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Démocratie : oui ! Communautarisme : non !

  • par Natacha Gray
  • 28 oct., 2019

Les dangers de l’offensive islamiste aux municipales

Dans un contexte politique tendu où les uns s’inquiètent de la progression de « l’hydre islamiste » et de ses attaques tous azimuts pour asseoir sa visibilité dans l’espace français, quand d’autres dénoncent la « stigmatisation des musulmans » voire une « islamophobie ambiante », à l’heure où le débat est réactivé suite à l’attaque terroriste à la Préfecture de Paris et à la nouvelle polémique sur le voile, nous recevons la confirmation qu’un parti communautariste, l’UDMF (Union des Démocrates Musulmans de France), conformément à ce qu’il avait annoncé lors des élections européennes, va présenter un certain nombre de listes lors des prochaines municipales. Toulouse n’y fait pas exception, puisque l’on apprenait ces derniers jours que l’UDMF y prépare une liste, la Ville rose étant considérée par les responsables de ce parti comme un terreau propice aux thèses communautaires musulmanes.

En réaction à ce qui, pour beaucoup, constitue une énième provocation des partisans de l’islam politique, un danger, et un nouveau coup de canif dans la laïcité, le sénateur LR Bruno Retailleau, qui travaille à une proposition de loi sur le sujet, demandait courageusement ces derniers jours, rejoint en cela par nombre de personnalités de droite comme de gauche, d’«interdire tout financement public d’un mouvement communautariste qui ne respecterait pas les principes de souveraineté nationale et de laïcité, et prohiber, sous le contrôle du juge administratif, les candidatures et la propagande électorale communautaristes.»

Est-ce légal d’interdire ces listes communautaristes ou, à défaut, souhaitable ? Est-ce seulement possible ? Y a-t-il vraiment lieu de s’inquiéter face à un parti qui a fait 0,13% des suffrages le 26 mai dernier, soit 28 395 voix, et se positionne 27e sur 34 listes ? Ce score modeste est précisément le principal argument de ceux qui ne souhaitent pas voir le débat s’ouvrir sur la légitimité de ces listes. Mais le problème nous semble infiniment plus complexe et les inquiétudes doivent porter à bien plus longue échéance que ces quelques résultats qui ne sont qu’un premier pas dans une stratégie à long terme de partition et d’affrontement, celle de l’islam politique et plus précisément des Frères musulmans.

1.     L’UDMF est bien un vecteur de propagation de l’islamisme au sein de nos démocraties.

Une clarification sémantique d’abord. Le choix de Bruno Retailleau, évoquant des listes « communautaristes » et non « communautaires », semble préférable car le suffixe « iste » est celui que l’on emploie pour désigner une activité, une action, voire une offensive, très souvent au service d’un idéal politique (islamiste, communiste, socialiste, gauchiste, populiste…). Le cas qui nous concerne est uniquement celui de partis autoproclamés « musulmans » (en fait islamistes comme nous allons le démontrer), ne s’adressant qu’à une fraction de la population.

            Il existe en France plusieurs partis communautaristes musulmans dont Égalité et Justice, Démocratie représentative, Français et musulmans, l’UDMF … Ce dernier, le plus important, a été créé en novembre 2012 par Najib Azergui et compterait aujourd’hui quelques centaines d’adhérents et quelques permanents.


 Tous ces partis récusent le qualificatif de communautaristes et s’abritent derrière des éléments de langage, ce qui est typique de la tactique des Frères musulmans qui font toujours semblant, dans un premier temps, de s’accommoder des règles de la démocratie. Ainsi aux Européennes la liste était baptisée "Union pour une Europe au service des peuples", et l’UDMF affirmait sur son site être "non confessionnel, laïc et profondément républicain", même si le programme comportait un certain nombre d’items sans ambiguïté sur l’électorat visé (voir paragraphe suivant). Mais il est vrai qu’officiellement les candidats tenaient un discours qui relevait plutôt de la rhétorique gauchiste généraliste : combat social, lutte contre la pauvreté, éducation pour tous, désenclavement des quartiers, lutte contre les discriminations et le « racisme d’Etat » (même si la lecture du programme nous apprend que seuls les musulmans seraient les seuls à les subir), souhait que l’Europe impose aux États membres le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales …. Illustration s’il en est de la parenté entre islamisme et extrême gauche (« l’islamo-gauchisme » dénoncé en son temps par Manuel Valls).

            Pourtant l’UDMF est bien un parti communautaire, qui ne s’adresse qu’aux musulmans . Car cette modération dans le langage a été abandonnée dès le lendemain des résultats, apportant la reconnaissance de facto qu’il s’agissait bien d’un parti destiné exclusivement aux musulmans de France. C’est sur Oumma.com que Nabil Azergui remerciait ceux qui avaient mené des "opérations de terrain en plein jeûne de ramadan" et les électeurs qui, par leur vote, avait témoigné d’« une colère grandissante notamment quant à la stigmatisation dont font l’objet les musulmans partout en Europe" et permis de dépasser les "listes antimusulmanes" (comme celle de R. Camus).

Pas de surprise toutefois, sauf pour ceux qui ne connaissent pas le jeu assez fin des Frères musulmans avec la démocratie. Reprenons les principaux éléments du programme qui apparaissaient clairement pour qui se donnait la peine de lire autre chose que ce que les candidats donnaient à entendre sur les plateaux (à savoir un parti vivre-ensembliste, laïc, démocrate, non-confessionnel) : il s’agissait d’«assurer la sécurité des communautés musulmanes européennes», de «combattre l’islamophobie sur le sol européen», de «dissoudre toutes associations ou groupements islamophobes», d’organiser une Europe de la défense qui viendrait militairement en aide aux musulmans de par le monde (Ouïghours, Rohingyas, Gazaouis, Yéménites…), à l’exclusion évidemment d’autres populations « opprimées » qui ne sont jamais mentionnées ; de combattre « l’exploitation régulière des musulmans servis en pâture, partout en Europe, afin d’endosser la responsabilité de l’échec des choix politiques menés au sein de l’UE en matière d’économie, de sécurité ou d’intégration»

Les résultats d’ailleurs  (comme pour les autres micro-partis musulmans) aux différentes élections montrent qu’ils obtiennent leurs meilleurs résultats dans des bureaux de vote de quartiers où la population de confession musulmane est surreprésentée. On note également la confession de la majorité des candidats, la présence importante de femmes voilées chez les militantes et les candidates, jusque sur l’affiche officielle de l’UDMF pour les Européennes.

 

C’est, au-delà, un parti communautariste islamiste qui ne cache pas des projets comme celui de vouloir revenir sur les «lois liberticides» de 2004 et 2010 sur le voile et le niqab et sur l’interdiction des prières de rue.  Déjà la rhétorique victimaire (voir ci-dessus), l’emploi du terme « islamophobie » inventé par les Frères musulmans pour faire taire tout débat, le qualificatif d’ « antisioniste » parfaitement assumé (dont on sait qu’il est le faux-nez, pour l’islamo-gauchisme, de l’antisémitisme qui, lui, tombe sous le coup de la loi), le parti pris « anti-colonialiste » (qui évoque le discours racialiste des Indigènes de la République et la volonté de s’opposer à l’ancien colonisateur en jouant sur ce que Kipling nommait « le sanglot de l’homme blanc », i.e. la culpabilité, tout en rejetant la civilisation occidentale), le voile chariatique sur les affiches, font partie de l’arsenal de symboles et des éléments de langage qui ne trompaient guère l’observateur averti. Quant à la volonté affichée à plusieurs reprises d’interdire toute recherche scientifique ou critique sur l’islam, elle signe, peut-être mieux que tout autre signal, l’idéologie politico-religieuse des islamistes. Mohamed Sifaoui, dans son récent ouvrage[1], dénonce d’ailleurs la proximité de l’UDMF avec les Frères musulmans.

D’ailleurs l’UDMF est bien qualifiée de « danger » par les services de renseignements qui y reconnaissent la stratégie de cette organisation tentaculaire dont l’objectif final est, bien évidemment, l’instauration du califat, de la charia, et la destruction de la laïcité. Il en est de même pour les deux autres principaux partis communautaristes : Égalité et Justice, né en 1915, capable de présenter plus de 50 candidats aux législatives de 2017 est considéré comme une filiale du parti islamiste d’ Erdoğan. Quant à Hadama Traoré, le fondateur et tête de liste de Démocratie représentative, présente comme l’UDMF aux élections européennes, rappelons qu’il s’est fait connaître récemment en organisant une manifestation de soutien (interdite) … à Mickaël Harpon, le terroriste de la préfecture de police de Paris.

 

Prenons le cas de Toulouse. Taoufik Mhamdi, originaire du Mirail-Bellefontaine, très actif au sein de l’UDMF, travaille paraît-il à la constitution d’une liste pour les Municipales. Comme on l’a dit, une très forte proportion d’immigrés de confession musulmane et la radicalisation croissante de certains quartiers où l’islam politique progresse rapidement (comme en témoigne visuellement la prolifération des tenues chariatiques dans l’espace public) laisse espérer un vote massif permettant même de se maintenir au second tour et de faire pression sur les autres candidats. Ajoutons que l’UDMF entretient un contentieux avec Jean-Luc Moudenc : en 2016, suite à un discours du maire de Toulouse dénonçant les dangers du « nazislamisme »[2] lors des cérémonies célébrant le 72e anniversaire de la libération de Toulouse, le fondateur de l’UDMF avait répliqué dans Oumma.com en comparant la situation des musulmans contemporains à celle des Juifs sous Vichy ! Néanmoins le mouvement semble pour l’instant manquer de financements pour soutenir la prochaine campagne et gagner en notoriété, c’est pourquoi les avis sont partagés quant à la possibilité de percer réellement et de constituer une force capable de peser sur les autres candidats entre les deux tours. Mais intéressons-nous au parcours du leader toulousain de l’UDMF : cet ancien agent de sécurité à l’aéroport Toulouse-Blagnac a été licencié en avril 2016 « pour cause sérieuse et réelle ». Ajoutons qu’une perquisition avait été menée à son domicile, 5 mois auparavant, en novembre 2015, dans le cadre de l’état d’urgence, 11 jours après les attentats du Bataclan. Sans suite judiciaire toutefois. Aujourd’hui à son compte, il est considéré, par les services de renseignement, comme proche de la confrérie des Frères Musulmans, en raison de « faits objectifs établissant une proximité », même si lui s’en défend : « qui nous prouve que nous avons des liens avec ce parti qui se trouve à plus de 3500 km de Paris ? » déclare-t-il à France 3 Occitanie qui l’interrogeait à ce sujet. Argument bien faible à l’heure des réseaux sociaux et des financements à distance.

 

 

2.     Faut-il s’en inquiéter ?

Si l’on en croit un certain nombre de commentateurs, politiques ou sur les médias, ce serait un non-sujet compte tenu de la faiblesse des résultats aux dernières élections européennes. Rappelons que l’UDMF c’est « moins de 29000 voix pour la France entière », comme aiment à le dire d’un air consterné les journalistes aux invités qui s’inquiètent de la prolifération des listes présentées par ce parti aux prochaines municipales. Ajoutons que « Démocratie représentative » est aussi parmi les dernières avec 0,01% des voix et qu’Egalité et Justice n’avait obtenu qu’1% des voix aux législatives de 2017.

            Mais ses résultats cachent de profondes inégalités géographiques car ces listes ont pu faire des scores remarquables (et cela d’autant plus que les électeurs devaient imprimer leurs bulletins) dans certains quartiers où ces partis ont fait campagne, ceux où existe une importante communauté musulmane gagnée par le radicalisme et le séparatisme religieux, où ils concurrencent des listes d’envergure nationale. Ces résultats sont à la fois, en ce sens, les symptômes d’un communautarisme ethnique et religieux et les vecteurs insidieux de sa propagation. Ainsi, en banlieue parisienne, l’UDMF a plusieurs fois dépassé les 5 % et régulièrement les 6% (7,43% à Garges-Lès-Gonesses où le parti termine en quatrième position et même devant les LR, le PS, EELV; 6,77% à Mantes-la-Jolie dont 16,74% dans le quartier du Val-Fourré, plus de 6% à La Courneuve…). Il en est de même dans le Nord, avec par exemple 6,10% à Maubeuge, dont plus de 40% dans un quartier de la ville. On pourrait ici multiplier les exemples et égrener des noms trop souvent synonymes dans l’actualité de zones de non-droit, territoires perdus de la République, où l’on retrouve le cocktail explosif des trafics en tous genres, de la propagande islamiste, des violences contre la police…

            Oui il faut s’en inquiéter, car cette stratégie d’occupation de l’espace public et entrisme dans les équipes municipales, départementales, régionales, participe de la politique des petits pas que connaissent bien tous ceux qui ont eu à étudier, fréquenter, écouter des représentants de la confrérie des Frères musulmans, dont les services de renseignement qui l’observent et l’ont mise en évidence depuis longtemps. Comme autrefois le FIS en Algérie, comme en Égypte sous la houlette du l’ancien président Morsi, comme Ennahda en Tunisie, comme Musulmans de France (l’ancienne UOIF, qu’ils ont noyautée), les Frères musulmans font semblant d’accepter le jeu de la démocratie et les lois de la République, que pourtant ils méprisent, rejettent et combattent, pour arriver légalement au pouvoir. Ils ne s’en cachent d’ailleurs pas. C’est ce qui les oppose aux salafistes, car ils n’utilisent pas la violence ni le terrorisme (du moins directement car ils ont toujours une armée de l’ombre, qu'ils inspirent et protègent quand ils arrivent au pouvoir). Contrairement à nombre de nos politiques, ils intègrent le temps long dans leurs stratégies : l’objectif final reste l’islamisation des sociétés occidentales et l’établissement de la charia mais ils savent que cela passera par nombre de compromissions, par la voie légale et, judiciarisant tout, par le retournement des faiblesses de nos démocraties contre elles-mêmes. Ils investissent donc l’espace public, font de l’entrisme dans tous les secteurs-clés (éducation, transports, justice, armées et police, médias…) et dans le monde politique via les élections, habituent les citoyens à l’omniprésence de l’islam politique par des symboles visuels récurrents ou l’envahissement de la sphère médiatique (victimisation ou réactions aux provocations généralement volontaires). Le succès du mot « islamophobie », créé de toutes pièces par ces minorités qui jouent sur la culpabilisation des sociétés anciennement coloniales, est une constante dans leurs revendications. Ils sont ceux que les socialistes français (Fabius notamment) ont qualifiés « d’islamistes modéré », oxymore (puisqu’ils défendent précisément une théocratie où la loi divine, liberticide et misogyne, prime sur celle des hommes) qu’ils se sont empressés de reprendre à leur compte.  

            Si l’on reprend l’exemple des pays du Maghreb, nos compatriotes musulmans qui ont souffert de l’islamisme sur place rappellent que la stratégie des petits pas commence toujours ainsi : en Algérie laïque, les islamistes ont ainsi réclamé le retour du voile pour quelques-unes, au nom de la lutte contre les discriminations et de la liberté de conscience. Puis, lorsqu’il eût gagné du terrain, la pression fut de plus en plus forte pour que toutes les femmes musulmanes le portent, traitées alors de mauvaises musulmanes en cas de résistance à l’enfoulardisation, puis cette exigence de cette police des mœurs gagna l’ensemble des femmes, désormais persécutées en cas de refus. Après avoir composé pendant des années avec la démocratie, le Front Islamique du Salut, devenu majoritaire en 1990 à l’Assemblée, fit aussitôt tomber le masque, plongeant en réaction le pays désormais divisé en deux camps dans des années de guerre civile meurtrière. Rappelons de même que les Frères musulmans en Égypte, à peine élus de manière démocratique et sur des mensonges, s’engagèrent à établir la charia, les promesses (hier démocratiques) n’engageant que ceux qui les croient : seule la réaction d’un peuple gagné depuis Nasser à la laïcité (17 millions d’Egyptiens dans les rues du Caire lors d’une manifestation monstre et l’appel à l’armée) les fit reculer. En Tunisie des mois de manifestations dans les rues et de sit-in devant l’Assemblée, jour et nuit, entravèrent les projets totalitaires d’Ennahda qui ne cachait plus les mêmes objectifs. On pourrait également prendre l’exemple du parti d’ Erdoğan, l’AKP, présenté pendant des années par les Européens comme la preuve que l’islamisme « modéré » pouvait s’accommoder de la démocratie et dont on sait ce qu’il advient aujourd’hui.

            Il faut donc bien avoir en tête que la stratégie des Frères musulmans est de créer des communautés qui vont entrer en concurrence et que l’objectif final est de voir celle des islamistes dominer. Et qu’eux, à l’inverse de notre société de l’immédiateté, se donnent le temps d’atteindre leur objectif, ce temps long dont ils ont une toute autre perception.

 

            Cette stratégie des petits pas s’illustre déjà en France dans plusieurs domaines, dont celui de la politique qui nous intéresse ici. On voit ainsi l’UDMF pointer le bout de son nez en 2015 pour les élections départementales (la plupart des candidatures sont invalidées) ; puis revenir pour les Européennes (où une signature oubliée au moment du dépôt -volontairement ?- lui permet d’être la dernière liste validée in extremis par le ministère de l’Intérieur, ce qui lui fait une publicité inespérée). Considérant que les résultats sont déjà très encourageants, Nejib Azergui annonce aussitôt de nombreuses listes aux Municipales et dit espérer avoir un jour les 500 signatures nécessaires pour participer à une présidentielle. Pour cela, il faut investir les collectivités locales, ou un certain nombre de ces partis communautaires (comme Français et Musulmans) comptent déjà un certain nombre de conseillers municipaux en région parisienne (sur des listes diverses droites ou divers gauche). Le fondateur de l’UDMF s’est d’ailleurs allié à l’UDI à Bobigny pour les dernières municipales.

L’exemple de nos voisins européens devrait pourtant nous ouvrir les yeux sur le danger des listes se réclamant de l’islam.

Aux Pays Bas, le parti Nida, a obtenu deux sièges au conseil municipal de Rotterdam (où les musulmans représentent 20% de la population), rejoignant un autre parti communautariste musulman, financé par la Turquie (Denk) et qui a remporté un total de 24 sièges dans 13 villes néerlandaises, dont trois à Amsterdam et trois à Rotterdam. Les exigences de ces partis sont grosso modo comparables à celles qui sont exprimées par l’UDMF si ce n’est qu’ils n’hésitent pas à promouvoir un développement séparé des communautés. Si en Allemagne, « l’Alliance pour l’innovation et la justice » (BIG), lobby ouvertement pro- Erdoğan, n’a obtenu jusqu’à présent que des scores assez faibles (inférieurs à 1%), la situation est plus grave en Belgique. Dès 2012, s’est présenté aux élections le parti ISLAM («Intégrité, Solidarité, Liberté, Authenticité, Moralité») dont le programme se bornait apparemment à défendre une meilleure intégration des musulmans : obtenant deux élus et autour de 2% dans la région de Bruxelles, le parti a aussitôt tombé le masque et changé son discours pour faire … la promotion de la charia.

            Il faut s’en inquiéter, enfin, car même avec des résultats modiques, ces élus dans les conseils, ou le poids représenté par ces listes entre deux tours, peuvent pousser un certain nombre de candidats à des alliances contre nature et à l’électoralisme le plus racoleur. Sans compter que tout ce qui donne aux propagandistes de l’islam radical une visibilité et une tribune, et bien évidemment une occasion de se victimiser, est à proscrire par tous les moyens possibles.

 

3.     Peut-on interdire les listes communautaristes ?

A priori non, rien dans la loi actuelle ne le permet. Dans l’exemple belge ci-dessus, malgré les réactions virulentes, une pétition en ligne, l’action des élus, ce fut impossible. En France, en droit électoral, la liberté d’expression l’emporte sur tout. Ce qui explique que nombre de listes communautaires (chasseurs et pêcheurs, royalistes, listes corses, bretonnes, basques) aient pu se présenter, élection après élection. Il est vrai que leur cas n’a jamais été vraiment discuté, bien que défendant les intérêts d’une partie de la population, leurs programmes ne mettant pas en péril notre système démocratique ou n’entrant pas en contradiction avec lui.

Mais que ces listes soient légales ne signifient pas nécessairement qu’elles soient souhaitables : nous avons vu que le programme des partis musulmans relève de l’islamisme, c’est-à-dire d’un totalitarisme politico-religieux et d’une volonté d’affrontement entre les communautés. Il faut donc trouver des parades pour entraver cet entrisme islamiste au sein des conseils municipaux.

 

Les musulmans (ou plus exactement les islamistes, car le projet politique de ces listes ne fait pas illusion comme on l’a vu plus haut) rétorquent qu’il existe bien des partis qui se réclament du christianisme et que l’interdiction serait donc une discrimination. Il en fut ainsi, dans l’Histoire récente, des partis qui relevaient de la démocratie chrétienne, le MRP (Mouvement républicain populaire), le CDS (Centre des démocrates sociaux), le FRS (Forum des Républicains sociaux) devenu en 2009 le PCD (Parti Chrétien démocrate). Il en est de même Outre-Rhin avec les chrétiens démocrates de la CDU-CSU. Sur le fond, évidemment, comparaison n’est pas raison. Tous ces partis sont non-confessionnels, restent dans un cadre national, ne visent aucunement la satisfaction de la communauté des chrétiens et ne se sont jamais réfugiés dans une logique de victimisation. La référence chrétienne est seulement liée à des valeurs et bien évidemment à l’Histoire de la France, longtemps « fille aînée de l’Eglise ». Que l’on soit croyant ou non, les valeurs portées par le christianisme ont profondément marqué notre identité, comme l’islam définit celle de pays où il reste généralement religion d’État (même dans la moderne Constitution de la Tunisie). En d’autres termes les partis dits « chrétiens » ne heurtent évidemment pas les fondamentaux de notre contrat social, de la même façon que la religion chrétienne a, depuis longtemps, fait la preuve de sa capacité à s’insérer dans le débat démocratique et à se situer dans une logique de respect et de promotion de notre démocratie. Comme l’écrit pertinemment Céline Pina dans Le Figaro, c’est même une position radicalement opposée à celle des islamistes puisque si « les chrétiens-démocrates s’inspirent des valeurs chrétiennes au bénéfice de tous, les démocrates musulmans consacrent leurs efforts à la défense des musulmans au détriment de l’ensemble ». Cela étant dit, il est évident que l’on ne peut critiquer la mention confessionnelle « musulman » dans le nom de la liste ou du parti sans se voir rétorquer qu’il s’agit d’une énième discrimination antimusulmane tant qu’il existe un parti chrétien démocrate autorisé.

 

4.   Alors que faire ?

            La première parade se place au moment du dépôt de candidature de ces listes, ce qui suppose évidemment que les préfectures ne se contentent plus d’examiner la légalité des listes sur le plan formel et administratif mais évidemment que des commissions ad hoc puissent statuer sur le fond en y traquant tout ce qui est anti-républicain. Il s’agirait d’identifier et de dénoncer tout ce qui est incompatible avec notre Constitution (bien qu’il s’agisse évidemment avant tout d’attaques programmées contre la laïcité et la civilisation européenne, ce qui est plus difficile à prouver).  Car il est évident que ces mouvements politiques n’ont aucune compatibilité avec notre système politique et notre échelle de valeurs, notamment en faisant la promotion, dans leurs programmes, de revendications faisant prévaloir la loi religieuse sur celles de la République. Le projet de loi proposée par le sénateur Retailleau, englobant de façon indifférenciée tous les partis que l’on peut qualifier de communautaires (sur une base confessionnelle ou non), permettrait donc à la fois de ne pas utiliser de financement public pour des intérêts particuliers (ce qui, au-delà du cas des listes islamistes, semble relever du bon sens même, le contribuable n’ayant pas à financer des intérêts catégoriels, même honorables, et a fortiori ceux qui vont contre ses propres intérêts) mais surtout d’interdire des listes dont le programme entrerait en contradiction avec les lois et valeurs de la République. Ceci dit, on peut faire confiance aux Frères musulmans et affidés pour avancer habilement masqués dans la présentation de leurs programmes afin de ne pas tomber d’amblée sous le coup de la loi.

On peut bien évidemment décider d’interdire purement et simplement les listes communautaires explicitement religieuses au nom de la laïcité. Tous les sondages montrent qu’une écrasante majorité de Français y sont favorables, tous bords confondus. Cela pénaliserait, entre autres, des partis se réclamant du christianisme dont les valeurs ne sont évidemment pas en contradiction avec la Constitution. Mais cela aurait l’avantage d’éviter l’inévitable victimisation des listes musulmanes qui hurleront, sinon, à la discrimination à la moindre interdiction. Toujours sur le plan juridique, cela supposerait de définir clairement ce que l’on entend par liste communautaire ou confessionnelle. Néanmoins, même en enlevant le mot « musulman » du nom des partis, il est probable que leurs électeurs les reconnaîtraient au travers d’éléments de langage, même choisis avec soin pour ne pas tomber sous le coup d’une interdiction (discriminations, antisionisme, racisme d’Etat…). En outre cela reviendrait à ne pas nommer l’ennemi, ce qui revient à ne pas le combattre. Car le fait est que tous les communautarismes ne nous attaquent pas. Un seul a pour projet de détruire les fondements de la République de la démocratie et les valeurs fondamentales de la France et, au-delà , de l’Occident : l’islam politique, qu’il soit celui du wahhabisme ou des Frères musulmans.

Le problème dépasse évidemment la simple question des listes communautaristes, et supposerait qu’en parallèle soit enfin posée la question de ce que doit être l’islam de France, de ce qu’il nous est possible de tolérer, ou pas, ce fameux débat que le Président de la République, comme son Premier ministre, ne cessent de différer : interdiction du voile de type chariatique dans l’espace public ; interdiction de tout mode de propagation du salafisme ou de l’idéologie des Frères musulmans sur notre territoire (et donc définition précise de ce qui caractérise la propagande de l’islam politique), classement des Frères musulmans parmi les sectes comme aux États-Unis, ce qui est d’ailleurs la manière dont le confrérie est considérée par tous les musulmans (de foi ou sociologiques) laïcs et démocrates sur notre territoire et dans leur propre pays. Rappelons que Philippe Bas, le président de la commission des lois au Sénat, avait proposé que soit inscrit dans la Constitution le principe que «nul ne puisse se prévaloir de son appartenance ethnique ou religieuse pour se soustraire à la règle commune».

            Avant l’élection, à défaut de pouvoir interdire ces listes (ou, si on les interdit, pour couper court à la victimisation), le combat doit rester politique et pédagogique. Il faut interroger les candidats sur les questions qui fâchent (égalité homme/femme par exemple), les pousser dans leurs retranchements afin qu’ils se dévoilent, expliquer que ce parti est islamiste et ne concerne pas tous les musulmans ; il faut sans relâche faire comprendre à ceux qui sont intégrés, respectueux des lois de la République et du mode de vie français,  pratiquant un islam personnel, moderne et ouvert, souvent engagés eux-mêmes contre l’islam politique, qu’ils ne doivent en aucun cas se laisser convaincre par une rhétorique identitaire apparemment « soft » car elle est le premier pas d’une adhésion, par habitude et imprégnation, au modèle théocratique de la charia. L’effort pédagogique suppose également, enfin, de nommer précisément l’ennemi, le communautarisme et le séparatisme islamistes, bref l’islam politique, fondé sur une lecture littérale du Coran, ce que se refuse à faire clairement, pour l’instant, le Président de la République.  

            Après l’élection, la vigilance est de rigueur, suivie de sanctions. Déjà la loi, dans son état actuel, peut suffire à sanctionner, au nom de la laïcité, ou plus généralement au nom de la Constitution, tout représentant de la fonction publique ou agent de l’Etat qui rompt l’obligation de neutralité car devant appliquer, sans aucune discrimination possible, les lois de la République, il ne peut sous aucun prétexte afficher une quelconque préférence religieuse. Sont évidemment concernés par extension un maire ou un conseiller municipal, rémunérés sur fonds publics. L’exemple belge nous donne aussi quelques pistes : beaucoup, dès avril 2018, ont pointé certains points du programme du parti ISLAM qui appelait sans complexe à l’introduction de la charia, de séparer hommes et femmes dans les transports publics, pendant que son leader (Redouane Ahrouch) refusait de se faire maquiller par une femme, de serrer la main des candidates. Plusieurs plaintes ont été déposées et le tribunal de Bruxelles l’a condamné en avril 2019 à six mois de prison pour s’être rendu coupable de discrimination envers des femmes et à des dommages et intérêts pour les plaignantes. Les réactions fermes de la part des femmes discriminées (dont une journaliste) et de la Justice ont donc ouvert les yeux de bien des musulmans non islamistes sur les intentions de ce parti qui se prétendait, comme tous ceux du même genre, démocrate et laïc. Aux Pays-Bas, de la même manière, suite à des dérapages ultérieurs systématiquement pointés et sanctionnés par les partisans de la laïcité et de la démocratie, le parti Nida a perdu ses deux sièges au conseil municipal de Rotterdam.

            Cela suppose de cesser toute culpabilisation face à la victimisation inévitable, de répondre argument après argument comme l’ont fait les Belges et les Néerlandais. On en est encore loin en France. Il est évident que toute tentative d’interdire ou de mettre en cause les listes communautaristes islamistes (islamistes car elles ne représentent que le modèle de société prôné par les littéralistes, et en aucun cas les objectifs et les valeurs de tous les musulmans) se heurtera à la tactique déjà rôdée des tenants de l’islam politique qu’Alexandre Del Valle a résumée par la trilogie : provocation-victimisation-médiatisation. Il faut donc prendre garde de rester scrupuleusement dans le cadre du droit, de la Constitution, des obligations liées aux lois sur la laïcité. Et faire évoluer nos lois dans les directions ci-dessus exposées.

            Enfin il revient aux candidats de ne pas s’allier, que ce soit directement ou entre deux tours, à l’UDMF ou tout autre parti communautariste musulman, mais il est surtout de la responsabilité des électeurs de refuser leurs suffrages à quiconque conclura une alliance électorale avec les ennemis de la République. Rappelons à cette occasion le clientélisme imprudent de l’UDI : l’UDMF a obtenu son premier conseil municipal à Bobigny (où l’UDMF a obtenu un score vingt fois supérieur à son score national aux Européennes), dans l’équipe du maire Stéphane de Paoli. De même Nizarr Bourchada, fondateur de Français et Musulmans, tête de liste de l’UDMF aux régionales en Ile-de-France, vient du même parti centriste, tout comme d’autres responsables de ces mouvements musulmans, illustrant la porosité entre l’UDI et les militants islamistes.

            Interdire les listes UDMF est souhaitable, mais à l’heure actuelle n’est malheureusement pas légal. Le projet de loi Retailleau donnerait des armes à la démocratie contre ses ennemis qui utilisent désormais des voies légales pour la combattre de l’intérieur. Il faut désormais, au-delà, oser clairement nommer cet ennemi : le problème, ce ne sont pas les listes communautaires en général, mais les listes dites musulmanes, qui sont les chevaux de Troie de l’islamisme. Dans l’attente d’une clarification législative, le remède ne peut être que politique avant d’être juridique : vigilance et pédagogie, fixation sans ambiguïté puis rappel régulier des limites à ne pas dépasser, qui sont celles de la Constitution, volonté de ne plus céder au chantage de la victimisation, décomplexion face à l’accusation d’ « islamophobie », refus d’alliances quel qu’en soit le prix électoral et, pour l’électeur, qui doit prendre ses responsabilités, sanction immédiate des listes qui franchiraient cette ligne rouge.



[1] Taqiyya ! Comment les Frères musulmans veulent infiltrer la France, l’Observatoire, septembre 2019

[2]  « Le terrorisme et la barbarie nous ont frappés et nous frappent encore… Notre premier devoir est de nommer le mal. Ceux qui préfèrent édulcorer la réalité se contentent de parler de « terrorisme » et de « barbarie », évitant soigneusement de désigner l’idéologie qui les inspire. C’est comme si, derrière Vichy, on avait ignoré qu’il y avait « Mein Kampf »… Ce mal c’est le « nazislamisme » … » (https://www.infos-toulouse.fr/2016/09/16/nazislamisme-les-propos-de-jean-luc-moudenc-emeuvent-la-communaute-musulmane/)



par Bernard Carayon 9 avril 2025
Magnifique tribunedans le JDD de notre ami Bernard Carayon qui souligne parfaitement toutes les incohérences de la Commission Européenne  en matière de défense !

par Pauline Condomines (VA) 8 avril 2025
"Ce mercredi 26 mars, au Palais des Sports, une conférence sur la menace islamiste a rassemblé un large public au Palais des Sports de Paris. Bruno Retailleau, Manuel Valls et de nombreux militants, chercheurs et auteurs ont appelé à la lutte contre un fléau qui “menace la République”."

par Lignes Droites 5 avril 2025

Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !

Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.

Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :

- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.

- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique.  Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

par Maxime Duclos 4 avril 2025

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.

La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.

Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.

Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.

Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.

Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.

Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.

Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?

Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.

Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.



NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné en appel !). Deux poids et deux mesures ?


par Pierre Lemaignen 2 avril 2025

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.

Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?

Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :

1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :

- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive

- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.

On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...

2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.

Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).

Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).

Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?

3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.  

4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?

La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

par LR31 1 avril 2025
par Lignes Droites 13 mars 2025
Lignes Droites soutiendra toutes les candidatures d’union des droites. Bonne chance à David Gerson et à sa future équipe !

par Emmanuel Chaunu 13 mars 2025
par Maxime Duclos, adhérent Lignes Droites 10 mars 2025
Billet d'humeur d'un de nos adhérents,Maxime Duclos :  


En 1997, l’année de ma naissance, le taux de fécondité était de 1,71 enfant par femme, un chiffre déjà bien inférieur au seuil de remplacement des générations, estimé à environ 2,1 enfants par femme, sans que cela signifie pour autant que la parentalité allait de soi. Mais en 2024, les chiffres sont sans appel : 1,62 enfant par femme, et une chute des naissances qui semble inarrêtable. Comment en est on arrivé là ? Et surtout, pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne veulent-ils plus fonder de famille ?

La natalité française a connu une première chute importante après 1972, Mai 68 a profondément transformé la société française, et même si la chute de la natalité après 1972 n’est pas directement causée par ces événements, ils ont joué un rôle dans l’évolution des mentalités et des comportements qui ont ensuite influencé la fécondité. L’entrée massive des femmes sur le marché du travail, l’accès à la contraception et la légalisation de l’IVG en 1975 ont profondément modifié les comportements familiaux. Cependant, après cette période de déclin, la fécondité s’est stabilisée autour de 1,8-2 enfants par femme pendant plusieurs décennies. Depuis 2010, en revanche, la chute est spectaculaire : entre 2010 et 2024, le nombre de naissances est passé de 832 800 à 663 000, soit une baisse de 21,50 %. Un effondrement historique qui ne cesse de s’accélérer, sans qu’aucun véritable sursaut ne semble pointer à l’horizon.

Les raisons sont multiples, mais elles pointent toutes vers une réalité inquiétante : avoir un enfant en 2024 est devenu un choix difficile, parfois même un luxe. Pourtant, il est essentiel d’être honnête avec nous-mêmes : la précarité économique, bien que réelle, n’explique pas tout. Trop de jeunes se cachent derrière cet argument pour justifier un refus d’engagement bien plus profond. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui préfèrent "profiter" avant d’avoir des enfants, cherchant un confort personnel au détriment de la responsabilité collective. Cette mentalité est en partie héritée d’une éducation plus permissive, où les limites ont été repoussées, où la contrainte est devenue un gros mot. Les méthodes pédagogiques modernes, comme Montessori, sont souvent citées comme un progrès, mais elles traduisent aussi un changement de paradigme issu des transformations post-68 : un enfant doit s’épanouir à son rythme, être libre de ses choix, et ne pas être contraint. Résultat ? Une génération qui repousse l’effort, qui cherche avant tout son propre bien-être, et qui voit la parentalité comme une privation de liberté plutôt que comme un accomplissement.

Au-delà de cette évolution sociétale, l’idée même de nation s’efface. Faire des enfants, c’est assurer le renouvellement des générations, maintenir une dynamique économique, préserver un équilibre social. Or, nous vivons dans une société où l’individualisme prime sur l’intérêt collectif. Nous consommons, nous voyageons, nous vivons pour nous-mêmes sans nous soucier des répercussions à long terme. Cette quête incessante de liberté, ce refus des obligations, nous mènent à une impasse. Car moins de naissances, c’est aussi moins de travailleurs demain, une économie qui s’essouffle, et des systèmes de retraite qui s’effondrent. Nous ne voulons plus d’enfants, mais qui paiera alors pour notre vieillesse ?

Peut-on encore inverser la tendance ? Il ne s’agit pas de forcer les jeunes à avoir des enfants, mais de redonner du sens à la parentalité. Il faut retrouver un intérêt commun, réapprendre à voir l’avenir autrement que par le prisme de la jouissance immédiate. Faire des enfants, ce n’est pas seulement une contrainte, c’est une transmission, une continuité, un acte fondateur pour une société. Il faut redonner envie, réhabiliter la famille comme un pilier essentiel du bien-être personnel et collectif, et non plus comme une entrave. Tant que nous resterons enfermés dans cette quête illusoire de liberté absolue, tant que nous refuserons de voir au-delà de notre propre existence, la chute des naissances n’aura aucune raison de s’arrêter. Et avec elle, c’est tout un modèle de société qui s’effondrera.

Sources :

INSEE “Bilan démographique annuel”

INED “Pratiques parentales et enfance"

par Pierre Lellouche 10 mars 2025

"Sans être entendu, je n’ai cessé de répéter depuis avant même qu’elle n’éclate que la guerre d’Ukraine aurait pu être évitée. Qu’elle aurait pu, même, être stoppée dès avril 2022. Qu’au lieu de préparer la « grande offensive » ratée de juin 2023, l’Ukraine et ses alliés auraient dû négocier, avant de se trouver dans une situation bien pire à l’arrivée, comme l’avait prévu, lui aussi, le chef d’état-major des armées américaines, le général Mark Milley, fin 2022."
Une tribune très instructivesur le conflit ukrainiende Pierre Lellouche,spécialiste reconnu en géopolitique:


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