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Démocratie : oui ! Communautarisme : non !

  • par Natacha Gray
  • 28 oct., 2019

Les dangers de l’offensive islamiste aux municipales

Dans un contexte politique tendu où les uns s’inquiètent de la progression de « l’hydre islamiste » et de ses attaques tous azimuts pour asseoir sa visibilité dans l’espace français, quand d’autres dénoncent la « stigmatisation des musulmans » voire une « islamophobie ambiante », à l’heure où le débat est réactivé suite à l’attaque terroriste à la Préfecture de Paris et à la nouvelle polémique sur le voile, nous recevons la confirmation qu’un parti communautariste, l’UDMF (Union des Démocrates Musulmans de France), conformément à ce qu’il avait annoncé lors des élections européennes, va présenter un certain nombre de listes lors des prochaines municipales. Toulouse n’y fait pas exception, puisque l’on apprenait ces derniers jours que l’UDMF y prépare une liste, la Ville rose étant considérée par les responsables de ce parti comme un terreau propice aux thèses communautaires musulmanes.

En réaction à ce qui, pour beaucoup, constitue une énième provocation des partisans de l’islam politique, un danger, et un nouveau coup de canif dans la laïcité, le sénateur LR Bruno Retailleau, qui travaille à une proposition de loi sur le sujet, demandait courageusement ces derniers jours, rejoint en cela par nombre de personnalités de droite comme de gauche, d’«interdire tout financement public d’un mouvement communautariste qui ne respecterait pas les principes de souveraineté nationale et de laïcité, et prohiber, sous le contrôle du juge administratif, les candidatures et la propagande électorale communautaristes.»

Est-ce légal d’interdire ces listes communautaristes ou, à défaut, souhaitable ? Est-ce seulement possible ? Y a-t-il vraiment lieu de s’inquiéter face à un parti qui a fait 0,13% des suffrages le 26 mai dernier, soit 28 395 voix, et se positionne 27e sur 34 listes ? Ce score modeste est précisément le principal argument de ceux qui ne souhaitent pas voir le débat s’ouvrir sur la légitimité de ces listes. Mais le problème nous semble infiniment plus complexe et les inquiétudes doivent porter à bien plus longue échéance que ces quelques résultats qui ne sont qu’un premier pas dans une stratégie à long terme de partition et d’affrontement, celle de l’islam politique et plus précisément des Frères musulmans.

1.     L’UDMF est bien un vecteur de propagation de l’islamisme au sein de nos démocraties.

Une clarification sémantique d’abord. Le choix de Bruno Retailleau, évoquant des listes « communautaristes » et non « communautaires », semble préférable car le suffixe « iste » est celui que l’on emploie pour désigner une activité, une action, voire une offensive, très souvent au service d’un idéal politique (islamiste, communiste, socialiste, gauchiste, populiste…). Le cas qui nous concerne est uniquement celui de partis autoproclamés « musulmans » (en fait islamistes comme nous allons le démontrer), ne s’adressant qu’à une fraction de la population.

            Il existe en France plusieurs partis communautaristes musulmans dont Égalité et Justice, Démocratie représentative, Français et musulmans, l’UDMF … Ce dernier, le plus important, a été créé en novembre 2012 par Najib Azergui et compterait aujourd’hui quelques centaines d’adhérents et quelques permanents.


 Tous ces partis récusent le qualificatif de communautaristes et s’abritent derrière des éléments de langage, ce qui est typique de la tactique des Frères musulmans qui font toujours semblant, dans un premier temps, de s’accommoder des règles de la démocratie. Ainsi aux Européennes la liste était baptisée "Union pour une Europe au service des peuples", et l’UDMF affirmait sur son site être "non confessionnel, laïc et profondément républicain", même si le programme comportait un certain nombre d’items sans ambiguïté sur l’électorat visé (voir paragraphe suivant). Mais il est vrai qu’officiellement les candidats tenaient un discours qui relevait plutôt de la rhétorique gauchiste généraliste : combat social, lutte contre la pauvreté, éducation pour tous, désenclavement des quartiers, lutte contre les discriminations et le « racisme d’Etat » (même si la lecture du programme nous apprend que seuls les musulmans seraient les seuls à les subir), souhait que l’Europe impose aux États membres le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales …. Illustration s’il en est de la parenté entre islamisme et extrême gauche (« l’islamo-gauchisme » dénoncé en son temps par Manuel Valls).

            Pourtant l’UDMF est bien un parti communautaire, qui ne s’adresse qu’aux musulmans . Car cette modération dans le langage a été abandonnée dès le lendemain des résultats, apportant la reconnaissance de facto qu’il s’agissait bien d’un parti destiné exclusivement aux musulmans de France. C’est sur Oumma.com que Nabil Azergui remerciait ceux qui avaient mené des "opérations de terrain en plein jeûne de ramadan" et les électeurs qui, par leur vote, avait témoigné d’« une colère grandissante notamment quant à la stigmatisation dont font l’objet les musulmans partout en Europe" et permis de dépasser les "listes antimusulmanes" (comme celle de R. Camus).

Pas de surprise toutefois, sauf pour ceux qui ne connaissent pas le jeu assez fin des Frères musulmans avec la démocratie. Reprenons les principaux éléments du programme qui apparaissaient clairement pour qui se donnait la peine de lire autre chose que ce que les candidats donnaient à entendre sur les plateaux (à savoir un parti vivre-ensembliste, laïc, démocrate, non-confessionnel) : il s’agissait d’«assurer la sécurité des communautés musulmanes européennes», de «combattre l’islamophobie sur le sol européen», de «dissoudre toutes associations ou groupements islamophobes», d’organiser une Europe de la défense qui viendrait militairement en aide aux musulmans de par le monde (Ouïghours, Rohingyas, Gazaouis, Yéménites…), à l’exclusion évidemment d’autres populations « opprimées » qui ne sont jamais mentionnées ; de combattre « l’exploitation régulière des musulmans servis en pâture, partout en Europe, afin d’endosser la responsabilité de l’échec des choix politiques menés au sein de l’UE en matière d’économie, de sécurité ou d’intégration»

Les résultats d’ailleurs  (comme pour les autres micro-partis musulmans) aux différentes élections montrent qu’ils obtiennent leurs meilleurs résultats dans des bureaux de vote de quartiers où la population de confession musulmane est surreprésentée. On note également la confession de la majorité des candidats, la présence importante de femmes voilées chez les militantes et les candidates, jusque sur l’affiche officielle de l’UDMF pour les Européennes.

 

C’est, au-delà, un parti communautariste islamiste qui ne cache pas des projets comme celui de vouloir revenir sur les «lois liberticides» de 2004 et 2010 sur le voile et le niqab et sur l’interdiction des prières de rue.  Déjà la rhétorique victimaire (voir ci-dessus), l’emploi du terme « islamophobie » inventé par les Frères musulmans pour faire taire tout débat, le qualificatif d’ « antisioniste » parfaitement assumé (dont on sait qu’il est le faux-nez, pour l’islamo-gauchisme, de l’antisémitisme qui, lui, tombe sous le coup de la loi), le parti pris « anti-colonialiste » (qui évoque le discours racialiste des Indigènes de la République et la volonté de s’opposer à l’ancien colonisateur en jouant sur ce que Kipling nommait « le sanglot de l’homme blanc », i.e. la culpabilité, tout en rejetant la civilisation occidentale), le voile chariatique sur les affiches, font partie de l’arsenal de symboles et des éléments de langage qui ne trompaient guère l’observateur averti. Quant à la volonté affichée à plusieurs reprises d’interdire toute recherche scientifique ou critique sur l’islam, elle signe, peut-être mieux que tout autre signal, l’idéologie politico-religieuse des islamistes. Mohamed Sifaoui, dans son récent ouvrage[1], dénonce d’ailleurs la proximité de l’UDMF avec les Frères musulmans.

D’ailleurs l’UDMF est bien qualifiée de « danger » par les services de renseignements qui y reconnaissent la stratégie de cette organisation tentaculaire dont l’objectif final est, bien évidemment, l’instauration du califat, de la charia, et la destruction de la laïcité. Il en est de même pour les deux autres principaux partis communautaristes : Égalité et Justice, né en 1915, capable de présenter plus de 50 candidats aux législatives de 2017 est considéré comme une filiale du parti islamiste d’ Erdoğan. Quant à Hadama Traoré, le fondateur et tête de liste de Démocratie représentative, présente comme l’UDMF aux élections européennes, rappelons qu’il s’est fait connaître récemment en organisant une manifestation de soutien (interdite) … à Mickaël Harpon, le terroriste de la préfecture de police de Paris.

 

Prenons le cas de Toulouse. Taoufik Mhamdi, originaire du Mirail-Bellefontaine, très actif au sein de l’UDMF, travaille paraît-il à la constitution d’une liste pour les Municipales. Comme on l’a dit, une très forte proportion d’immigrés de confession musulmane et la radicalisation croissante de certains quartiers où l’islam politique progresse rapidement (comme en témoigne visuellement la prolifération des tenues chariatiques dans l’espace public) laisse espérer un vote massif permettant même de se maintenir au second tour et de faire pression sur les autres candidats. Ajoutons que l’UDMF entretient un contentieux avec Jean-Luc Moudenc : en 2016, suite à un discours du maire de Toulouse dénonçant les dangers du « nazislamisme »[2] lors des cérémonies célébrant le 72e anniversaire de la libération de Toulouse, le fondateur de l’UDMF avait répliqué dans Oumma.com en comparant la situation des musulmans contemporains à celle des Juifs sous Vichy ! Néanmoins le mouvement semble pour l’instant manquer de financements pour soutenir la prochaine campagne et gagner en notoriété, c’est pourquoi les avis sont partagés quant à la possibilité de percer réellement et de constituer une force capable de peser sur les autres candidats entre les deux tours. Mais intéressons-nous au parcours du leader toulousain de l’UDMF : cet ancien agent de sécurité à l’aéroport Toulouse-Blagnac a été licencié en avril 2016 « pour cause sérieuse et réelle ». Ajoutons qu’une perquisition avait été menée à son domicile, 5 mois auparavant, en novembre 2015, dans le cadre de l’état d’urgence, 11 jours après les attentats du Bataclan. Sans suite judiciaire toutefois. Aujourd’hui à son compte, il est considéré, par les services de renseignement, comme proche de la confrérie des Frères Musulmans, en raison de « faits objectifs établissant une proximité », même si lui s’en défend : « qui nous prouve que nous avons des liens avec ce parti qui se trouve à plus de 3500 km de Paris ? » déclare-t-il à France 3 Occitanie qui l’interrogeait à ce sujet. Argument bien faible à l’heure des réseaux sociaux et des financements à distance.

 

 

2.     Faut-il s’en inquiéter ?

Si l’on en croit un certain nombre de commentateurs, politiques ou sur les médias, ce serait un non-sujet compte tenu de la faiblesse des résultats aux dernières élections européennes. Rappelons que l’UDMF c’est « moins de 29000 voix pour la France entière », comme aiment à le dire d’un air consterné les journalistes aux invités qui s’inquiètent de la prolifération des listes présentées par ce parti aux prochaines municipales. Ajoutons que « Démocratie représentative » est aussi parmi les dernières avec 0,01% des voix et qu’Egalité et Justice n’avait obtenu qu’1% des voix aux législatives de 2017.

            Mais ses résultats cachent de profondes inégalités géographiques car ces listes ont pu faire des scores remarquables (et cela d’autant plus que les électeurs devaient imprimer leurs bulletins) dans certains quartiers où ces partis ont fait campagne, ceux où existe une importante communauté musulmane gagnée par le radicalisme et le séparatisme religieux, où ils concurrencent des listes d’envergure nationale. Ces résultats sont à la fois, en ce sens, les symptômes d’un communautarisme ethnique et religieux et les vecteurs insidieux de sa propagation. Ainsi, en banlieue parisienne, l’UDMF a plusieurs fois dépassé les 5 % et régulièrement les 6% (7,43% à Garges-Lès-Gonesses où le parti termine en quatrième position et même devant les LR, le PS, EELV; 6,77% à Mantes-la-Jolie dont 16,74% dans le quartier du Val-Fourré, plus de 6% à La Courneuve…). Il en est de même dans le Nord, avec par exemple 6,10% à Maubeuge, dont plus de 40% dans un quartier de la ville. On pourrait ici multiplier les exemples et égrener des noms trop souvent synonymes dans l’actualité de zones de non-droit, territoires perdus de la République, où l’on retrouve le cocktail explosif des trafics en tous genres, de la propagande islamiste, des violences contre la police…

            Oui il faut s’en inquiéter, car cette stratégie d’occupation de l’espace public et entrisme dans les équipes municipales, départementales, régionales, participe de la politique des petits pas que connaissent bien tous ceux qui ont eu à étudier, fréquenter, écouter des représentants de la confrérie des Frères musulmans, dont les services de renseignement qui l’observent et l’ont mise en évidence depuis longtemps. Comme autrefois le FIS en Algérie, comme en Égypte sous la houlette du l’ancien président Morsi, comme Ennahda en Tunisie, comme Musulmans de France (l’ancienne UOIF, qu’ils ont noyautée), les Frères musulmans font semblant d’accepter le jeu de la démocratie et les lois de la République, que pourtant ils méprisent, rejettent et combattent, pour arriver légalement au pouvoir. Ils ne s’en cachent d’ailleurs pas. C’est ce qui les oppose aux salafistes, car ils n’utilisent pas la violence ni le terrorisme (du moins directement car ils ont toujours une armée de l’ombre, qu'ils inspirent et protègent quand ils arrivent au pouvoir). Contrairement à nombre de nos politiques, ils intègrent le temps long dans leurs stratégies : l’objectif final reste l’islamisation des sociétés occidentales et l’établissement de la charia mais ils savent que cela passera par nombre de compromissions, par la voie légale et, judiciarisant tout, par le retournement des faiblesses de nos démocraties contre elles-mêmes. Ils investissent donc l’espace public, font de l’entrisme dans tous les secteurs-clés (éducation, transports, justice, armées et police, médias…) et dans le monde politique via les élections, habituent les citoyens à l’omniprésence de l’islam politique par des symboles visuels récurrents ou l’envahissement de la sphère médiatique (victimisation ou réactions aux provocations généralement volontaires). Le succès du mot « islamophobie », créé de toutes pièces par ces minorités qui jouent sur la culpabilisation des sociétés anciennement coloniales, est une constante dans leurs revendications. Ils sont ceux que les socialistes français (Fabius notamment) ont qualifiés « d’islamistes modéré », oxymore (puisqu’ils défendent précisément une théocratie où la loi divine, liberticide et misogyne, prime sur celle des hommes) qu’ils se sont empressés de reprendre à leur compte.  

            Si l’on reprend l’exemple des pays du Maghreb, nos compatriotes musulmans qui ont souffert de l’islamisme sur place rappellent que la stratégie des petits pas commence toujours ainsi : en Algérie laïque, les islamistes ont ainsi réclamé le retour du voile pour quelques-unes, au nom de la lutte contre les discriminations et de la liberté de conscience. Puis, lorsqu’il eût gagné du terrain, la pression fut de plus en plus forte pour que toutes les femmes musulmanes le portent, traitées alors de mauvaises musulmanes en cas de résistance à l’enfoulardisation, puis cette exigence de cette police des mœurs gagna l’ensemble des femmes, désormais persécutées en cas de refus. Après avoir composé pendant des années avec la démocratie, le Front Islamique du Salut, devenu majoritaire en 1990 à l’Assemblée, fit aussitôt tomber le masque, plongeant en réaction le pays désormais divisé en deux camps dans des années de guerre civile meurtrière. Rappelons de même que les Frères musulmans en Égypte, à peine élus de manière démocratique et sur des mensonges, s’engagèrent à établir la charia, les promesses (hier démocratiques) n’engageant que ceux qui les croient : seule la réaction d’un peuple gagné depuis Nasser à la laïcité (17 millions d’Egyptiens dans les rues du Caire lors d’une manifestation monstre et l’appel à l’armée) les fit reculer. En Tunisie des mois de manifestations dans les rues et de sit-in devant l’Assemblée, jour et nuit, entravèrent les projets totalitaires d’Ennahda qui ne cachait plus les mêmes objectifs. On pourrait également prendre l’exemple du parti d’ Erdoğan, l’AKP, présenté pendant des années par les Européens comme la preuve que l’islamisme « modéré » pouvait s’accommoder de la démocratie et dont on sait ce qu’il advient aujourd’hui.

            Il faut donc bien avoir en tête que la stratégie des Frères musulmans est de créer des communautés qui vont entrer en concurrence et que l’objectif final est de voir celle des islamistes dominer. Et qu’eux, à l’inverse de notre société de l’immédiateté, se donnent le temps d’atteindre leur objectif, ce temps long dont ils ont une toute autre perception.

 

            Cette stratégie des petits pas s’illustre déjà en France dans plusieurs domaines, dont celui de la politique qui nous intéresse ici. On voit ainsi l’UDMF pointer le bout de son nez en 2015 pour les élections départementales (la plupart des candidatures sont invalidées) ; puis revenir pour les Européennes (où une signature oubliée au moment du dépôt -volontairement ?- lui permet d’être la dernière liste validée in extremis par le ministère de l’Intérieur, ce qui lui fait une publicité inespérée). Considérant que les résultats sont déjà très encourageants, Nejib Azergui annonce aussitôt de nombreuses listes aux Municipales et dit espérer avoir un jour les 500 signatures nécessaires pour participer à une présidentielle. Pour cela, il faut investir les collectivités locales, ou un certain nombre de ces partis communautaires (comme Français et Musulmans) comptent déjà un certain nombre de conseillers municipaux en région parisienne (sur des listes diverses droites ou divers gauche). Le fondateur de l’UDMF s’est d’ailleurs allié à l’UDI à Bobigny pour les dernières municipales.

L’exemple de nos voisins européens devrait pourtant nous ouvrir les yeux sur le danger des listes se réclamant de l’islam.

Aux Pays Bas, le parti Nida, a obtenu deux sièges au conseil municipal de Rotterdam (où les musulmans représentent 20% de la population), rejoignant un autre parti communautariste musulman, financé par la Turquie (Denk) et qui a remporté un total de 24 sièges dans 13 villes néerlandaises, dont trois à Amsterdam et trois à Rotterdam. Les exigences de ces partis sont grosso modo comparables à celles qui sont exprimées par l’UDMF si ce n’est qu’ils n’hésitent pas à promouvoir un développement séparé des communautés. Si en Allemagne, « l’Alliance pour l’innovation et la justice » (BIG), lobby ouvertement pro- Erdoğan, n’a obtenu jusqu’à présent que des scores assez faibles (inférieurs à 1%), la situation est plus grave en Belgique. Dès 2012, s’est présenté aux élections le parti ISLAM («Intégrité, Solidarité, Liberté, Authenticité, Moralité») dont le programme se bornait apparemment à défendre une meilleure intégration des musulmans : obtenant deux élus et autour de 2% dans la région de Bruxelles, le parti a aussitôt tombé le masque et changé son discours pour faire … la promotion de la charia.

            Il faut s’en inquiéter, enfin, car même avec des résultats modiques, ces élus dans les conseils, ou le poids représenté par ces listes entre deux tours, peuvent pousser un certain nombre de candidats à des alliances contre nature et à l’électoralisme le plus racoleur. Sans compter que tout ce qui donne aux propagandistes de l’islam radical une visibilité et une tribune, et bien évidemment une occasion de se victimiser, est à proscrire par tous les moyens possibles.

 

3.     Peut-on interdire les listes communautaristes ?

A priori non, rien dans la loi actuelle ne le permet. Dans l’exemple belge ci-dessus, malgré les réactions virulentes, une pétition en ligne, l’action des élus, ce fut impossible. En France, en droit électoral, la liberté d’expression l’emporte sur tout. Ce qui explique que nombre de listes communautaires (chasseurs et pêcheurs, royalistes, listes corses, bretonnes, basques) aient pu se présenter, élection après élection. Il est vrai que leur cas n’a jamais été vraiment discuté, bien que défendant les intérêts d’une partie de la population, leurs programmes ne mettant pas en péril notre système démocratique ou n’entrant pas en contradiction avec lui.

Mais que ces listes soient légales ne signifient pas nécessairement qu’elles soient souhaitables : nous avons vu que le programme des partis musulmans relève de l’islamisme, c’est-à-dire d’un totalitarisme politico-religieux et d’une volonté d’affrontement entre les communautés. Il faut donc trouver des parades pour entraver cet entrisme islamiste au sein des conseils municipaux.

 

Les musulmans (ou plus exactement les islamistes, car le projet politique de ces listes ne fait pas illusion comme on l’a vu plus haut) rétorquent qu’il existe bien des partis qui se réclament du christianisme et que l’interdiction serait donc une discrimination. Il en fut ainsi, dans l’Histoire récente, des partis qui relevaient de la démocratie chrétienne, le MRP (Mouvement républicain populaire), le CDS (Centre des démocrates sociaux), le FRS (Forum des Républicains sociaux) devenu en 2009 le PCD (Parti Chrétien démocrate). Il en est de même Outre-Rhin avec les chrétiens démocrates de la CDU-CSU. Sur le fond, évidemment, comparaison n’est pas raison. Tous ces partis sont non-confessionnels, restent dans un cadre national, ne visent aucunement la satisfaction de la communauté des chrétiens et ne se sont jamais réfugiés dans une logique de victimisation. La référence chrétienne est seulement liée à des valeurs et bien évidemment à l’Histoire de la France, longtemps « fille aînée de l’Eglise ». Que l’on soit croyant ou non, les valeurs portées par le christianisme ont profondément marqué notre identité, comme l’islam définit celle de pays où il reste généralement religion d’État (même dans la moderne Constitution de la Tunisie). En d’autres termes les partis dits « chrétiens » ne heurtent évidemment pas les fondamentaux de notre contrat social, de la même façon que la religion chrétienne a, depuis longtemps, fait la preuve de sa capacité à s’insérer dans le débat démocratique et à se situer dans une logique de respect et de promotion de notre démocratie. Comme l’écrit pertinemment Céline Pina dans Le Figaro, c’est même une position radicalement opposée à celle des islamistes puisque si « les chrétiens-démocrates s’inspirent des valeurs chrétiennes au bénéfice de tous, les démocrates musulmans consacrent leurs efforts à la défense des musulmans au détriment de l’ensemble ». Cela étant dit, il est évident que l’on ne peut critiquer la mention confessionnelle « musulman » dans le nom de la liste ou du parti sans se voir rétorquer qu’il s’agit d’une énième discrimination antimusulmane tant qu’il existe un parti chrétien démocrate autorisé.

 

4.   Alors que faire ?

            La première parade se place au moment du dépôt de candidature de ces listes, ce qui suppose évidemment que les préfectures ne se contentent plus d’examiner la légalité des listes sur le plan formel et administratif mais évidemment que des commissions ad hoc puissent statuer sur le fond en y traquant tout ce qui est anti-républicain. Il s’agirait d’identifier et de dénoncer tout ce qui est incompatible avec notre Constitution (bien qu’il s’agisse évidemment avant tout d’attaques programmées contre la laïcité et la civilisation européenne, ce qui est plus difficile à prouver).  Car il est évident que ces mouvements politiques n’ont aucune compatibilité avec notre système politique et notre échelle de valeurs, notamment en faisant la promotion, dans leurs programmes, de revendications faisant prévaloir la loi religieuse sur celles de la République. Le projet de loi proposée par le sénateur Retailleau, englobant de façon indifférenciée tous les partis que l’on peut qualifier de communautaires (sur une base confessionnelle ou non), permettrait donc à la fois de ne pas utiliser de financement public pour des intérêts particuliers (ce qui, au-delà du cas des listes islamistes, semble relever du bon sens même, le contribuable n’ayant pas à financer des intérêts catégoriels, même honorables, et a fortiori ceux qui vont contre ses propres intérêts) mais surtout d’interdire des listes dont le programme entrerait en contradiction avec les lois et valeurs de la République. Ceci dit, on peut faire confiance aux Frères musulmans et affidés pour avancer habilement masqués dans la présentation de leurs programmes afin de ne pas tomber d’amblée sous le coup de la loi.

On peut bien évidemment décider d’interdire purement et simplement les listes communautaires explicitement religieuses au nom de la laïcité. Tous les sondages montrent qu’une écrasante majorité de Français y sont favorables, tous bords confondus. Cela pénaliserait, entre autres, des partis se réclamant du christianisme dont les valeurs ne sont évidemment pas en contradiction avec la Constitution. Mais cela aurait l’avantage d’éviter l’inévitable victimisation des listes musulmanes qui hurleront, sinon, à la discrimination à la moindre interdiction. Toujours sur le plan juridique, cela supposerait de définir clairement ce que l’on entend par liste communautaire ou confessionnelle. Néanmoins, même en enlevant le mot « musulman » du nom des partis, il est probable que leurs électeurs les reconnaîtraient au travers d’éléments de langage, même choisis avec soin pour ne pas tomber sous le coup d’une interdiction (discriminations, antisionisme, racisme d’Etat…). En outre cela reviendrait à ne pas nommer l’ennemi, ce qui revient à ne pas le combattre. Car le fait est que tous les communautarismes ne nous attaquent pas. Un seul a pour projet de détruire les fondements de la République de la démocratie et les valeurs fondamentales de la France et, au-delà , de l’Occident : l’islam politique, qu’il soit celui du wahhabisme ou des Frères musulmans.

Le problème dépasse évidemment la simple question des listes communautaristes, et supposerait qu’en parallèle soit enfin posée la question de ce que doit être l’islam de France, de ce qu’il nous est possible de tolérer, ou pas, ce fameux débat que le Président de la République, comme son Premier ministre, ne cessent de différer : interdiction du voile de type chariatique dans l’espace public ; interdiction de tout mode de propagation du salafisme ou de l’idéologie des Frères musulmans sur notre territoire (et donc définition précise de ce qui caractérise la propagande de l’islam politique), classement des Frères musulmans parmi les sectes comme aux États-Unis, ce qui est d’ailleurs la manière dont le confrérie est considérée par tous les musulmans (de foi ou sociologiques) laïcs et démocrates sur notre territoire et dans leur propre pays. Rappelons que Philippe Bas, le président de la commission des lois au Sénat, avait proposé que soit inscrit dans la Constitution le principe que «nul ne puisse se prévaloir de son appartenance ethnique ou religieuse pour se soustraire à la règle commune».

            Avant l’élection, à défaut de pouvoir interdire ces listes (ou, si on les interdit, pour couper court à la victimisation), le combat doit rester politique et pédagogique. Il faut interroger les candidats sur les questions qui fâchent (égalité homme/femme par exemple), les pousser dans leurs retranchements afin qu’ils se dévoilent, expliquer que ce parti est islamiste et ne concerne pas tous les musulmans ; il faut sans relâche faire comprendre à ceux qui sont intégrés, respectueux des lois de la République et du mode de vie français,  pratiquant un islam personnel, moderne et ouvert, souvent engagés eux-mêmes contre l’islam politique, qu’ils ne doivent en aucun cas se laisser convaincre par une rhétorique identitaire apparemment « soft » car elle est le premier pas d’une adhésion, par habitude et imprégnation, au modèle théocratique de la charia. L’effort pédagogique suppose également, enfin, de nommer précisément l’ennemi, le communautarisme et le séparatisme islamistes, bref l’islam politique, fondé sur une lecture littérale du Coran, ce que se refuse à faire clairement, pour l’instant, le Président de la République.  

            Après l’élection, la vigilance est de rigueur, suivie de sanctions. Déjà la loi, dans son état actuel, peut suffire à sanctionner, au nom de la laïcité, ou plus généralement au nom de la Constitution, tout représentant de la fonction publique ou agent de l’Etat qui rompt l’obligation de neutralité car devant appliquer, sans aucune discrimination possible, les lois de la République, il ne peut sous aucun prétexte afficher une quelconque préférence religieuse. Sont évidemment concernés par extension un maire ou un conseiller municipal, rémunérés sur fonds publics. L’exemple belge nous donne aussi quelques pistes : beaucoup, dès avril 2018, ont pointé certains points du programme du parti ISLAM qui appelait sans complexe à l’introduction de la charia, de séparer hommes et femmes dans les transports publics, pendant que son leader (Redouane Ahrouch) refusait de se faire maquiller par une femme, de serrer la main des candidates. Plusieurs plaintes ont été déposées et le tribunal de Bruxelles l’a condamné en avril 2019 à six mois de prison pour s’être rendu coupable de discrimination envers des femmes et à des dommages et intérêts pour les plaignantes. Les réactions fermes de la part des femmes discriminées (dont une journaliste) et de la Justice ont donc ouvert les yeux de bien des musulmans non islamistes sur les intentions de ce parti qui se prétendait, comme tous ceux du même genre, démocrate et laïc. Aux Pays-Bas, de la même manière, suite à des dérapages ultérieurs systématiquement pointés et sanctionnés par les partisans de la laïcité et de la démocratie, le parti Nida a perdu ses deux sièges au conseil municipal de Rotterdam.

            Cela suppose de cesser toute culpabilisation face à la victimisation inévitable, de répondre argument après argument comme l’ont fait les Belges et les Néerlandais. On en est encore loin en France. Il est évident que toute tentative d’interdire ou de mettre en cause les listes communautaristes islamistes (islamistes car elles ne représentent que le modèle de société prôné par les littéralistes, et en aucun cas les objectifs et les valeurs de tous les musulmans) se heurtera à la tactique déjà rôdée des tenants de l’islam politique qu’Alexandre Del Valle a résumée par la trilogie : provocation-victimisation-médiatisation. Il faut donc prendre garde de rester scrupuleusement dans le cadre du droit, de la Constitution, des obligations liées aux lois sur la laïcité. Et faire évoluer nos lois dans les directions ci-dessus exposées.

            Enfin il revient aux candidats de ne pas s’allier, que ce soit directement ou entre deux tours, à l’UDMF ou tout autre parti communautariste musulman, mais il est surtout de la responsabilité des électeurs de refuser leurs suffrages à quiconque conclura une alliance électorale avec les ennemis de la République. Rappelons à cette occasion le clientélisme imprudent de l’UDI : l’UDMF a obtenu son premier conseil municipal à Bobigny (où l’UDMF a obtenu un score vingt fois supérieur à son score national aux Européennes), dans l’équipe du maire Stéphane de Paoli. De même Nizarr Bourchada, fondateur de Français et Musulmans, tête de liste de l’UDMF aux régionales en Ile-de-France, vient du même parti centriste, tout comme d’autres responsables de ces mouvements musulmans, illustrant la porosité entre l’UDI et les militants islamistes.

            Interdire les listes UDMF est souhaitable, mais à l’heure actuelle n’est malheureusement pas légal. Le projet de loi Retailleau donnerait des armes à la démocratie contre ses ennemis qui utilisent désormais des voies légales pour la combattre de l’intérieur. Il faut désormais, au-delà, oser clairement nommer cet ennemi : le problème, ce ne sont pas les listes communautaires en général, mais les listes dites musulmanes, qui sont les chevaux de Troie de l’islamisme. Dans l’attente d’une clarification législative, le remède ne peut être que politique avant d’être juridique : vigilance et pédagogie, fixation sans ambiguïté puis rappel régulier des limites à ne pas dépasser, qui sont celles de la Constitution, volonté de ne plus céder au chantage de la victimisation, décomplexion face à l’accusation d’ « islamophobie », refus d’alliances quel qu’en soit le prix électoral et, pour l’électeur, qui doit prendre ses responsabilités, sanction immédiate des listes qui franchiraient cette ligne rouge.



[1] Taqiyya ! Comment les Frères musulmans veulent infiltrer la France, l’Observatoire, septembre 2019

[2]  « Le terrorisme et la barbarie nous ont frappés et nous frappent encore… Notre premier devoir est de nommer le mal. Ceux qui préfèrent édulcorer la réalité se contentent de parler de « terrorisme » et de « barbarie », évitant soigneusement de désigner l’idéologie qui les inspire. C’est comme si, derrière Vichy, on avait ignoré qu’il y avait « Mein Kampf »… Ce mal c’est le « nazislamisme » … » (https://www.infos-toulouse.fr/2016/09/16/nazislamisme-les-propos-de-jean-luc-moudenc-emeuvent-la-communaute-musulmane/)



par Jean-Philippe Feldman (IREF) 24 novembre 2024
Une tribune intéressante de l'IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales) qui souligne l'inadéquation des réactions de nos hommes politiques à l'annonce des différents plans de fermetures qui va toucher notre industrue française ... à l'exception de David Lisnard, un des rares qui sait mettre en cause un environnement fiscal et réglementaire étouffant, de même qu’une flambée des coûts énergétiques due aux atteintes portées au secteur nucléaire

par William Thay 2 novembre 2024
"L’exemple de la Grèce nous montre ce qui nous attend si rien n’est fait. Elle a sombré dans une crise économique majeure en raison de déficits publics incontrôlés, une dette croissante et des réformes structurelles sans cesse repoussées. Cet exemple montre que lorsqu’un État n’est plus jugé compétent pour s’occuper de prérogatives régaliennes (la protection des frontières pour les Grecs), les peuples refusent les réformes structurelles ou les économies pourtant nécessaires pour se redresser."

Une tribune de William Thay à lire sur le site Valeurs Actuelles : 
par Nicolas Baverez 2 novembre 2024
Une réflexion très intéressante de Nicolas Baverez publiée dans le Figaro le 21 octobre sur les impasses de la stratégie énergétique européenne :

CHRONIQUE - La stratégie de décarbonation de l’UE est une faillite qui contraste avec les succès des États-Unis et de la Chine dans ce domaine.
L’accélération du changement climatique s’est confirmée en 2023. L’année a établi un nouvel et inquiétant record de température de la planète, avec une hausse de 1,45 degré Celsius au-dessus de la période préindustrielle. Les phénomènes climatiques extrêmes se sont multipliés. Ils ont provoqué 74.000 décès et 250 milliards de dollars de dommages. Simultanément s’amplifie l’effondrement de la biodiversité avec une chute de 73 % des populations d’animaux sauvages au cours des cinquante dernières années.
À la veille de la COP 29 qui se réunit en novembre à Bakou - ce qui ne peut manquer de susciter le scepticisme -, l’urgence climatique est avérée. L’Union européenne, qui a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 32 % depuis 1990, a pris une longueur d’avance dans la conduite de sa transition. Mais la brutale embardée déclenchée en décembre 2019 après la poussée des partis écologistes se révèle destructrice pour sa compétitivité, pour sa sécurité et pour sa souveraineté. Le «Green Deal » se transforme en « green death ».
Le «Green Deal » entend instaurer la neutralité carbone dans l’Union en 2050 et obtenir une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. Au travers d’une soixantaine de textes, il bouleverse le modèle économique de nombreux secteurs - tels l’agriculture (« From farm to fork »), l’énergie, les transports ou la finance -, et soumet l’ensemble des entreprises à de nouvelles contraintes réglementaires très contraignantes et coûteuses via les directives CRDS (comptabilité extra-financière) et CS3D (devoir de vigilance) ou encore la taxonomie qui définit les activités dites « vertes ».
L'Union européenne a décidé de formater a priori l'offre et la demande des secteurs clés à l'horizon de 2050 et d'obliger les entreprises à s'y conformer à travers un carcan de normes, de taxes et de pénalités. Et ce sans aucune évaluation de leur impact économique, social, écologique et stratégique
Au lieu d’élaborer un cadre pour la décarbonation de l’économie en confiant aux acteurs économiques et sociaux le soin de s’y adapter, l’Union européenne a décidé de formater a priori l’offre et la demande des secteurs clés à l’horizon de 2050 et d’obliger les entreprises à s’y conformer à travers un carcan de normes, de taxes et de pénalités. Et ce sans aucune évaluation de leur impact économique, social, écologique et stratégique. Cette planification arbitraire, autoritaire et centralisée conduit l’Europe à la faillite, tout aussi sûrement qu’elle a provoqué l’effondrement de l’Union soviétique.
Faillite énergétique. L’Union, sous la pression de l’Allemagne, n’a pas fait le choix d’une énergie décarbonée associé à une neutralité des technologies, mais d’une priorité absolue en faveur des renouvelables - ce qui implique la sortie du nucléaire civil mais aussi militaire qui en est indissociable. Elle organise ainsi une pénurie structurelle d’énergie, qui a pour corollaire des coûts cinq fois supérieurs à ceux des États-Unis et deux à trois fois à ceux de l’Asie. Elle fragilise les réseaux d’électricité et crée des risques de black-out en éliminant les sources d’énergie pilotables au profit des intermittentes. Enfin, elle bride l’innovation utile pour subventionner des chimères, comme l’avion, le train ou la voiture à hydrogène.
Faillite économique. Le «Green Deal » planifie l’euthanasie des pôles d’excellence européens, dans la continuité de la liquidation du secteur des télécommunications qui dominait le monde en 2000. « Farm to fork », en prévoyant de réduire de 50 % le recours aux pesticides et de 20 % les engrais chimiques d’ici à 2030, en mettant en jachère 10 % des terres, en obligeant à faire progresser la part de la production biologique de 8,5 % à 25 % alors qu’elle n’a pas de marché, détruit l’agriculture européenne et organise la dépendance vis-à-vis d’importations qui n’appliquent aucune des normes européennes. L’interdiction du moteur thermique en 2035 programme la ruine des 17 000 entreprises de l’industrie automobile européenne qui emploient 13,8 millions de personnes, soit 8 % des emplois de l’Union. Elles devront verser 15 milliards de pénalités dès 2025 ou baisser leur production de 25 % pour se conformer à l’obligation de fabriquer 20 % de véhicules électriques - et ce alors qu’ils ne représentent que 12,5 % du marché et que les ventes ont reculé de 11 % sur un an en raison de leur faible autonomie, de leur fiabilité douteuse, de l’absence de réseau de recharge et de leur coût prohibitif.
Faillite stratégique. Le «Green Deal » organise la délocalisation de l’agriculture vers les grands émergents et celle de l’industrie vers les États-Unis, comme on le constate dans la chimie. Il offre les marchés de l’énergie et de l’automobile à la Chine qui, grâce à des aides publiques massives, a construit des positions de quasi-monopole dans le véhicule électrique, les batteries, les renouvelables, les matériaux critiques et leur raffinage.
Faillite politique. Comme on l’a constaté avec l’insurrection des agriculteurs, le «Green Deal » fonctionne comme une machine à détruire l’offre et l’emploi européens ainsi qu’à paupériser la population. Il constitue désormais, après l’immigration, le plus puissant vecteur du vote d’extrême droite sur notre continent.

Cesser de confondre la fin et les moyens

La dérive de la transition écologique en Europe contraste avec les succès des États-Unis et de la Chine. L’IRA, en stimulant l’offre par le bas, conjugue réindustrialisation, soutien de l’innovation, transition climatique et stabilisation de la classe moyenne. La Chine a marié compétitivité et impérialisme en planifiant depuis vingt ans la dépendance du reste du monde à sa production de produits, de matières premières et d’équipements vitaux pour la décarbonation de l’économie.
La transition écologique demeure un impératif et un atout potentiel pour l’Union. Mais à la condition de la repenser, comme le recommande Mario Draghi, du côté de l’offre, de l’investissement et de l’innovation. En la repositionnant dans la compétition des blocs qui structurent le système géopolitique. En réalignant États, entreprises et citoyens. En rompant avec les objectifs et les calendriers irréalistes. En réintroduisant la flexibilité dans les choix technologiques. En libérant les financements grâce à la révision de Bale 3, Solvabilité 2, des directives CSRD et CS3D et de la taxonomie - dont la défense doit être exemptée. En évaluant et compensant ses coûts économiques et sociaux. En la soumettant à l’impératif de la souveraineté de l’Europe et de la défense de la liberté. Bref, en cessant de confondre la fin et les moyens pour réconcilier enfin l’écologie avec la compétitivité, la solidarité et la sécurité.




par Othman Nasrou 29 octobre 2024

Dans Valeurs Actuelles, Othman Nasrou, le secrétaire d'État chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les discriminations revient sur la radicalisation musulmane et dénonce la responsabilité de La France insoumise dans l'explosion de l'antisémitisme :





Valeurs actuelles . Les 13 et 16 octobre, nous commémorions les assassinats de Dominique Bernard et Samuel Paty ; 78 incidents ont été recensés lors des minutes de silence leur rendant hommage, indique l’Éducation nationale. Comment interprétez-vous ces chiffres ?
Othman Nasrou. Nos remontées ont malheureusement conduit à revoir ces chiffres à la hausse. On parle désormais de 119 incidents, avec des cas concrets extrêmement révélateurs du climat qui pèse sur notre pays. Dans un lycée d’Indre-et-Loire, un parent d’élève a demandé que sa fille n’assiste pas à la minute de silence.

Ce parent a cédé parce que la direction a tenu bon et le moment de recueillement s’est déroulé sans accroc. Théoriquement, il n’y a pas eu d’incident, mais je considère qu’il faut faire preuve de transparence et donc inclure ce type de comportements dans nos rapports. Aucune atteinte à la laïcité ne doit être banalisée. Le “pas de vague”, c’est terminé. On nomme les choses, on les caractérise, on les mesure, on les rend publiques et on les combat.

Alors nommons-les. Quelle est la typologie de ceux qui ont perturbé, voire refusé, ces minutes de silence ?
Nous assistons à des revendications identitaires qui visent à séparer ceux qui les expriment du reste de la société. La montée du communautarisme participe directement à ces atteintes à la laïcité et à la cohésion nationale. C’est une véritable guerre que nous devons mener en ne laissant passer aucune situation. Le temps joue contre nous.

Un communautarisme qui est essentiellement islamique ? On parle rarement de communautarisme protestant…
L’islamisme politique est aujourd’hui le premier ennemi de la laïcité. Cette idéologie progresse partout dans notre société et tout particulièrement chez les jeunes générations. Certaines données qui nous reviennent sont saisissantes.

En 2024, 21 % des mis en cause pour association de malfaiteurs à caractère terroriste sont des mineurs radicalisés. C’était 1 % en 2022 ! Une partie de cette jeunesse est aujourd’hui susceptible de rompre avec la République. Notre tâche est immense.

Il existe une responsabilité très lourde d’une partie de la gauche, qui insuffle dans les esprits l’idée que la France serait islamophobe.

Comment sanctionner plus sévèrement ces atteintes ?
En milieu scolaire, je souhaite que chaque signalement caractérisé d’atteinte à la laïcité et d’agression contre un membre de la communauté éducative donne lieu à un signalement pénal. Je sais que ma collègue Anne Genetet y veille. Notre main ne doit pas trembler et nous devons nous réarmer.

Le Premier ministre a ouvert la voie à l’instauration de courtes peines. Le garde des Sceaux a évoqué des exceptions à l’excuse de minorité. Avec Bruno Retailleau, nous estimons que les atteintes à la laïcité peuvent intégrer ces dispositifs.

Un individu qui aurait commis une atteinte à la laïcité pourrait donc, en théorie, passer quelques semaines en prison ?
Sur les faits les plus graves, c’est en tout cas mon souhait, oui. Frédéric Péchenard, l’ancien directeur général de la Police nationale, me parlait souvent en reprenant cette citation : « Ce qui compte, ce n’est pas tant la sévérité de la peine que sa certitude. »

Selon un sondage Ifop publié en décembre 2023, 78 % des Français musulmans estiment que « la laïcité telle qu’elle est appliquée aujourd’hui par les pouvoirs publics est discriminatoire envers les musulmans » . La question de la compatibilité entre l’islam et la laïcité doit-elle se poser ?
Je fais une différence nette entre nos concitoyens français de tradition, de culture et de confession musulmane et ceux qui veulent les séparer de la République. Je serai intransigeant sur la distinction entre une religion, l’islam, et une idéologie, l’islamisme, qui prend aussi une forme politique. Les citoyens musulmans qui respectent les règles doivent être respectés, les islamistes doivent être combattus.

Il existe également une responsabilité très lourde d’une partie de la gauche, qui insuffle dans les esprits l’idée que la France serait islamophobe et la laïcité incompatible avec l’islam. Tous ceux qui laissent croire cela le font à dessein pour obtenir un carburant électoral, notamment dans un certain nombre de quartiers. Ce discours vient évidemment donner du crédit aux thèses séparatistes. C’est extrêmement dangereux.

Contrairement à ce qu’affirme Jean-Luc Mélenchon, l’antisémitisme en France est tout sauf « résiduel » .

Jean-Michel Blanquer affirmait qu’une société où les femmes sont voilées n’était tout simplement pas souhaitable. Qu’en pensez-vous ?
La mixité entre les femmes et les hommes, l’égalité entre les femmes et les hommes, sont des principes non négociables. Concernant les tenues vestimentaires, nous devons aller au bout de ce qui est prévu dans nos textes : préserver les écoles et le service public des signes religieux et de l’entrisme. Nous avons aussi à faire appliquer jusqu’au bout la loi de 2010 sur le voile intégral.

Voile, qamis, les tenues vestimentaires sont-elles les signaux faibles du séparatisme ?
À l’école, elles sont pour moi au contraire des signaux forts. Gabriel Attal a eu raison de prendre une circulaire pour réaffirmer l’interdiction de l’abaya. Cette interdiction, contestée au départ, avec plus de 1 000 contestations signalées par les établissements au moment de son entrée en vigueur, est aujourd’hui entrée dans les mœurs.

Avec de la volonté politique, il est possible de réaffirmer nos principes. Mais il ne faut pas se tromper de débat : la question du séparatisme n’est pas qu’une simple question vestimentaire. L’école de la République doit inculquer les principes républicains à tous les enfants. Et ce que l’école apprend ne doit pas être déconstruit le soir par des parents ou des “grands frères”. Le rôle des familles est là aussi crucial.

Les actes antisémites sont en hausse de 1 000 % depuis l’attaque du 7 octobre. Qui en sont les responsables ?
La France insoumise a directement ouvert la voie à cette explosion de l’anti sémitisme. Il faut avoir le courage de le dire. Ce sont des chiffres qui devraient tous nous alarmer. La haine anti sémite se répand sur tout le territoire. Sur la dernière année, on parle de 1 600 actes répertoriés, 95 départements sont concernés.

Contrairement à ce qu’affirme Jean-Luc Mélenchon, l’antisémitisme en France est tout sauf « résiduel » .

Selon une étude de la Fondapol, 56 % des Français musulmans estiment que les juifs « utilisent dans leur propre intérêt leur statut de victimes du génocide nazi » . C’est 29 points de plus que dans le reste de la population…
Personne ne peut aujourd’hui nier le fait que l’islamisme politique, couplé à la rhétorique de l’extrême gauche, est le premier moteur de l’anti sémitisme dans notre pays. Ce sont des idées nauséabondes. La République ne connaît que des Français, égaux en droits et en devoirs et libres de croire ou non.

Les sénateurs Les Républicains Stéphane Le Rudulier et Roger Karoutchi ont déposé, le 1er octobre, une proposition de loi visant à pénaliser l’antisionisme. Qu’en pensez-vous ?
Sous couvert d’antisionisme, certains commentateurs versent évidemment dans l’antisémitisme le plus total. Des failles demeurent dans la législation actuelle. Nous signalerons à la justice chaque acte, chaque déclaration qui franchirait la ligne rouge et qui ferait de nos compatriotes de confession juive des cibles.

Je vois bien que ceux, à l’extrême gauche, qui font preuve de complaisance vis-à-vis de l’islamisme politique n’hésitent pas en revanche à prendre pour cible les chrétiens.

Quelles différences de mentalité établissez-vous entre l’ancienne génération d’immigrés et la génération actuelle ?
Le moteur de l’intégration est cassé. La France a renoncé à expliquer qu’elle était le fruit d’une longue histoire, riche et complexe dont on peut être fier. Elle a préféré marteler que le pays découlait d’une page blanche. Sous la pression d’une partie de la gauche, la France a peu à peu fait le choix de la “désassimilation”.

On a incité ceux qui arrivaient à se réclamer uniquement et exclusivement de leur pays d’origine, car on avait consciemment fait disparaître le socle commun national.

L’immigration est-elle une chance pour la France ?
Les flux non contrôlés ne peuvent pas être une chance. J’ai toujours pensé que l’immigration devait être choisie, à l’instar de ce que pratiquent certains pays européens.

Polémique autour de la vraie-fausse parodie de la Cène aux JO, Complément d’enquête sur l’établissement catholique Stanislas, flambée d’actes antichrétiens… Assiste-t-on, en France, à une vague de christianophobie ?
Les chrétiens sont aujourd’hui quotidiennement pris pour cible. Il n’y a pas de raison d’occulter ces actes, qui sont tout aussi inacceptables que les autres. Je vois bien que ceux, à l’extrême gauche, qui font preuve de complaisance vis-à-vis de l’islamisme politique n’hésitent pas en revanche à prendre pour cible les chrétiens.

Il est temps qu’on retrouve la force de défendre nos principes républicains, de manière universelle, sans outrance mais sans compromission.



par Samuel-Frédéric Servière 17 octobre 2024
Le budget qui nous est proposé est un budget en trompe l'oeil qui se base encore une fois essentiellement sur des hausses d’impôts ....

"Les 40 milliards d'économies affichées sont donc sans doute un peu gonflés pour contrer un tendanciel surestimé. Il est impossible de donner des ordres de grandeurs, mais dans la mesure où la dépense publique elle-même baisserait en volume de 0,5 point entre 2024 et 2025, on peut en déduire que les seuls vrais efforts en dépenses seront de 15 milliards d'euros par rapport à une dépense évoluant au même rythme que le PIB en valeur (soit +3% en 2025). Ainsi, contrairement à l’affichage de l’effort réalisé, il nous semble que les économies réellement effectuées permettant d’améliorer le solde public par rapport à celui de 2024 ne représenteraient pas 2/3 de l’ajustement proposé mais sans doute beaucoup moins, sans doute 15 milliards soit ¼ des efforts affichés"

A analyse détaillée à lire sur le site de l'IFRAP :
par Le bureau de Lignes Droites 17 octobre 2024


La conférence organisée par Lignes Droites le 10 octobre sur le sujet de l’indépendance de la presse a réuni plus de cinquante personnes autour de notre conférencier Monsieur Nicolas Boutin.

M. Boutin a livré une analyse synthétique et passionnante du métier de sa journaliste et de sa condition relative à son indépendance à l’égard de ses actionnaires, de ses sources et des influences politiques.

A l’aide d’exemples précis et documentés, et mû par une volonté de mesure et d’objectivité, M. Boutin a permis à l’audience de plonger au cœur du métier de journaliste, de ses contraintes et de ses doutes, aussi bien que de sa grandeur – en particulier pour ce qui concerne l’étape essentielle de la validation de l’information avant sa publication, le journaliste devant être avant tout respectueux de la vérité, droit primordial du lecteur.

Il a notamment illustré de façon singulièrement convaincante combien les choix éditoriaux ou les angles d’attaque permettent de placer la relation d’un fait au service d’une ligne éditoriale ou d’un message politique.

La séance très intense d’échanges avec la salle a ensuite permis d’étudier le sujet de la prédominance des médias de gauche dans le paysage politique ; cette prédominance, pour être un fait aujourd’hui, ne constitue aucunement une fatalité et les moyens de la contrer sont nombreux : augmentation des abonnements à la presse écrite de la part du public de droite, augmentation des interactions des citoyens de droite avec les journalistes afin de fournir des sources de droite aux journalistes, amélioration des conditions d’emploi des journalistes en début de carrière.

La conférence a également été l’occasion par M. Boutin de nous partager un vrai plaidoyer pour la presse, de nous transmettre un message d’optimisme au peuple de droite, et en particulier sur le fait que le paysage médiatique a amorcé un virage (Valeurs Actuelles, CNews, ParisMatch, Europe1, ...) qui lui permettra graduellement de secouer la mainmise des idéologies de gauche sur la ligne éditoriale de la plupart des médias. Mais il a souligné que l'information était désormais trop souvent gratuite, et de qualité déplorable .... et qu'il était donc essentiel d'éduquer nos jeunes à l'importance de soutenir les "vrais" journalistes, de faire l'effort de ne pas se contenter d'une information gratuite mais superficielle, de lire les articles de fond et de rechercher une information de qualité (en y mettant le prix), étape essentiel pour se construire un avis de citoyen réellement pertinent et éclairé.

Nous vous attendons nombreux pour nos prochaines conférences.

    Le bureau de Lignes Droites


par Bruno Retailleau 3 octobre 2024

Une interview de Bruno Retailleau dans le Figaro
Par Carl Meeus, Guillaume Roquette et Judith Waintraub , pour Le Figaro Magazine

LE FIGARO. - Pour Nicolas Sarkozy, «une triple erreur politique, administrative et judiciaire» a conduit au meurtre de la jeune Philippine. Partagez-vous son analyse   ?


Bruno RETAILLEAU. - Il y a eu à l'évidence des dysfonctionnements, qui ne sont pas nouveaux et qui se répètent. J'ai eu personnellement un ami assassiné par un homme qui s'était maintenu irrégulièrement sur le sol français malgré trois OQTF. En 2020, il avait incendié la cathédrale de Nantes. Au bout d'un an de détention provisoire, son état mental s'étant détérioré, il avait été libéré sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention, puis avait tué mon ami prêtre, qui l'hébergeait. À l'époque, les beaux esprits m'avaient expliqué que toutes les règles, toutes les procédures avaient été correctement respectées. Il s'est passé exactement la même chose avec ce Tunisien incarcéré en août parce que suspecté d'enlèvement, de séquestration et de viol.

Placé en centre de rétention administrative (CRA) à Nîmes, il avait été libéré en moins de 48 heures par le juge des libertés pour raison médicale : il devait être opéré pour une rupture des ligaments croisés, une intervention qui n'a rien de vital. Et c'est là qu'il aurait commis ces crimes. Quand le droit ne protège plus, il faut le changer. Dans l'affaire Philippine, on retrouve également toutes ces carences juridiques qui finissent par désarmer l'État. Concernant les CRA, j'ai demandé à l'inspection générale de ma propre administration de me faire un point sur cette question. Comme Michel Barnier l'a annoncé, nous allons prolonger les délais de rétention.

Ils sont actuellement de 90 jours…

La directive européenne fixe un délai de six mois, c'est-à-dire 180 jours, qui peut être prolongé de 12 mois. Pour les actes terroristes la loi française prévoit déjà un délai pouvant aller jusqu'à 210 jours. Pour les crimes les plus graves, notre main ne doit pas trembler : il faut aller jusqu'à 180 jours, voire 210 jours. Pourquoi la France s'interdirait de faire ce que d'autres font pour protéger leurs populations alors que ces personnes sont, en plus, en situation irrégulière ? Bien sûr, cela nécessite le vote d'une loi mais chacun prendra ses responsabilités devant le peuple. Je souhaite que l'on agisse par tous les moyens. Je vais ainsi demander aux préfets qu'ils fassent systématiquement appel de la libération d'un CRA, même si cet appel n'est pas suspensif.

La juge des libertés avait-elle été informée par les services compétents de l'imminence de la délivrance du laissez-passer consulaire   ?

L'enquête que j'ai demandée à l'inspection générale le dira. Mais on ne peut que constater que le meurtrier présumé de Philippine a été libéré du CRA le 3 septembre et que le laissez-passer du Maroc est arrivé le lendemain. De même, les troubles graves à l'ordre public et notamment le risque de réitération doivent être des critères mieux appréciés lors de l'examen des dossiers. Je voudrais aussi que l'État soit plus exigeant vis-à-vis des associations qui interviennent en CRA. De même, je considère que le conseil juridique et social aux personnes retenues dans les CRA relève de l'OFII (Office français de l'immigration et de l'intégration) et non des associations, qui sont juge et partie.

Associations financées par l'État…

Oui, et qui, à ce titre, doivent agir en cohérence avec l'État.

Quel est le montant des subventions versées à ces associations   ?

Un milliard d'euros pour toutes les associations chargées d'accueillir et d'assister les migrants.

Le meurtre de Philippine soulève aussi la question de la justice des mineurs…

Oui, bien sûr. Son assassin présumé a été condamné à seulement sept ans de détention pour viol, grâce à l'excuse de minorité. Pour un majeur, c'est le double. Il faut sans doute inverser la logique pour faire de l'excuse de minorité l'exception, motivée par le juge, et non plus la règle. Ce qui requiert, là aussi, une loi.

Pour mettre davantage d'étrangers en situation irrégulière en CRA, il faut créer des places et recruter des agents. Le gouvernement est-il décidé à y mettre les moyens   ?

Oui, nous avons un programme de construction qui nous permettra d'atteindre 3000 places de CRA à l'horizon 2027. Il doit impérativement être tenu. Nous en avons besoin, notamment pour les individus les plus dangereux. Certains peuvent d'ailleurs être transférés dans leur pays d'origine pour y purger leur peine, sans passer par un CRA. La procédure de transfèrement existe, mais elle n'est pas suffisamment utilisée. Il faut intensifier le dialogue avec les pays d'origine. Prenons l'exemple du Maroc : en 2023, nous lui avons donné 238.750 visas et nous n'avons obtenu que 725 laissez-passer et réalisé 865 départs forcés. La semaine dernière, j'ai eu mon homologue marocain. Nous allons travailler ensemble à améliorer la réponse aux demandes de laissez-passer.

Gérald Darmanin a tenté un bras-de-fer avec le Maroc sur les visas, sans succès. Pourquoi réussiriez-vous là où votre prédécesseur a échoué   ?

Je compte utiliser trois leviers qui sont à notre disposition. Il faut assumer de conditionner notre politique de visas à la délivrance des laissez-passer, comme l'a dit le premier ministre, ce dont je me félicite. J'ai la compétence en matière de visas, je dialoguerai avec mon collègue ministre des Affaires étrangères pour que nous coordonnions nos efforts. Nous sommes très – trop – généreux, sans être payés de retour. En 2023, l'Algérie a obtenu 205.853 visas, et elle n'a repris que 2191 de ses ressortissants, dont 1680 en éloignement forcé. Ce n'est pas acceptable. Le deuxième levier, c'est la coopération et notamment l'aide au développement. C'est un outil fondamental, qui doit être utilisé. Nous devons exiger des contreparties à l'aide que nous accordons.

Enfin, un mécanisme de préférence commerciale, autrement dit de droits de douane, est actuellement en renégociation à Bruxelles : c'est une opportunité historique d'exiger la réciprocité sur des domaines qui sont importants pour les Européens. La clé de l'efficacité, c'est de ne rien négliger et d'agir dans le cadre d'une réponse globale cohérente. Car il n'y a pas de mesure miracle pour reprendre le contrôle de notre politique migratoire. Il faut utiliser tous les leviers, à partir de deux idées simples. D'abord, la France ne doit pas être plus attractive que les autres pays européens. Il faut revoir toutes nos règles pour faire en sorte de ne jamais être au-dessus de la moyenne européenne, qu'il s'agisse des aides, des soins ou du regroupement familial. Ensuite, il faut essayer de juguler les entrées.

Comment   ?

Il y a quelques mois, à l'initiative du Danemark, quinze pays européens ont envoyé une lettre à Bruxelles pour revoir la liste des pays sûrs pour les demandeurs d'asile, c'est-à-dire qui répondent à des exigences de protection des droits et des libertés individuelles. L'idée est que la demande d'asile soit examinée dans des pays sûrs hors de l'Union européenne. Cela nécessiterait une révision de la Constitution. Surtout, je souhaite que l'on négocie rapidement des accords avec ces pays tiers pour leur renvoyer des étrangers en situation irrégulière dès lors qu'on a la preuve qu'ils y ont transité ou qu'ils y ont des liens familiaux, même quand ces pays ne sont pas d'origine. Cela est permis par la directive Retour. Je pense, par exemple, au Kazakhstan ou à l'Ouzbékistan pour les Afghans. Je nommerai dans les semaines à venir une personnalité chargée de dialoguer avec ces pays pour préparer ces accords. C'est une voie qui a été trop peu explorée.

Au niveau européen, faut-il renégocier la directive Retour ? C'est un impératif. D'ailleurs, sa révision est en chantier depuis 2018 mais rien n'a avancé. Nous avons, là encore, une opportunité à saisir car de plus en d'États veulent la modifier, que leurs gouvernements soient conservateurs ou sociaux-démocrates, comme celui d'Olaf Scholz en Allemagne. Telle qu'elle est rédigée aujourd'hui, la directive Retour rend quasiment impossible les retours. D'autant plus que la jurisprudence de la Cour de justice de l'Union européenne a non seulement interprété plus restrictivement les dispositions de la directive en imposant d'accorder aux clandestins un délai d'un mois pour repartir volontairement. Résultat : ils s'évaporent dans la nature ! Il faut également renverser la charge de la preuve : si l'étranger n'est pas capable de justifier qu'il a droit à l'asile ou au séjour, il doit être placé en rétention ou en centre d'attente pour être ensuite éloigné. De ce point de vue, le Pacte asile et immigration nous fournit un outil juridique qui peut nous aider, puisqu'il considère qu'un étranger arrivant aux frontières de l'Europe n'est pas juridiquement sur le sol européen, ce qui permet de le placer en zone d'attente. L'Europe doit reprendre le contrôle de ses frontières.

L'Allemagne les a rétablies alors que la directive Retour est toujours en vigueur…

Ce qu'ont fait les Allemands, nous le faisons depuis l'attentat du Bataclan en 2015. Tous les six mois, une prolongation de cette dérogation au principe de libre circulation est demandée. Dans quelques jours, je vais signer la 18e demande de dérogation. Nous allons renforcer les contrôles aux frontières, notamment sur des points névralgiques. La difficulté, c'est que contrairement à la plupart des partenaires européens, nous n'avons pas de corps unifié de garde-frontière ; nous allons y remédier. Mais encore une fois, c'est dans les pays d'origine que beaucoup se joue. L'Italie a diminué de 65 % le nombre de clandestins arrivant sur ses côtes grâce aux accords qu'elle a pu nouer avec la Tunisie et avec l'Égypte.

Et sur le plan national   ?

Tous les décrets de mise en œuvre de la loi immigration n'ont pas encore été pris et d'autres mesures peuvent être prises au niveau réglementaire. J'attacherai beaucoup d'importance à ce que très vite, l'ensemble de l'arsenal soit effectif. Je vais aussi donner des instructions aux préfets pour resserrer les conditions du regroupement familial. Elles doivent être plus restrictives.

Il suffit d'une circulaire   ?

Oui, pour partie. Pour le reste, il faudra passer par la loi. Mais trop souvent, l'administration ne va pas au maximum de ce que le droit autorise. Par exemple, sur les protections dont bénéficient les étrangers condamnés pour leur expulsion. J'avais fait adopter au Sénat un amendement sur la levée de ces protections lors de l'examen du texte de loi sur l'immigration. Je veux être bien certain que les préfets les mettent en œuvre et nous en ferons ensemble le suivi. De même, nous avons la possibilité de prendre des mesures de rétention en vue de l'éloignement des demandeurs d'asile qui ne font pas leur demande à un guichet unique. Pourquoi n'est-elle pas utilisée systématiquement ?

Si vous passez par de nouvelles lois, vous aurez besoin du soutien des députés macronistes. Seront-ils tous d'accord pour les voter   ?

J'ai été nommé pour répondre à une aspiration majoritaire des Français : remettre de l'ordre, en matière de sécurité comme en matière d'immigration. Aujourd'hui, quelles que soient leurs sensibilités, y compris dans l'électorat LFI, les Français exigent majoritairement une reprise de contrôle. Il faut entendre ce message et y répondre, sans sectarisme, mais sans démagogie. Car je ne raconterai pas d'histoire aux Français. Je leur tiendrai un langage de vérité, comme l'a demandé le premier ministre. La seule chose qui compte pour moi, c'est d'obtenir des résultats. Car s'ils ne viennent pas, alors nous ouvrirons la porte aux démagogues et aux populistes.

Êtes-vous prêt à restaurer le délit de séjour irrégulier   ?

Il faut évidemment le rétablir. Quand quelqu'un pénètre chez vous, par une fenêtre, c'est un délit, mais quand un étranger pénètre par effraction sur le sol français, ce ne serait pas un délit ? Je considère que violer une frontière, c'est violer la loi. Par ailleurs, le rétablissement de ce délit donnera de nouveaux pouvoirs d'enquête à nos policiers et à nos gendarmes.

Ça ne risque pas de poser un problème, dans la mesure où ce serait contraire à une directive européenne   ?

La seule chose qui serait contraire au droit européen serait une peine d'emprisonnement. D'autres pays européens ont d'ailleurs mis en place le délit de séjour irrégulier. C'est d'ailleurs un point sur lequel nous sommes d'accord avec une majorité d'États européens dans le cadre de la révision de la directive Retour. Mais la remise à niveau de notre droit ne s'arrête pas là. Par exemple, les prises d'empreintes sous contraintes pour les irréguliers existent dans d'autres pays, mais pas en France. Même chose pour l'AME  : l'écrasante majorité de nos voisins n'offrent pas un tel panier de soins. Sur le regroupement familial, il est également possible de rehausser encore les durées de séjour, les conditions de ressources ou de logement décent. Globalement, en Europe, nous sommes moins exigeants ou mieux-disant suivant les cas que les autres. Ce que je demande, ce n'est rien de plus que de mettre la France au niveau de la moyenne des pays européens pour ne pas être plus attractif en raison du bénéfice de davantage de droits sociaux.

Qu'allez-vous faire pour diminuer l'immigration légale   ?

Pourquoi le gouvernement danois, dirigé par des sociaux-démocrates, a-t-il considérablement durci sa politique migratoire ? Parce que les Danois tiennent à l'État providence, ils ont compris qu'ils devaient faire un choix : préserver leur modèle social ou laisser les frontières ouvertes. Pour moi, une aide sociale n'est pas un dû : elle est le fruit des cotisations de ceux qui ont travaillé. Je reste favorable aux délais de carence sur les aides. Comme je suis partisan de subordonner la délivrance d'un titre de séjour à un étudiant au caractère réel et sérieux de ses études. Ces mesures ont été censurées, sur la forme, par le Conseil constitutionnel. Il faudra y revenir par une loi.

Et pour limiter le nombre d'immigrés par quotas   ?

Pour les quotas, il faut une révision de la Constitution. Dans le contexte actuel, il n'y a pas au parlement de majorité des 3/5e pour la faire adopter.

Reste le référendum…

Comme le disait le général de Gaulle, en France, la Cour suprême, c'est le peuple. L'immigration est sans doute le phénomène qui a le plus bouleversé la société française depuis un demi-siècle et pourtant, jamais les Français n'ont eu leur mot à dire sur cet enjeu vital. Prenez le regroupement familial, autorisé par un simple décret en 1976 : quand un gouvernement a voulu revenir dessus, le Conseil d'État a dit non. Il n'y a eu sur cette question fondamentale aucun vote des Français ni de leurs représentants. Je suis évidemment favorable à un référendum sur l'immigration mais cela nécessite, là aussi, une révision de notre Constitution, pour élargir les domaines référendaires.

Le Conseil d'État comme le Conseil constitutionnel doivent-ils prendre conscience davantage de cette demande et ne pas uniquement juger en fonction des principes généraux du droit   ?

La démocratie libérale, c'est à la fois l'État de droit et la souveraineté du peuple. Mais il ne faut pas confondre l'État de droit, qui fixe des grandes exigences en termes de liberté et de dignité, avec l'état du droit, qui varie selon les contextes, parce qu'ils doivent correspondre aux demandes des citoyens. C'est le principe même de la démocratie : élire des représentants pour qu'ils fassent la Loi ! Face aux désordres, il faut trouver le bon point d'équilibre entre la protection des libertés individuelles et la protection de la société. Quand la CEDH nous interdit d'expulser des Tchétchènes qui avaient commis des crimes de sang, alors le curseur n'est plus au bon endroit puisqu'on protège davantage les droits des individus dangereux que ceux des victimes.

Sur la sécurité, vous voulez «rétablir l'ordre». Comment comptez-vous vous y prendre   ?

D'abord en parlant clair. Certains expliquent qu'il n'y aurait qu'un « sentiment d'insécurité ». Aujourd'hui, les chiffres montrent le contraire. La France connaît un véritable ensauvagement. Toutes les vingt minutes, il y a un refus d'obtempérer. Toutes les heures, une attaque avec arme. Et tous les jours, un millier d'agressions. Derrière ces froides statistiques, il y a des corps brisés, des existences mutilées et des vies volées. L'État doit aux citoyens une juste fermeté car s'il ne le fait pas, il se rend complice.

Oui, mais comment   ?

D'abord en apportant un soutien indéfectible aux forces de l'ordre. Sur ce point, mon prédécesseur, Gérald Darmanin, s'est toujours tenu à leurs côtés. Pour cela, je lui rends hommage et je veux dire à nos policiers, nos gendarmes, nos pompiers, que pour eux je ne tolèrerai rien : aucune offense, aucune atteinte ni à leur intégrité physique ni à leur intégrité morale. Ceux qui, par des discours irresponsables, placent une cible dans le dos de nos forces de l'ordre me trouveront sur leur route.

Vous êtes donc favorable à la mise en place de la présomption d'innocence pour les policiers   ?

J'y suis favorable, mais il faut étudier les conditions juridiques. Tirons également les leçons des Jeux olympiques. Car la visibilité des forces de l'ordre a eu un véritable impact. Enfin, l'une de mes priorités sera la lutte contre le narcotrafic qui est à l'origine de multiples crimes et délits, et qui représente aujourd'hui entre 3 et 6 milliards d'euros. Nous ne pouvons pas avoir, dans certains quartiers, de petits « narco-États ».

Continuerez-vous les opérations «places nettes XXL»   ?

J'attends un retour d'expérience sur ces opérations. Une chose est sûre : nous obtenons de meilleurs résultats quand il existe une étroite coopération entre les forces de l'ordre, les magistrats et les douanes. Mais ce n'est pas suffisant. J'avais moi-même diligenté une commission d'enquête au Sénat sur le narcotrafic, présidée par un sénateur socialiste, Jérôme Durain, et dont le rapporteur était le sénateur LR Étienne Blanc. C'est la preuve que nous pouvons aborder ces questions de manière transpartisane. Je suis persuadé qu'il existe une majorité pour adopter de nouvelles mesures, pour mieux protéger les indics, accorder un statut aux repentis, systématiser les enquêtes de patrimoine et la saisie des biens également. Car je vous rappelle qu'Al Capone est tombé sur une enquête fiscale…

Rétablir la sécurité passe aussi par la justice…

Je ne veux pas déborder de mon champ de compétence. Mais si nous voulons obtenir collectivement des résultats, il faut une réponse pénale très ferme. Car il ne sert à rien d'interpeller les délinquants si le délit n'est pas sévèrement puni. C'est aussi ce que nous demandent les forces de l'ordre. Mon premier déplacement, je l'ai fait au commissariat de La Courneuve où j'ai rencontré et vu un policier, pris à partie par un mineur, qui a eu la main brisée et 42 jours d'ITT. Ce mineur avait 33 antécédents, dont l'un de vol avec acte de torture. Il n'a pas écopé d'une seule journée de prison. Est-ce normal ? J'aurai, très régulièrement, des réunions avec le Garde des Sceaux, Didier Migaud.

Après la mort de Philippine, il s'est dit ouvert à examiner des évolutions de notre arsenal législatif. Je m'en félicite. Ces évolutions sont nécessaires. Car les alternatives à la prison, privilégiées depuis des années, ne marchent pas : non seulement la sanction ne dissuade plus mais la surpopulation carcérale ne cesse d'augmenter. En réalité, on incarcère trop tard. Les Pays-Bas ont fait le choix inverse, avec de courtes peines de prison dès les premiers délits graves. L'effet, dissuasif, permet de briser les parcours délinquants, et donc de diminuer la population carcérale. C'est une réussite dont nous devons nous inspirer, comme l'a souhaité le premier ministre lors de sa déclaration de politique générale.

Êtes-vous favorable à la suppression de l'excuse de minorité, au retour des peines planchers   ?

J'ai quelques idées sur ces sujets, mais ce n'est pas à moi qu'il revient de faire la politique pénale. Je pense qu'il faut redonner du sens à la sanction, et pour cela qu'elle soit certaine et rapide.

Comment comptez-vous lutter contre l'islam politique   ?

Il faut mener une guerre totale au totalitarisme islamiste et pour cela, agir dans deux directions. La première, c'est de conforter nos moyens sécuritaires, notamment pour mieux suivre les islamistes sortant de prison qui arrivent en fin de peine. Je veux d'ailleurs rendre hommage à nos services anti-terroristes qui, régulièrement, déjouent des attentats, sauvent des vies. Le second enjeu, c'est de reconstruire nos défenses immunitaires, c'est-à-dire de réaffirmer nos valeurs, nos principes. Pas d'accommodements déraisonnables. Ensuite nous devons passer d'une lutte contre le séparatisme vers une lutte contre l'islam politique, en particulier contre le frérisme. Notre laïcité n'est pas négociable, et nos lois non plus : les Français peuvent être sûrs que pour fermer des mosquées islamistes, expulser des prêcheurs de haine ou dissoudre des groupes séparatistes, ma main ne tremblera pas. Nous devons avoir cette fermeté, et d'abord pour nos compatriotes musulmans dont la foi est défigurée par l'islamisme.

Aurez-vous le soutien du président de la République   ?

Nous sommes dans une situation totalement inédite. Elle nous oblige les uns et les autres. Comme gaulliste, je suis respectueux de la fonction présidentielle. Mais je suis également attaché à notre Constitution qui affirme, dans son article 20, que le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. Chacun doit donc être dans son rôle même si, naturellement, il faut du dialogue, du respect, de la coopération, notamment sur les questions internationales où le président de la République a un rôle clé. Dans ce moment de tous les dangers, nous devons collectivement incarner l'union des bonnes volontés. Ma seule obsession, c'est d'être utile à la France, d'obtenir des résultats pour les Français. C'est, pour moi, la seule chose qui compte.




par Le Figaro avec AFP 1 octobre 2024

«L'immigration n'est pas une chance», «l’État de droit n’est pas intangible» : Retailleau s’attire les critiques de la gauche et de macronistes

"Bruno Retailleau persiste et signe. Interrogé sur de précédents propos dans lesquels il jugeait qu'une «société multiculturelle» était une «impasse» et «conflictuelle» , le nouveau ministre LR a estimé sur LCI dimanche soir «qu'une société multiculturelle comporte des risques de devenir aussi une société multiraciste». «Je pèse mes mots» , a-t-il lancé sur la chaîne d’information."

A lire dans le Figaro :
 



par Mathieu Bock-Côté dans FigaroVox 21 septembre 2024

Une analyse sans concession de Mathieu Bock-Côté sur la composition en cours du gouvernement Barnier :

CHRONIQUE - Le gouvernement de Michel Barnier devrait être une version remaniée de l’ancien, sans que ne s’y greffent des éléments trop «conservateurs». Une classe politique en fin de parcours qui parvient, encore, à se maintenir aux affaires.

En l’espace de quelques jours, la droite qui se croyait de retour au pouvoir, a compris qu’elle ne l’était pas vraiment. Certes, Michel Barnier semble installé à Matignon. Mais il n’a pu former son gouvernement qu’en deux temps, et multiplier les contorsions pour y parvenir, l’Élysée, d’abord, et les résidus parlementaires du bloc central, ensuite, jugeant sa première proposition trop LR. Michel Barnier n’avait finalement pas les mains libres. Le nouveau gouvernement sera, pour l’essentiel, une version remaniée de l’ancien, sans que ne s’y greffent des éléments trop « conservateurs ». Le gouvernement Barnier se présente moins comme un recours pour réparer et réunifier autant qu’il le peut un pays politiquement fragmenté qu’à la manière du dernier spasme d’un régime agonisant, et qui sait l’être.

C’est une classe politique en fin de parcours qui se révèle, et nous oblige à revenir à 2017, au moment du premier macronisme, triomphant. On se souvient peut-être, à moins qu’on ne se souvienne plus, que le macronisme est moins né d’un élan populaire que d’une ruse élitaire, qui a vu une caste liquider le président sortant et exécuter celui qui était appelé à lui succéder, par une manœuvre juridico-médiatique relevant du coup de force maquillé en sursaut éthique. Il fallait empêcher le candidat d’une droite décomplexée d’arriver au pouvoir. L’oligarchie qui coopta alors Emmanuel Macron réussit un coup de maître : un système agonisant se ripolinait la façade en lui donnant un coup de jeune. Une classe politique venait de se sauver en criant révolution.

Macron, un président claudicant dès les premiers jours

Mais bien qu’on continue de le nier aujourd’hui, Emmanuel Macron fut un président claudicant dès les premiers jours. D’abord parce qu’au deuxième tour de 2017, il fut moins porté par une majorité d’adhésion que par le carnaval de l’antifascisme involontairement parodique. Le front républicain se voulait déjà de retour. Il s’accompagne toutefois toujours d’une forme de légitimité négative : il conduit moins au pouvoir des hommes et un programme qu’il n’a pour fonction d’empêcher à tout prix une force politique médiatiquement disqualifiée d’y parvenir. Cette légitimité n’est pas une d’adhésion, et on ne peut pas vraiment s’appuyer sur elle pour engager une grande transformation politique. La procédure démocratique est sauve, l’esprit démocratique n’est plus là.

Des élites usées mais s’accrochant rageusement à leurs privilèges et redoutant une insurrection populaire, qu’elles materont à tout prix, ont privatisé la république.

D’ailleurs, la crise n’allait pas tarder, avec la révolte des «gilets jaunes », authentique mobilisation populaire, avant son détournement par l’ultragauche. Les profondeurs du pays larguées par le nouvel élan mondialiste et européiste se révoltaient. Emmanuel Macron fera par ailleurs tout en son pouvoir pour installer durablement un clivage entre le bloc central et les nationalistes – avant de le retraduire en un affrontement entre les républicains et les extrêmes. Il s’agissait de disqualifier toute forme d’alternance ou d’alternative véritable, en fédérant tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, tirent avantage de ce qu’est devenu l’ordre établi, et de faire peur aux autres en leur parlant du grand retour de la bête immonde – ou de les intimider en leur promettant la mauvaise réputation s’ils ne répétaient pas les bons slogans.

La même séquence s’est produite en 2022. On oublie, aujourd’hui, l’enthousiasme des voix les plus importantes du système quand se répandit la rumeur voulant que ni Le Pen, ni Mélenchon, ni Zemmour, qui totalisaient alors entre 45 % et 50 % d’appuis, n’obtiendraient leurs signatures pour participer à la présidentielle, parce qu’ils ne seraient pas « républicains ». Comprenaient-elles, alors, qu’elles décrétaient la moitié des Français factieux ? La même histoire s’est reproduite en 2024 au moment des législatives, le système électoral étant cette fois détourné par une grossière manœuvre pour produire des résultats contraires aux préférences populaires. La légitimité négative arrivait alors à son point culminant. La France est devenue politiquement ingouvernable avec une classe politique concassée, qui ne parvient plus à dissimuler sa médiocrité.

En 2017, comme en 2022 puis en 2024, les Français furent privés d’un véritable exercice démocratique. Des élites usées, mais s’accrochant rageusement à leurs privilèges et redoutant une insurrection populaire, qu’elles materont à tout prix, ont privatisé la république. On appelle désormais cela l’État de droit. Le peuple vote mal, se rend coupable de populisme, et n’est plus pour cela le bienvenu en démocratie. Il le sera à nouveau quand il se sera calmé, rééduqué ou submergé. Entre-temps, le système politique tourne en rond, incapable désormais d’engendrer un gouvernement qui tiendra, qui saura vraiment piloter le pays, alors qu’il est confronté, avec la crise migratoire et l’insécurité généralisée, à sa plus grave crise depuis la guerre d’Algérie. C’est ce qu’on appelle une crise de régime.



par Eric Ciotti 28 juillet 2024

Dans un courrier envoyé ce lundi (voir ci dessous), le président contesté des LR appelle ses adhérents à choisir entre «l'intégration des LR dans le camp macroniste» ou «l'alliance des droites dans l'indépendance⁠».Les adhérents vont donc être appelés à décider de la ligne politique des Républicains.

 

 

"Chers compagnons,

Notre pays traverse une crise politique majeure. L’inconséquence et l’impuissance du Président Macron ont précipité la France dans le chaos.

Dans cette tempête institutionnelle inédite, j’ai pris mes responsabilités en toute transparence pour enrayer le déclin national.

Depuis le 11 juin, je vous ai parlé en vérité. Oui, j’ai voulu une alliance claire à droite, pour que la France soit gouvernée à droite. C’est pour cela que j’ai voulu que nous participions à une grande coalition électorale de tous ceux qui se retrouvent dans la défense des idées nationales.

Pourquoi la gauche pourrait-elle s’unir avec les Insoumis, qui représentent le pire danger pour la République, mais les droites ne pourraient pas se rassembler, comme elles le font partout en Europe ? J’ai voulu dénoncer ce paradoxe et briser ce tabou.

J’assume ce choix qui m'a valu des attaques d’une violence inouïe. J’assume de vouloir préserver notre indépendance tout en nouant des accords à droite pour gagner. Ceux qui vous disent que nous pouvons gagner seuls vous trompent et nouent une alliance avec les macronistes fossoyeurs de notre pays.

Je mesure chaque jour un peu plus l’adhésion majoritaire et le nombre croissant de militants qui rejoignent ma démarche. Je sais qu’elle a pu surprendre certains de vous. Je sais aussi que d’autres n’y ont pas adhéré. Je respecte naturellement ces positions. Mais je veux dire à ceux qui doutent que les événements nous donnent raison.

Aujourd’hui les masques sont tombés ! Les dirigeants des Républicains qui ont le plus violemment critiqué l’union des droites, faite dans la clarté et devant les Français, ont noué dans l’obscurité une alliance avec la macronie.

Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand et leurs amis bâtissent aujourd’hui une alliance officielle avec Emmanuel Macron.

Vous avez été dupés par une manœuvre insincère et hypocrite. Au premier tour des législatives, plus de 50% de leurs candidats n’avaient pas de candidats macronistes contre eux.

Pire, au second tour, ils ont conclu d’indécentes alliances avec la gauche et l’extrême-gauche, et participé à la coalition des contraires construite par Emmanuel Macron et Mélenchon pour entraver l’expression du peuple !

Plus de 50% de leurs candidats ont bénéficié d’un désistement de la gauche et de l’extrême gauche. Ils ont même soutenu le communiste Stéphane Jumel et l’Insoumis François Ruffin.

Ils ont choisi le macronisme et la gauche contre le peuple, ils se sont unis pour faire perdre la droite.

Ils ont poursuivi leur stratégie en négociant des postes et des places à l’Assemblée nationale avec Emmanuel Macron, recevant ainsi la rançon de leurs compromissions en se partageant le butin électoral.

À travers ces accords de la honte, ils s’inscrivent dans la majorité présidentielle et méprisent les 11 millions de Français qui ont voté pour l’union des droites.

Les mêmes proposent aujourd’hui un Pacte législatif qui accouchera d'une coalition avec le macronisme ou sera condamné à n'être que communication. Une marche de plus pour devenir les supplétifs d’Emmanuel Macron, et continuer le partage des postes et des places en préparant le gouvernement. Ils prétendent lutter contre l'extrême gauche qu'ils ont participé à faire élire et dont ils ont bénéficié des voix au second tour. Ils ont collaboré avec la gauche dans les urnes et combattu la droite.

Ces choix marquent une trahison majeure et inédite. Une rupture. Vous avez été trompés et trahis. C’est toute la droite qui a été bafouée par ces basses manœuvres.

Moi, je ne pactise pas avec ceux qui ont tant abîmé notre pays. Le macronisme c’est une France à terre. Une faillite budgétaire, l’explosion de la violence, le chaos migratoire, le déclassement des ménages, la perte d’influence européenne et internationale.

Comment peut-on donner du crédit à ce pouvoir, qui a tant abaissé la France, et oser s’allier avec lui ? C’est non seulement trahir la droite mais surtout trahir la France.

Plus que jamais, j’ai besoin de vous pour faire triompher notre démarche d’union des droites. J’appelle donc tous les militants des Républicains à se lever et à agir. Je connais votre loyauté à notre famille, et je sais que vous détestez ces trahisons.

Je vous propose la seule ligne possible : une ligne droite. Je vous invite pour cela à me suivre et à vous rassembler, en nous retrouvant à l’occasion de notre grande rentrée politique, le 31 août, à Levens, dans les Alpes-Maritimes.

Je suis et je reste président des Républicains, élu par vos suffrages en 2022. Ma légitimité je ne la tiens que de vous. Pour effacer la trahison des chapeaux à plume, je m’en remets aujourd’hui, comme je l’ai toujours annoncé, au choix souverain des militants.

Je vous annonce que je vous consulterai à travers un vote dans les prochaines semaines sur un choix clair entre deux lignes opposées.

Soit la dissolution des Républicains dans le camp macroniste qui se dessine aujourd’hui, avec Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand.

Soit le rassemblement des droites que j’ai initié pour relever la France, en gardant notre indépendance et nos valeurs.

Je veux mener ce combat au sein de notre famille politique, ensemble. Aucune alternative n’est possible. Je vous propose une ligne de courage, de responsabilité et d’indépendance, pour ouvrir, à droite, une voie d’espérance.

Je m’engage avec vous à défendre une droite forte, au service de la France du travail par la débureaucratisation, la diminution des normes, la baisse de la fiscalité et la hausse des salaires. Une droite garante de l’équilibre des comptes publics par la baisse des dépenses publiques, une droite favorable à la liberté économique et d’entreprise, gage de prospérité pour tous. Une droite garante de l'identité et de la sécurité.

Ne soyons ni les béquilles, ni les supplétifs de Monsieur Macron. Bâtissons la victoire de la droite dans l’indépendance et le courage de l’union !

N’ayez pas peur ! Levez-vous. Ne baissez plus les yeux. Brisez les chaînes du politiquement correct et refusez la soumission au macronisme.

Rassemblés, nous pouvons sauver la France du déclin et faire refleurir l’avenir de notre grande nation.

Avec l’assurance de toute ma détermination.

Fidèlement,

Éric Ciotti

Président des Républicains"











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