Dans un contexte politique tendu où les uns
s’inquiètent de la progression de « l’hydre islamiste » et de ses
attaques tous azimuts pour asseoir sa visibilité dans l’espace français, quand
d’autres dénoncent la « stigmatisation des musulmans » voire une
« islamophobie ambiante », à l’heure où le débat est réactivé suite à
l’attaque terroriste à la Préfecture de Paris et à la nouvelle polémique sur le
voile, nous recevons la confirmation qu’un parti communautariste, l’UDMF (Union
des Démocrates Musulmans de France), conformément à ce qu’il avait annoncé lors
des élections européennes, va présenter un certain nombre de listes lors des
prochaines municipales. Toulouse n’y fait pas exception, puisque l’on
apprenait ces derniers jours que l’UDMF y prépare une liste, la Ville rose étant
considérée par les responsables de ce parti comme un terreau propice aux thèses
communautaires musulmanes.
En réaction à ce qui, pour beaucoup,
constitue une énième provocation des partisans de l’islam politique, un danger,
et un nouveau coup de canif dans la laïcité, le sénateur LR Bruno Retailleau,
qui travaille à une proposition de loi sur le sujet, demandait courageusement ces
derniers jours, rejoint en cela par nombre de personnalités de droite comme de
gauche, d’«interdire tout
financement public d’un mouvement communautariste qui ne respecterait pas les
principes de souveraineté nationale et de laïcité, et prohiber, sous le
contrôle du juge administratif, les candidatures et la propagande électorale
communautaristes.»
Est-ce légal d’interdire
ces listes communautaristes ou, à défaut, souhaitable ? Est-ce seulement possible ?
Y a-t-il vraiment lieu de s’inquiéter face à un parti qui a fait 0,13%
des suffrages le 26 mai dernier, soit 28 395
voix, et se positionne 27e sur 34 listes ? Ce score modeste est
précisément le principal argument de ceux qui ne souhaitent pas voir le débat
s’ouvrir sur la légitimité de ces listes. Mais le problème nous semble
infiniment plus complexe et les inquiétudes doivent porter à bien plus longue
échéance que ces quelques résultats qui ne sont qu’un premier pas dans une
stratégie à long terme de partition et d’affrontement, celle de l’islam
politique et plus précisément des Frères musulmans.
1.
L’UDMF
est bien un vecteur de propagation de l’islamisme au sein de nos démocraties.
Une clarification
sémantique d’abord. Le choix de Bruno Retailleau, évoquant des listes « communautaristes »
et non « communautaires », semble préférable car le suffixe
« iste » est celui que l’on emploie pour désigner une activité, une
action, voire une offensive, très souvent au service d’un idéal politique
(islamiste, communiste, socialiste, gauchiste, populiste…). Le cas qui nous
concerne est uniquement celui de partis autoproclamés « musulmans » (en
fait islamistes comme nous allons le démontrer), ne s’adressant qu’à une
fraction de la population.
Il
existe en France plusieurs partis communautaristes musulmans dont Égalité et Justice, Démocratie représentative,
Français et musulmans, l’UDMF … Ce dernier, le plus important,
a été créé
en novembre 2012 par Najib Azergui et compterait aujourd’hui quelques centaines
d’adhérents et quelques permanents.
Tous ces partis récusent le
qualificatif de communautaristes
et s’abritent derrière des éléments de langage, ce qui
est typique de la tactique des Frères musulmans qui font toujours semblant, dans
un premier temps, de s’accommoder des règles de la démocratie. Ainsi aux Européennes
la liste était baptisée "Union pour une Europe au service des
peuples", et l’UDMF affirmait sur son site être "non
confessionnel, laïc et profondément républicain", même si le programme
comportait un certain nombre d’items sans ambiguïté sur l’électorat
visé (voir paragraphe suivant). Mais il est vrai qu’officiellement les candidats
tenaient un discours qui relevait plutôt de la rhétorique gauchiste
généraliste : combat social, lutte contre la pauvreté, éducation pour
tous, désenclavement des quartiers, lutte contre les discriminations et le
« racisme d’Etat » (même si la lecture du programme nous apprend que
seuls les musulmans seraient les seuls à les subir), souhait que l’Europe
impose aux États membres le droit de vote des étrangers non communautaires aux
élections locales …. Illustration s’il en est de la parenté entre islamisme et
extrême gauche (« l’islamo-gauchisme » dénoncé en son temps par
Manuel Valls).
Pourtant
l’UDMF est bien un parti communautaire, qui ne s’adresse
qu’aux musulmans
. Car cette modération dans le
langage a été abandonnée dès le lendemain des résultats, apportant la reconnaissance de facto
qu’il s’agissait bien d’un parti destiné exclusivement aux
musulmans de France. C’est sur Oumma.com que Nabil Azergui remerciait ceux qui
avaient mené des "opérations de terrain en plein jeûne de ramadan"
et les électeurs qui, par leur vote, avait témoigné d’« une colère
grandissante notamment quant à la stigmatisation dont font l’objet les
musulmans partout en Europe"
et permis de dépasser les
"listes
antimusulmanes" (comme celle de R. Camus).
Pas de surprise toutefois, sauf
pour ceux qui ne connaissent pas le jeu assez fin des Frères musulmans avec la
démocratie. Reprenons les principaux éléments du programme qui apparaissaient
clairement pour qui se donnait la peine de lire autre chose que ce que les
candidats donnaient à entendre sur les plateaux (à savoir un parti
vivre-ensembliste, laïc, démocrate, non-confessionnel) : il s’agissait d’«assurer la sécurité des communautés musulmanes
européennes», de «combattre l’islamophobie sur le sol européen», de «dissoudre
toutes associations ou groupements islamophobes», d’organiser une Europe de
la défense qui viendrait militairement en aide aux musulmans de par le monde (Ouïghours,
Rohingyas, Gazaouis, Yéménites…), à l’exclusion évidemment d’autres populations
« opprimées » qui ne sont jamais mentionnées ; de combattre
« l’exploitation régulière des
musulmans servis en pâture, partout en Europe, afin d’endosser la
responsabilité de l’échec des choix politiques menés au sein de l’UE en matière
d’économie, de sécurité ou d’intégration»
Les résultats d’ailleurs (comme
pour les autres micro-partis musulmans) aux différentes élections montrent qu’ils obtiennent leurs meilleurs résultats dans des
bureaux de vote de quartiers où la population de confession musulmane est
surreprésentée. On note également la confession de la majorité des
candidats, la présence importante de femmes voilées chez les militantes et les
candidates, jusque sur l’affiche
officielle de l’UDMF pour les Européennes.
C’est, au-delà, un parti communautariste islamiste
qui ne cache pas des projets comme celui de vouloir
revenir sur les «lois liberticides»
de 2004 et 2010 sur le voile et le niqab
et
sur l’interdiction des prières de rue. Déjà
la rhétorique victimaire (voir ci-dessus), l’emploi du terme « islamophobie »
inventé par les Frères musulmans pour faire taire tout débat, le qualificatif
d’ « antisioniste » parfaitement assumé (dont on sait
qu’il est le faux-nez, pour l’islamo-gauchisme, de l’antisémitisme qui, lui,
tombe sous le coup de la loi), le parti pris
« anti-colonialiste » (qui évoque le discours
racialiste des Indigènes de la République et la volonté de s’opposer à l’ancien
colonisateur en jouant sur ce que Kipling nommait « le sanglot de
l’homme blanc », i.e. la culpabilité, tout en rejetant la civilisation
occidentale), le voile chariatique sur les affiches, font partie de l’arsenal
de symboles et des éléments de langage qui ne trompaient guère l’observateur
averti. Quant à la volonté affichée à plusieurs reprises d’interdire toute recherche
scientifique ou critique sur l’islam, elle signe, peut-être mieux que tout
autre signal, l’idéologie politico-religieuse des islamistes. Mohamed Sifaoui,
dans son récent ouvrage[1],
dénonce d’ailleurs la proximité de l’UDMF avec les Frères musulmans.
D’ailleurs l’UDMF est bien qualifiée
de « danger » par
les services de renseignements
qui y reconnaissent la stratégie de cette organisation tentaculaire dont
l’objectif final est, bien évidemment, l’instauration du califat, de la charia,
et la destruction de la laïcité. Il en est de même pour les deux autres
principaux partis communautaristes : Égalité
et Justice, né en 1915,
capable de présenter plus de 50 candidats
aux législatives de 2017 est
considéré comme une filiale du parti
islamiste d’ Erdoğan. Quant à Hadama
Traoré, le fondateur et
tête de liste de Démocratie
représentative, présente
comme l’UDMF aux élections européennes, rappelons qu’il s’est fait connaître
récemment en organisant une manifestation de soutien (interdite) …
à Mickaël Harpon, le terroriste de la préfecture de police de Paris.
Prenons le cas de Toulouse.
Taoufik Mhamdi, originaire du Mirail-Bellefontaine, très actif au sein de
l’UDMF, travaille paraît-il à la constitution d’une liste pour les Municipales.
Comme on l’a dit, une très forte proportion d’immigrés de confession musulmane
et la radicalisation croissante de certains quartiers où l’islam politique
progresse rapidement (comme en témoigne visuellement la prolifération des
tenues chariatiques dans l’espace public) laisse espérer un vote massif
permettant même de se maintenir au second tour et de faire pression sur les
autres candidats. Ajoutons que l’UDMF entretient un contentieux avec Jean-Luc
Moudenc : en 2016, suite à un discours du maire de Toulouse dénonçant les
dangers du « nazislamisme »[2]
lors des cérémonies célébrant le 72e anniversaire de la libération
de Toulouse, le fondateur de l’UDMF avait répliqué dans Oumma.com en comparant
la situation des musulmans contemporains à celle des Juifs sous Vichy ! Néanmoins
le mouvement semble pour l’instant manquer de financements pour soutenir la
prochaine campagne et gagner en notoriété, c’est pourquoi les avis sont
partagés quant à la possibilité de percer réellement et de constituer une force
capable de peser sur les autres candidats entre les deux tours. Mais
intéressons-nous au parcours du leader toulousain de l’UDMF : cet ancien
agent de sécurité à l’aéroport Toulouse-Blagnac a été licencié en avril 2016 « pour cause sérieuse et
réelle ». Ajoutons qu’une perquisition avait été menée à son domicile,
5 mois auparavant, en novembre 2015, dans le cadre de l’état d’urgence, 11
jours après les attentats du Bataclan. Sans suite judiciaire toutefois.
Aujourd’hui à son compte, il est considéré, par les services de renseignement,
comme proche de la confrérie des Frères Musulmans, en raison de « faits
objectifs établissant une proximité », même si lui s’en défend :
« qui nous prouve que nous avons des liens avec ce parti qui se
trouve à plus de 3500 km de Paris ? » déclare-t-il à France 3
Occitanie qui l’interrogeait à ce sujet. Argument bien faible à
l’heure des réseaux sociaux et des financements à distance.
2.
Faut-il
s’en inquiéter ?
Si l’on en croit un certain nombre de commentateurs,
politiques ou sur les médias, ce serait un non-sujet
compte tenu de la
faiblesse des résultats aux dernières élections européennes. Rappelons que l’UDMF c’est « moins de
29000 voix pour la France entière », comme aiment à le dire d’un air
consterné les journalistes aux invités qui s’inquiètent de la prolifération des
listes présentées par ce parti aux prochaines municipales. Ajoutons que
« Démocratie représentative » est aussi parmi les dernières avec
0,01% des voix et qu’Egalité et Justice n’avait obtenu qu’1% des voix aux
législatives de 2017.
Mais ses résultats cachent de
profondes inégalités géographiques car ces listes ont pu faire des scores
remarquables (et cela d’autant plus que les électeurs devaient imprimer
leurs bulletins) dans certains quartiers où ces partis ont fait campagne,
ceux
où existe une importante communauté musulmane gagnée par le radicalisme et le
séparatisme religieux, où ils concurrencent des listes d’envergure nationale.
Ces résultats sont à la fois, en ce sens, les symptômes d’un communautarisme
ethnique et religieux et les vecteurs insidieux de sa propagation.
Ainsi,
en banlieue parisienne, l’UDMF a plusieurs fois dépassé les 5 % et
régulièrement les 6% (7,43% à Garges-Lès-Gonesses où le parti termine en
quatrième position et même devant les LR, le PS, EELV; 6,77% à
Mantes-la-Jolie dont 16,74%
dans le quartier du Val-Fourré, plus de 6% à
La Courneuve…). Il en est de même dans le Nord, avec par exemple 6,10% à
Maubeuge, dont plus de 40%
dans un quartier de la ville. On pourrait ici
multiplier les exemples et égrener des noms trop souvent synonymes dans
l’actualité de zones de non-droit, territoires perdus de la République, où l’on
retrouve le cocktail explosif des trafics en tous genres, de la propagande
islamiste, des violences contre la police…
Oui
il
faut s’en inquiéter,
car cette stratégie d’occupation de l’espace public
et entrisme dans les équipes municipales, départementales, régionales,
participe de la politique des petits pas
que connaissent bien
tous ceux qui ont eu à étudier, fréquenter, écouter des représentants de la
confrérie des Frères musulmans, dont les services de renseignement qui l’observent
et l’ont mise en évidence depuis longtemps. Comme autrefois le FIS en Algérie, comme en Égypte sous
la houlette du l’ancien président Morsi, comme Ennahda en Tunisie, comme
Musulmans de France (l’ancienne UOIF, qu’ils ont noyautée), les Frères
musulmans font semblant d’accepter le jeu de la démocratie et les lois de la
République, que pourtant ils méprisent, rejettent et combattent, pour arriver
légalement au pouvoir. Ils ne s’en cachent d’ailleurs pas. C’est ce qui les
oppose aux salafistes, car ils n’utilisent pas la violence ni le terrorisme (du
moins directement car ils ont toujours une armée de l’ombre, qu'ils inspirent
et protègent quand ils arrivent au pouvoir). Contrairement à nombre de nos
politiques, ils intègrent le temps long
dans leurs stratégies : l’objectif
final reste l’islamisation des sociétés occidentales et l’établissement de la
charia mais ils savent que cela passera par nombre de compromissions, par la
voie légale et, judiciarisant tout, par
le retournement des faiblesses de nos démocraties contre elles-mêmes.
Ils investissent donc l’espace public, font de l’entrisme
dans tous les secteurs-clés (éducation, transports, justice, armées et police,
médias…) et dans le monde politique via les élections, habituent les citoyens à
l’omniprésence de l’islam politique par des symboles visuels récurrents ou
l’envahissement de la sphère médiatique (victimisation ou réactions aux
provocations généralement volontaires). Le succès du mot
« islamophobie », créé de toutes pièces par ces minorités qui jouent
sur la culpabilisation des sociétés anciennement coloniales, est une constante
dans leurs revendications. Ils sont ceux que les socialistes français (Fabius
notamment) ont qualifiés « d’islamistes modéré », oxymore (puisqu’ils
défendent précisément une théocratie où la loi divine, liberticide et misogyne,
prime sur celle des hommes) qu’ils se sont empressés de reprendre à leur
compte.
Si
l’on reprend l’exemple des pays du Maghreb, nos compatriotes musulmans qui ont
souffert de l’islamisme sur place rappellent que la stratégie des petits pas
commence toujours ainsi : en Algérie laïque, les islamistes ont ainsi réclamé
le retour du voile pour quelques-unes, au nom de la lutte contre les
discriminations et de la liberté de conscience. Puis, lorsqu’il eût gagné du
terrain, la pression fut de plus en plus forte pour que toutes les femmes
musulmanes le portent, traitées alors de mauvaises musulmanes en cas de
résistance à l’enfoulardisation, puis cette exigence de cette police des mœurs
gagna l’ensemble des femmes, désormais persécutées en cas de refus. Après avoir
composé pendant des années avec la démocratie, le Front Islamique du Salut,
devenu majoritaire en 1990 à l’Assemblée, fit aussitôt tomber le masque,
plongeant en réaction le pays désormais divisé en deux camps dans des années de
guerre civile meurtrière. Rappelons de même que les Frères musulmans en Égypte,
à peine élus de manière démocratique et sur des mensonges, s’engagèrent à
établir la charia, les promesses (hier démocratiques) n’engageant que ceux qui
les croient : seule la réaction d’un peuple gagné depuis Nasser à la
laïcité (17 millions d’Egyptiens dans les rues du Caire lors d’une
manifestation monstre et l’appel à l’armée) les fit reculer. En Tunisie des
mois de manifestations dans les rues et de sit-in devant l’Assemblée, jour et
nuit, entravèrent les projets totalitaires d’Ennahda qui ne cachait plus les
mêmes objectifs. On pourrait également prendre l’exemple du parti d’ Erdoğan,
l’AKP, présenté pendant des années par les Européens comme la preuve que
l’islamisme « modéré » pouvait s’accommoder de la démocratie et dont
on sait ce qu’il advient aujourd’hui.
Il
faut donc bien avoir en tête que la stratégie des Frères musulmans est de créer
des communautés qui vont entrer en concurrence et que l’objectif final est de
voir celle des islamistes dominer. Et qu’eux, à l’inverse de notre société de
l’immédiateté, se donnent le temps d’atteindre leur objectif, ce temps long
dont ils ont une toute autre perception.
Cette stratégie des petits pas s’illustre
déjà en France dans plusieurs domaines, dont celui de la politique qui nous
intéresse ici. On voit ainsi l’UDMF pointer le bout de son nez en 2015 pour les élections départementales
(la plupart des candidatures sont
invalidées) ; puis revenir pour les Européennes
(où une signature
oubliée au moment du dépôt -volontairement ?- lui permet d’être la dernière liste validée
in extremis par le ministère de l’Intérieur, ce qui lui fait une publicité
inespérée). Considérant que les résultats sont déjà très encourageants, Nejib
Azergui annonce aussitôt de nombreuses listes aux Municipales
et dit
espérer avoir un jour les 500 signatures nécessaires pour participer à une présidentielle.
Pour cela, il faut investir les collectivités locales, ou un certain
nombre de ces partis communautaires (comme Français et Musulmans) comptent déjà
un certain nombre de conseillers municipaux en région parisienne (sur des
listes diverses droites ou divers gauche). Le fondateur de l’UDMF s’est
d’ailleurs allié à l’UDI à Bobigny pour les dernières municipales.
L’exemple de nos voisins européens devrait
pourtant nous ouvrir les yeux sur le danger des listes se réclamant de l’islam.
Aux Pays Bas, le parti
Nida,
a obtenu deux sièges au conseil municipal de Rotterdam (où les
musulmans représentent 20% de la population), rejoignant un autre parti communautariste
musulman, financé par la Turquie (Denk) et qui a remporté un total de 24 sièges
dans 13 villes néerlandaises, dont trois à Amsterdam et trois à Rotterdam. Les exigences
de ces partis sont grosso modo comparables à celles qui sont exprimées par
l’UDMF si ce n’est qu’ils n’hésitent pas à promouvoir un développement séparé
des communautés. Si en Allemagne, « l’Alliance pour l’innovation et la
justice » (BIG), lobby ouvertement pro- Erdoğan, n’a obtenu jusqu’à présent que des
scores assez faibles (inférieurs à 1%), la situation est plus grave en Belgique. Dès 2012, s’est
présenté aux élections le parti ISLAM («Intégrité, Solidarité, Liberté,
Authenticité, Moralité») dont le programme se bornait apparemment à défendre
une meilleure intégration des musulmans : obtenant deux élus et autour de
2% dans la région de Bruxelles, le parti
a aussitôt tombé le masque et changé son discours pour faire … la promotion de
la charia.
Il
faut s’en inquiéter, enfin, car même avec des résultats modiques, ces élus dans
les conseils, ou le poids représenté par ces listes entre deux tours, peuvent
pousser un certain nombre de candidats à des alliances contre nature et à
l’électoralisme le plus racoleur. Sans compter que tout ce qui donne aux
propagandistes de l’islam radical une visibilité et une tribune, et bien
évidemment une occasion de se victimiser, est à proscrire par tous les moyens
possibles.
3.
Peut-on
interdire les listes communautaristes ?
A priori non, rien dans la loi actuelle
ne le permet. Dans l’exemple belge ci-dessus, malgré les réactions virulentes,
une pétition en ligne, l’action des élus, ce fut impossible. En France, en droit électoral, la liberté d’expression l’emporte sur
tout. Ce qui explique que nombre de listes communautaires (chasseurs et pêcheurs,
royalistes, listes corses, bretonnes, basques) aient pu se présenter, élection
après élection. Il est vrai que leur cas n’a jamais été vraiment discuté, bien
que défendant les intérêts d’une partie de la population, leurs programmes ne
mettant pas en péril notre système démocratique ou n’entrant pas en
contradiction avec lui.
Mais que
ces listes soient légales ne signifient pas nécessairement qu’elles soient souhaitables :
nous avons vu que le programme des partis musulmans relève de l’islamisme,
c’est-à-dire d’un totalitarisme politico-religieux et d’une volonté
d’affrontement entre les communautés. Il faut donc trouver des parades pour
entraver cet entrisme islamiste au sein des conseils municipaux.
Les musulmans (ou plus exactement les islamistes, car le
projet politique de ces listes ne fait pas illusion comme on l’a vu plus haut)
rétorquent qu’il existe bien des partis qui se réclament du christianisme
et
que l’interdiction serait donc une discrimination. Il en fut ainsi, dans l’Histoire
récente, des partis qui relevaient de la démocratie chrétienne, le MRP (Mouvement républicain populaire), le CDS (Centre des
démocrates sociaux), le FRS (Forum des Républicains sociaux) devenu en 2009 le
PCD (Parti Chrétien
démocrate). Il en est de même Outre-Rhin avec les
chrétiens démocrates de la CDU-CSU. Sur le fond, évidemment, comparaison n’est
pas raison. Tous ces partis sont non-confessionnels, restent dans un cadre
national, ne visent aucunement la satisfaction de la communauté des chrétiens
et ne se sont jamais réfugiés dans une logique de victimisation. La référence
chrétienne est seulement liée à des valeurs et bien évidemment à l’Histoire de la
France, longtemps « fille aînée de l’Eglise ». Que l’on soit croyant
ou non, les valeurs portées par le christianisme ont profondément marqué notre
identité, comme l’islam définit celle de pays où il reste généralement religion
d’État (même dans la moderne Constitution de la Tunisie). En d’autres termes
les partis dits « chrétiens » ne heurtent évidemment pas les fondamentaux
de notre contrat social, de la même façon que la religion chrétienne a, depuis longtemps, fait la preuve de
sa capacité à s’insérer dans le débat démocratique et à se situer dans une
logique de respect et de promotion de notre démocratie. Comme l’écrit
pertinemment Céline Pina dans Le Figaro, c’est même une position radicalement
opposée à celle des islamistes puisque si « les chrétiens-démocrates s’inspirent des valeurs
chrétiennes au bénéfice de tous, les démocrates musulmans consacrent leurs
efforts à la défense des musulmans au détriment de l’ensemble ». Cela étant dit, il est
évident que l’on ne peut critiquer la mention confessionnelle
« musulman » dans le nom de la liste ou du parti sans se voir rétorquer
qu’il s’agit d’une énième discrimination antimusulmane tant qu’il existe un
parti chrétien démocrate autorisé.
4.
Alors que
faire ?
La première parade se place au
moment du dépôt de candidature de ces listes,
ce qui suppose évidemment que
les préfectures ne se contentent plus d’examiner la légalité des listes sur le
plan formel et administratif mais évidemment que des commissions ad hoc
puissent statuer sur le fond en y traquant
tout ce qui est anti-républicain. Il s’agirait d’identifier et de
dénoncer tout ce qui est incompatible avec notre Constitution
(bien
qu’il s’agisse évidemment avant tout d’attaques programmées contre la laïcité
et la civilisation européenne, ce qui est plus difficile à prouver). Car il est évident que ces mouvements
politiques n’ont aucune compatibilité avec notre système politique et notre
échelle de valeurs, notamment en faisant la promotion, dans leurs programmes,
de revendications faisant prévaloir
la loi religieuse sur celles de la République. Le projet de loi proposée
par le sénateur Retailleau, englobant de façon indifférenciée tous les partis
que l’on peut qualifier de communautaires (sur une base confessionnelle ou
non), permettrait donc à la fois de ne pas utiliser de financement public pour
des intérêts particuliers (ce qui, au-delà du cas des listes islamistes, semble
relever du bon sens même, le contribuable n’ayant pas à financer des intérêts
catégoriels, même honorables, et a fortiori
ceux qui vont contre ses
propres intérêts) mais surtout d’interdire des listes dont le programme entrerait
en contradiction avec les lois et valeurs de la République. Ceci dit, on peut
faire confiance aux Frères musulmans et affidés pour avancer habilement masqués
dans la présentation de leurs programmes afin de ne pas tomber d’amblée sous le
coup de la loi.
On peut bien évidemment décider d’interdire purement
et simplement les listes communautaires explicitement religieuses
au nom de
la laïcité. Tous les sondages montrent qu’une écrasante majorité de Français y
sont favorables, tous bords confondus. Cela pénaliserait, entre autres, des
partis se réclamant du christianisme dont les valeurs ne sont évidemment pas en
contradiction avec la Constitution. Mais cela aurait l’avantage d’éviter
l’inévitable victimisation des listes musulmanes qui hurleront, sinon, à la
discrimination à la moindre interdiction. Toujours sur le plan juridique, cela
supposerait de définir clairement ce que l’on entend par liste communautaire ou
confessionnelle. Néanmoins, même en
enlevant le mot « musulman » du nom des partis, il est probable que
leurs électeurs les reconnaîtraient au travers d’éléments de langage, même
choisis avec soin pour ne pas tomber sous le coup d’une interdiction
(discriminations, antisionisme, racisme d’Etat…). En outre cela reviendrait à ne
pas nommer l’ennemi, ce qui revient à ne pas le combattre. Car le fait est
que tous les communautarismes ne nous attaquent pas. Un seul a pour projet de
détruire les fondements de la République de la démocratie et les valeurs
fondamentales de la France et, au-delà , de l’Occident : l’islam
politique, qu’il soit celui du wahhabisme ou des Frères musulmans.
Le problème dépasse évidemment la simple question des
listes communautaristes, et supposerait qu’en parallèle soit enfin posée la
question de ce que doit être l’islam de France, de ce qu’il nous est
possible de tolérer, ou pas, ce fameux débat que le Président de la République,
comme son Premier ministre, ne cessent de différer : interdiction du voile
de type chariatique dans l’espace public ; interdiction de tout mode de
propagation du salafisme ou de l’idéologie des Frères musulmans sur notre
territoire (et donc définition précise de ce qui caractérise la propagande de
l’islam politique), classement des Frères musulmans parmi les sectes comme aux
États-Unis, ce qui est d’ailleurs la manière dont le confrérie est considérée
par tous les musulmans (de foi ou sociologiques) laïcs et démocrates sur notre
territoire et dans leur propre pays. Rappelons que Philippe Bas, le président de la commission des lois
au Sénat, avait proposé que soit inscrit dans la Constitution le principe que «nul
ne puisse se prévaloir de son appartenance ethnique ou religieuse pour se
soustraire à la règle commune».
Avant l’élection, à défaut de
pouvoir interdire ces listes (ou, si on les interdit, pour couper court à la
victimisation), le combat doit rester politique
et pédagogique.
Il
faut interroger les candidats sur les questions qui fâchent (égalité
homme/femme par exemple), les pousser dans leurs retranchements afin qu’ils se
dévoilent, expliquer que ce parti est islamiste et ne concerne pas tous les
musulmans ; il faut sans relâche faire comprendre à ceux qui sont intégrés,
respectueux des lois de la République et du mode de vie français, pratiquant un islam personnel, moderne et
ouvert, souvent engagés eux-mêmes contre l’islam politique, qu’ils ne doivent en
aucun cas se laisser convaincre par une rhétorique identitaire apparemment « soft »
car elle est le premier pas d’une adhésion, par habitude et imprégnation, au
modèle théocratique de la charia. L’effort pédagogique suppose également,
enfin, de nommer précisément l’ennemi, le communautarisme et le
séparatisme islamistes, bref l’islam politique, fondé sur une lecture littérale
du Coran, ce que se refuse à faire clairement, pour l’instant, le Président de
la République.
Après l’élection, la vigilance
est de rigueur, suivie de sanctions. Déjà la loi, dans son état actuel,
peut suffire à sanctionner, au nom de la laïcité, ou plus généralement au nom
de la Constitution, tout représentant de la fonction publique ou agent de
l’Etat qui rompt l’obligation de neutralité car
devant appliquer, sans aucune discrimination possible, les lois de la
République, il ne peut sous aucun prétexte afficher une quelconque préférence
religieuse. Sont évidemment concernés par extension un maire ou un conseiller municipal,
rémunérés sur fonds publics. L’exemple belge
nous donne aussi quelques
pistes : beaucoup, dès avril 2018, ont pointé certains points du programme
du parti ISLAM qui appelait sans complexe à l’introduction de la charia, de
séparer hommes et femmes dans les transports publics, pendant que son leader
(Redouane Ahrouch) refusait de se faire maquiller par une femme, de serrer la
main des candidates. Plusieurs plaintes ont été déposées et le tribunal de
Bruxelles l’a condamné en avril 2019 à six mois de prison pour s’être rendu coupable
de discrimination envers des femmes et à des dommages et intérêts pour les
plaignantes. Les réactions fermes de la part des femmes discriminées (dont une
journaliste) et de la Justice ont donc ouvert les yeux de bien des musulmans
non islamistes sur les intentions de ce parti qui se prétendait, comme tous
ceux du même genre, démocrate et laïc. Aux Pays-Bas, de la même manière, suite
à des dérapages ultérieurs systématiquement pointés et sanctionnés par les
partisans de la laïcité et de la démocratie, le parti Nida a perdu ses deux
sièges au conseil municipal de Rotterdam.
Cela suppose de cesser toute culpabilisation face à la
victimisation inévitable, de répondre argument après argument comme l’ont fait les Belges et les
Néerlandais. On en est encore loin en France. Il est évident que toute
tentative d’interdire ou de mettre en cause les listes communautaristes
islamistes (islamistes car elles ne représentent que le modèle de société prôné
par les littéralistes, et en aucun cas les objectifs et les valeurs de tous les
musulmans) se heurtera à la tactique déjà rôdée des tenants de l’islam
politique qu’Alexandre Del Valle a résumée par la trilogie : provocation-victimisation-médiatisation.
Il faut donc prendre garde de rester scrupuleusement dans le cadre du droit, de
la Constitution, des obligations liées aux lois sur la laïcité. Et faire
évoluer nos lois dans les directions ci-dessus exposées.
Enfin il revient aux candidats de ne
pas s’allier, que ce soit directement ou entre deux tours, à l’UDMF ou tout
autre parti communautariste musulman, mais il est surtout de la responsabilité
des électeurs de refuser leurs suffrages
à quiconque conclura une
alliance électorale avec les ennemis de la République.
Rappelons à cette
occasion le clientélisme imprudent de l’UDI : l’UDMF a obtenu son premier conseil municipal
à Bobigny (où l’UDMF a obtenu un score vingt fois supérieur à son score
national aux Européennes), dans l’équipe du maire Stéphane de Paoli. De même Nizarr
Bourchada, fondateur de Français et Musulmans, tête de liste de l’UDMF aux
régionales en Ile-de-France, vient du même parti centriste, tout comme d’autres
responsables de ces mouvements musulmans, illustrant la porosité entre l’UDI et
les militants islamistes.
Interdire les listes UDMF est
souhaitable, mais à l’heure actuelle n’est malheureusement pas légal. Le projet
de loi Retailleau donnerait des armes à la démocratie contre ses ennemis qui
utilisent désormais des voies légales pour la combattre de l’intérieur. Il faut
désormais, au-delà, oser clairement nommer cet ennemi : le problème, ce
ne sont pas les listes communautaires en général, mais les listes dites
musulmanes, qui sont les chevaux de Troie de l’islamisme. Dans l’attente d’une
clarification législative, le remède ne peut être que politique avant d’être
juridique : vigilance et pédagogie, fixation sans ambiguïté puis
rappel régulier des limites à ne pas dépasser, qui sont celles de la
Constitution, volonté de ne plus céder au chantage de la victimisation, décomplexion
face à l’accusation d’ « islamophobie », refus d’alliances quel
qu’en soit le prix électoral et, pour l’électeur, qui doit prendre ses
responsabilités, sanction immédiate des listes qui franchiraient cette ligne
rouge.
[1]
Taqiyya ! Comment
les Frères musulmans veulent infiltrer la France, l’Observatoire, septembre
2019