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L’insoutenable légèreté de l’Etat

  • par Général(2S) Bertrand Soubelet
  • 31 oct., 2020

Tribune du Général(2S) Bertrand Soubelet , Vice-président d’Objectif-France

Il semblerait que la crise sanitaire monopolise toute l’énergie, les capacités d’analyse et de décision de l’exécutif de notre pays. Pour toutes les autres questions, nous n’avons droit qu’à une sorte de tétanie et des annonces dont la mise en œuvre est sujette à caution. Aucune stratégie, aucune anticipation, que de la communication.
L’actualité parfois dramatique nous en donne des exemples.

Le premier, qui a choqué à la fois les forces armées de notre pays, les familles des militaires morts en opérations et interpellé beaucoup de Français concerne le retour de madame Pétronin « retenue » pendant 4 ans au Mali. Par pudeur je préfère ne pas employer le terme d’otage. En réalité la France n’a pas participé aux négociations pour son « retour », terme plus adapté que celui de libération. La France a été consultée à la marge pour les prisonniers maliens issus des opérations de la force Barkhane qui furent une condition mineure de l’accord.

La mise en scène de cette pseudo-réussite ne reflète en rien la réalité de cette négociation qui visait essentiellement à libérer Soumaïla Cissé, député malien et deux ressortissants italiens dont un prêtre.
Sophie Pétronin, convertie à l’Islam a déjà annoncé son prochain retour au Mali.
Tout cela n’est que de l’agitation et l’exploitation d’évènements pour essayer de (re)crédibiliser l’exécutif.
Ce sont de bien mauvaises méthodes qui ne grandissent pas la France.
Bilan: peu de résultat, que de la com…

 

« La libération de Sophie Pétronin est la mise en scène de cette pseudo-réussite qui ne reflète en rien la réalité de cette négociation qui visait essentiellement à libérer Soumaïla Cissé, député malien et deux ressortissants italiens dont un prêtre »

 

Deuxième exemple
Le plan contre la pauvreté annoncé par le premier Ministre ou comment dépenser des centaines de millions en pure perte.
Cette fâcheuse habitude du vieux monde politique perdure. Elle consiste à saupoudrer des centaines voire des milliards d’euros sans traiter les problèmes de fond.
120 millions d’euros pour les quartiers prioritaires en faveur de l’emploi. Cette fameuse politique de la ville, gouffre qui nous a coûté plus de 90 milliards d’euros en 25 ans et qui a produit les zones de non droit.
En résumé, après leur suppression en 2017, c’est le retour aux emplois aidés à destination des collectivités territoriales et des associations. Et comme on connait depuis longtemps les pratiques clientélistes de certains maires et la nature peu fiable de beaucoup d’associations de ces quartiers, cela ressemble à une nouvelle campagne d’achat de la paix sociale.

 

« Comme on connait depuis longtemps les pratiques clientélistes de certains maires et la nature peu fiable de beaucoup d’associations de ces quartiers, cela ressemble à une nouvelle campagne d’achat de la paix sociale »

 

150 millions d’euros pour l’insertion professionnelle avec la création de 30 000 postes supplémentaires dans les structures de l’insertion par l’activité économique (IAE) au moment où les petites entreprises sont en grande difficulté et ne pourront pas en profiter.
Sans oublier une aide ponctuelle aux jeunes, allocataires de l’APL, qui rappelle la suppression des 5 euros en 2017…. Où sont les mesures pour réformer le logement d’urgence et le logement tout court qui coûte plus de 40 milliards d’euros par an pour le résultat qu’on connaît ?
Bilan : de la com pour justifier 700 millions de dépenses dont on doute déjà de la pertinence.

 

Autre exemple : le plan de relance

Une partie du plan de relance du projet de loi de finances pour 2021 repose sur la baisse de 20 milliards d’euros des impôts de production des entreprises par le biais de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Or ce dispositif ne bénéficiera pas aux PME ET TPE (artisans et commerçants) qui ne paient pas ou peu de CVAE. Sur les 570000 entreprises, la moitié ne touchera que 125 euros…
Le plan de relance touchera donc essentiellement les grandes entreprises qui ne sont pas les plus touchées par la crise. Ainsi la présentation n’est pas l’exact reflet de la réalité : encore de la com

Dernier exemple : les annonces du ministre de l’intérieur.

Seront-elles suivies d’effets? Rien n’est moins sûr.
La fermeture de la mosquée de Pantin pour six mois fait l’objet d’un appel devant le tribunal administratif (TA) de Montreuil. Nous allons voir cette semaine si l’Etat est désavoué par sa propre justice. Ça ne sera pas la première fois qu’une décision administrative est « retoquée » pour des raisons purement formelles ou sur des attendus qui confinent à la malhonnêteté intellectuelle. Un certain nombre de préfets ont vu leurs arrêtés de reconduite à la frontière annulés par le TA sous des prétextes ubuesques.
Nous allons expérimenter dans les semaines et les mois qui viennent les conséquences du comportement d’apprenti sorcier des parlementaires qui depuis 20 ans ont favorisé une législation soucieuse de tout sauf de l’intérêt de notre collectivité nationale. Cette législation qui trop souvent empêche de protéger les Français.

 

« Nous allons expérimenter dans les semaines et les mois qui viennent les conséquences du comportement d’apprenti sorcier des parlementaires qui, depuis 20 ans, ont favorisé une législation soucieuse de tout sauf de l’intérêt de notre collectivité nationale »

 

La fermeture de la mosquée de Pantin et la dissolution du CCIF ne sont pas acquises et les résultats concrets pourraient ne pas être à la hauteur des annonces martiales qui se succèdent depuis la tragédie de l’assassinat de Samuel Paty. Voilà encore une illustration de cette politique de pacotille à grands coups de média et de déclarations solennelles.
Lorsqu’on gouverne il y a des règles incontournables :
A l’agitation privilégier la discrétion
Aux déclarations préférer l’action
En toutes circonstances rester mesuré et exemplaire.

Le gouffre abyssal qui existe entre la communication de l’exécutif et le « réel » continue de détruire la confiance des Français. Que la confiance envers les membres du gouvernement et le président Macron soit inexistante c’est une conséquence logique de la gouvernance que nous observons depuis 2017.

 

« Cette situation provoquée par une gouvernance chaotique est passée sous silence par tous les analystes et ses conséquences funestes devront être assumées devant l’histoire »

 

Mais la responsabilité des ces femmes et de ces hommes dont certains ont déjà quitté le navire est immense. Ils sont parvenus, par leur incurie, après leurs prédécesseurs, mais avec une efficacité redoutable à discréditer nos institutions et à ébranler la confiance des Français dans notre régime et plus généralement dans la démocratie.
Cette situation provoquée par une gouvernance chaotique est passée sous silence par tous les analystes et ses conséquences funestes devront être assumées devant l’histoire.
Avec, hélas, des effets sur les Français et surtout les plus jeunes.
Voilà résumée l’insoutenable légèreté de l’Etat.

Général(2S) Bertrand Soubelet
Vice-président d’Objectif-France


Publication initiale dans le site Putsch :
par Bernard Carayon 9 avril 2025
Magnifique tribunedans le JDD de notre ami Bernard Carayon qui souligne parfaitement toutes les incohérences de la Commission Européenne  en matière de défense !

par Pauline Condomines (VA) 8 avril 2025
"Ce mercredi 26 mars, au Palais des Sports, une conférence sur la menace islamiste a rassemblé un large public au Palais des Sports de Paris. Bruno Retailleau, Manuel Valls et de nombreux militants, chercheurs et auteurs ont appelé à la lutte contre un fléau qui “menace la République”."

par Lignes Droites 5 avril 2025

Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !

Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.

Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :

- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.

- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique.  Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

par Maxime Duclos 4 avril 2025

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.

La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.

Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.

Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.

Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.

Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.

Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.

Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?

Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.

Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.



NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné en appel !). Deux poids et deux mesures ?


par Pierre Lemaignen 2 avril 2025

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.

Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?

Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :

1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :

- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive

- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.

On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...

2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.

Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).

Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).

Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?

3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.  

4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?

La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

par LR31 1 avril 2025
par Lignes Droites 13 mars 2025
Lignes Droites soutiendra toutes les candidatures d’union des droites. Bonne chance à David Gerson et à sa future équipe !

par Emmanuel Chaunu 13 mars 2025
par Maxime Duclos, adhérent Lignes Droites 10 mars 2025
Billet d'humeur d'un de nos adhérents,Maxime Duclos :  


En 1997, l’année de ma naissance, le taux de fécondité était de 1,71 enfant par femme, un chiffre déjà bien inférieur au seuil de remplacement des générations, estimé à environ 2,1 enfants par femme, sans que cela signifie pour autant que la parentalité allait de soi. Mais en 2024, les chiffres sont sans appel : 1,62 enfant par femme, et une chute des naissances qui semble inarrêtable. Comment en est on arrivé là ? Et surtout, pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne veulent-ils plus fonder de famille ?

La natalité française a connu une première chute importante après 1972, Mai 68 a profondément transformé la société française, et même si la chute de la natalité après 1972 n’est pas directement causée par ces événements, ils ont joué un rôle dans l’évolution des mentalités et des comportements qui ont ensuite influencé la fécondité. L’entrée massive des femmes sur le marché du travail, l’accès à la contraception et la légalisation de l’IVG en 1975 ont profondément modifié les comportements familiaux. Cependant, après cette période de déclin, la fécondité s’est stabilisée autour de 1,8-2 enfants par femme pendant plusieurs décennies. Depuis 2010, en revanche, la chute est spectaculaire : entre 2010 et 2024, le nombre de naissances est passé de 832 800 à 663 000, soit une baisse de 21,50 %. Un effondrement historique qui ne cesse de s’accélérer, sans qu’aucun véritable sursaut ne semble pointer à l’horizon.

Les raisons sont multiples, mais elles pointent toutes vers une réalité inquiétante : avoir un enfant en 2024 est devenu un choix difficile, parfois même un luxe. Pourtant, il est essentiel d’être honnête avec nous-mêmes : la précarité économique, bien que réelle, n’explique pas tout. Trop de jeunes se cachent derrière cet argument pour justifier un refus d’engagement bien plus profond. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui préfèrent "profiter" avant d’avoir des enfants, cherchant un confort personnel au détriment de la responsabilité collective. Cette mentalité est en partie héritée d’une éducation plus permissive, où les limites ont été repoussées, où la contrainte est devenue un gros mot. Les méthodes pédagogiques modernes, comme Montessori, sont souvent citées comme un progrès, mais elles traduisent aussi un changement de paradigme issu des transformations post-68 : un enfant doit s’épanouir à son rythme, être libre de ses choix, et ne pas être contraint. Résultat ? Une génération qui repousse l’effort, qui cherche avant tout son propre bien-être, et qui voit la parentalité comme une privation de liberté plutôt que comme un accomplissement.

Au-delà de cette évolution sociétale, l’idée même de nation s’efface. Faire des enfants, c’est assurer le renouvellement des générations, maintenir une dynamique économique, préserver un équilibre social. Or, nous vivons dans une société où l’individualisme prime sur l’intérêt collectif. Nous consommons, nous voyageons, nous vivons pour nous-mêmes sans nous soucier des répercussions à long terme. Cette quête incessante de liberté, ce refus des obligations, nous mènent à une impasse. Car moins de naissances, c’est aussi moins de travailleurs demain, une économie qui s’essouffle, et des systèmes de retraite qui s’effondrent. Nous ne voulons plus d’enfants, mais qui paiera alors pour notre vieillesse ?

Peut-on encore inverser la tendance ? Il ne s’agit pas de forcer les jeunes à avoir des enfants, mais de redonner du sens à la parentalité. Il faut retrouver un intérêt commun, réapprendre à voir l’avenir autrement que par le prisme de la jouissance immédiate. Faire des enfants, ce n’est pas seulement une contrainte, c’est une transmission, une continuité, un acte fondateur pour une société. Il faut redonner envie, réhabiliter la famille comme un pilier essentiel du bien-être personnel et collectif, et non plus comme une entrave. Tant que nous resterons enfermés dans cette quête illusoire de liberté absolue, tant que nous refuserons de voir au-delà de notre propre existence, la chute des naissances n’aura aucune raison de s’arrêter. Et avec elle, c’est tout un modèle de société qui s’effondrera.

Sources :

INSEE “Bilan démographique annuel”

INED “Pratiques parentales et enfance"

par Pierre Lellouche 10 mars 2025

"Sans être entendu, je n’ai cessé de répéter depuis avant même qu’elle n’éclate que la guerre d’Ukraine aurait pu être évitée. Qu’elle aurait pu, même, être stoppée dès avril 2022. Qu’au lieu de préparer la « grande offensive » ratée de juin 2023, l’Ukraine et ses alliés auraient dû négocier, avant de se trouver dans une situation bien pire à l’arrivée, comme l’avait prévu, lui aussi, le chef d’état-major des armées américaines, le général Mark Milley, fin 2022."
Une tribune très instructivesur le conflit ukrainiende Pierre Lellouche,spécialiste reconnu en géopolitique:


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