Blog Post

Le « général courage » à Ramonville : pragmatisme et force de proposition

  • par Natacha Gray
  • 08 juil., 2018

Insécurité, radicalisation, Justice, République, gouverner, servir, valeurs, courage, task force, zone de contrôle renforcé … Ces mots ont résonné pendant deux heures, ce mardi 26 juin dans la salle Paul Labal à Ramonville Saint-Agne qui accueillait en soirée le général Bertrand Soubelet, invité par trois associations, Objectif-France (dont il est le vice-président), Lignes Droites 31 et Ramonville Autrement. L’ancien numéro 3 de la Gendarmerie Nationale, y présentait, entre autres, les enjeux sécuritaires dont il est un expert de terrain reconnu, face à une salle comble mais également comblée, tant ce qui était dit avec clarté et sans langue de bois, avec une rigueur et une franchise toute militaires, venait mettre des faits, des propositions et des arguments sur le ressenti, voire l’expérience de chacun. “En vous écoutant ce soir, on se sent soudain moins seul”, déclara un des participants, fortement impliqué dans la sécurité et la prévention de la radicalisation, résumant en quelques mots le sentiment d’une salle où ne manquaient pas les acteurs de terrain, dont certains opérant dans le domaine de la prévention et de la sécurité, découragés de ne pas être entendus ni même compris par les élus locaux.

Après la présentation du conférencier puis des associations invitantes, par Jean-Marie Belin, pour Objectif France et Nicolas Bonleux pour Lignes Droites 31 (et O.F.), la soirée prit la forme interactive d’un passionnant échange de près de deux heures, poursuivi ensuite à bâtons rompus hors micro, alternant des questions posées par la salle ou l’un des deux modérateurs et les réponses du général, toujours très argumentées et illustrées.

Si nous pouvons aujourd’hui, plus fréquemment qu’autrefois, entendre des experts, souvent liés au monde la Défense et de la Sécurité, généralement (mais pas toujours !) libérés du devoir de réserve, dresser un constat sans concession ni détour sur l’état de notre société, notamment sur le plan sécuritaire pour dénoncer l’aveuglement des élus et leur manque de réactivité face à la prolifération des zones de non-droit, des trafics en tout genre et de l’islamisme radical, il est en revanche beaucoup plus rare d’entendre exposer ainsi des propositions concrètes, une véritable méthodologie pour l’action, reposant à la fois sur le pragmatisme, le bon sens mais aussi la connaissance du terrain de celui qui accumule près de 40 ans de vie militaire au service de la France, dont 30 à la Gendarmerie nationale.

C’est pourquoi il nous a semblé intéressant de rendre compte, de la façon la plus exhaustive possible, de l’essentiel de cette soirée débat avec Bertrand Soubelet. Les lignes qui suivent s’y efforcent avec le maximum de fidélité. Toutes les questions abordées sont inextricablement liées les unes aux autres, et ce sont ces interrelations et priorités que le général s’est efforcé de mettre en évidence et d’expliquer. Néanmoins, pour la clarté de l’analyse, nous les avons dissociées ici.

Une situation sécuritaire inquiétante

Très logiquement, la soirée commence par les questions sécuritaires concernant les zones de non-droit que les médias s’enhardissent parfois à qualifier de territoires perdus de la République, quartiers pour lesquels le plan Borloo avait pronostiqué pour 60 d’entre eux des “risques de fracture” et pour 15 autres “des risques de rupture”, doux euphémismes pour notre intervenant pour qui fractures comme ruptures sont déjà des états de fait. Nicolas Bonleux évoque alors une des tribunes récentes du Général Soubelet dans le Figaro, faisant suite à la présentation des propositions Borloo (lire ici : Face à la menace l’urgence est de réapprendre à penser).

Le constat

Nous ne nous attarderons pas longuement sur le constat que chacun connaît et que l’actualité nous rappelle tristement régulièrement. Notons néanmoins que le général, qui a commandé la gendarmerie de Midi-Pyrénées de 2008 à 2010, répercute sa grande inquiétude face à l’évolution de la situation depuis son départ. Ayant en effet passé la journée en rencontres successives avec des responsables de la sécurité et de la lutte contre la radicalisation, des élus de terrain à l’échelle de la Métropole, il avait découvert la situation explosive de certains quartiers toulousains, révélant une dégradation nette par rapport à ce qu’il avait connu quelques années auparavant. Sans révéler le détail de ce que ses interlocuteurs lui avaient appris, le conférencier fait comprendre à la salle que la situation est particulièrement inquiétante, évolutive dans le sens d’une dégradation rapide.

À plusieurs reprises, Bertrand Soubelet évoque la situation dans ces quartiers où police, gendarmerie, et même pompiers et soignants ne peuvent plus pénétrer après certaines heures. Il précise aussi qu’en ces zones de non-droit, il ne faut aucunement dissocier les économies souterraines des trafics illicites, d’armes ou de stupéfiants, et la radicalisation islamiste, et que ceux qui prétendent qu’il s’agit de filières distinctes, ce que démentent tous les acteurs de terrain, le font par incompétence, dogmatisme ou parce qu’ils ont eux-mêmes ce qu’il nommera pudiquement des “objectifs pas très clairs”.

Ceci dit, il précise qu’il s’agit à chaque fois de quelques dizaines à une centaine d’individus, parfaitement identifiés par les bailleurs sociaux, les enquêteurs de terrain, les associations. On sait donc exactement qui perturbe et empoisonne la vie de ces quartiers.

 

Les facteurs aggravants

Les facteurs aggravants sont multiples, et nous reviendrons par la suite sur deux points essentiels : le manque de volonté et de courage des élus d’une part, l’inadaptation des moyens donnés à la Justice d’autre part.

Pour commencer Bertrand Soubelet insiste sur des responsabilités déjà anciennes :“Nous n’avons pas su accueillir ceux qui sont venus, ce qui explique dans un certain nombre de quartiers nous en somment arrivés à une communautarisation qui n’est pas rampante, comme le disent certains, mais parfaitement acquise”. C’est pour lui une “certitude. Nous le payons cher aujourd’hui”. Le général regrette que nous n’ayons pas “été clairs avec ceux qui arrivaient il y a 25 ou 30 ans”, et que nous (il précise que ce nous désigne ceux qui ont en charge les responsabilités de l’État) ayons laissé faire, ce que plus tard il qualifiera d’attitude “laxiste puisque nous accordons tous les droits à ceux dont nous n’exigeons aucun devoir.”

“Quand on arrive dans un pays, ajoute-t-il, c’est pour partager le destin de ses habitants et fuir ce que l’on avait dans son propre pays. Or ceux qui arrivent aujourd’hui, quelles que soient les raisons pour lesquelles ils viennent, ne viennent plus en France pour partager le destin des Français, mais pour rejoindre leur communauté qui est installée en France. Ils la rejoignent parce qu’ils savent parfaitement qu’il y a ici des choses très intéressantes qui les attirent et qu’ils ne trouveront pas ailleurs”.

“Être clair” avec ces nouveaux arrivants, pour Bertrand Soubelet, c’eût donc été de “poser des règles et de les faire respecter” et il cite, entre autres, l’apprentissage du français, l’obligation de mettre ses enfants dans les écoles de la République, d’arrêter de se vêtir comme dans son pays d’origine, bref de faire en sorte de devenir de vrais Français selon le modèle d’intégration qui avait fonctionné jusqu’à présent. Car, rappelle-t-il, la France a toujours été et reste un pays d’accueil, qui l’a largement prouvé depuis des dizaines et des dizaines d’années, une nation généreuse qui demande simplement à ses membres, quels qu’ils soient, de respecter les règles et “que ceux qui arrivent aient envie de partager notre destin, acceptent les lois de la République et fassent preuve d’un comportement respectueux et citoyen”. Ce qui ne relève, ajoute-t-il que “du pragmatisme et du bon sens”, bien loin des idéologies ou des théories élaborées par des technocrates hors-sol. Car ce discours clair, qui se serait évidemment transcrit en actes en cas de non-respect du contrat, “n’est pas un discours de facho ou de méchant” comme certains voudraient le qualifier.

Sur ce point le général conclut, précisant qu’il n’est “pas extrémiste” et ajoutant avec humour qu’il se sent même à certains moments “un peu gaucho” : “Je suis respectueux de tout le monde mais je ne respecte pas ceux et celles qui ne respectent pas lois de la République. S’ils veulent en instaurer d’autres, alors qu’ils aillent ailleurs pour le faire. Notre pays est encore une démocratie, « à ce stade », et ceux qui ne respectent pas lois de la République n’ont rien à faire en liberté et parfois même chez nous s’ils sont étrangers.”

C’est alors l’occasion pour le Général de s’en prendre à “une espèce de bien-pensance sur fond de droitsdelhommisme mal compris et de libertés publiques complètement dévoyées qui intoxiquent le pays depuis bien longtemps”, en particulier pour toutes les questions liées à l’immigration. Il dénonce ainsi la criminalisation face à chaque proposition destinée à avancer dans la résolution et, déjà, l’identification des problèmes, sur le prétexte que quiconque ose évoquer une difficulté posée par une personne issue de l’immigration ne serait pas humaniste ou n’aimerait pas les étrangers. Ce laxisme qui reconnaît à l’autre seulement des droits et non des devoirs, qui encourage la victimisation véhiculée par certains propagandistes du communautarisme, est “en train de détruire les fondements mêmes de notre société et ce que sont les valeurs de notre pays”. Cet effacement de l’identité de l’accueillant devant celle de l’autre, l’accueilli, que la philosophe Françoise Bonnardel a qualifié d’autruisme, a déjà été développé par Lignes Droites ici dans notre trilogie sur l’identité nationale.

Les propositions

Le général fait alors un certain nombre de propositions que l’on peut retrouver également dans une tribune du Figaro du 20 avril dernier (à lire ici) au titre significatif : Il faut agir et reprendre l'initiative sur notre propre sol . C’était également l’objet de sa critique des propositions Borloo, proposant des mesures déjà anciennes, souvent testées et dont la pertinence n'est pas toujours avérée, car “elles ne pourront jamais être réellement mises en œuvre si la sécurité n'est pas assurée au quotidien dans ces quartiers”. La restauration de l’ordre et de la sécurité de manière totale et pérenne est donc un préalable incontournable. Il s’agit donc de reprendre le contrôle selon trois axes principaux qui sont d’une part de “lutter contre l’économie souterraine et les trafics qui gangrènent le tissu social”, d’autre part de “combattre le communautarisme, les propos et les comportements des islamistes”, et enfin de “prendre des mesures concrètes pour éloigner durablement de ces quartiers les individus dangereux”.

Bertrand Soubelet propose alors une solution, qui pourrait être cette méthode dont manquent cruellement les élus, pour traiter ces quartiers. En effet certains intervenants dans la salle confirment que les élus locaux sont démunis face à leurs responsabilités croissantes en termes de sécurité et qu’il y a presque autant de politiques mises en place que de communes ! Il s’agirait donc d’identifier les quartiers à traiter, puis d’en choisir quelques-uns : “trois ou quatre suffiraient probablement”. Cela commencerait par une concertation avec les élus, qui restent incontournables puisqu’eux seuls peuvent décider d’agir ou non, et qui rassemblerait tous ceux qui sont concernés par ces problèmes sécuritaires (magistrats, policiers, gendarmes, bailleurs sociaux …). Ces discussions permettraient de faire un diagnostic précis sur les difficultés du quartier, de fixer des objectifs clairement définis et la méthode à mettre en œuvre. Ensuite on déclarerait ce quartier zone de contrôle renforcé, ce qui suppose un régime juridique à inventer pour cette action ponctuelle. Cette mission serait dirigée par un chef désigné par le gouvernement pour régler les problèmes dans le quartier en question. Ce chef devrait être un expert de terrain, par exemple un grand patron de la police de la gendarmerie.

Le chef de mission, entouré d’un petit état-major, serait secondé par une task force de 800 à 1000 personnes composées de policiers, de gendarmes, de magistrats, de militaires si besoin était, d’éducateurs, de psychologues, brefs tous les intervenants habituels. Pendant trois mois on traiterait le sujet. Il ne s’agirait pas d’état de siège ni de mettre tout le monde en prison, tout se ferait dans le respect de la démocratie, mais cette fois avec fermeté, en fonction d’objectifs précis et dans la durée. Il faudrait probablement deux régimes judiciaires, celui qui traiterait de jour des questions habituelles (car la vie ne s’arrêterait pas pour autant et, les tribunaux étant déjà débordés, il ne s’agirait pas de leur faire prendre davantage de retard et de leur créer une surcharge de travail) et un régime de nuit, avec d’autres magistrats pour traiter les arrestations effectuées par la task force pendant la journée, en comparution immédiate.

Les peines pourraient être de prison, mais également des amendes et des saisies de biens (voir ci-après dans la partie Justice), mais également des éloignements. Le général Soubelet est persuadé qu’après avoir traité un quartier puis un autre, au bout de trois ou quatre quartiers emblématiques, un signal fort serait passé auprès des autres zones où les lois de la République sont bafouées. Et tout ceci ne relève encore une fois que du bon sens et ne serait finalement pas très coûteux (surtout au regard des politiques sociales mises en œuvre jusqu’à présent, sans résultat tangible et même contre-productives) mais le bon sens, comme le pragmatisme, “n’a malheureusement plus beaucoup droit de cité dans la pensée publique”.

Un manque de volonté politique évident

Ces signaux, ce sont ceux que l’Etat doit donner à la fois à ces quartiers et aux Français qui désespèrent. Or aujourd’hui, le général dit ne déceler malheureusement dans le pouvoir en place que des opérations de communication mais aucune action, aucun signal significatifs. L’absence de volonté politique est, d’ailleurs, un leitmotiv qui traverse toute la conférence-débat, que ce soit dans les propos du général ou dans les témoignages des acteurs de terrain dans la salle.

Or il y a urgence. “Pour arriver à inverser la tendance, cela risque d’être compliqué, de demander beaucoup de courage et de volonté politique et il y aura probablement du dégât. C’est le prix à payer pour que cette spirale dans laquelle nous sommes s’arrête enfin. Nous aurons du mal mais nous le pouvons encore. Le problème est que je ne vois pas à l’horizon suffisamment de volonté ni de courage pour que cela prenne cette direction-là.”

Aveuglement et surdité des élus

“Ceux qui représente l’État et l’autorité, c’est-à-dire ceux pour qui nous votons et qui sont seuls en mesure de donner des ordres à ceux qui sont chargés de mettre de l’ordre et de rétablir la sécurité dans ces quartiers, c’est-à-dire la police, la gendarmerie et l’armée, ne montrent pas leur volonté d’agir durablement et fermement”. Cela fut manifeste dans le plan Borloo, applaudi par beaucoup, et qui n’était pourtant qu’un recyclage de mesures coûteuses (que Bertrand Soubelet estime à environ 50 milliards pour ces dernières années) et qui n’avaient rien réglé jusqu’à présent, si ce n’est de garantir, en l’achetant, la paix sociale.

Le général, comme d’autres personnes dans la salle le feront plus tard, évoque les difficultés que l’on rencontre lorsque l’on tient ce genre de discours face aux hommes et femmes politiques : certains ne sont pas intéressés et n’écoutent pas, d’autres n’ont pas pris la mesure du problème et répondent immanquablement à leur interlocuteur qu’il “exagère la situation”. Pour beaucoup, si on ne parle pas du problème, si on ne le leur donne pas à voir, il n’existe pas. C’est une forme de nominalisme (n’existe que ce que l’on nomme) qui a permis à beaucoup de responsables politiques de s’enfermer et d’enfermer la société dans des dénis de réalité depuis des années. Car pour éviter d’entendre nommer les choses, la bien-pensance dont on parlait précédemment, s’est efforcée de criminaliser quiconque évoquait les réalités de ces quartiers, que ce soit la délinquance ou la radicalisation islamiste. Comme il s’agit majoritairement de personnes issues de l’immigration, tout constat est aussitôt taxé de réactionnaire, fasciste, raciste, faisant le jeu des extrémistes, ce qui a longtemps permis d’étouffer la voix et les avertissements des acteurs de terrain. “Cela nous a détérioré notre cohésion sociale dans un certain nombre de quartiers depuis 20 à 25 ans, avec la complicité de certains élus locaux”.

Rappelons au passage le prix que Bertrand Soubelet a payé pour sa franchise, qu’il évoquera pudiquement, en vitesse et avec humour, à la fin de cette rencontre, en rappelant qu’à chaque fois qu’il a voulu dire ce qui était, il s’est “fait sortir” du jeu.

En décembre 2013 il fut auditionné à l’Assemblée nationale par la mission parlementaire de « lutte contre l’insécurité », après avoir prêté serment de dire la vérité, dans une audition où le devoir de réserve est évidemment levé. Lors de cette audience, il avait soulevé sans tabou les difficultés rencontrées par la Gendarmerie dans sa lutte contre la délinquance, que ce soit au niveau des moyens ou des procédures mais aussi de la Justice, avec des “délinquants relâchés dans la nature”et des “coupables mieux traités que les victimes”. S’attirant les foudres du gouvernement pour cette liberté de ton inhabituelle, relevé de ses fonctions de numéro trois de la Gendarmerie nationale, il fut alors muté en Outre-mer, ce qui constitua une forme de rétrogradation et une mise au placard. À la suite de cela, celui que les gendarmes surnommaient désormais le “général Courage” publia un ouvrage en mars 2016, Tout ce qu’il ne faut pas dire, ce qui marqua cette fois la fin de sa carrière, suscitant un débat en France sur la liberté d’expression des militaires et le devoir de réserve pour un haut gradé encore en exercice. Cela n’est d’ailleurs pas sans évoquer plusieurs cas ultérieurs de militaires accusés de manquer à leur devoir de réserve, le dernier en date étant celui du CEMA Pierre de Villiers, présentant à huis clos devant une commission ad hoc de l’Assemblée Nationale et à la demande de celle-ci, des réalités militaires difficiles, avec la même franchise et liberté de ton, ce qui eut pour effet de mettre également un terme à sa carrière militaire.

Un intervenant, engagé dans les CLSPD et les CISPD (Conseil local ou communal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance) ainsi que dans les CMER (Cellule municipale d’échange sur la radicalisation), rappelle que l’on a désormais de nombreux outils en France pour soutenir des actions efficaces, et corrobore les dires du conférencier en témoignant des difficultés, voire de l’impossibilité ,de faire prendre en compte, encore une fois, à des élus dépassés et sans méthodologie pour l’action, la mesure concrète des situations constatées sur le terrain. En supposant, toutefois, que ceux-ci répondent aux sollicitations, car beaucoup, y compris dans des zones ou villes touchées par la radicalisation, n’accusent même pas réception de la demande de contact ou des documents envoyés, ou oublient totalement en avoir déjà discuté, illustrant l’idée ci-dessus exprimée que lorsqu’on ne nomme pas, lorsqu’on ne voit pas, cela n’existe pas.

Néanmoins, petite note d’espoir, le général note l’accession aux responsabilités d’une nouvelle génération d’élus locaux, aux pratiques différentes, et il cite le cas du jeune maire de Rilleux-la-Pape (Alexandre Vincendet), en banlieue lyonnaise, qui a serré la vis depuis son élection. La délinquance y a baissé considérablement, prouvant un lien incontestable de cause à effet entre fermeté et courage d’une part, baisse de la délinquance et amélioration de la sécurité publique d’autre part.

Aucun contrôle des dépenses et subventions

Le général témoigne ensuite de réalités constatées lorsqu’il a exercé, pendant des années, des responsabilités de terrain. Un certain nombre d’associations, même s’il reconnaît qu’il en est de formidables et d’utiles, sont largement subventionnées par l’Etat et par les élus locaux qui y déversent de l’argent qui n’est jamais contrôlé. Ce système qu’il qualifie de “pompes à fric” bénéficie avant tout à des “individus dont le comportement n’est pas celui qu’on devrait attendre”, bien loin de l’objet de l’association pour laquelle ils reçoivent cet argent sans aucun contrôle de l’Etat ou des collectivités. Le résultat c’est que non seulement rien ne change et que l’on ne remet pas les choses en ordre, mais que l’on l’aggrave souvent la situation par cette manne financière.

Il en est de même pour tout ce qui concerne les dépenses sociales qui ne sont jamais contrôlées.

Une France administrée mais non gouvernée

Cet aveuglement est à la fois le fait d’un système technocratique où des décisions sont prises par des hauts fonctionnaires très éloignés des réalités du terrain, du dogmatisme d’un grand nombre d’élus qui ne fondent pas leurs convictions sur les faits mais s’efforcent de modifier ceux-ci jusqu’à ce qu’ils épousent leurs convictions, et enfin d’un manque de courage évident.

La grande difficulté de notre pays, ajoute le général, “c’est que notre France n’est pas gouvernée, elle est administrée (distinction qu’il reprendra dès le lendemain dans un article du Figaro ici). Administrer c’est gérer, essayer de faire au mieux. Gouverner, c’est prendre ses responsabilités, fixer un cap, se donner les moyens de l’atteindre, donner des ordres et savoir se faire obéir”. Le général en profite, sur une question de la salle, pour remarquer que le terme “gouvernance”, un néologisme qui s’est imposé depuis quelques années, est surtout employé par des gens qui précisément … ne savent pas gouverner et qui noient leurs responsabilités dans le collectif que suggère la notion. Gouverner par contre est un “mot noble” qui suppose de savoir commander, donc diriger, ce qui évidemment ne pose aucun problème à l’officier général ! De la même manière ce dernier exprime son horreur du mot “management”, trop proche à une lettre près du mot “ménager”, lequel évoque un peu trop la chèvre le chou entre lesquels on ne sait pas choisir et que l’on essaierait de concilier. En bon militaire, il faut pour lui que les choses soient claires, à mille lieues du “en même temps” qui guide l’action gouvernementale d’aujourd’hui.

La collaboration avec Emmanuel Macron

Or ce n’est pas avec le président de la République que nous avons et la majorité parlementaire qui a été élue que l’on va y parvenir” ajoute Bertrand Soubelet. Devançant, comme il le dit lui-même, l’inévitable question à venir et provoquant quelques sourires entendus dans la salle, il ajoute malicieusement : “car il n’a pas échappé à certains qu’à un moment donné j’ai collaboré avec Emmanuel Macron”.

L’histoire de leur rencontre est riche d’enseignements pour comprendre l’homme qu’est le général, mais aussi le fonctionnement de l’entourage du Président. Bertrand Soubelet affirme tout de go qu’il ne s’agit “ni d’une trahison ni d’une forfaiture”. Il rappelle le contexte de l’automne 2016, il venait de quitter la gendarmerie et se trouvait désormais totalement disponible. Dans le contexte de la campagne électorale, il proposa alors ses services, à plusieurs reprises, aux équipes de François Fillon, y compris par l’intermédiaire de ministres et d’anciens ministres, sans recevoir la moindre réponse. C’est à ce moment-là que les collaborateurs d’Emmanuel Macron l’invitent à un petit-déjeuner, où on lui fait valoir que son expertise nationale et sa crédibilité en matière de sécurité et de défense leur serait fort utile car personne dans l’équipe n’avait de compétences sur ces questions. On lui proposait alors de relire les parties du programme en rédaction, de faire des propositions.

Le général affirme avoir longuement réfléchi, beaucoup hésité mais finalement s’être dit qu’il ne pouvait pas changer de cap par rapport à ses engagements et pratiques de longue date. Dès l’âge de huit ans en effet, il avait affirmé à ses parents qu’il voulait être gendarme pour “servir son pays”. Depuis son entrée dans la Gendarmerie, à toutes les échelles d’action successives qu’il a rencontrées, du local au national, et à chaque niveau de responsabilité, de capitaine à général, il avait pris l’habitude de rédiger des notes et d’alerter ses interlocuteurs, élus locaux puis parlementaires et ministres. À l’époque, Emmanuel Macron n’était qu’un candidat parmi d’autres dont très peu prédisaient qu’il puisse se retrouver au second tour de l’élection présidentielle, mais Bertrand Soubelet était persuadé qu’un candidat aussi talentueux jouerait certainement un rôle plus tard et qu’il était préférable que ce soient ses idées qui l’inspirent à ce moment-là plutôt que des gens qui n’y connaîtraient rien et qui iraient raconter n’importe quoi.

S’ensuit une collaboration au cours de laquelle le général affirme ne pas avoir fait de cadeau à l’équipe d’Emmanuel Macron avec lequel il était en contact direct, ce qui a fini par déranger l’entourage immédiat du candidat. Il a ainsi largement contribué au programme de sécurité défense, notamment, à l’issue d’une heure d’entretien en tête-à-tête avec Emmanuel Macron, où il l’a convaincu de réinstaurer un service national universel (le fameux SNU qui revient dans les questions d’actualité) auquel le candidat n’était pas du tout favorable initialement. Il ne s’agissait pas, a-t-il expliqué au futur président, de restaurer un service militaire à l’ancienne mais de réussir à faire partager des valeurs communes à une classe d’âge, le respect des codes républicains, la signification du drapeau, de l’hymne national … Certes, ce qui ressort aujourd’hui “n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il avait proposé”, reconnaît-il, mais le mouvement est lancé. Pour le reste il considère avoir ramené la réflexion sur la Défense “là où il fallait, mais pas complètement”. De même, il fut sollicité, 48 heures avant la parution du programme, sur la question de l’Outremer, qui avait été négligée et dont il est responsable à 50 % du rendu final.

Le général affirme avoir la conscience d’autant plus tranquille qu’il est parti au moment où se profilait avec une quasi-certitude l’élection d’Emmanuel Macron dont l’équipe cherchait à l’éloigner. Un certain nombre de “scuds” dans la presse, dont il a parfaitement identifié la provenance, l’ont convaincu qu’il n’avait véritablement “rien à faire avec ces gens-là. Je suis parti au moment où j’estimais que je devais partir. Si c’était à refaire, je referais exactement la même chose”, conclut-il, déclenchant une salve d’applaudissements dans la salle.

 

Une Justice inadaptée

Indissociable de la question au de la sécurité, celle de la Justice s’est également imposée tout au long de la rencontre. Bertrand Soubelet y a même consacré un long développement, très loin des caricatures de gauche comme de droite que l’on peut entendre sur le sujet. Il dit d’ailleurs préparer en ce moment une communication à ce sujet. Pour rendre la justice efficace, il est impératif de revoir les schémas de pensée anachroniques datant du XXe et même parfois du XIXe siècle.

Construire des prisons

Pour lui le modèle de la prison à l’ancienne, avec des grilles, des cellules, un certain isolement ne convient plus qu’à un certain type de détenus. On pourrait imaginer un système de prison allégé, par réutilisation d’anciennes casernes ou en montant des algecos modulaires qui coûtent dix fois moins cher qu’une prison et seraient démontables, réutilisables et qui s’adresseraient à des gens qui ont des petites peines ou des libérables en fin de peine.

Quoi qu’il en soit les besoins estimés aujourd’hui sont environ de 30 000 places. Le dernier Garde des Sceaux sous la présidence de François Hollande, Jean-Jacques Urvoas, pour lequel le général affirme avoir la plus haute estime, avait fait préparer le budget 2018 en mettant de côté des crédits budgétaires en autorisation d’engagement de dépenses pour acheter 12 terrains destinés à la construction de prisons. Il s’agissait dans l’urgence de permettre à son successeur de construire déjà 15 000 places. Le nouveau gouvernement a pris cet argent et l’a mis ailleurs. C’est un choix délibéré. Prétendre que l’on n’a pas les moyens c’est totalement faux, tout est question de priorité. Ne pas construire les prisons prévues au budget 2018, ne prévoir que 7000 places sur les 15 000 annoncés est bel et bien un choix politique que le général n’hésite pas à qualifier d’“irresponsable” et de “véritable scandale”.

Il ne s’agit pas de mettre tout le monde en prison, encore moins de construire des prisons quatre-étoiles mais, comme Bertrand Soubelet l’explique un peu plus tard, de faire face à la surpopulation carcérale et au délabrement avancé des bâtiments, à l’origine d’une promiscuité indigne d’une démocratie. Lorsque la société décide de mettre en prison, dit-il, elle a le devoir de traiter les prisonniers correctement et “surtout de faire en sorte qu’ils ne soient pas plus pourris en sortant qu’en y entrant. Or aujourd’hui dans un grand nombre d’établissements pénitentiaires, c’est hélas le cas”.

 

Changer la conception des peines

La question des peines est abordée à partir d’une interrogation venant de la salle sur la dépénalisation du cannabis. Bertrand Soubelet ne s’y déclare pas favorable (et souligne que les Pays-Bas, face à des résultats très contestables, commencent à se demander s’ils n’ont pas fait une erreur en la matière) mais considère que les infractions à la législation sur les stupéfiants doivent être contraventionnalisées plutôt que d’infliger au contrevenant à une peine de prison qui ne sera jamais exécutée. “Toucher les gens au portefeuille”, est une idée sur laquelle il reviendra souvent.

Le général se déclare hostile au “tout prison” car l’effet dissuasif sur un certain nombre de délinquants est très discutable et peut même se révéler contre-productif. Dans certains quartiers, explique-t-il, quand on met quelqu’un en prison pour un mois, trois mois, un an, il devient un véritable caïd à sa sortie. “La GAV c’est le bac et la prison, c’est carrément la licence ou la maîtrise qu’il vient de décrocher. Il rentre en héros”. En clair, non seulement la prison n’obtient pas l’effet dissuasif attendu sur les trafics mais cela produit l’effet contraire.

Alors que faire envers tous ceux qui se rendent coupables de délits, parfois même de crime d’appropriation, en particulier ceux qui trempent dans l’économie souterraine ? Tous les acteurs de terrain l’affirment, de même que certains juges d’instruction, la seule chose qui vaille, “ c’est de saisir tous les biens dont ils ne peuvent justifier de la provenance, de les leur confisquer et de les mettre sur la paille”. Les lois existent, précise le général Soubelet, mais elles ne sont pas appliquées. Et pourquoi ne le sont-elles pas ? Parce que c’est un dogme chez certains magistrats qui considèrent qu’ils “sont juges et non pas percepteurs” et le revendiquent clairement.

Or ce serait la peine “qui pénaliserait le plus ceux qui se sont rendus coupables d’infractions et qui permettrait de surcroît à l’Etat de récupérer des subsides intéressants pour réduire les déficits publics et financer ce que l’on n’est plus en mesure de financer”.

 

Le continuum sécurité justice ne fonctionne pas correctement

Et il ne fonctionne pas “parce que la justice est maltraitée”. Bertrand Soubelet souligne qu’il y a autant de magistrats qu’en 1874 alors que le contentieux a été multiplié par 20 ou 30, rapporté à la population. Le budget de la Justice (magistrats et administration pénitentiaire) est dérisoire par rapport aux besoins, autour de 9 milliards d’euros, soit à peine 1 milliard de plus que la seule Gendarmerie. Jusqu’à il y a deux ans les moyens baissaient, aujourd’hui ils n’augmentent pas alors que le contentieux progresse à la hausse, lui, de manière inquiétante. C’est pourquoi le général juge prioritaire, s’il faut choisir, de destiner les moyens avant tout à la Justice, avant même la Sécurité, ce qui ne fut pas compris par un de ses précédents ministres de tutelle. “C’est pourtant une question de bon sens, à quoi sert de traquer les délinquants et de les remettre à la justice si les tribunaux ne sont pas capables de les gérer comme c’est hélas trop souvent le cas actuellement ?” La situation actuelle, rappelle-t-il, c’est que ces délinquants sont soit remis en liberté immédiatement, sans poursuites, avec les effets désastreux et les risques que l’on peut imaginer sur les victimes, soit sont convoqués six mois à un an plus tard, quand parfois ils ne se souviennent même plus du délit, tellement ils en ont commis d’autres entre-temps ! Ainsi certains, de bonne foi, prétendent-ils qu’ils ne sont pas concernés et n’ en acceptent-ils qu’encore plus difficilement la sentence.

C’est pourquoi le général propose que la règle devienne le TTR, le traitement en temps réel. Le prévenu arrive, son avocat prend connaissance de la situation et l’auteur des faits est jugé en comparaison immédiate. Encore faut-il dit-il que les avocats ne jouent pas la montre comme c’est le cas trop souvent pour freiner la procédure.

En tout cas Bertrand Soubelet dénonce les choix terribles effectués depuis 25 à 30 ans par les gouvernements successifs, qu’ils soient de droite de gauche. Il rappelle que la gauche favorise la prévention et s’est, jusqu’à présent, presque totalement désintéressée de la répression, considérant les auteurs des faits comme de pauvres victimes de la société qui serait seule responsable. À droite, il s’agit également d’en faire le strict minimum, pour ne pas donner de moyens à la Justice que l’on dit “gauchiste”. Ajoutons à cela, glisse le conférencier, avec l’air de celui qui sait parfaitement de quoi il parle, “qu’un certain nombre d’hommes et de femmes politiques ont des raisons factuelles d’être prudents avec la Justice car leur comportement personnel est à la limite du pénalement répréhensible”. Dans un cas comme dans l’autre, rien n’avance et la dégradation de la situation se poursuit. Or les deux, prévention et répression, sont indissociables. Le résultat est que les Français ne croient plus à la Justice et que la fracture se creuse.

Pendant longtemps il est vrai, rappelle-t-il, le système a été “verrouillé par le Syndicat de la magistrature”. Quand de nombreux magistrats rendent leur jugement en fonction de leurs propres opinions politiques, “c’est insupportable : quand on est investi d’une mission d’autorité noble comme celle de rendre la justice, on doit mettre ses convictions de côté. La loi, rien que la loi”. C’est la raison pour laquelle de nombreux Français ont l’impression que l’on se préoccupe davantage des auteurs, qui savent fort bien se victimiser, que des victimes véritables, idée que le général avait soutenue devant l’Assemblée nationale et qui lui valut, entre autres, d’être sanctionné. Mais là encore, comme pour les élus locaux, le général remarque que c’est en train de changer, et qu’il y a un certain nombre de jeunes magistrats qui échappent à cette règle.

Mais, hélas, “il est compliqué de mettre un terme à 40 années de laisser-aller !” Il va falloir réapprendre aux délinquants “ce qu’est la règle, ce que l’on fait, ce que l’on ne fait pas, en fonction des lois de la République”. Et il reste beaucoup à faire, notamment dans le traitement de la délinquance des mineurs qui commence de plus en plus tôt. Or il n’y a rien de clairement prévu dans notre pays pour la prendre réellement en compte, que ce soit dans la législation ou l’assistance éducative. Le général en prend pour preuve les centres d’éducation renforcée et les centres d’éducation fermée qui, tout cumulé, offrent 1000 places, ce qui est évidemment notoirement insuffisant par rapport aux besoins. En outre, un autre problème est que 80 % des établissements ne sont pas tenus par l’État mais par des associations qui, elles non plus, ne sont pas contrôlées.

Enfin, si sur les questions de défense, de sécurité et d’immigration, la concertation entre pays européens semble indispensable (mais “également avec l’Union africaine dont on ne parle pas suffisamment et qui pourrait avoir un rôle à jouer là-dedans”), pour les questions de justice, cela doit rester une mission régalienne propre à chaque État.

 

Servir, toujours, mais autrement

Finalement le général revient avec humour sur son parcours récent et ses intentions actuelles, des modes d’action différents mais qui relèvent tous d’une volonté de servir son pays en lui restant utile. Comme il le rappelle, il est resté constamment fidèle à sa mission qui était d’observer, d’agir et d’avertir, en tant qu’officier de gendarmerie où il est rentré capitaine et sorti général quatre étoiles, puis après sa mise à la retraite militaire. “ J’ai ouvert ma gueule devant l’Assemblée nationale, et je me suis fait sortir. Puis j’ai écrit un livre et je me suis fait sortir une deuxième fois. Alors j’écris un second livre, qui était une manière de rester dans l’action. Mais après l’écriture, que me restait-il ?” Comme rappelé plus haut, il propose alors ses services en tant qu’expert à un candidat, qui ne donne pas de réponse. L’équipe d’un autre vient le chercher, la collaboration tient le temps nécessaire pour orienter dans le sens du souhaitable et du pragmatisme le programme Sécurité Défense et Outremer, mais là encore il faut partir, cette fois de son plein gré, une fois constaté que l’on n’a rien en commun avec l’équipe en place.

C’est alors que Bertrand Soubelet se lance dans l’arène politique, en se présentant aux élections législatives dans la 10e circonscription des Hauts-de-Seine en 2017, remportée par un candidat LREM. Même si le général précise dans un sourire qu’il est cependant arrivé devant le parti socialiste, les résultats sont décevants en ce sens que, pendant la campagne, il dit avoir rencontré des centaines de personnes qui l’ont félicité pour son franc-parler, son action et lui ont montré leur intérêt, l’ont encouragé à persévérer mais qui, une fois dans l’isoloir, ne sont pas allée jusqu’au bout des intentions formulées et ont retrouvé leurs réflexes traditionnels.

On a les élus qu’on mérite”, ajoute-t-il.

Son engagement dans le mouvement Objectif France traduit à présent une volonté de pratiquer la politique autrement, hors de “cette classe politique qui n’a rien fait depuis 35 ans et vous explique que c’est par elle que tout va changer” et des partis traditionnels, qui ont essayé de le récupérer, et qui sont en train de s’autodétruire, en raison des rivalités personnelles. Mais l’objectif du mouvement n’est pas simplement de travailler comme un think tank sur les questions essentielles et de dire les choses, de faire des propositions concrètes et motivées, mais bien d’arriver au pouvoir, ce qui passe par l’élection, seul moyen de faire rentrer les discours dans les faits. Raison pour laquelle le général a accepté la vice-présidence d’Objectif France et qu’il a pris son bâton de pèlerin pour parcourir le pays et multiplier les conférences et les rencontres de terrain, afin de mobiliser le maximum de gens autour d’actions concrètes et des projets novateurs.

Mais si les Français ne votent pas pour ceux qui ont envie de faire bouger les choses, se contentent de critiquer sans participer eux-mêmes à l’action, ce que ce genre de mouvement rend pourtant possible, s’il ne trouvait pas suffisamment de bonnes volontés prêtes à s’engager autour de lui dans l’objectif de faire aboutir ces projets, le général affirme qu’il se retirera sans regret dans son cher Pays basque pour cultiver des tomates et marcher dans la montagne, car il n’a pas de motivation personnelle et n’a pas besoin de la politique pour vivre !

Après une telle profession de foi, cette soirée interactive, riche en échanges et en informations de qualité, faisant consensus autour d’un général dont la crédibilité et l’expertise sont unanimement reconnus, ne pouvait que se terminer sur une élégante passe d’armes complice entre celui qui, à la tribune, croyait encore aux partis traditionnels (Nicolas Bonleux, membre d’Objectif France mais également membre fondateur de Lignes Droites31, et qui vient d’annoncer sa candidature à la présidence de la fédération de Haute-Garonne des Républicains) et celui qui n’y croyait pas.

par Vincent Trémolet de Villers 8 janvier 2025
Un edito de Vincent Tremolet de Villers : un bilan peu flatteur des 10 années passées depuis l'attentat de Charlie Hebdo



"Une décennie après les attentats de janvier 2015, la France continue d’être agressée dans sa chair par le terrorisme islamiste et dans son esprit par le travail conjugué des Frères musulmans et de la gauche keffieh.

Ce jour-là, Michel Houellebecq publiait son roman Soumission. Il faisait la une de Charlie Hebdo . Dans les locaux du journal, Philippe Lançon réunissait ses affaires avant de rejoindre l’écrivain. Et puis les hommes en armes sont entrés, ont tiré, ont tué des dessinateurs, Cabu, Charb, Honoré, Wolinski et Tignous, morts le crayon à la main ; des chroniqueurs, Elsa Cayat, Bernard Maris ; le correcteur Mustapha Ourrad ; un invité, Michel Renaud ; et puis ceux qui protégeaient le bâtiment et l’équipe, Fréderic Boisseau, Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet. Lançon, gravement blessé, entrait à l’hôpital, et la France dans un cauchemar qui se prolongera les jours suivants à Montrouge avec l’assassinat de la policière Clarissa Jean-Philippe, puis dans l’Hyper Cacher de Vincennes, où Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada et Yoav Hattab tomberont sous les balles islamistes.

« Je suis Charlie, je suis juif, je suis flic », scanderont quelques jours plus tard des millions de Français, place de la République, avant que la nébuleuse islamo-gauchiste, de Nuit debout en France insoumise, n’efface ces instants tricolores. Une décennie plus tard, la France continue d’être agressée dans sa chair par le terrorisme islamiste (des crimes de Mohammed Merah à aujourd’hui, on dénombre plus de 300 morts) et dans son esprit par le travail conjugué des Frères musulmans et de la gauche keffieh. Les effets dévastateurs d’une politique migratoire insensée apparaissent dans la conquête démographique de l’islam politique comme dans son expression la plus agressive : les fanatiques algériens qui, sur la toile, appellent à l’antisémitisme, au viol, au meurtre et au pillage.

La liberté d’expression se confond sur certains réseaux avec les instincts les plus vils, tandis qu’elle s’atrophie dans les médias, le divertissement, la création, la conversation sous le double impératif de l’« inclusion » et de la « diversité »… Sombre tableau qu’éclaire le courage des enfants de Voltaire ou de Péguy qui perpétuent l’art de vivre, la finesse, l’insolence, la hauteur d’esprit d’un pays où Notre-Dame de Paris sonne le glas pour pleurer les bouffeurs de curés, où les artistes et les écrivains - Boualem Sansal nous le rappelle depuis sa prison algérienne - sont des phares."



par Drieu Godefridi (Gatestone Institute) 7 janvier 2025
A l'heure où certains se félicitent de nos records d'exportation d’électricité, il est utile de comprendre :
1/ pourquoi nous exportons autant d'électricité vers notre voisin allemand ( devenu paradoxalement un des plus gros producteur de CO2 en Europe par kWh )
2/ que ce n'est pas sans effet sur les prix de notre marché intérieur en tirant les prix à la hausse avec un prix du kWh qui était historiquement un élément majeur de notre compétitivité et de notre pouvoir d'achat ... mais qui est aujourd'hui bien supérieur au prix du kWh aux Etats-Unis par exemple !


par Le bureau de Lignes Droites 31 2 janvier 2025

Chers amis,

Nous vous souhaitons, à vous-mêmes ainsi qu' à vos proches, une excellente année 2025.

2025 sera une année-clé pour la préparation du retour de la droite au pouvoir.

Enfin, après bientôt 60 ans de domination de l'idéologie issue de mai 68, nous voyons poindre le jour où la droite reviendra à la direction de notre pays.

Le peuple français a donné en juin 2024 le signal clair qu'il ne veut plus de l'idéologie que lui impose la gauche et ses relais dans les médias, à l'université, au sein de la Justice, dans le monde de la culture ou dans le monde du football. Cette idéologie qui place notre pays sans dessus-dessous, en inversant les valeurs, en renversant le bon sens, et qui mène notre pays à la catastrophe.

A cause des manoeuvres de la gauche emmenée par Emmanuel Macron, ce signal clair donné par notre peuple en juin 2024 ne s'est pas transformé en une direction forte, claire et capable pour la France. Mais ce n'est désormais plus qu'une question de temps avant que notre pays se dote enfin de cette direction forte, claire et capable dont il a tant besoin.

Le président de la République Emmanuel Macron, qui aura réussi à faire pire pour notre pays que son indigent prédécesseur François Hollande, s'est condamné à l'impuissance en dissolvant inconsidérément l'Assemblée Nationale. Son mandat traverse ses derniers soubresauts. Il aura été le dernier avatar d'une gauche française bavarde, imbue d'elle-même et inapte à diriger, dont le seul but était de conserver le pouvoir par tous les moyens et sans aucune considération pour l'intérêt national.

Les gouvernements d'apparence qui se succèdent autour de lui ne sont pas en mesure de masquer la situation terrible dans laquelle se trouve notre pays, et encore moins d'y faire face. Leur paralysie accélèrera le moment où de nouvelles élections seront nécessaires.

Outre les élections municipales en 2026, tout indique que des élections législatives ou présidentielle anticipées pourraient avoir lieu avant 2027. Ces élections seront l'occasion pour le peuple français de mettre fin à la folie collective dans laquelle nous a plongée Emmanuel Macron et d'exiger la clarté et la fermeté que nous devons à notre pays.

L'avènement de la droite n'est plus qu'une question de temps.

Nous Lignes Droites 31 continuerons à oeuvrer à l'union des droites afin de hâter le jour où la droite reviendra enfin au pouvoir et pourra enfin prendre les mesures quipermettront à la France de reprendre en main son destin.

Bien cordialement,

Le bureau de Lignes Droites 31

 

par Bruno Retailleau 28 décembre 2024

Dans une tribune adressée aux militants de son réseau Force Républicaine, même s'il est très isolé dans le nouveau  gouvernement Bayrou, Bruno Retailleau partage sa détermination à poursuivre son action


Chers amis,

Comme vous le savez, j'ai choisi de poursuivre ma mission, à la tête du Ministère de l'Intérieur.

 

Ce choix n'allait pas de soi, et je l'ai mûrement réfléchi.

Disons-les choses clairement : contrairement à Michel BARNIER, le nouveau Premier ministre, François BAYROU, n'appartient pas à notre famille politique, et les choix qu'il a pu faire, par le passé, n'ont pas toujours été les nôtres. Par ailleurs, chacun peut constater l'extrême fragilité d'une situation politique inédite sous la Vème République, marquée par l'incertitude et la confusion.

 

Oui, indiscutablement : prendre des responsabilités gouvernementales aujourd'hui, c'est prendre un risque.

Mais ces risques personnels justifient-ils de risquer le destin de notre pays, pris dans l'étau des crises qui s'accélèrent et se conjuguent dangereusement ? Confrontée à de lourdes menaces, budgétaires, sécuritaires, sociales et mêmes civiques, la France doit désormais faire face aux conséquences dramatiques du cyclone qui a dévasté Mayotte. Cette catastrophe mobilise toute mon énergie, et celles de mon ministère. Face aux urgences qui s'accumulent, l'instabilité serait une folie : l'Etat doit absolument tenir, dans l'intérêt de la France et des Français. Qu'attendent-ils de leurs responsables publics ? Du courage et de l'action. Pas dans trois ans, mais maintenant.

 

Faire de la politique, c'est agir, et non subir. Servir la France, c'est protéger les Français, et non se protéger soi-même.

Si aujourd'hui, au milieu de tous les dangers, la droite cédant aux fausses prudences, nos compatriotes l'interprètent légitimement comme une forme d'indifférence aux maux qu'ils subissent, voire pire : comme un calcul cynique. L’enjeu est trop lourd et le moment trop grave. Il en va de notre pays, que je ne veux pas voir aux mains d'une gauche otage de Jean Luc MELENCHON, mais de notre famille politique également. Soyons assez lucides et honnêtes pour reconnaître que par le passé, elle a pu décevoir.

 

Et c'est pourquoi le seul moyen de prouver que, demain, la droite peut être une solution pour la France, est qu'elle soit, dès aujourd'hui, utile aux Français.

Une droite utile, mais pas docile et encore moins servile. Dès que j'ai été sollicité par le nouveau Premier ministre, je lui ai demandé des garanties, sur la composition du nouveau gouvernement, comme sur la politique qui sera conduite.

Ces garanties, je les ai obtenues.

Aucune personnalité liée, de près ou de loin, au Nouveau Front Populaire, et voulant mettre en œuvre tout ou partie de son programme, ne participera à ce gouvernement. Ceci constituait, pour moi, la ligne rouge absolue.

 

S'agissant des actions que, depuis trois mois, j'ai engagées au Ministère de l'intérieur, elles seront poursuivies. Sur la sécurité, le cap restera inchangé : la fermeté demeurera la règle, et concernant le combat vital contre le narcotrafic, un texte de loi sera bien soumis au Parlement. Sur l'immigration, j'ai clairement indiqué au Premier ministre que je ne renoncerai pas à de nouvelles mesures législatives dont nous avons besoin, qu'il s'agisse du rétablissement du délit de séjour irrégulier, de l'instauration d'un délai de carence sur les aides sociales pour les étrangers qui ne travaillent pas, de la réforme de l'aide médicale de l'Etat, ou de l'extension des délais de rétention pour les étrangers qui présentent une menace pour les Français. Je me batrai pour que ces mesures soient intégrées dans notre droit. Le Premier ministre l'a compris.

 

Plus largement, et concernant la politique qui doit être conduite pour la France et les Français, j'ai été très clair avec le Premier ministre : les vieilles illusions socialistes ne sont pas la solution. L'Etat doit réduire ses dépenses, plutôt que d'augmenter les impôts. L'école doit instruire et non déconstruire. Le travail doit payer, et l'assistanat doit cesser. S'il n'existe pas de majorité au Parlement, il en existe une, dans le pays, qui se retrouve sur ces évidences.

 

C'est donc cette politique de la majorité nationale qui doit être retenue, et que je défendrai au sein du gouvernement, en faisant ce que j'ai toujours fait : secouer les immobilismes, et dénoncer les conformismes.

Car au cours de ces trois derniers mois, j'ai voulu parler vrai. Et je continuerai. Ma liberté de parole, c'est ma force. Pour rien au monde, je n'y renoncerai. Bien entendu, puisqu'aucune majorité large n'est possible au Parlement, le dialogue est nécessaire - et avec toutes les forces politiques, car le sectarisme est un poison. Mais la discussion démocratique n’est pas la dilution des convictions. Je serai fidèle aux nôtres, comme je l'ai toujours été.

 

Voilà ce que je souhaitais vous dire, au moment où je m'apprête à poursuivre ma mission. Désormais, la droite doit être dans l'action, pour tout donner pour la France et les Français, en donnant le meilleur d'elle-même. C'est dans cet esprit qu'avec les ministres de notre famille politique, et avec Laurent WAUQUIEZ et Matthieu DARNAUD, qui président nos groupes à l'Assemblée nationale et au Sénat, nous allons travailler. Ensemble, soyons à la hauteur du moment, pour les Français que nous servons et la France que nous aimons.

 

A tous, je vous souhaite de très belles fêtes de Noël, auprès des vôtres.

 

Fidèlement,

 

Bruno RETAILLEAU


par Franck Boutault 5 décembre 2024

Historiquement, la notion de « gauche » en politique est liée au positionnement des représentants élus du peuple dans leurs assemblées et remonterait à la révolution. Mais c’est surtout avec la 3ème république que la « gauche » commence à s’affirmer comme courant politique majeur. Ses racines se situent au niveau de L’Internationale Socialiste fondée en 1889 par Engels.  Ses représentants en France ont été notamment Jaurès, plutôt classé comme réformiste, et Jules Guesde, plutôt radical.

Ces deux tendances ont engendré la « gauche » moderne, bicéphale, directement issue en 1920 du congrès de Tours qui a vu la séparation entre deux courants qui s’étaient déjà opposés sur l’attitude à adopter vis-à-vis du premier conflit mondial :

-        Le courant révolutionnaire marxiste-léniniste, pacifiste, qui constituera le Parti Communiste,

-        Le courant modéré, ayant soutenu l’effort de guerre, à l’origine de la création de la SFIO.

Aujourd’hui encore ce clivage reste évident. Le Front Populaire de Léon Blum n’a pas résisté au second conflit mondial et le récent NFP n’est qu’un accord électoral de façade incapable de masquer les profondes divergences entre les divers protagonistes. Mais qu’en est-il réellement aujourd’hui des idées fondatrices de ces deux courants ?


1 – Le courant révolutionnaire (extrême gauche)

On peut considérer qu’il se manifeste essentiellement aujourd’hui dans notre pays par « La France Insoumise » (LFI), plus ou moins associée à ce qu’il reste du parti communiste ou de divers groupuscules marxistes et/ou trotskistes. Fondamentalement, il se réfère à Marx, à sa conceptualisation de la lutte des classes et à sa critique du capitalisme. Les ouvriers contre les patrons, les pauvres contre les riches !

Mais la situation de notre société n’est plus celle du début du XXème siècle. Certes il existe toujours une classe « prolétarienne », constituée dorénavant plus d’employés que d’ouvriers, regroupant notamment les smicards et apparentés. Mais est apparue une vaste classe moyenne, véritable continuum entre les plus riches et les plus pauvres, rendant artificiel tout clivage. Et au-dessus de cette masse de travailleurs existe désormais une hyperclasse microscopique de milliardaires transnationaux constituant le véritable capitalisme d’aujourd’hui. Or le courant qui se veut « révolutionnaire » s’attaque en fait en permanence aux « faux riches » de la classe moyenne (3 à 10 fois le SMIC) et épargne systématiquement les milliardaires (10 000 fois le SMIC au minimum). Il faut dire que nombre de ceux-ci financent les partis et associations gauchisantes, que ce soit directement (par le contrôle total des médias) ou indirectement (par les subventions aux associations), ce qui leur confère une forme d’immunité.

L’extrême gauche se présentait jadis comme le porte-parole des travailleurs. En fait elle défend surtout aujourd’hui ceux qui ne travaillent pas (étudiants, chômeurs, immigrés, etc.). Elle a définitivement abandonné le travailleur français pauvre, réduit à se terrer dans des logements sociaux périphériques envahis de populations étrangères au sein de quartiers où l’insécurité règne en maître. Pas étonnant qu’ils se tournent vers le RN lorsqu’il s’agit de voter. Et comment cette gauche peut-elle continuer à prôner l’immigration massive, principale source de paupérisation de notre prolétariat national ? Ont-ils oublié ce que Marx lui-même disait : « l’immigration est l’armée de réserve du capital »? Incroyable que cette pseudo-gauche se positionne aux côtés du MEDEF pour demander encore plus d’immigrés… Et ce n’est pas en soustrayant des pays africains leur jeunesse la plus active que l’on va les aider à se développer. Qu’ils prennent exemple sur l’Allemagne ou un parti d’extrême gauche (un vrai !) demande de stopper l’immigration ! (1)


2 – Le courant social-démocrate

Ayant coupé les ponts avec les marxistes-léninistes et leur admiration pour la sanglante révolution bolchévique, les sociaux-démocrates de la SFIO (qui deviendra le PS en 1971) ont acté en 1920 le respect de la démocratie. Mais ils ont depuis toujours peiné à déterminer une orientation politique précise. Pour simplifier, on pourrait dire qu’ils sont censés respecter les orientations de Jaurès sur la laïcité et la lutte contre les inégalités

Le concept de laïcité a été au départ une machine de guerre anti-chrétienne, visant plus particulièrement les catholiques, accusés entre autres choses de véhiculer une vision rétrograde de la famille et des rapports hommes/femmes. Mais on voit maintenant par contre une ouverture vers la « liberté de vivre selon sa religion » quand on parle des musulmans. Et là, pas un mot sur la façon dont la femme musulmane est traitée, non seulement dans les pays musulmans, mais également dans notre propre pays. Ceux qui ont rigolé pendant des années des dessins obscènes anti-chrétiens quasi quotidiens de Charlie Hebdo s’insurgent maintenant contre l’éventuelle islamophobie attachée à toute critique des comportements liés à cette religion. Même la lutte contre l’antisémitisme, pourtant fondamentalement liée à la gauche depuis l’affaire Dreyfus, se délite face à la montée du communautarisme islamo-gauchiste de Mélenchon et de LFI. Leur regard préfère se porter vers l’Ukraine pour se ranger aux côtés des milliardaires du complexe militaro-industriel nord-américain et des va-t’en guerre de l’Union européenne accrochés à l’OTAN.

Sur la lutte contre les inégalités, le discours s’est modulé. En matière d’éducation il reposait sur le concept « d’égalité des chances » qui remonte à la révolution. L’école du socialiste Jules Ferry appliquait ce dogme, chaque enfant ayant droit à la même éducation, quel que soit son milieu d’origine. Libre à lui d’en profiter… ou non ! Mais la gauche « moderne » n’adhère plus à ce principe, considéré désormais de droite, lui préférant celui « d’égalité des résultats ». Cela implique qu’on truque les résultats des examens (avec notamment la politique des « quotas », issue des milieux gauchistes nord-américains). Mais au final, quand tout le monde aura le même diplôme en peau de lapin, celui qui s’en sortira le mieux sera évidemment celui qui aura le soutien financier et relationnel de sa famille pour trouver le meilleur emploi possible. L’élève travailleur et méritant issu d’un milieu social défavorisé restera forcément exclu du système. Fin de l’ascenseur social.

Et que dire du discours de la gauche sur l’égalité homme/femme qui détourne les yeux de l’islamisme mais se focalise sur la lutte contre l’homophobie et la promotion des LGBT et du transgenrisme. L’égalité absolue est un leurre qui ne peut se concevoir que dans une population de clônes. Et l’état n’a pas à s’immiscer dans l’intimité familiale ni à inciter les enfants à changer de sexe comme cela se passe actuellement dès l’école primaire.

La lutte contre les inégalités a été supplantée par la défense du communautarisme, du sectarisme et du wokisme. La gauche caviar s’est définitivement corrompue au progressisme néo-libertaire.


Alors oui, la gauche est devenue la « gôche », coupée de ses racines, coupée du peuple, et espérons-le, définitivement coupée du pouvoir. Mais la droite est-elle la droite ? C’est à nous de répondre à cette question !


F. BOUTAULT

 

1 - https://www.lesechos.fr/monde/europe/allemagne-un-mouvement-de-gauche-anti-immigration-veut-supplanter-lextreme-droite-1989053



par L'observatoire du wokisme (UNI) 1 décembre 2024
La nouvelle révision du programme d'éducation à la vie relationnelle, effective et sexuelle à l'école a fait réagir bon nombre de nos concitoyens ces derniers jours , parfois même à l’intérieur du gouvernement avec par exemple l'intervention courageuse et pertinente du ministre délégué à la Réussite scolaireAlexandre Portier. Citons aussi les interventions remarquées à ce sujet de 
- Sophie Audugé directrise de SOS Education, 
- de nombreux pédopsychiatre comme Maurice Berger,
- des philosophes comme Jean-Claude Larchet,
- et de nombreux hommes politiques (voire en particulier la tribune collective dans FigaroVox "Éducation à la sexualité : Le militantisme n’a pas sa place à l’école»cosignées par 100 sénateurs LR).

Anne Genetet, ministre de l'éducation a cru pouvoir faire taire la polémique en affirmant: « La théorie du genre n’existe pas
Évidemment, personne n'est dupe, et en particulier pas l'"Observatoire du wokisme" une structure créée par l'UNI qui s'est donné comme vocation de traquer le wokisme au sein de nos instances et en particulier au sein de notre Education Nationale. Non, la sexualité n'est pas une matière à enseigner comme les mathématiques ou la géographie !  

Une tribune de l'Observatoire du Wokisme particulièrement instructive :

par Vincent Trémolet de Villers 30 novembre 2024
Un édito décapant de Vincent Tremolet de Villers dans FigaroVox :


"À quelques jours de la réouverture de Notre-Dame de Paris, le spectacle offert par le monde politique interpelle.

La cathédrale de Paris n’a pas encore ouvert ses portes mais le carnaval a déjà commencé. Depuis une semaine, on assiste à un spectaculaire défilé de mardi gras où, comme dans la fête médiévale, la règle, c’est qu’il n’y a plus aucune règle. En tête de cortège marchent en désordre les députés de la nation. Les Insoumis n’ont pas eu besoin de se déguiser ; pour eux, c’est tous les jours le cirque. Un député MoDem veut en venir aux mains avec un socialiste ; Charles de Courson demande la démission du chef de l’État ; les groupes de gauche et celui du RN veulent abroger non pas une mais deux réformes des retraites ; le « socle commun » fait mine de soutenir le gouvernement tout en rêvant de sa chute ; les chefs à plume complotent et se partagent déjà les ministères.


Viennent ensuite les géants du charivari : Emmanuel Macron qui affole les marchés en prophétisant la chute du gouvernement ; Jean-Luc Mélenchon, plus ambitieux, qui annonce la fin du président de la République ; Marine Le Pen qui lance des ultimatums au premier ministre comme un leader syndical ; Michel Barnier qui a la concession honteuse et refuse de tendre franchement au RN et à ses 11 millions d’électeurs une main qui le sauverait politiquement ; François Hollande qui joue une mi-temps avec LFI, une mi-temps contre ; Jordan Bardella qui crie victoire sur la baisse des prix de l’électricité mais assure juste après qu’il faut censurer le texte qui contient sa victoire ; Élisabeth Borne qui s’apprête à voter un budget dont elle n’approuve ni les recettes ni les dépenses ; la droite LR qui défend un texte à rebours de tout ce qu’elle promeut depuis quinze ans.

Il faudrait un Jérôme Bosch pour faire passer cette semaine du grotesque au sublime

Les magistrats aussi sont de la partie, qui, avec leurs réquisitions contre Marine Le Pen, hystérisent un peu plus encore une situation déjà électrique. Derrière encore, Jean-François Copé, défenseur infatigable de l’alliance avec Emmanuel Macron, annonce sa disparition politique, et puis une foule en transe qui crie « ligne rouge ! ligne rouge ! » en passant devant Matignon. Il faudrait un Jérôme Bosch pour faire passer cette semaine du grotesque au sublime. Mais comme il est introuvable, détournons le regard de la nef des fous pour contempler Notre-Dame retrouvée, sa voûte immaculée et sa flèche en plein ciel."



par Jean-Philippe Feldman (IREF) 24 novembre 2024
Une tribune intéressante de l'IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales) qui souligne l'inadéquation des réactions de nos hommes politiques à l'annonce des différents plans de fermetures qui va toucher notre industrue française ... à l'exception de David Lisnard, un des rares qui sait mettre en cause un environnement fiscal et réglementaire étouffant, de même qu’une flambée des coûts énergétiques due aux atteintes portées au secteur nucléaire

par William Thay 2 novembre 2024
"L’exemple de la Grèce nous montre ce qui nous attend si rien n’est fait. Elle a sombré dans une crise économique majeure en raison de déficits publics incontrôlés, une dette croissante et des réformes structurelles sans cesse repoussées. Cet exemple montre que lorsqu’un État n’est plus jugé compétent pour s’occuper de prérogatives régaliennes (la protection des frontières pour les Grecs), les peuples refusent les réformes structurelles ou les économies pourtant nécessaires pour se redresser."

Une tribune de William Thay à lire sur le site Valeurs Actuelles : 
par Nicolas Baverez 2 novembre 2024
Une réflexion très intéressante de Nicolas Baverez publiée dans le Figaro le 21 octobre sur les impasses de la stratégie énergétique européenne :

CHRONIQUE - La stratégie de décarbonation de l’UE est une faillite qui contraste avec les succès des États-Unis et de la Chine dans ce domaine.
L’accélération du changement climatique s’est confirmée en 2023. L’année a établi un nouvel et inquiétant record de température de la planète, avec une hausse de 1,45 degré Celsius au-dessus de la période préindustrielle. Les phénomènes climatiques extrêmes se sont multipliés. Ils ont provoqué 74.000 décès et 250 milliards de dollars de dommages. Simultanément s’amplifie l’effondrement de la biodiversité avec une chute de 73 % des populations d’animaux sauvages au cours des cinquante dernières années.
À la veille de la COP 29 qui se réunit en novembre à Bakou - ce qui ne peut manquer de susciter le scepticisme -, l’urgence climatique est avérée. L’Union européenne, qui a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 32 % depuis 1990, a pris une longueur d’avance dans la conduite de sa transition. Mais la brutale embardée déclenchée en décembre 2019 après la poussée des partis écologistes se révèle destructrice pour sa compétitivité, pour sa sécurité et pour sa souveraineté. Le «Green Deal » se transforme en « green death ».
Le «Green Deal » entend instaurer la neutralité carbone dans l’Union en 2050 et obtenir une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. Au travers d’une soixantaine de textes, il bouleverse le modèle économique de nombreux secteurs - tels l’agriculture (« From farm to fork »), l’énergie, les transports ou la finance -, et soumet l’ensemble des entreprises à de nouvelles contraintes réglementaires très contraignantes et coûteuses via les directives CRDS (comptabilité extra-financière) et CS3D (devoir de vigilance) ou encore la taxonomie qui définit les activités dites « vertes ».
L'Union européenne a décidé de formater a priori l'offre et la demande des secteurs clés à l'horizon de 2050 et d'obliger les entreprises à s'y conformer à travers un carcan de normes, de taxes et de pénalités. Et ce sans aucune évaluation de leur impact économique, social, écologique et stratégique
Au lieu d’élaborer un cadre pour la décarbonation de l’économie en confiant aux acteurs économiques et sociaux le soin de s’y adapter, l’Union européenne a décidé de formater a priori l’offre et la demande des secteurs clés à l’horizon de 2050 et d’obliger les entreprises à s’y conformer à travers un carcan de normes, de taxes et de pénalités. Et ce sans aucune évaluation de leur impact économique, social, écologique et stratégique. Cette planification arbitraire, autoritaire et centralisée conduit l’Europe à la faillite, tout aussi sûrement qu’elle a provoqué l’effondrement de l’Union soviétique.
Faillite énergétique. L’Union, sous la pression de l’Allemagne, n’a pas fait le choix d’une énergie décarbonée associé à une neutralité des technologies, mais d’une priorité absolue en faveur des renouvelables - ce qui implique la sortie du nucléaire civil mais aussi militaire qui en est indissociable. Elle organise ainsi une pénurie structurelle d’énergie, qui a pour corollaire des coûts cinq fois supérieurs à ceux des États-Unis et deux à trois fois à ceux de l’Asie. Elle fragilise les réseaux d’électricité et crée des risques de black-out en éliminant les sources d’énergie pilotables au profit des intermittentes. Enfin, elle bride l’innovation utile pour subventionner des chimères, comme l’avion, le train ou la voiture à hydrogène.
Faillite économique. Le «Green Deal » planifie l’euthanasie des pôles d’excellence européens, dans la continuité de la liquidation du secteur des télécommunications qui dominait le monde en 2000. « Farm to fork », en prévoyant de réduire de 50 % le recours aux pesticides et de 20 % les engrais chimiques d’ici à 2030, en mettant en jachère 10 % des terres, en obligeant à faire progresser la part de la production biologique de 8,5 % à 25 % alors qu’elle n’a pas de marché, détruit l’agriculture européenne et organise la dépendance vis-à-vis d’importations qui n’appliquent aucune des normes européennes. L’interdiction du moteur thermique en 2035 programme la ruine des 17 000 entreprises de l’industrie automobile européenne qui emploient 13,8 millions de personnes, soit 8 % des emplois de l’Union. Elles devront verser 15 milliards de pénalités dès 2025 ou baisser leur production de 25 % pour se conformer à l’obligation de fabriquer 20 % de véhicules électriques - et ce alors qu’ils ne représentent que 12,5 % du marché et que les ventes ont reculé de 11 % sur un an en raison de leur faible autonomie, de leur fiabilité douteuse, de l’absence de réseau de recharge et de leur coût prohibitif.
Faillite stratégique. Le «Green Deal » organise la délocalisation de l’agriculture vers les grands émergents et celle de l’industrie vers les États-Unis, comme on le constate dans la chimie. Il offre les marchés de l’énergie et de l’automobile à la Chine qui, grâce à des aides publiques massives, a construit des positions de quasi-monopole dans le véhicule électrique, les batteries, les renouvelables, les matériaux critiques et leur raffinage.
Faillite politique. Comme on l’a constaté avec l’insurrection des agriculteurs, le «Green Deal » fonctionne comme une machine à détruire l’offre et l’emploi européens ainsi qu’à paupériser la population. Il constitue désormais, après l’immigration, le plus puissant vecteur du vote d’extrême droite sur notre continent.

Cesser de confondre la fin et les moyens

La dérive de la transition écologique en Europe contraste avec les succès des États-Unis et de la Chine. L’IRA, en stimulant l’offre par le bas, conjugue réindustrialisation, soutien de l’innovation, transition climatique et stabilisation de la classe moyenne. La Chine a marié compétitivité et impérialisme en planifiant depuis vingt ans la dépendance du reste du monde à sa production de produits, de matières premières et d’équipements vitaux pour la décarbonation de l’économie.
La transition écologique demeure un impératif et un atout potentiel pour l’Union. Mais à la condition de la repenser, comme le recommande Mario Draghi, du côté de l’offre, de l’investissement et de l’innovation. En la repositionnant dans la compétition des blocs qui structurent le système géopolitique. En réalignant États, entreprises et citoyens. En rompant avec les objectifs et les calendriers irréalistes. En réintroduisant la flexibilité dans les choix technologiques. En libérant les financements grâce à la révision de Bale 3, Solvabilité 2, des directives CSRD et CS3D et de la taxonomie - dont la défense doit être exemptée. En évaluant et compensant ses coûts économiques et sociaux. En la soumettant à l’impératif de la souveraineté de l’Europe et de la défense de la liberté. Bref, en cessant de confondre la fin et les moyens pour réconcilier enfin l’écologie avec la compétitivité, la solidarité et la sécurité.




Plus de posts
Share by: