par voie médiatique, des grands procès de Moscou. Pour elle, désormais, il s’agissait moins de débattre, de convaincre, mais d’éliminer toute contradiction, y compris par l’image, en attaquant l’adversaire, présenté comme un ennemi de classe (souvent de manière préventive, par procès d’intention) via l’insulte et la chasse à l’homme sur les réseaux, l’épuration numérique devenant la forme civilisée de l’épuration politique ou ethnique des dictatures d’autrefois.

Et moi, pendant ce temps-là, comme tant d’autres, je restais accrochée à mes valeurs : la liberté avant tout, dont celle de penser et d’exprimer mes opinions, qu’on ne m’accordait plus ou que l’on refusait à d’autres, si je refusais de bêler avec le troupeau, celle qui s’arrête où commence celle de l’autre, ce qui introduit la notion de contrat social et de respect des lois, donc des autorités chargées de les faire respecter; la responsabilité, qui suppose que l’on sache reconnaître ses erreurs et que l’on tente de les réparer, de s’attaquer de front aux problèmes au lieu de les nier ou de les contourner ; le pragmatisme, qui depuis toujours me faisait fuir tout idéologie et me rendait déjà critique au sein de mon parti, démarche qui oblige à partir des faits à partir desquels on élabore ou adapte une doctrine et non d’une doxa immuable dans laquelle on fait rentrer les faits de force, quitte à les mettre en pièces ; la fraternité, synonyme à mes yeux de solidarité et non d’un droitdelhommisme bêlant qui relativise tout et tombe dans l’ « autruisme », cette disposition masochiste qui mêle détestation de soi et survalorisation de l’autre, jusqu’au reniement, jusqu’à parfois inverser les responsabilités et transformer des bourreaux en victimes, et vice-versa. ; le patriotisme, c’est-à-dire l’attachement à mon pays, l’acceptation de son Histoire, la fierté d’y appartenir, très loin du déclinisme et d’une culpabilisation constante quasi-maladive ; la conviction que tout droit s’accompagne d’un devoir, comme on nous l’apprenait à l’École d’autrefois, que l’on n’a rien sans rien, que le mérite peut permettre de dépasser la naissance et que l’ascenseur social suppose des structures mais aussi un effort individuel, bien loin de l’assistanat ; la certitude que dans un État de droit, il faut des forces de l’ordre dépositaires de l’autorité, pour que s’applique le droit, seules autorisées à ce que certains appellent la violence légitime de l’État mais qui n’est que la réaction légitime à une violence illégitime ; l’égalité des droits, qui n’a rien à voir avec l’égalitarisme coupeur de tête et destructeur de l’effort et du mérite : bien au contraire, par le travail, le talent, parfois la chance, et grâce aux infrastructures offertes par la France, l’objectif est de se hisser toujours plus haut et non de faire descendre tout le monde au niveau le plus bas, dans une sorte de médiocratie contagieuse et facile ; la défense de la libre entreprise, ou de l’entreprise tout simplement, qui n’est pas l’ennemie du salarié ni de l’ouvrier, bien au contraire puisqu’elle crée la richesse, l’emploi, la prospérité ; la démocratie représentative, que je défends faute de mieux, la dictature des masses me semblant tenir davantage du sens commun que du bon sens car, faute de connaissances ou de temps pour s’informer, on tombe vite dans le slogan, la caricature, le manichéisme malsain et réducteur (l’ennemi de l’hygiène intellectuelle), la violence de la meute, la manipulation par plus malin que soi. L’ensauvagement progressif puis accéléré d’une société française irréfléchie, manipulable par le slogan et l’émotion, où certains vont jusqu’à prétendre que « sans la violence on n’obtient rien », a achevé cette année de m’en convaincre.

Ces valeurs, ce sont conjointement celles que mon éducation parentale, l’École de la République et mes expériences personnelles ont ancrées en moi. Avaient-elles été un jour de gauche ? Autrefois, pour certaines je le crois, mais pas exclusivement. L’Histoire montre bien que les idées et valeurs changent souvent de camp : il exista bien une époque où la gauche défendait frontières, nation et laïcité face à une droite mondialiste et championne d’un catholicisme qui ne s’était pas encore sécularisé. Quoi qu’il en soit, la gauche des années 2000 les avaient bel et bien abandonnées. Pire, elle en rejetait certaines comme « réac », « facho », « de droite ». Et la droite, elle, commençait à dire à haute voix que ces valeurs étaient siennes.

Alors fut un temps, au départ, où je prétendis que la gauche n’était plus à gauche, qu’elle avait trahi, mais que j’étais toujours là où elle n’était plus. Puis, face à la persistance de mon « camp » dans les erreurs et les dénis de réalité (pour moi le symbole-même de la crasse intellectuelle), je me mis à dire « je ne suis plus de gauche, je suis ailleurs », moins par honte d’avouer où j’étais que parce que je ne le savais plus moi-même, entre une gauche empêtrée dans ses erreurs qui ne cessait de casser le thermomètre pour éviter d’avoir à trouver un remède contre des troubles qu’elle avait largement contribué à générer et une droite honteuse qui ne semblait plus savoir elle-même où elle habitait.
Un jour, je me surpris à oser reconnaître que j’étais, finalement, « plutôt de droite ». Car au tournant du XXIe siècle je commençais à entendre clairement mon discours, la défense de mes valeurs … dans le camp d’en face. C’est que dans les années 1990.2000, la droite avait repris du poil de la bête grâce à certains intellectuels à la tête bien faite, comme Alain Madelin, ou certains politiques « grandes gueules » comme Charles Pasqua, et elle ne se reniait plus. Les théoriciens proposaient, et je reconnaissais derrière leurs mots, et malgré ma répulsion pour ces « fachos » que mes anciens camarades désignaient comme tels, tout ce en quoi je croyais : notamment la liberté, le refus de l’égalitarisme, l’assimilation par ressemblance et non par l’exacerbation des différences, le retour au respect de l’autorité, une volonté de revenir, via l’Éducation Nationale (abandonnée par la gauche qui la transforma en terrain de propagande idéologique), au mérite et à l’ascenseur (ou élitisme) républicain.
Enfin, à partir des quinquennats Sarkozy et (surtout) Hollande, certains à droite, électeurs comme élus (plus exactement les électeurs avant les élus), commencèrent à s’exprimer de plus en plus fort. Cette droite n’avait plus honte car les faits, désormais, parlaient pour elle. Pire, la réalité vociférait : sans doute au départ grâce aux réseaux sociaux mais également parce que les problèmes dénoncés (insécurité, perte d’autorité, effondrement de l’école, racisme inversé, communautarisme clivant) avaient débordé des quartiers d’où les premières voix s’élevaient autrefois et devenaient le vécu de compatriotes de plus en plus nombreux. À l‘exception toutefois de ce que l’on commença à nommer la « bobosphère », cette France urbaine hyperprotégée et fonctionnant en vase-clos, évoluant et se congratulant dans l’entre-soi dans un gauchisme culturel déculpabilisant, incapable d’admettre qu’ailleurs, à côté même, on pouvait, malheureusement vivre autrement, et terriblement plus mal. Parallèlement, à chaque fois que quelqu’un dénonçait le laxisme ambiant et ses effets délétères, le communautarisme, les atteintes à la laïcité ou à l’autorité, l’assistanat aveugle, les complaintes victimaires, les discours anti-sécuritaires (dont la sempiternelle, injuste mais ô combien dangereuse rengaine gauchiste des « violences policières ») ou qu’il parlait au contraire de mérite, d’effort, de travail, d’attachement à la nation, on entendait hurler à gauche que « c’était bien là un discours de droite » (ou d’extrême droite), espérant faire taire le prétendu « facho » ou « réac » en le désignant à la vindicte populaire. Ce qui, au fil des ans, fonctionnait de moins en moins bien. D’où, sans doute, à gauche, un affolement qui se traduisit par une augmentation de la violence verbale et une hystérisation (volontaire) des échanges.

Alors , puisque d’un côté comme de l’autre, ici pour les proclamer, là pour les dénoncer, mes valeurs étaient présentées comme étant droitières, il fallait me rendre à l’évidence : j’étais donc de droite. Depuis des années, je tenais un discours de droite, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, sans le savoir. Plus sérieusement, un syllogisme imparable me plaçait devant cette évidence: mes valeurs font ce que je suis, or la gauche et la droite me disent toutes deux que lesdites valeurs sont aujourd’hui de droite, je suis donc désormais de droite. Peu importe, d’ailleurs, le nom que l’on donne à ceux qui portent les idées qui me sont chères. Là où elles sont, je suis. Là où elles iront, j’irai. Sauf si je change ou évolue, ce qui est toujours de l’ordre du possible car la première des hygiènes intellectuelles est de savoir penser contre soi-même. Mais sur les fondamentaux, sincèrement, je ne pense pas un jour modifier ma pensée, au risque d’y perdre mon identité.

Évidemment ceci ne veut pas dire que, dans l’action, la droite au pouvoir ne se renia pas. Loin s’en faut ! Sinon elle ne serait pas dans l’état de déliquescence où elle est aujourd’hui. Mais, au moins, la bataille culturelle était gagnée. Car aujourd’hui je suis convaincue que nombreux Français sont « de droite » sans même le savoir, en ce sens que leurs valeurs et leurs espérances, identiques à celles que je listais plus haut, sont aujourd’hui explicitement défendues par la droite (plus timidement et par d’encore trop rares rénovateurs pragmatiques à gauche, souvent exclus de leur parti ou privés de responsabilités). Mais le problème, c’est que, comme moi autrefois, ils ne le savent pas. Et si personne ne le leur dit en les plaçant devant les évidences, ils resteront persuadés qu’ils sont là où les médias mainstream leur répètent qu’ils sont : ailleurs, nulle part ou dans le camp du Bien autoproclamé dont ils ne partagent plus, pourtant, les idées essentielles. D’autant plus que la supercherie du macronisme, grand fourre-tout des valeurs et projets défendus à droite et à gauche, a brouillé les limites et a rassemblé pour l’instant une grande partie des déçus. Dans l’action, il reste néanmoins, par son obsession de la taxe, sa bien-pensance aveugle sur le plan sociétal, sa collaboration avec le communautarisme et l’islam politique (sans doute en espérant le contrôler ainsi) plutôt de gauche.

Il est donc plus que temps de tendre un miroir à la société française où une majorité de compatriotes se reconnaîtront sans peine, de recoller les morceaux de verre pour faire apparaître à nouveau clairement le projet de la droite, ce qui suppose de rappeler haut et fort, chaque fois que nécessaire, les valeurs défendues, sans gêne ni honte, ni surtout crainte de la stigmatisation en face par les Khmers verts, rouges, roses ou noirs, et désormais souvent jaunes aussi. À force de crier au loup, ils ne sont plus si audibles, et les faits reviennent comme un boomerang défigurer leur belle doxa qui ne fonctionne que dans leur monde idéal, sur le papier. À la droite, ou aux droites, de grandir enfin et de s’affirmer à nouveau pour ce qu’elles sont.

(à suivre : « Je suis de droite parce que j’ai choisi la liberté »)

par Bernard Carayon 9 avril 2025
Magnifique tribunedans le JDD de notre ami Bernard Carayon qui souligne parfaitement toutes les incohérences de la Commission Européenne  en matière de défense !

par Pauline Condomines (VA) 8 avril 2025
"Ce mercredi 26 mars, au Palais des Sports, une conférence sur la menace islamiste a rassemblé un large public au Palais des Sports de Paris. Bruno Retailleau, Manuel Valls et de nombreux militants, chercheurs et auteurs ont appelé à la lutte contre un fléau qui “menace la République”."

par Lignes Droites 5 avril 2025

Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !

Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.

Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :

- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.

- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique.  Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

par Maxime Duclos 4 avril 2025

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.

La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.

Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.

Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.

Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.

Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.

Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.

Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?

Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.

Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.



NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné en appel !). Deux poids et deux mesures ?


par Pierre Lemaignen 2 avril 2025

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.

Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?

Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :

1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :

- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive

- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.

On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...

2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.

Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).

Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).

Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?

3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.  

4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?

La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

par LR31 1 avril 2025
par Lignes Droites 13 mars 2025
Lignes Droites soutiendra toutes les candidatures d’union des droites. Bonne chance à David Gerson et à sa future équipe !

par Emmanuel Chaunu 13 mars 2025
par Maxime Duclos, adhérent Lignes Droites 10 mars 2025
Billet d'humeur d'un de nos adhérents,Maxime Duclos :  


En 1997, l’année de ma naissance, le taux de fécondité était de 1,71 enfant par femme, un chiffre déjà bien inférieur au seuil de remplacement des générations, estimé à environ 2,1 enfants par femme, sans que cela signifie pour autant que la parentalité allait de soi. Mais en 2024, les chiffres sont sans appel : 1,62 enfant par femme, et une chute des naissances qui semble inarrêtable. Comment en est on arrivé là ? Et surtout, pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne veulent-ils plus fonder de famille ?

La natalité française a connu une première chute importante après 1972, Mai 68 a profondément transformé la société française, et même si la chute de la natalité après 1972 n’est pas directement causée par ces événements, ils ont joué un rôle dans l’évolution des mentalités et des comportements qui ont ensuite influencé la fécondité. L’entrée massive des femmes sur le marché du travail, l’accès à la contraception et la légalisation de l’IVG en 1975 ont profondément modifié les comportements familiaux. Cependant, après cette période de déclin, la fécondité s’est stabilisée autour de 1,8-2 enfants par femme pendant plusieurs décennies. Depuis 2010, en revanche, la chute est spectaculaire : entre 2010 et 2024, le nombre de naissances est passé de 832 800 à 663 000, soit une baisse de 21,50 %. Un effondrement historique qui ne cesse de s’accélérer, sans qu’aucun véritable sursaut ne semble pointer à l’horizon.

Les raisons sont multiples, mais elles pointent toutes vers une réalité inquiétante : avoir un enfant en 2024 est devenu un choix difficile, parfois même un luxe. Pourtant, il est essentiel d’être honnête avec nous-mêmes : la précarité économique, bien que réelle, n’explique pas tout. Trop de jeunes se cachent derrière cet argument pour justifier un refus d’engagement bien plus profond. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui préfèrent "profiter" avant d’avoir des enfants, cherchant un confort personnel au détriment de la responsabilité collective. Cette mentalité est en partie héritée d’une éducation plus permissive, où les limites ont été repoussées, où la contrainte est devenue un gros mot. Les méthodes pédagogiques modernes, comme Montessori, sont souvent citées comme un progrès, mais elles traduisent aussi un changement de paradigme issu des transformations post-68 : un enfant doit s’épanouir à son rythme, être libre de ses choix, et ne pas être contraint. Résultat ? Une génération qui repousse l’effort, qui cherche avant tout son propre bien-être, et qui voit la parentalité comme une privation de liberté plutôt que comme un accomplissement.

Au-delà de cette évolution sociétale, l’idée même de nation s’efface. Faire des enfants, c’est assurer le renouvellement des générations, maintenir une dynamique économique, préserver un équilibre social. Or, nous vivons dans une société où l’individualisme prime sur l’intérêt collectif. Nous consommons, nous voyageons, nous vivons pour nous-mêmes sans nous soucier des répercussions à long terme. Cette quête incessante de liberté, ce refus des obligations, nous mènent à une impasse. Car moins de naissances, c’est aussi moins de travailleurs demain, une économie qui s’essouffle, et des systèmes de retraite qui s’effondrent. Nous ne voulons plus d’enfants, mais qui paiera alors pour notre vieillesse ?

Peut-on encore inverser la tendance ? Il ne s’agit pas de forcer les jeunes à avoir des enfants, mais de redonner du sens à la parentalité. Il faut retrouver un intérêt commun, réapprendre à voir l’avenir autrement que par le prisme de la jouissance immédiate. Faire des enfants, ce n’est pas seulement une contrainte, c’est une transmission, une continuité, un acte fondateur pour une société. Il faut redonner envie, réhabiliter la famille comme un pilier essentiel du bien-être personnel et collectif, et non plus comme une entrave. Tant que nous resterons enfermés dans cette quête illusoire de liberté absolue, tant que nous refuserons de voir au-delà de notre propre existence, la chute des naissances n’aura aucune raison de s’arrêter. Et avec elle, c’est tout un modèle de société qui s’effondrera.

Sources :

INSEE “Bilan démographique annuel”

INED “Pratiques parentales et enfance"

par Pierre Lellouche 10 mars 2025

"Sans être entendu, je n’ai cessé de répéter depuis avant même qu’elle n’éclate que la guerre d’Ukraine aurait pu être évitée. Qu’elle aurait pu, même, être stoppée dès avril 2022. Qu’au lieu de préparer la « grande offensive » ratée de juin 2023, l’Ukraine et ses alliés auraient dû négocier, avant de se trouver dans une situation bien pire à l’arrivée, comme l’avait prévu, lui aussi, le chef d’état-major des armées américaines, le général Mark Milley, fin 2022."
Une tribune très instructivesur le conflit ukrainiende Pierre Lellouche,spécialiste reconnu en géopolitique:


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