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Les élections municipales à Toulouse : analyse rétrospective

  • par Natacha Gray
  • 14 juil., 2020

Les élections municipales à Toulouse : analyse rétrospective

Dimanche 28 juin, Jean-Luc Moudenc a été réélu maire de Toulouse avec près de 52 % des voix, déjouant les derniers pronostics qui donnaient son adversaire vainqueur. Une fois encore Toulouse s’est distinguée des autres métropoles par son originalité électorale, à l’heure où une vague « verte » (ou du moins conduite par un candidat EELV, ce qui ne préjuge nullement de la couleur dominante de ces listes de rassemblement à gauche) a emporté ses homologues sortants malgré, souvent, un excellent bilan comme ce fut le cas à Bordeaux.

Les raisons de ce succès semblent, a priori, relever de plusieurs facteurs : entre autres l’adhésion au bilan de M. Moudenc, la reconnaissance d’une salutaire clarification de son programme dans les dernières semaines de campagne (droitisation plus nette) mais aussi le rejet du programme et des alliances de son adversaire qui ont fait du maire sortant le bénéficiaire d’un vote par défaut (I).

Mais pour les adversaires du maire de Toulouse, l’explication est simple, binaire, manichéenne : c’est une « campagne de caniveau » qui les a fait perdre. Pour eux, il ne faut pas chercher plus loin. L’excuse est quasiment devenue un slogan, entendu dès dimanche soir sur le plateau de FR3, martelée par le candidat, par ses représentants, et même repris sans précautions oratoires par une journaliste dans une question, comme si cela allait de soi. Il s’agira ici de tordre le cou à cet argument et d’inciter le premier magistrat de Toulouse en faire de même chaque fois que l’occasion s’en présentera (II).

Essayons d’y voir clair et attachons-nous déjà aujourd’hui, dans cette première partie, à tenter d’expliquer la victoire d’un maire donné pourtant battu par les derniers sondages avant l’élection et qui n’a pourtant pas été emporté par la « vague verte » qui a propulsé des écologistes et leurs listes d’union de la gauche à la tête de nombreuses métropoles françaises.

 

 

I.               Les raisons de l’exception toulousaine

 

Un vote par adhésion pour le maire sortant, reconnaissant les qualités personnelles de Jean-Luc Moudenc et un bilan largement positif par rapport aux engagements initiaux et à la situation trouvée en arrivant, notamment sur le plan financier. Mais cette explication ne suffit pas car d’autres maires aux bilans plus qu’honorables (Nicolas Florian à Bordeaux par exemple) ont été balayés par la vague verte.

 

Une bonne campagne, très active, sur le terrain, mais on peut en dire autant de son adversaire dont les soutiens n’ont pas ménagé leur peine non plus dans les rues et sur les marchés ou dans la quête aux procurations.

 

Un vote pragmatique par prudence car la crise s’annonce rude, notamment pour le secteur aéronautique qui est un des principaux poumons économiques de la Ville rose. On le pressentait, Airbus l’a confirmé ces derniers temps avec l’annonce d’un plan très lourd de licenciements. Dans ce genre de situation, le citoyen, s’il n’est ni idéologue à œillères ni militant, choisit généralement de garder celui qu’il connaît et en qui il a confiance, même s’il peut parallèlement se déclarer insatisfait du bilan, plutôt que de partir à l’aventure, surtout quand l’alternative propose un candidat qui n’a eu de cesse de s’en prendre à l’aviation et que sa liste comporte en majorité des militants issus de partis dont les représentants sur les plateaux critiquent de manière simpliste et manichéenne « l’entreprise », les « riches », les commerçants présentés comme « privilégiés » et que la liste inclut des représentants des Gilets jaunes radicaux qui ont mis en grand péril les activités commerçantes au centre-ville pendant plus de dix-huit mois …

 

Un vote par reconnaissance du bilan sur le plan écologique car il est indéniable que ce fut déjà une des lignes directrices de l’équipe actuelle (transports en commun, découragement de la voiture en ville, 20 km/heure dans le périmètre central, valorisation de l’économie locale, pistes cyclables, verdissement de l’espace urbain, aménagement des berges de Garonne, aide au tri sélectif, installation de composteurs…) ce qui a coupé l’herbe sous les pieds de ses adversaires. Puisque l’écologie n’est pas un secteur oublié par l’équipe sortante, et que les deux candidats promettent d’aller plus loin, autant garder celui qui promet de marcher sur ses deux jambes car il n’oublie pas l’aspect économique et la sauvegarde de l’emploi.

 

            Un vote par défiance et par rejet du candidat « vert ». La conscience écologique est partagée par tout l’échiquier politique et n’est pas automatiquement corrélée à une appartenance partisane. Ce n’est que sur le plan politique qu’elle se trouve en France confisquée par un parti, EELV, dont la plupart des leaders et les programmes se situent à la gauche de la gauche (dont beaucoup sont issus, EELV fonctionnant fréquemment comme une solution de recyclage, comme LREM, des déçus des partis traditionnels). C’est ainsi que, sauf rares exceptions (Bordeaux), les listes de coalition dirigées par un Vert, qui jouait le rôle de cache-nez sympathique permettant de récupérer l’engouement sociétal actuel pour les questions environnementales, comportaient davantage de « rouges » que de « verts » : socialistes à la gauche du PS mais surtout militants LFI, indigénistes, décoloniaux et même de partis communautaristes islamistes comme l’UDMF (parti prônant des valeurs contraires à celles de la République au point qu’il fut débattu cette année s’il fallait l’interdire ou pas).

C’est ainsi qu’à Toulouse, l’adversaire de M. Moudenc a été soutenu ouvertement par M. Mélenchon et a reçu la visite ostentatoire de Benoît Hamon (Génération-S), de Clémentine Autain (LFI) de Yann Brossat (PCF). Une colistière a même commis un tweet violent contre la police sans être désavouée. Et l’on apprend que le candidat Vert est allé rencontrer le représentant local des Frères musulmans (au sein de l’UDMF) qui a appelé à faire barrage à M. Moudenc en soutenant son adversaire ! C’est d’ailleurs cette omniprésence de représentants de la mouvance gauchiste derrière le candidat Maurice, particulièrement indulgents (euphémisme !) envers tous ceux qui refusent les lois de la République (islamistes) ou la fragilisent en l’accusant de mille maux importés d’outre-atlantique (indigénistes, décoloniaux, Comité Adama Traoré…), qui a empêché la fusion de leur liste avec la liste socialiste de Nadia Pellefigue (seuls 13 colistiers, qu’elle a laissé libre de leurs choix, l’ont rejointe) et a provoqué des prises de position de leaders socialistes appelant à voter pour le maire sortant, en même temps que la démission de militants du PS local.  Ces derniers protestaient contre la présence de membres de leur parti sur une liste où de trop nombreuses personnes affichaient des engagements contraires aux valeurs républicaines défendues par le parti socialiste. A ceci s’ajoute la mobilisation de nombreux acteurs économiques de la Ville rose mettant en garde contre les dangers économiques du programme d’Antoine Maurice.

C’est ainsi que, bien que peu de gens lisent les programmes et écoutent les candidats, se positionnant souvent par réflexes partisans, certains aspects du programme « vert » ont fini par être connus et relayés lors de la campagne : le soutien explicite aux Gilets jaunes, devenus à Toulouse des ultra-jaunes, ayant paralysé l’activité économique, occasionné de très gros dégâts au mobilier urbain et acculés de nombreux commerçants à d’immenses difficultés financières ; l’humanitaire des postures et du café de commerce (soutien aux migrants etc.) dans une ville envahie comme les grandes métropoles attractives par les squats, les campements dans les rues, où les riverains ne cessent de dénoncer les préjudices croissants, l’insécurité permanente, les agressions commises par ces populations souvent livrées à elles-mêmes, le vacarme jour et nuit de migrants occupant illégalement des bâtiments privés, autant de nuisances et un processus de territorialisation décomplexé que le confinement a encore considérablement augmenté en certains lieux quand ces populations se sont retrouvées seules dehors, les résidents respectant les mesures barrière et les règles édictées. Dans ce contexte douloureux pour nombre de Toulousains révoltés, on imagine aisément l’effet répulsif que constitua l’annonce par le candidat Maurice de la suppression des arrêtés anti-bivouacs pris par son adversaire, son opposition maintes fois réitérée aux caméras de surveillance installées par l’équipe municipale actuelle (et dont on sait qu’elles évitent agressions, vols, viols… en certains lieux quasiment tous les jours et permettent de venir rapidement en aide aux blessés la nuit), la volonté de réquisitionner le patrimoine communal pour y installer les populations sans logement… Sur le papier cela peut sembler une belle idée mais, dans les faits, les Toulousains qui ont eu à subir ce genre d’opérations (y compris du fait de la municipalité précédente sur la suggestion d’associations diverses), installations qui ne se font jamais dans les quartiers de ceux qui décident des joies du vivre-ensemble et d’une intégration qu’ils imaginent spontanée, connaissent, eux, l’enfer au quotidien de se retrouver confrontés à des populations communautaristes, fréquemment racistes ou irrespectueuses de l’environnement, aux codes et au mode de vie différents et souvent incompatibles avec le leur (occupation de l’espace public, nuisances sonores, déchets sur la voie publique, voire comportements misogynes, antisémites ou homophobes liés pour certains à une pratique radicale de la religion), dont le nombre augmente jusqu’à se permettre de territorialiser l’espace environnant, et que les travailleurs sociaux et les beaux esprits à l’origine de l’opération laissent ensuite se débrouiller avec leur voisinage, ne venant que de temps en temps auprès de leurs protégés pour s’entendre dire que tout va bien et que les riverains qui se plaignent sont d’horribles racistes ou « fachos ».

 

 

Une mobilisation grâce aux sondages : les derniers sondages qui montraient, malgré un écart resserré, Monsieur Moudenc perdant, ont réveillé les abstentionnistes. La chance du maire sortant fut sans doute également le faible écart distant entre les deux listes et d’être donné battu. C’est à l’inverse les neuf points d’avance qui ont certainement découragé les électeurs de Nicolas Florian à Bordeaux de se déplacer et ont, en revanche, motivé ses opposants.

 

 

 

En conclusion, le maire avait ainsi un bon bilan à présenter à ses électeurs, notamment sur le plan écologique. Mais il aurait pu, comme dans d’autres métropoles où les équipes n’avaient pas non plus démérité, être emporté comme les autres par la vague « verte ». Mais les membres de la liste Maurice se sont, tout seuls, tiré une balle dans le pied, dans une ville connue pour sa modération, où les maires élus depuis des décennies se caractérisent par une liste d’union large excluant les extrêmes et comportant, au moins pour moitié, des élus venant de la société civile. Cette liste trop rouge a fait peur, à commencer dans le camp de la gauche modérée dans une ville que l’on dit rose à la fois par la couleur de ses briques et de ses tuiles mais qui l’est aussi par une dominante socialiste et radicale-socialiste. Toulouse n’aime se parer ni du rouge vif de l’extrême gauche, ni du noir des casseurs (qui furent leurs alliés objectifs lors des grands mouvements sociaux qui ont paralysé la ville et les activités pendant des mois), sauf lorsque ces deux couleurs se conjuguent dans le milieu rugbystique. Autant dire que certains alliés encombrants de la liste Maurice ont été particulièrement mal perçus dans un contexte d’inquiétude croissante face aux revendications souvent violentes de mouvements animés par la haine anti-police, voire anti-française ressuscitant des luttes raciales et décoloniales (épisode Camelia Jordana, comité Adama Traoré, luttes communautaires à Dijon...).

 

Comme l’ont si bien expliqué un très grand nombre de commentateurs sur le plan national, l’échec des Verts à Toulouse tient précisément au fait qu’à l’exception peut-être de leur tête de liste et de quelques-uns de ses colistiers, ils n’étaient pas vraiment verts. Pas vraiment la tendance Jadot, pragmatique et plus centriste, qui a triomphé dans d’autres métropoles. A Bordeaux, Pierre Hurmic est un Vert indépendant, davantage dans l’écologie profonde que Yannick Jadot, mais sans engagement militant d’extrême-gauche dans ses prises de position. Au point que Philippe Poutou a exclu d’emblée tout alliance avec cette liste pas assez rouge. Et c’est sans doute cette indépendance qui lui a valu, a contrario de la situation toulousaine, un tel succès inattendu.

 

Mais pour les (mauvais) perdants, la seule raison de leur échec, ce serait une « campagne de caniveau ». Culture de l’excuse, vision binaire de tout combat, Bien contre Mal et diabolisation de l’adversaire, bref le réflexe classique de l’extrême gauche mais qui prend, dans le cas présent, une dimension inattendue et totalement étrangère aux mœurs politiques toulousaines. Qu’en est-il exactement ? Que trouve-t-on dans ce fameux caniveau où M. Maurice et ses soutiens croient ramasser l’explication de leur échec ? C’est ce que nous nous attacherons à montrer, et contrer, dans la seconde partie de cette analyse.

 

A suivre : II. Une « campagne de caniveau » ?

par Bernard Carayon 9 avril 2025
Magnifique tribunedans le JDD de notre ami Bernard Carayon qui souligne parfaitement toutes les incohérences de la Commission Européenne  en matière de défense !

par Pauline Condomines (VA) 8 avril 2025
"Ce mercredi 26 mars, au Palais des Sports, une conférence sur la menace islamiste a rassemblé un large public au Palais des Sports de Paris. Bruno Retailleau, Manuel Valls et de nombreux militants, chercheurs et auteurs ont appelé à la lutte contre un fléau qui “menace la République”."

par Lignes Droites 5 avril 2025

Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !

Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.

Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :

- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.

- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique.  Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

par Maxime Duclos 4 avril 2025

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.

La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.

Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.

Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.

Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.

Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.

Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.

Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?

Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.

Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.



NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné en appel !). Deux poids et deux mesures ?


par Pierre Lemaignen 2 avril 2025

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.

Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?

Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :

1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :

- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive

- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.

On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...

2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.

Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).

Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).

Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?

3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.  

4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?

La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

par LR31 1 avril 2025
par Lignes Droites 13 mars 2025
Lignes Droites soutiendra toutes les candidatures d’union des droites. Bonne chance à David Gerson et à sa future équipe !

par Emmanuel Chaunu 13 mars 2025
par Maxime Duclos, adhérent Lignes Droites 10 mars 2025
Billet d'humeur d'un de nos adhérents,Maxime Duclos :  


En 1997, l’année de ma naissance, le taux de fécondité était de 1,71 enfant par femme, un chiffre déjà bien inférieur au seuil de remplacement des générations, estimé à environ 2,1 enfants par femme, sans que cela signifie pour autant que la parentalité allait de soi. Mais en 2024, les chiffres sont sans appel : 1,62 enfant par femme, et une chute des naissances qui semble inarrêtable. Comment en est on arrivé là ? Et surtout, pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne veulent-ils plus fonder de famille ?

La natalité française a connu une première chute importante après 1972, Mai 68 a profondément transformé la société française, et même si la chute de la natalité après 1972 n’est pas directement causée par ces événements, ils ont joué un rôle dans l’évolution des mentalités et des comportements qui ont ensuite influencé la fécondité. L’entrée massive des femmes sur le marché du travail, l’accès à la contraception et la légalisation de l’IVG en 1975 ont profondément modifié les comportements familiaux. Cependant, après cette période de déclin, la fécondité s’est stabilisée autour de 1,8-2 enfants par femme pendant plusieurs décennies. Depuis 2010, en revanche, la chute est spectaculaire : entre 2010 et 2024, le nombre de naissances est passé de 832 800 à 663 000, soit une baisse de 21,50 %. Un effondrement historique qui ne cesse de s’accélérer, sans qu’aucun véritable sursaut ne semble pointer à l’horizon.

Les raisons sont multiples, mais elles pointent toutes vers une réalité inquiétante : avoir un enfant en 2024 est devenu un choix difficile, parfois même un luxe. Pourtant, il est essentiel d’être honnête avec nous-mêmes : la précarité économique, bien que réelle, n’explique pas tout. Trop de jeunes se cachent derrière cet argument pour justifier un refus d’engagement bien plus profond. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui préfèrent "profiter" avant d’avoir des enfants, cherchant un confort personnel au détriment de la responsabilité collective. Cette mentalité est en partie héritée d’une éducation plus permissive, où les limites ont été repoussées, où la contrainte est devenue un gros mot. Les méthodes pédagogiques modernes, comme Montessori, sont souvent citées comme un progrès, mais elles traduisent aussi un changement de paradigme issu des transformations post-68 : un enfant doit s’épanouir à son rythme, être libre de ses choix, et ne pas être contraint. Résultat ? Une génération qui repousse l’effort, qui cherche avant tout son propre bien-être, et qui voit la parentalité comme une privation de liberté plutôt que comme un accomplissement.

Au-delà de cette évolution sociétale, l’idée même de nation s’efface. Faire des enfants, c’est assurer le renouvellement des générations, maintenir une dynamique économique, préserver un équilibre social. Or, nous vivons dans une société où l’individualisme prime sur l’intérêt collectif. Nous consommons, nous voyageons, nous vivons pour nous-mêmes sans nous soucier des répercussions à long terme. Cette quête incessante de liberté, ce refus des obligations, nous mènent à une impasse. Car moins de naissances, c’est aussi moins de travailleurs demain, une économie qui s’essouffle, et des systèmes de retraite qui s’effondrent. Nous ne voulons plus d’enfants, mais qui paiera alors pour notre vieillesse ?

Peut-on encore inverser la tendance ? Il ne s’agit pas de forcer les jeunes à avoir des enfants, mais de redonner du sens à la parentalité. Il faut retrouver un intérêt commun, réapprendre à voir l’avenir autrement que par le prisme de la jouissance immédiate. Faire des enfants, ce n’est pas seulement une contrainte, c’est une transmission, une continuité, un acte fondateur pour une société. Il faut redonner envie, réhabiliter la famille comme un pilier essentiel du bien-être personnel et collectif, et non plus comme une entrave. Tant que nous resterons enfermés dans cette quête illusoire de liberté absolue, tant que nous refuserons de voir au-delà de notre propre existence, la chute des naissances n’aura aucune raison de s’arrêter. Et avec elle, c’est tout un modèle de société qui s’effondrera.

Sources :

INSEE “Bilan démographique annuel”

INED “Pratiques parentales et enfance"

par Pierre Lellouche 10 mars 2025

"Sans être entendu, je n’ai cessé de répéter depuis avant même qu’elle n’éclate que la guerre d’Ukraine aurait pu être évitée. Qu’elle aurait pu, même, être stoppée dès avril 2022. Qu’au lieu de préparer la « grande offensive » ratée de juin 2023, l’Ukraine et ses alliés auraient dû négocier, avant de se trouver dans une situation bien pire à l’arrivée, comme l’avait prévu, lui aussi, le chef d’état-major des armées américaines, le général Mark Milley, fin 2022."
Une tribune très instructivesur le conflit ukrainiende Pierre Lellouche,spécialiste reconnu en géopolitique:


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